Il était le Roi de la Pop. Un monarque planétaire dont la voix transcenda les générations et dont les chorégraphies restent gravées dans la mémoire collective. Mais Michael Jackson était bien plus que cela. Derriere l’iconique gant blanc, un auteur-compositeur brillait. Ce talent caché, trop souvent sous-estimé, a enrichi le répertoire d’autres artistes emblématiques, répandant son influence au-delà de ses propres albums. Aujourd’hui, découvrons cinq chansons signées Jackson, que vous ne saviez peut-être pas qu’il avait écrites.
5 chansons que vous ignoriez qu’il avait écrites
Diana Ross – “Muscles” (1982)
À la fois muse et amie proche, Diana Ross occupait une place unique dans la vie de Michael Jackson. Leur relation fusionnelle a dépassé les frontières de l’amitié pour se traduire en collaboration musicale. “Muscles”, sortie en 1982, était un hommage atypique de Michael à son admiration pour Diana. Le titre, à la fois sensuel et rythmé, met en scène une Diana Ross magnétique qui chante son attirance pour un homme parfait. Mais l’inspiration du morceau, dit-on, viendrait de Muscles, le python doméstique de Michael. Plus qu’un simple titre, cette chanson révèle l’alchimie artistique entre deux légendes.
Blackstreet – “Joy” (1994)
Blackstreet, le groupe qui incarna l’essence du R&B des années 90, bénéficia de l’écriture magistrale de Jackson pour l’album “Another Level”. “Joy”, co-écrit avec Teddy Riley, résonne comme une mélodie douce et sincère. Ce morceau témoigne de la capacité de Michael à insuffler émotion et véracité, même lorsqu’il ne chantait pas directement. Riley, un collaborateur fréquent de Jackson, a été le liant parfait entre les générations musicales, fusionnant l’énergie de Michael avec le style urbain en plein essor.
Ralph Tresvant – “Alright Now” (1990)
Michael Jackson avait un don pour écrire des titres qui résonnaient dans le coeur des auditeurs. Lorsqu’il s’agit de Ralph Tresvant, leader charismatique de New Edition, Jackson a composé “Alright Now” pour marquer les esprits. Ce morceau, présent sur le premier album solo de Tresvant, incarne la confiance et l’affirmation de soi. Jackson, à travers cette chanson, a permis à Tresvant de trouver sa voie, loin de l’ombre de son groupe. Les accords simples mais évocateurs soulignent l’élégance minimaliste du style de Michael.
Eh oui, Michael Jackson a également conquis Springfield ! Sous le pseudonyme John Jay Smith, il a co-écrit cette chanson emblématique de Bart Simpson. L’histoire raconte que Michael, grand fan des Simpson, a proposé ses talents pour créer un hymne à l’effigie du garnement le plus célèbre de la télévision. Le résultat ? Un morceau énergique, drôle et léger qui révèle une fois de plus l’étendue du talent de Jackson, capable de réinventer la pop culture dans des contextes inattendus.
Posthume mais puissant, ce titre marie le passé et le présent de manière éclatante. Drake, l’un des poids lourds de l’industrie actuelle, a exhumé une démo inédite enregistrée par Michael en 1983. Dans “Doesn’t Matter to Me”, la voix de Jackson flotte comme une présence fantomatique, donnant une dimension mystique à l’album “Scorpion”. Ce titre rappelle que le génie créatif de Michael ne connaît ni frontières ni limites temporelles.
Un créateur au-delà des générations
L’héritage de Michael Jackson ne se limite pas à ses propres albums légendaires. Sa capacité à écrire des morceaux qui transcendent les genres, les artistes et les époques est un témoignage éclatant de son influence sur la musique mondiale. Il était un créateur prolifique, un visionnaire qui voyait au-delà de ses propres performances, permettant à d’autres artistes de bénéficier de son ingéniosité. Ces cinq chansons, loin de son répertoire habituel, montrent que le Roi de la Pop était également le roi des collaborations insoupçonnées.
Alors, laquelle de ces collaborations vous surprend le plus ?
Le 12 janvier 2010, Haïti fut frappée par un séisme dévastateur, laissant des centaines de milliers de morts et des millions de vies bouleversées. Retour sur cette tragédie qui a marqué l’histoire et révélé la fragilité d’une nation, face aux défis colossaux de la reconstruction et de la résilience.
Le 12 janvier 2010, Haïti, la perle des Antilles, bascule dans l’horreur. Port-au-Prince, sa capitale, vibre sous une secousse d’une violence inégalée. Un séisme de magnitude 7.0 à peine, disent les experts. Suffisant, pourtant, pour déchirer le cœur du pays et mettre à nu toutes ses fractures. Il est 16 h 53. En moins de 30 secondes, des vies sont broyées, des foyers sont réduits à l’état de poussière. Ce jour-là, l’Histoire d’Haïti a été marquée à jamais.
Alors, que s’est-il passé ? Pourquoi ce pays, déjà lourdement marqué par la pauvreté et l’instabilité, s’est-il retrouvé si vulnérable face aux caprices de la terre ? Pour comprendre, il faut décortiquer les faits, remonter le fil des événements et explorer les racines profondes de cette tragédie.
L’épicentre : une faille mortelle
Microplaque de la Gonâve montrant les principales zones de faille.
La faille d’Enriquillo-Plantain-Garden, une ligne de fracture tectonique redoutable, traverse Haïti de part en part. Cette faille, connue des géologues, était restée silencieuse depuis plus de deux siècles. Mais, en 2010, les forces accumulées depuis des décennies ont fini par se libérer. La terre s’est alors mise à trembler, libérant une énergie équivalente à plusieurs bombes atomiques.
L’épicentre, situé à moins de 25 km de Port-au-Prince, plonge le pays dans le chaos. La faible profondeur du foyer (à peine 10 km) amplifie les destructions. Tout ce qui se trouve dans un rayon de plusieurs dizaines de kilomètres est touché : habitations, infrastructures, institutions. Rien ni personne n’échappe à la colère de la terre.
Port-au-Prince : au cœur du cataclysme
Vol de reconnaissance d’un C-130 Hercules au-dessus de Léogâne le 13 janvier 2010.
La capitale haïtienne, à la densité urbaine extrême, devient le théâtre d’une dévastation sans précédent. Des édifices symboliques s’écroulent : le Palais national, la cathédrale Notre-Dame, et même les hôpitaux et les écoles. Plus de 250 000 maisons sont détruites ou gravement endommagées. Des milliers de familles se retrouvent sans abri en quelques instants.
Mais ce n’est pas tout. La désolation est aggravée par des pertes humaines terrifiantes. Le bilan officiel évoque plus de 280 000 mortset300 000 blessés. Ces chiffres, vertigineux, peinent à traduire l’ampleur de la souffrance.
Un pays déjà fragilisé
Des Haïtiens regardent un corps sorti des décombres d’une école qui s’est effondrée après le tremblement de terre qui a secoué Port-au-Prince en janvier.
Pourtant, ce drame n’est pas seulement le fruit de la nature. Haïti, depuis des décennies, ploie sous le poids de la misère. Les infrastructures du pays, rudimentaires, sont incapables de résister à un tel choc. Les normes antisismiques, quasi inexistantes, laissent place à des constructions précaires, souvent réalisées sans fondations solides.
Et puis, il y a la gouvernance. Ou plutôt, son absence. Depuis des années, l’État haïtien lutte pour maintenir un semblant d’ordre. Corruption, instabilité politique, interventions étrangères : autant de facteurs qui affaiblissent un pays déjà exsangue.
Les secours : une course contre la montre
Un hélicoptère MH-53E Sea Dragon de l’escadron 14 de lutte contre les mines de la marine américaine atterrit alors que des soldats des Nations Unies arrivent pour distribuer des fournitures aux survivants du tremblement de terre à Port-au-Prince, Haïti, le 16 janvier 2010.
Dans les heures qui suivent la catastrophe, les premières images venues de Port-au-Prince font le tour du monde. Des milliers de survivants errent parmi les décombres, cherchant leurs proches ou appelant à l’aide. Des cris émanent des gravats, mais les moyens pour y répondre manquent cruellement.
Les équipes de secours haïtiennes, mal équipées, se heurtent à l’ampleur des destructions. C’est alors que la solidarité internationale s’organise. Des pays du monde entier dépêchent des sauveteurs, des médecins, et du matériel. Les Américains mobilisent le porte-avions USS Carl Vinson et un hôpital flottant. L’Union européenne, la Chine, le Maroc et bien d’autres apportent leurs contributions.
Malgré ces efforts, les secours se heurtent à une logistique chaotique. L’aéroport, saturé, peine à accueillir les vols humanitaires. Le port de Port-au-Prince, détruit, complique encore davantage l’acheminement des vivres et des médicaments. Pendant ce temps, les Haïtiens doivent survivre avec le peu qu’ils trouvent.
Des corps et des chiffres
Le personnel médical de l’USCG et de l’USN soigne les victimes du tremblement de terre en Haïti.
En Haïti, les chiffres deviennent rapidement des symboles de l’horreur. Les fosses communes, qui évoquent un passé colonial douloureux, se multiplient. Pour des milliers de familles, le deuil est impossible. Comment pleurer un proche qu’on n’a pas pu enterrer dignement ?
Et puis, il y a les amputés. Des milliers de personnes, blessées dans les décombres, subissent des amputations faute de soins appropriés. Ces hommes et ces femmes deviennent les visages d’une tragédie aux conséquences permanentes.
Les caméras du monde entier braquent leurs objectifs sur Port-au-Prince. Les écrans télévisés diffusent en boucle les images d’édifices effondrés, de survivants hagards et d’équipes de secours à bout de souffle. Les Haïtiens, au centre de cette médiatisation, oscillent entre reconnaissance et exaspération. Car si les dons affluent, les résultats tardent à se concrétiser sur le terrain.
« Nous ne laisserons pas Haïti tomber », proclament les dirigeants du monde entier. Les promesses d’aide se multiplient. Plus de 9 milliards de dollars sont annoncés pour la reconstruction. Mais les mécanismes complexes de l’aide internationale freinent leur déploiement. Sur le terrain, les ONG se substituent souvent à l’État haïtien, alimentant des tensions entre les acteurs locaux et les intervenants étrangers.
Une reconstruction à pas comptés
On voit ici, le 17 janvier 2010, des bâtiments détruits à Jacmel, en Haïti. L’hôpital St. Michael de Jacmel a été détruit par le tremblement de terre, mais continue de traiter les patients à l’extérieur.
Quinze ans après le séisme, Haïti peine encore à se relever. Les promesses de reconstruction ont été tenues, mais de manière fragmentée. Les quartiers les plus pauvres, déjà marginalisés avant 2010, sont souvent laissés-pour-compte. La capitale reste marquée par des cicatrices visibles : des bâtiments en ruines et des camps de fortune qui persistent.
Et pourtant, la résilience du peuple haïtien force l’admiration. Ce pays, forgé dans la révolte contre l’esclavage, continue de se battre pour son avenir. La culture haïtienne, riche et vibrante, reste un phare d’espoir dans l’obscurité.
Un épisode qui nous interpelle tous
Ce séisme n’est pas qu’un événement local. Il est le reflet des déséquilibres mondiaux, de la fragilité des sociétés face aux catastrophes naturelles, mais aussi de la solidarité humaine qui surgit dans les moments les plus sombres. Haïti, ce petit pays des Caraïbes, a attiré l’attention de la planète entière, non seulement pour sa tragédie, mais pour le courage de son peuple.
Alors que nous refermons ce chapitre douloureux, une question demeure : le monde a-t-il tiré les leçons de cette catastrophe ? Une chose est sûre : le 12 janvier 2010 restera gravé dans la mémoire collective comme un rappel de notre vulnérabilité face à la nature, et de notre capacité à nous relever, ensemble.
Sommaire
Notes et références
USGS – Earthquake Hazards Program : Magnitude et localisation du séisme de 2010 en Haïti. Disponible sur le site officiel de l’USGS.
Institut d’études géologiques des États-Unis (USGS) : Rapport préliminaire sur les caractéristiques du séisme.
CNRS : Étude sur les causes et les failles tectoniques impliquées, publiée le 19 janvier 2010.
Organisation des Nations Unies (ONU) : Déclaration de Ban Ki-moon, bilan et efforts de secours.
Marie-Laurence Jocelyn Lassegue : Ministre des Communications d’Haïti, chiffres officiels des victimes.
BBC News : Chronologie des secours internationaux et mise en place des aides humanitaires.
Haïti Liberté : Témoignages et analyses sur l’impact politique et social du séisme.
Rapport Croix-Rouge Internationale : Interventions sur le terrain et distribution des secours.
Moreau de Saint-Méry : Description historique des séismes précédents en Haïti (1751 et 1770).
François Savatier : Étude sur la faille Léogâne et ses implications, publiée dans Pour la Science.
Euzhan Palcy, née le 13 janvier 1958 en Martinique, est une pionnière du cinéma mondial. Réalisatrice visionnaire et compositrice, elle s’est imposée avec des œuvres cultes telles que Une saison blanche et sèche et Rue Cases-Nègres. Première réalisatrice noire à être soutenue par un studio hollywoodien, elle incarne l’audace artistique et la lutte pour une représentation authentique des récits noirs à l’écran.
Dans l’histoire du septième art, peu de noms résonnent avec une puissance égale à celui d’Euzhan Palcy. Cette réalisatrice martiniquaise a brisé des barrières invisibles mais tenaces pour devenir une pionnière dans un univers où le regard des femmes noires était trop souvent absent. Retour sur le parcours éblouissant d’une femme dont les films ne racontent pas seulement des histoires, mais réécrivent l’Histoire.
Un regard dès l’enfance : les racines de l’engagement
Née le 13 janvier 1958 en Martinique, Euzhan Palcy grandit dans un environnement marqué par les contrastes : la beauté des paysages antillais et les stigmates laissés par le colonialisme. Très tôt, elle réalise que l’image des Noirs dans les films et les médias ne reflète pas la réalité complexe et riche de son peuple. Cette prise de conscience, doublée d’une passion naissante pour le cinéma, la pousse à se fixer un objectif ambitieux : prendre la caméra pour raconter les vérités oubliées.
Inspirée par les grands maîtres du cinéma comme Fritz Lang et Orson Welles, elle quitte la Martinique pour Paris à l’âge de 17 ans. Elle obtient un diplôme de littérature française à la Sorbonne, puis se forme au cinéma à l’École nationale supérieure Louis-Lumière. Mais au-delà des diplômes, c’est sa volonté inébranlable qui pose les jalons de sa carrière.
La Rue Cases-Nègres : une révolution cinématographique
En 1983, Euzhan Palcy réalise son premier long-métrage, La Rue Cases-Nègres (Sugar Cane Alley), une adaptation du roman semi-autobiographique de Joseph Zobel. Ce film, tourné avec un budget modeste, devient rapidement un phénomène culturel. Il dépeint la vie des travailleurs des plantations de canne à sucre en Martinique dans les années 1930, à travers les yeux d’un jeune garçon, José.
Le réalisme poignant du film, combiné à une narration empreinte de poésie, lui vaut une reconnaissance internationale. La Rue Cases-Nègres remporte 17 prix, dont le prestigieux Lion d’argent à la Mostra de Venise et le César du meilleur premier film. Ce succès marque une étape importante dans l’histoire du cinéma francophone et fait d’Euzhan Palcy la première femme noire à recevoir un César.
Mais ce film est bien plus qu’une réussite artistique. Il est une émanation de l’identité culturelle martiniquaise, une critique du système colonial et un plaidoyer pour la dignité des peuples opprimés.
Une saison blanche et sèche : la conquête d’Hollywood
Une saison blanche et sèche [US 1989] EUZHAN PALCY
Après le triomphe de La Rue Cases-Nègres, Euzhan Palcy s’attaque à un autre projet ambitieux : réaliser un film sur l’apartheid en Afrique du Sud. En 1989, elle devient la première femme noire à diriger une production hollywoodienne avec Une saison blanche et sèche (A Dry White Season). Adapté du roman d’André Brink, ce drame explore les injustices de l’apartheid à travers le parcours d’un enseignant blanc qui prend conscience des horreurs du régime.
Pour s’assurer de la véracité des détails, Palcy se rend clandestinement en Afrique du Sud, risquant sa vie pour recueillir les témoignages des victimes de l’apartheid. Impressionné par sa détermination, Marlon Brando accepte de sortir de sa retraite pour jouer dans le film. Sa prestation lui vaut une nomination aux Oscars, une première pour un acteur dirigé par une réalisatrice noire.
Malgré des critiques élogieuses, Une saison blanche et sèche fait face à des obstacles financiers et politiques. Cependant, il demeure un témoignage poignant des luttes pour l’égalité et un précurseur dans la représentation des réalités africaines au cinéma mondial.
Une carrière marquée par la diversité
Euzhan Palcy ne se limite pas aux films de fiction. Son documentaire en trois volets, Aimé Césaire : Une voix pour l’histoire (1994), rend hommage au poète et philosophe martiniquais, figure emblématique de la négritude. Ce projet est une déclaration d’amour à ses racines et un rappel de l’importance de l’héritage intellectuel afrodescendant.
En 1998, elle réalise Ruby Bridges, un film produit par Disney qui raconte l’histoire véritable de la première enfant noire à intégrer une école blanche en Louisiane. Cette œuvre, introduite par le président Bill Clinton, reçoit plusieurs récompenses et devient un outil pédagogique incontournable.
Elle explore également la musique et les contes avec des films comme Siméon (1992), une comédie musicale célébrant la culture antillaise, et des projets sur l’aviatrice Bessie Coleman et les dissidents martiniquais de la Seconde Guerre mondiale.
Un héritage immuable
Le parcours d’Euzhan Palcy est une leçon de résilience et d’engagement. Elle a démontré qu’un regard authentique peut transcender les frontières culturelles et toucher le cœur du public mondial. En 2022, l’Académie des Oscars lui décerne un Oscar d’honneur, reconnaissant son influence durable dans le monde du cinéma.
Aujourd’hui, son travail continue d’inspirer de nouvelles générations de cinéastes, en particulier des femmes noires, à raconter leurs histoires et à revendiquer leur place dans une industrie qui, encore aujourd’hui, lutte pour la diversité.
Une autre histoire, une autre inspiration
L’histoire d’Euzhan Palcy n’est pas seulement celle d’une cinéaste exceptionnelle, mais celle d’une femme qui a su transformer la colère et l’indignation en créations lumineuses. Elle nous rappelle que le cinéma est une arme puissante pour éduquer, émouvoir et changer le monde.
Et si, à travers ses films, Euzhan Palcy nous proposait une autre façon de regarder l’Histoire ?
Premier président du Togo indépendant, Sylvanus Olympio incarne la lutte pour l’émancipation africaine face aux héritages coloniaux. Visionnaire, il rêvait d’un État souverain, économiquement indépendant et ancré dans une diplomatie équilibrée. Pourtant, sa quête d’autonomie heurte les intérêts des puissances étrangères, le menant à une fin tragique le 13 janvier 1963. Découvrez l’histoire fascinante et méconnue de cet homme d’État, pionnier du panafricanisme et symbole de résilience.
Sylvanus Olympio : Une tragédie africaine entre espoir et trahison
En ce matin du 13 janvier 1963, la ville de Lomé s’éveille sous le choc d’un événement qui marquera durablement l’histoire du Togo et, au-delà, celle de tout le continent africain. Le président Sylvanus Olympio, premier chef d’État de la République togolaise indépendante, est froidement assassiné devant l’ambassade américaine, mettant fin brutalement à une carrière marquée par la vision d’une Afrique affranchie et souveraine. Mais qui était cet homme, et comment son rêve d’indépendance et de développement fut-il brisé ?
Une enfance entre deux mondes
Le Togoland allemand en 1915
Né le 6 septembre 1902 à Kpando, dans le Togoland sous administration allemande, Sylvanus Olympio appartient à une famille aussi influente qu’éclectique. Son père, Epiphanio Elpidio Olympio, est un riche commerçant et planteur d’origine brésilienne, descendant des Afro-Brésiliens revenus sur la côte ouest-africaine après l’abolition de l’esclavage. Sa mère, Fidelia Afe, est issue de l’ethnie mamprusi, originaire du nord du Togo.
Cette double héritage culturel et social marquera profondément Olympio, qui recevra une éducation cosmopolite. Après des études primaires au Togo, il part à Londres où il obtient un diplôme d’économie politique à la prestigieuse London School of Economics. Ce passage par l’Europe nourrit une anglophilie qui lui vaudra autant de respect que de suspicion, notamment de la part des autorités françaises.
Un visionnaire à la tête du Togo
Photo prise dans les années 60 de Sylvanus Olympio, président du Togo.
Revenu en Afrique, Sylvanus Olympio gravit rapidement les échelons dans la société coloniale. Il est nommé directeur général de la United Africa Company (UAC), une filiale du groupe Unilever, devenant ainsi l’un des rares Africains à occuper un poste d’une telle importance dans une entreprise coloniale. Mais Olympio ne se contente pas d’être un rouage de l’économie coloniale : il s’investit aussi dans le mouvement indépendantiste.
En avril 1958, à l’issue des premières élections législatives libres au Togo, il devient Premier ministre du Togo autonome. Son mandat est marqué par une stratégie subtile et pragmatique : tout en préparant l’indépendance du pays, il cherche à éviter une rupture brutale avec la France. Pourtant, Olympio ne cache pas son ambition de diversifier les partenariats internationaux du Togo. Il établit des relations étroites avec l’Allemagne et les États-Unis, ce qui irrite Paris.
Le 27 avril 1960, le Togo accède à l’indépendance, et Olympio devient officiellement son premier président. Il entame alors un vaste chantier de réformes visant à moderniser l’économie et à renforcer l’autonomie du pays.
Un équilibriste face à la Françafrique
Dès son accession au pouvoir, Sylvanus Olympio se distingue par sa volonté d’émanciper le Togo de la tutelle française. Il crée une banque centrale togolaise en 1962, souhaitant émettre une monnaie nationale liée au Deutsche Mark. Cette initiative, perçue comme une menace par le système de la zone CFA, renforce les tensions avec Paris.
Olympio adopte également une politique de neutralité active, refusant d’intégrer le Togo dans les regroupements franco-africains tels que l’Union africaine et malgache. Ses choix lui attirent des inimitiés, notamment de la part de Jacques Foccart, l’homme de l’ombre de la Françafrique. « Sylvanus Olympio n’était pas un de nos amis », confiera Foccart des années plus tard.
La tragédie de l’assassinat
Le président togolais Gnassingbe Eyadema quitte le pays après une visite d’État.
Mais c’est une question interne qui scelle le sort du président. Les anciens soldats togolais démobilisés de l’armée française, refusés dans l’armée nationale par Olympio, se sentent abandonnés. Parmi eux se trouve un certain Gnassingbé Eyadéma, futur président du Togo.
Dans la nuit du 12 au 13 janvier 1963, un groupe de soldats dirigé par Eyadéma attaque la résidence présidentielle. Traqué, Olympio se réfugie devant l’ambassade américaine, mais il est abattu à bout portant au petit matin. L’implication des services français dans ce coup d’État reste un sujet de controverse, bien que de nombreux indices pointent vers un soutien logistique et politique.
L’héritage d’un visionnaire
Les femmes pleurent l’assassinat du président Olympio
Malgré sa fin tragique, l’œuvre de Sylvanus Olympio continue de résonner dans l’histoire africaine. Son ambition d’indépendance économique et sa vision d’un Togo moderne restent des modèles pour les dirigeants africains contemporains.
En 1963, le coup d’État qui lui coûta la vie ouvrit la voie à une longue période d’instabilité politique et d’autocratie au Togo. Pourtant, pour beaucoup, Olympio reste le symbole d’une Afrique capable de se tenir debout face à ses anciens colonisateurs, une Afrique audacieuse, déterminée à forger son propre destin.
Conclusion
Sylvanus Olympio n’était pas seulement un homme d’État : il était un visionnaire dont le rêve s’est heurté aux réalites brutales de son époque. En rappelant son histoire, nous honorons la mémoire d’un pionnier de l’indépendance africaine, tout en questionnant les dynamiques de pouvoir qui continuent de façonner le continent. Car, comme l’écrivait Olympio lui-même :
« La liberté n’a de sens que si elle est éclairée par la justice et soutenue par la dignité humaine. »
Le 12 janvier 1959 marque la naissance officielle de la Motown, une maison de disques fondée par Berry Gordy à Détroit. Avec seulement 800 dollars empruntés à sa famille, Gordy a transformé un petit studio photo en une véritable usine à tubes, posant ainsi les fondations d’une révolution musicale et culturelle. Ce jour-là, l’histoire de la musique populaire américaine et l’impact global de la culture noire prenaient un tournant décisif.
Une révolution sonore née à Détroit
Le 12 janvier 1959, un entrepreneur audacieux du nom de Berry Gordy posait les premières pierres d’une révolution musicale qui allait changer la face de l’industrie : la Motown. Avec seulement 800 dollars empruntés à sa famille, Gordy créait un label capable de briser les barrières raciales, d’unir des publics divisés et d’offrir à des artistes afro-américains une plateforme inédite. En quelques années, la Motown est devenue bien plus qu’une maison de disques : un phénomène culturel et une institution qui continue d’influencer la musique populaire à travers le monde.
Berry Gordy, visionnaire autant qu’homme d’affaires, résumait ainsi son projet :
« Mon rêve, c’était de prendre un artiste dans la rue, qu’il rentre par une porte et quand il sort par l’autre porte, c’est une vedette. »
Mais la Motown, ce n’est pas qu’une machine à tubes. C’est une histoire d’émancipation, de résistance culturelle et d’excellence artistique. Nofi vous propose de plonger dans la genèse, l’âge d’or, et l’héritage d’un label qui incarne à lui seul le rêve afro-américain.
I. Berry Gordy : Le génie derrière la Motown
La jeunesse de Gordy à Détroit, ville de l’automobile et du jazz
Détroit, surnommée « Motor Town » pour son rôle central dans l’industrie automobile, était bien plus qu’une ville d’usines et de voitures dans les années 1940. C’était aussi une ville de musique, où les sons du jazz et du blues résonnaient dans les clubs et les églises. C’est dans ce bouillonnement culturel et industriel que Berry Gordy Jr. a vu le jour le 28 novembre 1929, dernier d’une fratrie de huit enfants. Sa famille, issue de la classe ouvrière, portait un esprit entrepreneurial qui allait marquer profondément le jeune Berry.
Le père de Gordy, un ancien ouvrier devenu entrepreneur, a inculqué à ses enfants des valeurs de travail acharné et d’autonomie. La famille avait mis en place un fonds commun, une sorte de caisse de solidarité familiale où chacun contribuait et empruntait selon ses besoins. Ce système serait crucial dans les débuts de la Motown, lorsque Gordy convaincra ses proches de lui prêter 800 dollars pour lancer son label.
Mais avant cela, Berry Gordy n’était pas destiné à devenir un magnat de la musique. Passionné de boxe, il rêvait d’une carrière sur le ring. Cependant, après un passage dans l’armée et quelques combats amateurs, il se tourna vers la musique, attiré par son potentiel créatif et économique. À cette époque, Détroit était une pépinière de talents musicaux afro-américains, et Gordy était déterminé à trouver sa place dans cette scène en effervescence.
Le magasin 3D Record Mart et les premières collaborations avec Jackie Wilson
Pour entrer dans l’industrie musicale, Berry Gordy ouvrit le 3D Record Mart, un magasin de disques spécialisé dans le jazz, qu’il décrivait comme « la musique des intellectuels ». Cependant, le commerce ne prospéra pas comme il l’avait espéré. Gordy, pragmatique, vit dans cet échec une opportunité de réorienter sa carrière. Il comprit rapidement que l’avenir résidait moins dans la vente de disques que dans leur création.
Cette prise de conscience l’amena à fréquenter les clubs de jazz et de R&B de Détroit, où il fit la rencontre d’Al Green, un manager influent qui représentait Jackie Wilson, une étoile montante de la scène musicale. Gordy commença à écrire des chansons pour Wilson, souvent en collaboration avec sa sœur Gwen et le compositeur Billy Davis. Leur premier grand succès fut « Reet Petite », une chanson énergique et accrocheuse qui fit de Jackie Wilson une star et révéla Gordy comme un parolier talentueux.
Au cours des années suivantes, Gordy écrivit plusieurs autres tubes pour Wilson, dont « Lonely Teardrops », qui devint un classique du R&B. Ces succès lui permirent d’acquérir une expérience précieuse et de nouer des contacts dans l’industrie, mais aussi de constater les limites du modèle traditionnel : les droits d’auteur et les royalties allaient principalement aux maisons de disques et non aux créateurs. Frustré par cette injustice, Gordy décida de prendre les choses en main.
Pourquoi Gordy a choisi d’investir dans la musique noire et comment il a posé les bases du son Motown
Photo: Tony Spina/Detroit Free Press
En 1959, Berry Gordy fonda Tamla Records, un label qu’il voulait entièrement dédié à la production de musique noire pour un public universel. Inspiré par le système de production en série des usines Ford, il rêvait de créer une chaîne musicale capable de transformer de jeunes talents bruts en stars internationales. Avec les 800 dollars empruntés à sa famille, il acheta du matériel de studio et loua un bâtiment modeste au 2648 West Grand Boulevard à Détroit, qui deviendra le légendaire Hitsville U.S.A..
Tamla Records, qui deviendra rapidement la Motown Record Corporation, avait une mission claire : démocratiser la musique noire en brisant les barrières raciales de l’industrie. Gordy croyait fermement que le soul et le R&B pouvaient transcender les divisions raciales et séduire un public blanc. Pour cela, il mit en place une stratégie audacieuse : créer un son unique, accessible et irrésistible.
Le Motown Sound était né, caractérisé par des mélodies accrocheuses, des arrangements sophistiqués et une production léchée. Gordy s’entoura de jeunes talents locaux comme Smokey Robinson et son groupe, les Miracles, qui produiront le premier hit du label, « Shop Around », en 1960.
Il engagea également une équipe de compositeurs, producteurs et musiciens d’exception, dont le légendaire collectif des Funk Brothers, pour assurer une qualité constante à ses productions.
Tamla Records n’était pas seulement une maison de disques : c’était une véritable école. Gordy investit dans la formation de ses artistes, en leur offrant des cours de diction, de danse et d’étiquette pour qu’ils soient prêts à conquérir des audiences mainstream. Ce souci du détail, combiné à une ambition démesurée, fit de la Motown une machine à rêves qui allait bientôt dominer les charts et redéfinir la culture populaire américaine.
II. L’âge d’or de la Motown : Une machine à rêves
La transformation d’un studio photo en fabrique de tubes
Au 2648 West Grand Boulevard, à Détroit, se dressait une modeste maison aux allures banales. Mais derrière ses murs, Berry Gordy avait bâti un empire sonore. Ce qui avait commencé comme un ancien studio photo devint Hitsville U.S.A., le cœur battant de la Motown. Dans ce lieu exigu, régnait une effervescence constante. Des artistes en herbe franchissaient ses portes pour en ressortir transformés, prêts à conquérir le monde avec des mélodies inoubliables.
À Hitsville, la musique était produite avec une méthodologie rigoureuse. Loin d’être un simple studio, le lieu fonctionnait comme une chaîne de montage musicale inspirée des usines automobiles de Détroit. Chaque chanson y était conçue, peaufinée et testée pour répondre à un seul objectif : devenir un tube. Les musiciens enregistraient souvent jusqu’à 22 heures par jour, tandis que Berry Gordy présidait des réunions hebdomadaires de contrôle qualité. Si un morceau ne pouvait s’intégrer dans le top 5 des charts de la semaine, il était retravaillé ou mis de côté.
Une signature sonore unique
Ce qui distinguait la Motown, c’était son son unique, surnommé le Motown Sound. Cette signature sonore combinait des éléments de soul, de pop et de R&B dans un mélange irrésistible, capable de séduire un large public. À la base de ce son se trouvait un groupe de musiciens légendaires, les Funk Brothers, qui jouaient sur presque tous les morceaux produits par le label. Ces virtuoses anonymes incluaient le bassiste James Jamerson, le batteur Benny Benjamin et le percussionniste Jack Ashford, dont le jeu impeccable a défini l’ADN sonore de la Motown.
Parmi les caractéristiques du Motown Sound, on retrouvait l’utilisation omniprésente des tambourins pour accentuer le rythme, des lignes de basse mélodiques qui servaient de colonne vertébrale aux morceaux, et un style de chant call-and-response hérité du gospel. Les cordes et les cuivres ajoutaient une sophistication pop, tandis que les arrangements étaient volontairement simplifiés pour garantir leur accessibilité.
Norman Whitfield, l’un des producteurs phares de la Motown, résumait l’essence de ce son :
« Chaque chanson devait être un véhicule d’émotions universelles, tout en restant suffisamment accrocheuse pour s’imprimer dans la mémoire collective. »
Les ateliers de formation pour artistes
La Motown ne se contentait pas de produire des chansons : elle fabriquait des stars. Berry Gordy croyait fermement que pour conquérir un public mainstream, les artistes noirs devaient être impeccables sur scène comme en dehors. C’est pourquoi il mit en place un département de développement artistique, supervisé par des experts en chorégraphie, en diction et en élégance.
Maxine Powell, ancienne professeure de maintien, enseignait aux artistes comment marcher, parler et se comporter en société. Cholly Atkins, chorégraphe, élaborait des routines scéniques fluides et mémorables. Pendant ce temps, Maurice King, directeur musical, perfectionnait les harmonies vocales. Cette approche méticuleuse transformait des jeunes talents bruts en véritables ambassadeurs de la musique noire.
Les artistes participaient également à la Motortown Revue, une tournée qui les emmenait à travers les États-Unis et leur permettait de se produire devant des publics variés. Ces tournées étaient plus qu’un simple spectacle : elles formaient les artistes à surmonter les obstacles liés au racisme, tout en leur offrant une expérience inestimable sur scène.
Mary Wells, Marvin Gaye, les Supremes, Jackson 5, Stevie Wonder
Fêtant le 40e anniversaire de Marvin Gaye en 1979. Bobby Holland/mptvimages.com
La Motown était une véritable pépinière de talents. Parmi ses premières stars figurait Mary Wells, qui connut un succès fulgurant avec « My Guy ».
Sa voix douce et sa présence scénique posèrent les bases du succès initial du label. Peu après, Marvin Gaye émergea comme l’un des artistes les plus emblématiques de la Motown, alternant entre des ballades soul comme « I Heard It Through the Grapevine » et des albums conceptuels révolutionnaires comme « What’s Going On ».
Les Supremes, emmenées par Diana Ross, devinrent le visage glamour du label. Avec des tubes comme « Stop! In the Name of Love », elles marquèrent l’histoire en devenant le premier groupe féminin noir à dominer les charts américains. Leur succès ouvrit la voie à une nouvelle génération d’artistes.
En 1969, la Motown frappa un autre grand coup en signant les Jackson 5, un groupe familial dont le jeune leader, Michael Jackson, stupéfia le monde par son talent. Avec des morceaux comme « I Want You Back », ils devinrent des icônes instantanées.
Enfin, Stevie Wonder, signé à l’âge de 11 ans, passa de jeune prodige à génie musical avec des albums comme « Songs in the Key of Life », qui transcendèrent les genres.
Comment la Motown a permis de démocratiser la musique noire auprès d’un public blanc
Au-delà de ses succès commerciaux, la Motown joua un rôle central dans la démocratisation de la musique noire. À une époque marquée par la ségrégation raciale, Berry Gordy eut l’audace de croire que la musique pouvait transcender les barrières sociales et culturelles. Les artistes de la Motown devenaient des ponts entre les communautés, rassemblant des publics noirs et blancs dans une même admiration pour leur talent.
Smokey Robinson, l’un des piliers du label, résumait cet impact ainsi :
« Nous ne faisions pas que de la musique, nous faisions de l’histoire. Les enfants blancs et noirs dansaient ensemble sur nos chansons. C’était plus qu’un succès, c’était une révolution. »
Dans les années 1960, les chansons de la Motown étaient omniprésentes, diffusées sur les radios blanches et noires, et interprétées dans des émissions télévisées nationales. Elles apportaient une visibilité sans précédent aux artistes noirs, tout en mettant en lumière les richesses de la culture afro-américaine.
III. Un défi au racisme institutionnalisé
L’impact de la Motown sur le mouvement des droits civiques
Dans l’Amérique des années 1960, le racisme institutionnalisé imposait des barrières invisibles mais oppressantes à la mobilité sociale et culturelle des Afro-Américains. Dans ce contexte, la Motown ne fut pas simplement une maison de disques : elle devint un outil de changement social, un levier qui contribua à redéfinir les perceptions des Noirs aux États-Unis.
En diffusant des artistes noirs dans les foyers de millions d’Américains, la Motown joua un rôle clé dans le mouvement des droits civiques. Les chansons de la maison de disques, imprégnées de thèmes d’amour universels, de résilience et d’espoir, résonnaient au-delà des barrières raciales. Des morceaux comme « What’s Going On » de Marvin Gaye devinrent des hymnes implicites pour une génération en quête de justice. Smokey Robinson, Diana Ross et les Supremes, ainsi que Stevie Wonder, devenaient les ambassadeurs d’une identité afro-américaine fière et sophistiquée.
Berry Gordy avait une vision : démontrer que les Afro-Américains pouvaient exceller dans l’industrie de la musique grand public tout en conservant leur dignité. Le succès de la Motown changea progressivement la manière dont les Noirs étaient perçus dans les médias et dans la société, humanisant une communauté souvent stéréotypée ou ignorée.
Les tournées dans le Sud profond, entre succès et tensions
La Motortown Revue, une tournée regroupant les talents phares de la Motown, fut l’une des entreprises les plus audacieuses de Berry Gordy. Elle visait à conquérir non seulement les cœurs et les esprits, mais aussi des territoires où le racisme était le plus virulent : le Sud profond des États-Unis.
Pour les artistes noirs de la Motown, se produire dans des États ségrégationnistes n’était pas qu’un défi artistique : c’était un acte de bravoure. Les trajets étaient émaillés d’intimidations, de refus d’accès aux hôtels et restaurants, et parfois même de menaces directes contre leur sécurité. Pourtant, les artistes continuaient à monter sur scène, souvent dans des salles où les spectateurs noirs étaient confinés dans des sections séparées.
Ces tournées, bien que risquées, créèrent des moments mémorables. Dans certains cas, la musique brisait les barrières raciales. Des jeunes blancs et noirs, séparés par des cordes ou des murs, finissaient par danser ensemble sur des chansons comme « My Girl » des Temptations. Ces instants éphémères témoignaient du pouvoir de la musique à transcender les divisions sociales.
Cependant, ces tournées révélaient également les limites du progrès. Berry Gordy et ses artistes étaient conscients que leur succès ne signifiait pas la fin du racisme, mais ils persistaient, car chaque performance était une déclaration silencieuse contre l’injustice.
Berry Gordy et la volonté d’offrir une image positive des Afro-Américains
Pour Berry Gordy, le succès de la Motown était une question de fierté collective autant que de réussite individuelle. Il comprenait que chaque chanson, chaque performance, chaque artiste devenait une représentation de la communauté afro-américaine dans son ensemble. À une époque où les stéréotypes dégradants dominaient les médias, Gordy s’efforçait de projeter une image de sophistication, de talent et de dignité.
La formation des artistes à la Motown allait bien au-delà de la musique. Gordy insistait pour que ses stars incarnent l’excellence en tout point. Cela signifiait apprendre à se tenir sur scène, à répondre aux journalistes avec assurance, et à apparaître en public comme des figures de réussite.
Cette approche était également un moyen de répondre aux critiques qui voyaient la musique noire comme un art « brut » ou « primitif ». Gordy s’efforçait de démontrer que les artistes noirs pouvaient rivaliser – et souvent surpasser – leurs homologues blancs en termes de professionnalisme et de qualité artistique.
Au-delà des aspects commerciaux, cette vision avait une portée profondément politique. En produisant des artistes qui incarnaient la fierté et la sophistication, Gordy offrait au public noir une représentation positive à laquelle il pouvait s’identifier, tout en confrontant le public blanc à une réalité qu’il ne pouvait ignorer : le génie artistique et humain des Afro-Américains.
IV. Le déclin et la renaissance
1971 : La fin d’une ère à Détroit
L’année 1971 marqua un tournant majeur dans l’histoire de la Motown. Après plus d’une décennie d’extraordinaires succès, Berry Gordy prit une décision radicale : déplacer les opérations de Détroit, la ville qui avait vu naître le légendaire « Motown Sound », vers Los Angeles. Ce déménagement, motivé par l’ambition d’expansion dans l’industrie cinématographique et télévisuelle, signifiait aussi un éloignement de l’âme de la maison de disques.
Détroit, surnommée « Motor City », n’était pas qu’un décor pour la Motown. C’était un terreau fertile, où les rues vibraient au rythme des tambours, des basses mélodiques et des chœurs gospel. À Hitsville U.S.A., les artistes, les auteurs-compositeurs et les producteurs avaient tissé une communauté soudée. Ce déménagement brisa une dynamique unique. Certains artistes, profondément attachés à l’identité de Détroit, choisirent de ne pas suivre Gordy à Los Angeles. Parmi eux, des figures emblématiques comme Gladys Knight et même Marvin Gaye, dont l’album révolutionnaire What’s Going On exprimait à la fois une frustration face à l’injustice sociale et une nostalgie pour une époque révolue.
Ce changement géographique s’accompagna également de tensions internes. Le départ du célèbre trio de producteurs Holland-Dozier-Holland, qui avait façonné de nombreux tubes, exacerba les défis créatifs. Peu à peu, le « son Motown » perdit de son éclat et de son identité, alors que les priorités de la maison de disques s’orientaient vers Hollywood.
Les années de transition
Dans les années 1970, la Motown chercha à réinventer son modèle. Berry Gordy, visionnaire pragmatique, décida d’investir dans le septième art, espérant reproduire dans l’industrie cinématographique la réussite qu’il avait connue dans la musique. Cette diversification donna lieu à des projets audacieux, notamment la production du film Lady Sings the Blues (1972), une biographie de Billie Holiday portée par Diana Ross. Le film fut un succès critique et commercial, confirmant le talent de Diana Ross en tant qu’actrice et solidifiant la position de la Motown à Hollywood.
Cependant, cette diversification ne fut pas sans sacrifices. En se concentrant sur le cinéma et la télévision, la maison de disques délaissa en partie son rôle de pionnière musicale. Les années de transition furent marquées par un certain déclin dans la production de tubes mémorables, alors que de nouveaux genres, comme le disco et le funk, prenaient d’assaut les charts.
Malgré cela, certains artistes continuèrent à porter haut les couleurs de la Motown. Stevie Wonder, libéré des contraintes créatives imposées par le label, entama une période de production prolifique et acclamée, avec des albums comme Talking Book et Innervisions. Ces œuvres, bien que distinctes du « son Motown » traditionnel, rappelèrent la capacité du label à évoluer.
La renaissance
Alors que les années 1980 marquèrent une période difficile pour la Motown, les années 1990 virent une véritable renaissance. Berry Gordy avait vendu la maison de disques à MCA Records en 1988, mais l’essence de la Motown trouva une nouvelle vie sous la direction de talents visionnaires comme Jheryl Busby, qui dirigea le label avec une volonté de renouer avec son héritage.
La signature de Boyz II Men au début des années 1990 redonna à la Motown son lustre d’antan. Ce groupe, avec son mélange unique d’harmonies vocales et de ballades contemporaines, représenta un nouveau souffle pour le label. Des succès comme « End of the Road« et « I’ll Make Love to You » furent des triomphes commerciaux, propulsant Boyz II Men au rang de superstars internationales.
Ces chansons, bien que modernes, portaient en elles l’héritage émotionnel et mélodique du « son Motown ».
Dans le même temps, des artistes comme Erykah Badu, surnommée la « reine du néo-soul », apportèrent une fraîcheur et une authenticité qui résonnaient auprès d’une nouvelle génération. Son premier album, Baduizm (1997), mêlait influences jazz, soul et hip-hop, tout en incarnant l’esprit avant-gardiste qui avait toujours défini la Motown.
Cette renaissance ne se limita pas à la musique. La Motown fit également un retour remarqué dans les conversations culturelles, réaffirmant son rôle comme bastion de la fierté afro-américaine. Les artistes de la nouvelle ère portèrent haut l’héritage de la Motown tout en repoussant les frontières de la créativité.
Une légende indélébile
La Motown, née dans une petite maison de Détroit, a traversé des décennies de transformations, d’épreuves et de renaissances. Si la migration vers Los Angeles symbolisa la fin d’une époque, elle marqua également le début d’une redéfinition de son identité. La Motown, en embrassant le cinéma et les nouvelles générations d’artistes, prouva qu’elle était plus qu’une maison de disques : elle était une institution vivante, capable de se réinventer tout en restant fidèle à son essence.
V. L’héritage indélébile de la Motown
L’exemple pour les générations futures
Le modèle Motown ne s’est pas limité à une esthétique sonore : il a redéfini l’industrie de la musique. Berry Gordy avait conçu la Motown comme une “chaîne de montage de talents”, un concept qui continue d’inspirer les labels modernes. Cette philosophie consistait à accompagner les artistes à chaque étape de leur développement, de la maîtrise vocale à la posture sur scène, en passant par la chorégraphie et l’élégance vestimentaire.
Des labels contemporains comme Def Jam, Bad Boy Records, ou même TDE (Top Dawg Entertainment) s’inspirent directement de ce modèle, en plaçant l’identité et la présentation de leurs artistes au cœur de leur stratégie. La Motown a également prouvé qu’un label afro-américain pouvait rivaliser avec les grandes maisons blanches de l’époque, ouvrant la voie à des générations de producteurs et d’entrepreneurs noirs.
Mais l’influence de la Motown ne se limite pas à l’industrie musicale. En montrant que la musique pouvait être un levier pour changer les perceptions et briser les barrières raciales, la Motown a démontré le pouvoir de la culture comme outil de transformation sociale. Aujourd’hui, cet exemple inspire non seulement des musiciens, mais aussi des cinéastes, des écrivains et des artistes visuels qui cherchent à raconter des histoires authentiques et à représenter leur communauté avec fierté.
Une institution immortelle
La Motown, bien qu’évolutive, est devenue une institution intemporelle. En 1985, Berry Gordy transforma la maison historique de Hitsville U.S.A. en Motown Museum, un espace dédié à préserver et célébrer l’héritage du label. Ce musée, situé à Détroit, est devenu un sanctuaire pour les amateurs de musique, attirant des visiteurs du monde entier désireux de marcher sur les traces des icônes de la musique noire américaine.
Sous la bannière d’Universal Music Group, la Motown a continué à prospérer, avec une réintégration dans les années 2000 qui a permis une nouvelle vie à son catalogue légendaire. Les rééditions, les compilations et les documentaires comme Standing in the Shadows of Motown (2002) ou Hitsville: The Making of Motown (2019) ont ravivé l’intérêt pour l’histoire et la musique du label auprès d’un public plus jeune.
Des événements commémoratifs, comme le 50ᵉ anniversaire de la Motown en 2009, témoignent de l’impact durable de cette maison de disques, qui continue d’inspirer les générations.
Un héritage pour l’éternité
La Motown ne se résume pas à ses succès commerciaux ou à son impressionnante collection de tubes. Elle représente une vision, celle de Berry Gordy, qui croyait en une musique capable de transcender les barrières raciales et de réunir les gens autour d’une émotion commune. Aujourd’hui, cet héritage vit non seulement dans les chansons qui continuent de bercer les playlists du monde entier, mais aussi dans l’espoir qu’elle incarne pour les artistes émergents et les créateurs afro-descendants.
Avec son impact global, ses enseignements sur l’industrie musicale et son rôle dans le mouvement des droits civiques, la Motown n’est pas simplement un chapitre de l’histoire de la musique : elle est une pierre angulaire de l’histoire culturelle mondiale. Berry Gordy l’a dit lui-même : “La musique, c’est ce qui nous unit.” Et en ce sens, la Motown restera à jamais un phare de créativité, de résilience et de fierté.
Sommaire
Sources
Motown Museum : Informations sur l’histoire de la Motown et la transformation de Hitsville U.S.A. en musée. Site officiel : https://www.motownmuseum.org
Universal Music Group : Détails sur la réintégration de la Motown au sein d’Universal et les rééditions de son catalogue. Site officiel : https://www.universalmusic.com
Documentaire – Hitsville: The Making of Motown (2019) : Une exploration approfondie des débuts et de l’impact culturel de la Motown. Disponible sur : [Apple TV, Amazon Prime Video]
Livre – « Where Did Our Love Go? » de Nelson George : Analyse détaillée de la montée et de la chute de la Motown. ISBN : 9780252074981
Documentaire – Standing in the Shadows of Motown (2002) : Focus sur les Funk Brothers et leur rôle dans le son distinctif de la Motown.
« I Hear a Symphony: Motown and Crossover R&B » d’Andrew Flory : Étude académique sur l’influence de la Motown sur la musique pop. ISBN : 9780472036868
BBC Archive : Interviews et reportages sur Berry Gordy et les artistes de la Motown. https://www.bbc.com
Arte : « Les 50 ans de la Motown » : Article détaillant les succès et l’héritage de la Motown. Source : https://www.arte.tv/fr
Rolling Stone Magazine : Articles sur l’impact de la Motown sur la culture pop et les tendances musicales. Site officiel : https://www.rollingstone.com
Berry Gordy Interviews : Citations et réflexions de Berry Gordy sur son modèle entrepreneurial et artistique. (Disponible dans des archives et interviews vidéo/documentaires).
Kemi Seba, figure du panafricanisme, annonce sa candidature pour 2026. Entre espoir et défis, peut-il transformer la gouvernance béninoise ?
Une étape cruciale pour le panafricanisme politique
“L’indépendance politique sans indépendance économique n’est qu’un mirage.”
Kemi Seba
Le paysage politique béninois vient de vivre une secousse majeure avec l’annonce de la candidature de Kemi Seba à l’élection présidentielle de 2026. Activiste panafricaniste, président de l’ONG Urgences Panafricanistes et figure emblématique de la lutte pour l’indépendance économique et culturelle africaine, Seba incarne une rupture avec les dynamiques politiques traditionnelles. Cette candidature soulève des espoirs mais aussi des interrogations profondes sur la capacité du panafricanisme à transformer la gouvernance en Afrique.
« Un peuple qui souffre ne peut pas être un peuple en paix. »
Kemi Seba
Le Bénin, sous la gouvernance du président Patrice Talon, fait face à une crise socio-économique sans précédent. La flambée des prix des produits de première nécessité, la hausse des coûts énergétiques et les difficultés d’accès aux soins médicaux illustrent une situation désespérante pour une grande partie de la population. Parallèlement, la liberté d’expression se trouve restreinte, avec des critiques qui accusent le régime de persécution envers ses opposants.
La jeunesse, en particulier, se trouve dans une situation de marginalisation croissante. Les taux de chômage explosent, et beaucoup perdent confiance en la capacité des institutions politiques à améliorer leur sort. Dans ce contexte, Kemi Seba incarne pour beaucoup une figure d’espoir, mais aussi une opportunité de rupture avec le système en place. Son discours résolument anti-système met en lumière les failles structurelles d’un modèle politique jugé obsolète.
Les piliers stratégiques de la candidature de Kemi Seba
« Pour que le peuple puisse reprendre le pouvoir, nous devons mobiliser une révolution sur le terrain. »
Kemi Seba
Pour contourner les obstacles imposés par un système électoral controversé, Kemi Seba propose trois stratégies clés :
L’appui du parti des démocrates : Seba cherche à collaborer avec le parti dirigé par l’ancien président Thomas Boni Yayi. Bien que ce parti dispose des parrainages nécessaires pour valider une candidature, une telle alliance suscite des débats sur la compatibilité entre les idéaux panafricanistes de Seba et l’héritage politique controversé de Boni Yayi, souvent perçu comme une figure de la Françafrique.
Une coalition pour la réforme du code électoral : L’objectif est d’exiger des conditions équitables pour tous les candidats à la présidence. Cette approche repose sur une mobilisation massive de la société civile et des organisations politiques, rendant possible une transformation du système électoral pour inclure toutes les sensibilités politiques.
L’opération Jéricho : Inspirée des stratégies de désobéissance civile, cette opération vise à mobiliser le peuple béninois autour d’une révolte pacifique mais ferme contre les injustices systémiques. Seba appelle à une mobilisation triangulaire : éducation populaire, contestation massive et responsabilisation citoyenne.
Une perspective historique : le panafricanisme au pouvoir
“Le combat pour l’autonomie africaine est un combat de tous les temps, mais il est surtout celui du présent.”
Patrice Lumumba
La candidature de Seba s’inscrit dans une tradition panafricaniste qui remonte aux figures légendaires comme Patrice Lumumba, Kwame Nkrumah ou encore Thomas Sankara. Ces leaders partageaient une vision commune : l’indépendance totale de l’Afrique, non seulement sur le plan politique mais aussi économique et culturel.
Pour Seba, le combat commence avec l’abolition du franc CFA, qu’il qualifie de vestige colonial, et le retrait des bases militaires étrangères du continent. Cette posture radicale rappelle les discours de Sankara, mais pose également une question cruciale : l’Afrique peut-elle atteindre cette autonomie sans perturber ses équilibres fragiles?
En prenant exemple sur les récentes dynamiques au Mali, au Burkina Faso et au Niger, où des gouvernements ont adopté des postures anti-impérialistes, Seba souhaite adapter cette vision au contexte béninois. Toutefois, il devra faire face à des résistances émanant tant des élites locales que des puissances étrangères.
Les enjeux géopolitiques et économiques
« Ce que le roi Béhanzin a commencé, nous allons plus que jamais le terminer. »
Kemi Seba
La candidature de Kemi Seba ne se limite pas à une affaire intérieure. Elle résonne au-delà des frontières béninoises et soulève des questions sur l’avenir des relations internationales en Afrique. Seba propose une diversification des partenariats économiques, rompant avec la dépendance historique envers l’Europe pour s’ouvrir à de nouveaux partenaires comme la Chine, la Russie ou encore les nations d’Amérique latine.
Cependant, cette stratégie comporte des risques. L’autonomie économique implique une capacité à créer de la valeur localement et à développer des infrastructures nationales solides. Les défis incluent également la gestion des ressources naturelles, souvent exploitées par des multinationales, et la mise en place d’une véritable gouvernance économique.
Une candidature comme catalyseur de changement
Au-delà des idéaux, la candidature de Seba représente un souffle d’espoir pour une jeunesse béninoise en quête de renouveau. Elle met en lumière des problématiques fondamentales comme la justice sociale, la réforme électorale et la souveraineté nationale. Pour nombre de ses partisans, Seba incarne une nouvelle façon de faire de la politique, loin des compromissions traditionnelles.
Les défis d’un leadership idéologique
Cependant, les obstacles sont nombreux. Le système politique béninois est structuré pour limiter l’ascension des figures anti-système. La capacité de Seba à mobiliser une base populaire suffira-t-elle à surmonter ces barrières? Par ailleurs, son discours très critique envers les élites pourrait l’isoler des instances internationales telles que la CEDEAO et l’Union africaine.
Enfin, la transformation de promesses en réformes concrètes constitue l’un des plus grands défis pour tout leader idéologique. Seba devra naviguer avec habileté entre la radicalité de son programme et les nécessités de compromis qu’impose la gouvernance.
Un modèle pour le futur de l’Afrique ?
Si Kemi Seba parvient à concrétiser sa vision, il pourrait redéfinir les règles du jeu politique en Afrique. Sa candidature représente un test grandeur nature pour le panafricanisme moderne, dans un contexte où le continent cherche à s’affranchir de ses dépendances historiques. L’élection de 2026 promet ainsi d’être un moment charnière.
Le pari d’une renaissance
“Changer le cours de l’histoire d’un peuple commence par récupérer sa dignité.”
Thomas Sankara
La candidature de Kemi Seba à la présidence du Bénin pour 2026 constitue une opportunité inédite pour réfléchir aux contours du panafricanisme politique au XXIe siècle. Entre espoir et réalisme, son chemin vers la magistrature suprême sera pavé de défis.
Si Seba parvient à transformer ses idéaux en politiques concrètes, il pourrait bien révolutionner le paysage politique béninois et, par extension, africain. L’élection de 2026 promet d’être un moment charnière, à suivre avec attention par les observateurs du continent et d’ailleurs.
Nofi et Trace, dans le cadre du mois de la femme africaine, vous invitent à plonger dans les récits fascinants des héroïnes méconnues de l’histoire afro-descendante. De l’Afrique aux Amériques, découvrez ces femmes qui, par leur courage, leur résilience et leur détermination, ont défié l’oppression et marqué à jamais l’histoire de nos peuples.
Les résistances féminines afro-descendantes en Afrique
Dans les plis de l’histoire, souvent écrite par et pour les vainqueurs, se nichent des récits oubliés, ceux des femmes africaines et afrodescendantes qui, par leur courage et leur détermination, ont changé le cours du destin collectif. Ces héroïnes, rebelles face à l’injustice, incarnent une mémoire vivante et une source d’inspiration universelle. Nofi revisite leurs luttes, de l’Afrique précoloniale aux Amériques en passant par les Caraïbes, en dévoilant les récits méconnus qui résonnent encore aujourd’hui.
I. Les résistances féminines en Afrique, berceau de la révolte
Nzinga Mbandi : stratège et diplomate du Ndongo et Matamba
Lithographie coloriée à la main de la femme connue sous le nom de « Reine Ginga » au Portugal. Elle s’appelait Nzinga Mbande, mais son nom lors de sa conversion au christianisme était « Ana de Sousa ». Dessin provenant de la collection de la National Portrait Gallery de Londres.
Nzinga Mbandi (1583–1663), reine du Ndongo et du Matamba (Angola), fut bien plus qu’une souveraine. À une époque où les Portugais cherchaient à dominer l’Afrique pour alimenter la traite transatlantique, Nzinga sut conjuguer diplomatie et guerre. Lors des négociations de 1624 avec les Portugais, elle choqua l’assemblée en utilisant une de ses servantes comme tabouret pour ne pas s’asseoir sur le sol. Ce geste, au-delà de son symbolisme, illustre la stratégie psychologique qu’elle employait pour affirmer son autorité.
Nzinga constitua une alliance avec les Hollandais contre les Portugais, introduisant des réformes militaires audacieuses en incorporant des femmes dans son armée. Enracinée dans la culture Mbundu, elle devint un modèle de résistance face à l’impérialisme.
Yaa Asantewaa, la flamme de la guerre du trône d’or
En 1900, au cœur de l’empire Ashanti (Ghana), Yaa Asantewaa, reine-mère de la région d’Ejisu, galvanisa son peuple contre la confiscation du Trône d’Or par les Britanniques. Lors d’un conseil, elle défia les chefs masculins hésitants :
« Si vous, les hommes, ne vous battez pas, nous, les femmes, nous le ferons. »
Cette guerre, bien que perdue, demeure un symbole de la résistance anticoloniale. Son héritage a fait d’elle une figure centrale dans l’histoire ghanéenne et africaine.
Les Amazones du Dahomey : armée d’élite féminine
Seh-Dong-Hong-Beh, une cheffe des Agodjé (gravure de Frederick Forbes réalisée en 1851).
Loin des mythes, les Amazones du Dahomey étaient une réalité historique. Constituée sous le règne du roi Houégbadja au XVIIe siècle, cette armée féminine a défié les forces coloniales françaises. Leur entraînement rigoureux, combiné à une discipline sans faille, en faisait une force redoutable. Leur influence dépasse les champs de bataille, inspirant aujourd’hui des représentations culturelles comme dans le film The Woman King.
II. La diaspora en rébellion : marronnage et insurrections féminines
Nanny of the Maroons : libératrice de Jamaïque
Nanny, figure emblématique des Marrons de Jamaïque, incarne la liberté arrachée. Au XVIIIe siècle, elle utilisa des tactiques de guérilla pour protéger sa communauté des attaques britanniques. Dotée d’un don spirituel attribué à l’obeah (une pratique religieuse afro-caribéenne), elle est reconnue comme héroïne nationale en Jamaïque.
Sanité Bélair : combattante de la révolution Haïtienne
Lieutenant sous Dessalines, Sanité Bélair participa à des campagnes cruciales contre les forces napoléoniennes. Capturée avec son mari, elle refusa d’être exécutée à la guillotine, préférant mourir sous les balles. Son courage a fait d’elle une martyre de l’indépendance haïtienne.
Harriet Tubman : La Moïse de son peuple
Photographe : Horatio Seymour Squyer, 1848 – 18 Dec 1905 – National Portrait Gallery
Harriet Tubman n’était pas seulement une militante abolitionniste, mais une véritable stratège militaire. Après avoir échappé à l’esclavage, elle retourna dans le Sud pour libérer des centaines de personnes via le chemin de fer clandestin. Pendant la guerre de Sécession, elle devint la première femme à diriger une expédition armée, sauvant plus de 700 esclaves.
III. Révoltes collectives féminines : Afrique et diaspora à l’unisson
Les femmes du marché d’Aba (Nigéria, 1929)
Femmes somorika d’Akoko Edo, Nigeria, dans la première moitié du 20e siècle. Photo d’archives.
Cette révolte, surnommée la « guerre des femmes », mobilisa des milliers de commerçantes Igbo contre une taxation coloniale oppressive. Organisées, elles utilisèrent le chant et la danse comme outils de protestation. Cet événement marqua un tournant dans les luttes pour l’indépendance.
Les femmes marronnes des Amériques
Au Suriname et en Guyane, les femmes marronnes jouèrent un rôle crucial dans les révoltes des esclaves. À Paramaribo, des groupes féminins mirent en place des réseaux de résistance clandestins, mêlant espionnage et sabotage.
IV. Les femmes africaines dans la reconstruction post-indépendance
Ellen Johnson Sirleaf : résilience au Libéria
Le secrétaire à la Défense Ash Carter organise un cordon d’honneur pour la présidente libérienne Ellen Johnson Sirleaf au Pentagone le 27 février 2015. (Photo du ministère de la défense par le maître de 2e classe Sean Hurt/Communiqué)
Première femme élue présidente en Afrique, Sirleaf transforma le Libéria après des années de guerre civile. Lauréate du prix Nobel de la paix, elle symbolise la capacité des femmes à reconstruire des nations.
Graça Machel : militante de l’Éducation
Graca Machel (fondatrice et présidente de la Fondation pour le développement communautaire) lors du Forum économique mondial sur l’Afrique qui s’est tenu à Dar es Salaam, en Tanzanie, le 7 mai 2010.
Ancienne première dame du Mozambique et d’Afrique du Sud, elle a dédié sa vie à l’autonomisation des femmes et des enfants, prouvant que l’héritage de la résistance passe aussi par l’éducation.
V. Innovatrices et entrepreneures : combat par la créativité
Fatoumata Ba : pionnière de la Tech
Fondatrice de Jumia, Fatoumata Ba redéfinit le paysage économique africain. En combinant innovation et inclusion, elle montre que la révolution féminine passe aussi par la transformation numérique.
Le boom des créatrices culturelles
Des designers comme Anifa Mvuemba réinventent les textiles traditionnels en les mêlant à des technologies modernes, célébrant ainsi l’héritage africain dans une esthétique contemporaine.
Vers une reconnaissance globale
Ces récits, bien qu’extraordinaires, sont souvent absents des manuels scolaires et des mémoires collectives. Pourtant, ils rappellent que l’histoire afrodescendante est façonnée par des femmes d’une résilience et d’une audace exceptionnelles. Leur héritage n’est pas seulement un rappel des luttes passées, mais une inspiration pour les combats présents et futurs. En honorant ces héroïnes, nous affirmons une vérité simple mais puissante : leur histoire est aussi la nôtre.
Vous avez vu la bande annonce de Superman ? Le nouveau là, en préparation par James Gunn. Et bien Mister Terrific sera dedans ! « Cool » Vous me direz ! « Mais qui est ce personnage ? » Aucune inquiétude, je vous en dis plus dans les lignes qui suivent !
Comme vous le savez, l’univers dans lequel évoluait Superman, Batman et leurs amis a pris fin. Et pour cause, le Snyderverse semblait peiner à devenir compétitif dans un contexte dans lequel le MCU de Marvel (et maintenant aussi Disney) dominait depuis très longtemps le genre Comics Superhéros au cinéma. James Gunn, aux commandes des Gardiens de la Galaxie pour le MCU est alors mandaté pour reprendre l’univers de Sup’.
Et redémarrer l’univers DC veut dire mettre en avant de nouveaux personnages ! Pour ceux qui ont suivi l’Arrowverse (composé des séries Arrow, Flash, Supergirl, Legends of Tomorrow, Black Lightning et Batwoman) Mister Terrific n’est pas un inconnu. Pourtant, celui que vous avez vu dans la série Arrow incarné par Echo Kallem est Curtis Holt. Alors attendez-vous cette fois à voir la version originale Michael Holt, incarné par l’acteur américano-kényan Edi Mūe Gathegi (The harder they Fall, Startup, X-men : First Class).
Edi rejoint donc la liste des acteurs ayant fait la navette entre Marvel et DC, ayant joué Darwin, l’un des protégés de Charles Xavier, dont le pouvoir n’a d’ailleurs pas été respecté, car Darwin n’aurait jamais dû mourir dans ce film. Pas de spoiler alert. 2011, il y a prescription.
De Michael Holt à Mister Terrific
Dans les comics, Michael Holt est d’une intelligence remarquable dès son plus jeune âge, démontrant une capacité de compréhension et d’assimilation des œuvres de Niels Bohr, Albert Einstein, Max Planck et Richard Feynman, un véritable panthéon de physiciens théoriciens. Michael a grandi aux côtés de son frère aîné, Jeffrey, atteint de troubles mentaux, qu’il aimait profondément. À son décès à l’âge de 12 ans, Michael est profondément bouleversé.
Maîtrisant avec aisance des compétences complexes que d’autres passent leur vie à perfectionner, Holt possède, selon ses propres termes, « un talent naturel pour avoir des talents naturels ».
Avant même de débuter sa carrière de super-héros, il s’illustre déjà avec 14 doctorats (dont deux en ingénierie et en physique, ainsi que des diplômes de maîtrise et doctorats en droit, psychologie, chimie, sciences politiques, informatique, astronautique et mathématiques).
Imaginez un multimillionnaire autodidacte grâce à son entreprise de haute technologie, médaillé d’or olympique au décathlon, de surcroit. Au final, nous ne sommes pas loin d’un profil à la Bruce Wayne ou Oliver Queen.
Le drame du superhéros
Comment reconnait-on un bon vigilante ? (terme anglais désignant les personnes s’opposant au crime sans appartenir aux forces de l’ordre).
Souvent, ils ont un point commun assez triste. La disparition d’êtres chers. Car pour qu’un personnage décide de sortir de sa zone de confort pour combattre les villains, il doit faire face à un drame qui change une vie. Bruce voit ses parents se faire assassiner sous ses yeux avant de devenir Batman. Peter cause la mort de son oncle Ben puis devient Spiderman. Barry Allen perd sa mère avant de devenir The Flash. Pour chacun de ces personnages, le rapport à la justice vient de ce point de départ et Michael n’échappe pas à la règle.
Ayant déjà perdu son frère tout jeune, il perd sa femme enceinte à l’age adulte. L’un des éléments déclencheurs le poussant à devenir le deuxième à porter le nom de Mister Terrific, prenant la suite de Terry Sloane. Et si on parle souvent de Batman dans cet article, c’est parce que les deux entretiennent une rivalité amicale dans leurs vies de businessmen mais aussi au niveau de leurs alter-ego. Tout deux sans pouvoir dans un monde de Superman, Aquaman et Nubia, ils font partis de ces héros humains qui arrivent à se hisser au plus haut niveau.
Son apparence
Devenant le leader de sa propre équipe, la Justice Society of America, il obtient le respect de ses pairs notamment grace à ses compétences. Considéré comme l’un des trois cerveaux les plus brillants de DC l’univers. Très athlétique comme en témoigne son or olympique, Michael est un artiste martial confirmé. Il porte un masque de nanites en forme de T de sa confection lui permettant de détecter de nombreuses formes d’énergies et son équipement comprend ses T-sphères, des petites boules volantes multifonctions telles que la défense ou le hacking.
De la fraicheur chez DC
Il est très intéressant de voir que le personnage de Michael Holt puisse être exploité dès le lancement du nouveau universe. Plutôt habitué aux Batman, Aquaman ou Cyborg, c’est véritablement un vent nouveau qui souffle sur le rival de Marvel, car si M. Terrific nous promet une histoire intéressante, attendez-vous potentiellement à voir dans un avenir pas si lointain, l’un des chouchous des fans des Green Lanterns, John Stewart, qui devrait être incarné par Aaron Pierre (Rebel Ridge).
Welcome to DC, Aaron Pierre. After a long and grueling series of auditions I am absolutely sure we’ve found an incredible John Stewart. #Lanternspic.twitter.com/1grFjppkQe
Dans cette interview exclusive, David Dickens dévoile l’âme de CirkAfrica 2024 : un hommage vibrant à l’Éthiopie et au cirque africain authentique.
CirkAfrica 2024 : Authenticité et traditions africaines au rendez-vous
Nofi: Alors David bonjour. CirkAfrica revient en 2024 avec une édition encore plus ambitieuse. Comment résumez-vous ce spectacle pour quelqu’un qui le découvre pour la première fois ?
David : Mais je crois justement… J’ai coutume de dire que c’est une manière de voyager sans quitter Paris et de découvrir l’Afrique, notamment l’Éthiopie cette année. C’est un spectacle qui permet de parcourir le folklore éthiopien sans jamais folkloriser, sans jamais céder à la facilité. C’est vraiment permettre au plus grand nombre de découvrir l’Éthiopie et les qualités acrobatiques exceptionnelles de ces athlètes.
Nofi : Quand vous dites « sans jamais céder à la facilité« , c’est-à-dire ?
David : C’est-à-dire qu’on n’est pas dans le petit boubou, les djembés, des choses un petit peu typiques comme ça qu’on a tendance à réunir pour vulgariser ce que peut être l’Afrique. Là, on fait quelque chose qui est authentique. On travaille avec des artistes éthiopiens, avec des artisans éthiopiens, avec un souci de l’authenticité, de la véracité. Tout ce que vous allez voir, ce sont des choses qui sont inspirées des traditions ancestrales.
Nofi : En quoi, pour vous, c’est important, cette mission ? Pourquoi le cirque, et pourquoi par le cirque, cette volonté de transmettre, on va dire, la culture africaine ?
David : Je vais vous donner un exemple très concret pour dire notre objectif. Dans le spectacle, il y a un numéro d’échasses. Les échasses, on sait que dans certaines cultures africaines, elles servent à des rites, elles servent dans des balais. Mais on sait aussi qu’autrefois, dans les tribus, elles permettaient de voir à travers le feuillage des arbres les ennemis au loin ou les prédateurs qui risquaient d’attaquer les camps. Aujourd’hui, les échasses sont utilisées comme un agrès acrobatique au cirque. Ça permet à la fois de faire du divertissement, mais en se fondant sur quelque chose d’authentique, qui a existé, et qui raconte notre histoire. C’est ce que l’on veut faire avec tous les numéros du spectacle. Les bassines : on sait très bien l’importance des bassines dans la culture afro-caribéenne. En Chine, on jongle avec des massues, en Russie avec des quilles, en Afrique, on jongle avec des bassines. Et là encore, on raconte l’histoire importante de la bassine, qui permet aux femmes d’aller chercher l’eau, qui est très présente dans la culture afro-caribéenne. On a créé un répertoire acrobatique africain avec des choses qui nous appartiennent véritablement. Et ce répertoire, aujourd’hui, il est en train de faire la nique au cirque de Moscou, au cirque russe, et au cirque de Pékin, le cirque chinois.
Nofi : Le cirque traditionnel a souvent été critiqué pour l’utilisation d’animaux. Comment Cirque Africa s’inscrit-il dans une démarche plus éthique ?
David : Il y a un certain paradoxe à ce que, non, on ne trouve pas d’animaux dans un cirque africain, alors qu’on trouve des animaux de la savane africaine dans absolument tous les autres cirques traditionnels. On n’en a pas besoin. On n’en a pas besoin pour plusieurs raisons. Pour des raisons clairement éthiques. Aujourd’hui, les jeunes qui viennent au cirque sont vos enfants, sont les miens, ce sont des jeunes qui ont une vraie conscience écologique et qui ont la possibilité de voir des animaux dans leur environnement naturel, sur internet ou en voyageant, d’une part. Et ensuite, nous, ça nous a permis, avec des artisans africains, éthiopiens en l’occurrence cette année, de créer des marionnettes géantes à l’effigie d’animaux, avec des masques africains, qui permettent de remplacer le rôle qu’avaient les animaux au sein d’un spectacle de cirque par le passé. Parce que ça appartient à une histoire ancienne de montrer des lions, des tigres, des éléphants au cirque. Et aujourd’hui, les enfants ont envie de voir autre chose. Il est de notre responsabilité de leur fournir autre chose.
Nofi : Quel message espérez-vous transmettre au public à travers cette nouvelle édition ?
David : L’idée, c’est que vraiment, avec ce spectacle éthiopien, il y a quelque chose de singulier. Vous le savez comme moi, l’Éthiopie a une culture qui est unique en Afrique. On sait que, par exemple, le christianisme est apparu en Éthiopie au 4e siècle, alors que l’islam est arrivé au 7e siècle. On sait que la population est à 45 %, je crois, de moins de 15 ans, à 67 % de moins de 25 ans. Donc, c’est une population jeune. On sait que c’est le 2e pays de l’Afrique en termes de densité de population, donc avec des perspectives absolument immenses. On sait aussi qu’au sein d’une même famille, vous pouvez trouver une mère musulmane, un père orthodoxe. C’est quelque chose que l’on ne trouve absolument nulle part. Il y a un respect d’autrui qui est quelque chose de singulier. Et donc, ce qu’on espère, c’est que ce rythme-là d’humanisme qu’on trouve uniquement en Éthiopie, on puisse le faire partager à travers un divertissement. Et pas n’importe quel divertissement. Parce que voilà, ce n’est pas un prétexte, c’est du cirque de très haut niveau. Ce que vous allez voir là, au Cirque Phénix, avec CirkAfrica, c’est quelque chose que vous ne verrez nulle part ailleurs. C’est des sauts périlleux absolument incroyables, avec des réceptions qu’on ne voit nulle part. Il y a un des numéros qui a gagné un prix au Festival Mondial du Cirque de Demain. Je crois qu’il a gagné la médaille d’or. Le Festival Mondial du Cirque de Demain, ce sont les Jeux olympiques du cirque. Donc, ce que vous allez voir, c’est la quintessence de ce qu’est le cirque africain aujourd’hui, et ce qu’il représente dans le monde du cirque. C’est vraiment ce qu’on a voulu faire. C’est un spectacle qui est offert à tout le monde, qui est proposé à tout le monde, mais vraiment qui a aussi un rôle de représentativité pour montrer le répertoire acrobatique africain et, à travers cela, notre culture.
David : C’est exceptionnel, oui. Comme je vous disais, il n’y a pas grande production qui arrive à faire ce genre de chiffres, et on est très fiers de ça. Alors, c’est vrai que moi, j’ai des budgets marketing qui me permettent de faire connaître le spectacle. Et puis, on a une esthétique, une esthétique qui est assez universelle, qui parle à tout le monde. Et je pense que ça, ça joue aussi. Ça participe du succès qu’on a et de l’envie des gens de découvrir ce spectacle.Notre Cirque Afrique, c’est un visage pour le cirque africain : c’est toujours un visage noir, un visage de garçon ou un visage de femme. Quand vous passez en voiture devant une colonne Morris et que vous voyez ce visage noir, vous ne savez pas ce qu’il raconte. Vous êtes interpellé par la beauté physique et esthétique de ce visage. Vous ne savez pas si c’est un film, une pièce de théâtre, une comédie musicale. Nous, ce qu’on veut, c’est juste attirer votre œil, susciter votre attention pour vous emmener sur notre site internet. Et là, vous comprenez pour que vous puissiez venir découvrir ce que l’on vous propose. Et apparemment, cette politique marketing, ce process-là fonctionne.
Nofi : Qui êtes-vous, monsieur ?
David : David Dickens. Moi, je suis un communicant. Donc, c’est très rare que les communicants apparaissent. En général, vous ne me verrez sur aucun document qui appartient à la société. Je le fais uniquement pour les médias afro-caribéens parce que je pense qu’effectivement, on a une responsabilité de représentativité, d’explication du discours, de nos objectifs, des projets que l’on nourrit. Et c’est la raison pour laquelle j’apparais. Sinon, moi, je viens d’une famille tout à fait ordinaire, un passionné de culture noire qui a eu la chance de découvrir des illustres personnalités. Parce que le fait d’être senior m’a permis, dans les années 80-90, de croiser des personnes comme Gordon Parks, sa fille Toni Parks, ou encore Arthur Ashe et Spike Lee. Voilà, ce sont des gens qui ont nourri ma culture noire et qui, à mon retour ici, m’ont fait apprécier ma francité de manière différente. Aujourd’hui, moi, je n’ai aucun problème avec les gens qui peuvent nier ma francité au seul motif de ma couleur de peau ou m’attribuer des qualités ou des défauts pour cette même raison. Je vois ça de très, très haut, à un moment donné, avec vertige, et je n’éprouve que du mépris pour ces gens-là. Je pense qu’on n’a pas de temps à perdre avec ça. Notre responsabilité, en tant que parents, en tant qu’adultes, c’est de mettre en avant notre culture et de faire en sorte que, demain, nos enfants puissent bénéficier de cela, de savoir d’où ils viennent pour pouvoir savoir où ils doivent aller.
Nofi : Est-ce que vous pouvez dire un dernier mot à la communauté noire et fière qui nous suit, et qui, je pense, doit être très intéressée par ce cirque africain ? Qu’est-ce que vous pouvez leur dire pour leur donner envie ?
David : Bah, on n’a pas vraiment de différence entre eux et moi. Je suis aussi un fervent admirateur du travail de Nofi. Vraiment, bravo à toutes les équipes pour ce que vous faites, c’est très important. Les projets que vous nourrissez sont extraordinaires, et j’aimerais en prendre ma part si c’était possible. Tout ce que je peux dire, c’est que vous allez passer un excellent moment, découvrir des choses qui appartiennent à un répertoire tribal adapté au cirque, avec un répertoire acrobatique spécifique africain. Je sais que nous, on n’a pas une culture circassienne. Moi, je n’allais pas au cirque quand j’étais enfant, mes parents ne m’emmenaient pas au cirque. Mais là, véritablement, on a la possibilité de découvrir des choses qui nous appartiennent, qui font partie de notre culture. Et je pense que c’est une occasion unique, rêvée, de passer un bon moment avec un orchestre live, des musiciens extraordinaires, des chanteurs, des chanteuses, et ces acrobates prodigieux qui viennent tous d’Éthiopie. Ce sont tous des artistes noirs, et je vous encourage à venir découvrir ce qu’on est capables de faire.
Plongez avec nous au cœur des origines et impacts du colorisme. De Hollywood aux sociétés afro-descendantes, découvrons ensemble comment la couleur de peau continue de façonner perceptions, opportunités et identités.
Dans l’univers silencieux du reflet, la peau dévoile une histoire que le monde entier refuse parfois de voir. Cette histoire, c’est celle du colorisme—une forme insidieuse de discrimination au sein des communautés ethniques, fondée sur des hiérarchies de couleur de peau. Alors que le racisme cible les groupes raciaux dans leur ensemble, le colorisme s’attaque aux nuances, imposant des privilèges à celles et ceux dont la carnation est plus claire, tout en marginalisant les peaux plus sombres.
Aujourd’hui, des personnalités comme Viola Davis et Lupita Nyong’o dénoncent publiquement cette dynamique, mais le colorisme reste ancré dans des siècles d’histoire et de normes culturelles qui perdurent encore. Explorons ses origines, ses manifestations, et les moyens de le combattre.
La naissance d’une hiérarchie chromatique
Le colorisme trouve ses racines dans l’époque esclavagiste, quand les colons européens ont introduit des hiérarchies sociales basées sur la carnation. Les esclaves à la peau plus claire, souvent issus de relations forcées entre des maîtres blancs et des femmes noires, étaient privilégiés et affectés à des tâches domestiques dans les maisons des plantations. En revanche, leurs homologues à la peau plus sombre travaillaient dans les champs, subissant des conditions de vie et de travail bien plus dures.
Cette distinction était stratégique—en divisant les esclaves par la couleur de leur peau, les colons renforçaient leur contrôle et minimisaient les risques de rébellion collective. Ces divisions ont été perpétuées après l’abolition de l’esclavage, les sociétés post-coloniales valorisant souvent la peau claire comme un signe de statut, d’éducation et de prospérité.
Dans des pays comme la Jamaïque ou le Brésil, la devise « blanquear la raza » (éclaircir la race) était explicitement encouragée, tandis que dans le sud des États-Unis, des pratiques comme le « paper bag test » (test du sac en papier) étaient utilisées pour exclure les personnes à la peau plus sombre de certains espaces sociaux.
Le colorisme ne se limite pas aux interactions quotidiennes—il est également amplifié par les médias et l’industrie du divertissement. Hollywood, souvent accusé de promouvoir un idéal eurocentré de beauté, continue de privilégier les actrices noires à la peau claire pour les rôles principaux, laissant peu de place aux femmes à la peau sombre.
En 2016, la controverse autour de Zoe Saldana interprétant Nina Simone a mis en lumière ces dynamiques. Non seulement Saldana est naturellement plus claire que Simone, mais elle a été maquée pour assombrir artificiellement sa peau—un choix qui a été largement critiqué comme une forme de « blackface » moderne. Pendant ce temps, des talents comme Viola Davis ou Leslie Jones luttent contre les stéréotypes qui limitent leurs opportunités professionnelles.
Ce phénomène n’est pas limité aux femmes. Les hommes noirs à la peau sombre sont souvent cantonnés à des rôles d’émissaires de la violence ou de l’intimidation, tandis que leurs homologues à la peau plus claire sont présentés comme des héros ou des figures romantiques. Ces choix créent un cycle où les préjugés sont reproduits, consolidés et diffusés à grande échelle.
Un problème global—pas seulement africain
Bien que le colorisme ait des racines profondes dans les communautés noires, il n’est pas limité à celles-ci. En Asie du Sud et en Asie de l’Est, la peau claire est souvent perçue comme un signe de noblesse et de richesse, tandis que la peau foncée est associée aux travailleurs des champs. En Inde, l’industrie des produits blanchissants est en plein essor, alimentée par des publicités qui promettent un mariage réussi ou un emploi rémunérateur grâce à une peau plus claire.
Dans les Caraïbes et l’Amérique latine, des phrases comme « mejorar la raza » (améliorer la race) traduisent une obsession culturelle pour l’éclaircissement générationnel. Cette dynamique est souvent le reflet de l’histoire coloniale et du métissage imposé par les colons européens, qui valorisaient les traits européens tout en rabaissant les traits africains et indigènes.
Le rôle des médias et de la société
Les normes de beauté européennes, souvent renforcées par les médias mondiaux, jouent un rôle central dans la perpétuation du colorisme. Des marques internationales de cosmiques aux plateformes de réseaux sociaux, le message sous-jacent reste clair : une peau plus claire est plus désirable. Ce message est si omniprésent que même les enfants en sont affectés.
L’expérience emblématique de Kenneth et Mamie Clark sur les poupées dans les années 1940, où des enfants noirs préféraient des poupées blanches à leurs homologues noires, révèle à quel point ces préjugés sont internalisés tôt. Aujourd’hui encore, des enquêtes similaires montrent que les jeunes filles préfèrent souvent des modèles de beauté plus européens.
Alors, comment change-t-on un système qui valorise la peau claire tout en marginalisant la peau foncée ? Voici quelques pistes pour éveiller les consciences et amorcer un changement :
Représentation diversifiée Les médias doivent s’engager à représenter une diversité authentique de tons de peau. C’est l’une des raisons pour lesquelles des figures comme Lupita Nyong’o sont si importantes—elles redéfinissent ce qui est considéré comme beau.
Éducation historique Enseigner l’histoire du colorisme dans les écoles peut aider à déconstruire les préjugés chez les jeunes. Comprendre d’où viennent ces normes aide à en reconnaître les absurdités.
Normes de beauté inclusives Les industries de la mode et de la beauté doivent cesser de valoriser un seul type de beauté. La campagne « Fenty Beauty » de Rihanna est un exemple inspirant d’une marque qui embrasse tous les tons de peau.
Changements culturels internes Les communautés doivent s’attaquer à leurs propres préjugés. Il est essentiel de dénoncer les pratiques discriminatoires telles que le « paper bag test » et d’élever des discussions sur la valeur inhérente de chaque nuance.
Une beauté réappropriée
Le combat contre le colorisme est autant une lutte pour l’égalité qu’une quête de dignité. Il ne s’agit pas simplement de corriger des préjugés—il s’agit de créer un monde où toutes les nuances sont non seulement acceptées, mais célébrées.
Chaque visage, chaque ton, chaque texture raconte une histoire unique. En rejetant les hiérarchies destructrices et en élevant nos voix collectives, nous pouvons redéfinir la beauté, non pas comme une norme à atteindre, mais comme une mosaïque vibrante et inclusive. La peau, après tout, n’est pas seulement une enveloppe—elle est une preuve vivante de résilience, d’héritage et de possibilités infinies.
Cyclone à Mayotte : Emmanuel Macron face à la colère des sinistrés, un héritage colonial sous les décombres. Découvrez pourquoi cette crise dépasse la simple catastrophe naturelle.
Mayotte, terre d’une beauté déchirante, est aujourd’hui une scène de désolation après le passage du cyclone Chido. Mais ce n’est pas seulement la force implacable des vents qui a mis à nu les fragilités de ce territoire, c’est aussi la tempête sociale et politique qui l’agite depuis des décennies. Le cyclone a emporté des toits, détruit des vies, mais il a surtout révélé les failles béantes d’un système colonial qui refuse de dire son nom.
La gifle coloniale d’Emmanuel Macron
Face à des sinistrés désespérés, Emmanuel Macron a laissé exploser sa frustration :
« Vous êtes contents d’être en France ! Si ce n’était pas la France, vous seriez 10 000 fois plus dans la merde ! »
Ces mots résonnent comme une gifle, un rappel brutal que la gratitude est la seule réponse attendue des territoires sous domination française. Mayotte, département d’outre-mer, reste perçue comme une obligation administrative, un fardeau à gérer avec condescendance, plutôt qu’un espace habité par des êtres humains méritant respect et dignité.
Ces propos illustrent une vérité crue : la France officielle ne voit dans ses « DOM-TOM » qu’un prolongement géographique utile pour son influence stratégique, mais elle n’y reconnaît pas de citoyens à part entière. Les Mahorais ne peuvent que quémander, jamais exiger.
Mayotte : un miroir des contradictions françaises
Mayotte, arrachée à l’Union des Comores en 1976 par un référendum contesté, incarne la persistance d’une politique coloniale déguisée. En refusant de se départir de Mayotte, la France a consolidé son contrôle sur une région stratégique de l’océan Indien, tout en exportant un modèle économique et social basé sur la dépendance.
Ce département, pourtant présenté comme « français », est un des plus pauvres de la République. Son réseau d’infrastructures est vétuste, son système de santé débordé, et son tissu social miné par des tensions liées à l’immigration et à une misère généralisée. Ce cyclone n’a pas créé ces failles : il a simplement révélé leur ampleur.
Les dégâts du mépris : entre néocolonialisme et marginalisation
Sur l’île de Mayotte, le 17 décembre 2024, après le passage du cyclone Chido sur l’archipel. (DIMITAR DILKOFF / AFP)
Quand Emmanuel Macron affirme qu’il n’y a « pas un endroit dans l’océan Indien où on aide autant les gens », il perpétue une narration paternaliste selon laquelle la France est le sauveur des territoires qu’elle domine. Ce discours masque une réalité plus complexe : si Mayotte est « aidée », c’est parce qu’elle est d’abord exploitée.
Les richesses maritimes et stratégiques de l’île nourrissent une France qui, en retour, impose un système de dépendance. Les fonds publics investis à Mayotte ne sont pas un acte de charité, mais un outil de contrôle. La véritable solidarité, celle qui émancipe et respecte, est absente.
Le cyclone Chido : un symbole de l’urgence panafricaine
Le bidonville de Kawéni, à Mayotte, le 19 décembre 2024. MORGAN FACHE / DIVERGENCE POUR « LE MONDE ».
Le cyclone Chido, bien que naturel, doit être interprété dans un contexte plus large. Les catastrophes climatiques frappent toujours plus durement les peuples les plus marginalisés. Ce désastre illustre aussi la nécessité pour les nations africaines, y compris les territoires sous domination française, de s’unir pour bâtir des systèmes résilients et indépendants.
La France a prouvé son incapacité à protéger réellement Mayotte. Les solutions, à long terme, ne viendront pas de Paris, mais d’une mobilisation régionale et panafricaine. L’océan Indien n’est pas qu’un arrière-cour française : il est un espace où des solutions africaines doivent émerger.
Rebâtir : Mais pour qui et avec quel projet ?
Le président français Emmanuel Macron en déplacement à Mayotte, ici à proximité de l’hôpital de Mamoudzou, après le passage du cyclone Chido, jeudi 19 décembre 2024. - L.Marin/AFP
Macron a promis une « loi spéciale » pour reconstruire Mayotte. Mais cette promesse soulève une question essentielle : pour qui cette reconstruction sera-t-elle pensée ? Sera-t-elle pour les Mahorais eux-mêmes, ou pour maintenir un contrôle colonial déguisé ? L’histoire récente montre que les projets imposés depuis Paris servent rarement les intérêts des populations locales.
Une reconstruction véritablement émancipatrice devrait passer par un transfert de pouvoir. Mayotte doit être équipée pour décider elle-même de son avenir, au lieu d’attendre des solutions imposées depuis l’Élysée. Cela nécessite de rompre avec une logique coloniale qui perpétue l’assistanat au détriment de l’autonomie.
Mayotte, comme tant d’autres territoires d’outre-mer, incarne le défi plus large de l’Afrique et de sa diaspora : comment se libérer d’un système mondial qui perpétue domination et dépendance ? La réponse réside dans la solidarité panafricaine, dans la reconnaissance que les luttes des Mahorais, des Réunionnais, des Antillais, et des Africains continentaux sont intimement liées.
Pour cela, il faut une réappropriation de notre narration. Ce n’est pas à Macron, ni à Paris, de dire ce que Mayotte représente. C’est aux Mahorais eux-mêmes, épaulés par leurs frères et sœurs africains, de redéfinir leur identité et leur avenir.
Mayotte doit se lever !
La colère de Macron, bien qu’indigne, est révélatrice. Elle montre que le pouvoir central est déstabilisé face à une population qui ose demander des comptes. Mayotte ne doit pas se contenter de survivre sous les décombres du cyclone Chido. Elle doit se lever, réclamer son autonomie, et revendiquer une place dans un projet panafricain plus large.
Car au-delà des vents et des pluies, ce qui menace Mayotte, c’est un système mondial qui refuse de voir la dignité des peuples africains. Ce système, Mayotte peut commencer à le renverser. Mais pour cela, il faut du courage, de l’unité et une vision claire d’un avenir libéré de toutes les chaînes.
Fondée par l’Ivoirien Karl Kouakou, Atelier Botini jette les projecteurs sur les poignets des hommes ; ornés de ses bijoux.
Ce samedi 21 décembre 2024, et ce jusqu’au dimanche 22 décembre, les amoureux des bijoux pour hommes auront l’embarras du choix avec Atelier Botini. Comme il y a quelques semaines de cela…
Ce samedi 24 août 2024, le soleil est déjà couché quand les amoureux de bijoux et autres retardataires retrouvent à la Galerie Diga, située à Cocody, quartier généralement huppé d’Abidjan Nord, pour discuter/s’affaire/acheter des accessoires de la marque fondée par l’Ivoirien Karl Kouakou : Atelier Botini.
Courant littéralement à gauche et à droite, sous la nuit étoilée, pour superviser puis délivrer en personne l’accessoire, mais aussi faire le point à mi-chemin, le jeune homme en question n’oublie pas pour autant de taper la discute avec des acteurs, venus le soutenir, de l’industrie musicale ; son second amour après la mode pour le co-fondateur, Fred Kadio, du média pédagogique et piquant : Salivoire. Mais le premier amour, pour celui qui est « né en Côte d’Ivoire et y a eu une enfance normale », c’est particulièrement la mode. Rencontre.
ATELIER BOTINI, C’EST L’HISTOIRE D’UN IVOIRIEN QUI AIMAIT BIEN S’HABILLER
« […] J’ai toujours aimé bien m’habiller. Je pense que tout ivoirien, des sourires étouffés dans la voix, a ce goût pour bien se vêtir. Toujours être bien habillé. De façon naturelle, j’ai toujours aimé ça. »
Monture noire, tee-shirt noir, mais pantalon noir et chaussures noires, le jeune homme déploie du noir en veux-tu, en voilà. Avec cette barbe qu’il a laissée jeter son dévolu sur ses joues depuis un certain moment maintenant.
Dans la galerie d’Ivoire Trace Center, situé également à Cocody et nouvel endroit branché pour jeunes cadres dynamiques, qui à la pause descendent de la salle de marché d’une célèbre banque française ou d’un cabinet d’audit très connu également pour se restaurer, le style de ce fan de Rap en général et de Booba en particulier est facilement remarquable.
« Le Rap m’a éveillé au racisme. », reconnaîtra-t-il plus tard dans cette interview qui a eu lieu le vendredi 16 août 2024. Mais pour l’heure, le trentenaire déroule le fil de sa vie.
UN ETUDIANT QUI DÉBARQUE AU MAROC
Sa vie l’a menée au Maroc et Casablanca plus précisément. L’adolescent y débarque tout seul.
Et forcément, comme la plupart des pré-adultes, longtemps surveillés de près par de stricts parents aimants, il mène la vie de Lougah, la Dolce Vita, sinon quelle vie.
« Je pense que c’est normal [de faire des mauvais choix ; NDLR]. Ça fait partie du processus. », le sourire aux lèvres.
Obligeant d’assumer tout seul comme un grand garçon à Casablanca, le jeune homme se retrouve à développer malgré lui un super pouvoir : la fibre entrepreneuriale.
AU COMMENCEMENT ÉTAIT L’ENTREPRENEUR
« Je dois apprendre à faire de l’argent. », se dit alors celui qui est momentanément privé de virement permanent irrévocable.
Le virement permanent irrévocable est aux jeunes étudiants étrangers, partis pour remplir leur cerveau de nouvelles notions et leur curriculum vitae de jolis diplômes clinquants, ce que le temps mort est aux apprentis-nageurs, jetés sans ménagement dans l’eau par les Sapeurs-Pompiers du Plateau : une bouffée d’oxygène.
Privé de cette ressource financière, de cet argent de poche, le désargenté temporaire multiplie les réflexions en lisant beaucoup sur le sujet et trouve des solutions.
Ce sera ses amis, son réseau.
« Comme je venais « d’un milieu aisé« , j’ai plein de connaissances qui ont des fonds. Je me suis demandé : » Qu’est-ce que je peux leur vendre ? » Et j’ai commencé à trouver des appartements pour eux à Casablanca, à me faire plein d’argent.Et je me suis trouvé. »
« J’ai envie d’être entrepreneur. », lâche-t-il ému à cette période où il a d’ailleurs vécu un lourd goumin.
Si le jeune chef de sa petite entreprise enchaîne les (bonnes) décisions entrepreneuriales, à l’école, il enchaîne les heures d’absence à l’école.
Nonobstant cet absentéisme, il décroche sa Licence en finances.
« J’avais du mal à me réveiller le matin. C’est l’hiver, il fait froid. »
Dernier d’une famille de cinq, où « Tout le monde est carriériste. », le benjamin de la famille reprend progressivement attache avec ses parents, notamment sa mère « rassurée parce qu’elle a compris que je ne faisais pas n’importe quoi. »
Sûr de lui, le dernier des Kouakou impose son choix.
« Je fais un Master en entrepreneuriat ou je ne vais plus à l’école. »
Venu dans des conditions particulières, après que son école d’experts comptables ait été un des nombreux bâtiments touchés par la guerre civile de 2011, le vingtenaire tient tête à ses parents.
« Je suis borné. », reconnaît-il facilement.
Finalement, les négociations aboutissent : c’est un oui pour le Master qu’il voulait soumis à certaines conditions : paiement de l’école et argent de poche réduit au strict minimum pour éviter toute nouvelle mésaventure, qu’il soit tenté par le diable.
Tentés, ceux qui arpentent la galerie de l’Ivoire Trade Center le sont.
Entre mets africains revisités juste ce qu’il faut pour ne pas être trop sophistiqués et les traditionnelles pizzas cuites au feu de bois, ou encore ces hamburgers frites, qu’une jeune femme qui n’a pourtant pas faim finira par manger, on se croirait sur l’île de la Tentation. Karl Kouakou est descendu du train depuis.
ATELIER BOTINI OU LA MISSION (IM)POSSIBLE
Des histoires en veux-tu, en voilà, l’interviewé tout de noir vêtu, au débit régulier, avec cette voix audible à souhait, en a à la pelle. Alors pour bien les raconter, il pioche facilement dans sa mémoire. Extrait.
« Je suis allé chez une amie, qui faisait des écharpes. Et je lui ai dit : » Mais on peut vendre ça ? » […] On va appeler ça Botini Scarf. »
Anticipant la question sur l’origine de ce drôle de nom, tel un web-humoriste qui se régale à l’avance de la chute de sa blague, l’e
« […] Tu sais je me suis toujours dit qu’il y a des noms qui ont connotation à réussir, qui font que tu vas réussir. Par exemple, il n’y a pas 10 000 Didier Drogba. Je trouvais que Karl Kouakou, c’était un peu commun. Et quand j’ai entendu : Laurent Botini, je me suis dit je m’appelle comme ça à partir d’aujourd’hui. »
À partir de cet instant précis, tous les business que le jeune homme prêt-à-porter un nouveau patronyme auront ce Botini dans leur naming.
D’abord Botini Scarf, « Où tout ce que j’apprends à l’école, j’essaie d’appliquer [sur la marque, NDLR] », en décembre 2014.
« Je voulais vraiment apprendre comment être entrepreneur, comment on monte un business, on le développe. », se rappelle celui qui fait alors un Master Entrepreneuriat Développement International.
LA RELIGION, L’OPIUM DES ENTREPRENEURS
Le xylophone – joué par un amateur d’instrument de musique – et les conversations en fond sonore s’entremêlent au point de se mêler de ceux qui ne les regardent pas.
« Je questionne beaucoup ma spiritualité, continuant à dérouler ses aventures. Et je tombe sur une religion qui me fait comprendre qu’on a tous une mission sur Terre. »
S’appuyant sur les premières bases de sa mission, il continue son éveil spirituel et l’explique mieux encore :
« Je rentre dedans [dans Botini] parce que c’est une démarche spirituelle. J’ai l’impression que je suis né pour ça, j’ai un don naturel pour ça [lancer et développer des entreprises, NDLR]. »
Emballés et pesés, ses mots pourtant débités rapidement sentent la spiritualité et la sauge qu’on fait brûler son espace et son temps.
« La spiritualité, ce sont des croyances, et non des certitudes. », rectifie-t-il
« J’ai vécu des injustices et je suis né avec une certaine sensibilité à l’injustice [en tant que dernier d’une famille qui n’a pas droit à la parole en Afrique, NDLR]», complète-t-il.
L’ex-enfant gâté « vivait mal le fait que j’étais smart et qu’on n’écoutait pas ce que j’avais à dire. »
Des choses à dire, Karl Kouakou en a. Les feuilles blanches noircies depuis une bonne vingtaine de minutes maintenant peuvent rendre témoignage.
BOOBA, SON GENTIL OURSON
« Le Rap que j’ai écouté m’a éveillé au racisme.», mentionne ce fan de Kery James et surtout de Booba. Sa couleur de peau, noire, ce sont les autres qui la lui font remarquer avec le traitement injuste qu’il subit.
Mais plutôt que s’attarder sur un sujet douloureux, cette ex-victime botte en touche et poursuit.
Et la troisième et dernière injustice provient de cette rupture parce que : « Je n’étais pas peul. » La mère de sa copine de l’époque s’est opposée à la poursuite de leur relation sous prétexte qu’il ne l’était pas. Comme quoi, parfois il faut malheureusement peu.
« Ma mission de vie est sur ça : combattre les injustices. », frappant sur la table avec son poignet fermé puis renversé.
AVEC ATELIER BOTINI ET L’IVOIRIEN KARL KOUAKOU, LES BIJOUX POUR HOMMES NE SONT PLUS ACCESSOIRE
« Quand je lance ma marque [Atelier Botini, NDLR], j’ai cette dimension sociale. […] Je reste [au Maroc, NDLR] pour montrer aussi le bon exemple. Je me sens comme un « prophète », plaisantant sur la dimension christique des entrepreneurs appelés à faire des miracles avec peu. »
Dire que les débuts d’Atelier Botini n’ont pas été évidents est un doux euphémisme.
« Y a longtemps qu’on fait de très bons chiffres mais je ne me sentais pas prêt [à faire des ventes à Abidjan, NDLR] ».
Les trente euros avec lesquels ils ont commencé pour acheter de la laine d’abord pour Botini Scarf ont depuis été amortis et pas qu’un peu après la vente des écharpes « à tous les gens de l’école qui m’aimaient bien. » Résultat : 1 000 euros dans les caisses.
L’hiver finissant, le changement d’activité s’impose aussi naturellement que celui d’heure.
Des écharpes en laine, Karl et ses acolytes passent d’abord aux colliers pour femmes puis aux bracelets pour hommes « qu’il avait du mal à trouver. ».
Ce problème devient une solution. Vient l’étape de la mobilisation des personnes qui ont tous une aptitude comme Sinja qui sait enfiler des perles ou son pote créatif qui avait fait l’INSAAC.
« J’ai un magnétisme plus fort sur des gens qui croient en moi. Dans mon cercle, on m’a toujours apprécié. J’arrive toujours à convaincre. », expliquant comment il arrive à convaincre les gens.
Deuxième d’un concours de Rap, appelé Faya Flow, vendeur de tickets, l’ex-rappeur sourit un peu/beaucoup/souvent en repensant à ces mille et une vies qu’il a vécues, à ces premiers couacs dans cette aventure. Comme cette première commande faite par un grande multinationale, Unilever Maroc en l’occurrence, les péripéties pour ouvrir les boutiques.
« La boutique me fait exister. », reconnaît-il sans pour autant entrer dans les chiffres.
Si les affaires sont bonnes, c’est sans aucun doute par qu’il propose des bracelets et des montres, de qualité, à des prix raisonnables : 30 à 40 euros pour les premiers, 100 à 150 euros pour les seconds. Et même quand l’inspiration n’y est peut-être plus, qu’il veut baisser les bras, il continue parce que : « L’univers ne me laisse pas abandonner. »
Aujourd’hui, le jeune entrepreneur soutenu progressivement par les siens a le sourire, parce qu’il n’ a pas abandonné, à quelques heures seulement de cette vente privée qui aura lieu une nouvelle fois à la Galerie Diga du 21 au 22 décembre prochain. Avis aux retardataires : allez-y.
Quand le cirque célèbre l’Afrique, CirkAfrika devient une fresque inoubliable, mêlant traditions, modernité et prouesses spectaculaires. Depuis sa création en 2012, cette saga circassienne du Cirque Phénix a conquis plus de 1,5 million de spectateurs à travers le monde. En 2024, elle revient avec une nouvelle édition grandiose, hommage vibrant à la richesse culturelle et à l’énergie inépuisable du continent africain.
L’excellence artistique des Étoiles du Cirque d’Éthiopie
Sur scène, 40 artistes exceptionnels, issus des Étoiles du Cirque d’Éthiopie, repoussent les limites de l’art circassien. Entre pyramides humaines vertigineuses, acrobaties aériennes et numéros de haute voltige, chaque performance célèbre la fusion entre héritages ancestraux et innovation artistique. Le numéro de bascule icarienne, récompensé par la médaille d’or au Festival Mondial du Cirque de Demain, est le clou d’un spectacle qui coupe le souffle à chaque instant.
Alain M. Pacherie, fondateur visionnaire du Cirque Phénix, souligne :
« Nous avons voulu partager un folklore sans folkloriser, rendre un hommage authentique aux cultures africaines avec des performances spectaculaires, des costumes somptueux et des lumières féériques, sans tomber dans la simplification ou le cliché. »
Une aventure humaine et culturelle
Cette édition témoigne de la montée en puissance du cirque africain, désormais reconnu parmi les meilleures écoles mondiales, aux côtés des prestigieux cirques de Pékin et Moscou. En seulement trois décennies, les artistes africains ont su imposer un style unique, énergique et profondément inspirant.
Précurseur d’un cirque éthique, le Cirque Phénix renonce depuis longtemps aux numéros avec animaux et propose à la place une parade de marionnettes géantes, émerveillant les spectateurs de tous âges. Une démarche qui s’accompagne d’un engagement pour l’accessibilité, avec des billets à tarifs réduits pour permettre aux familles modestes de découvrir cette féerie artistique.
Un événement déjà plébiscité
Avec 300 000 billets vendus avant même son lancement, CirkAfrika est l’événement incontournable de la saison. Les critiques saluent unanimement un spectacle « immersif et bouleversant » qui transcende le divertissement pour offrir un véritable voyage émotionnel.
La journaliste Eva Sauphie (Jeune Afrique) écrit :
« CirkAfrika est une fresque épique qui témoigne de l’extraordinaire résilience et créativité du continent africain. Chaque numéro transporte le spectateur dans un voyage émotionnel puissant. »
Un rendez-vous à ne pas manquer
Du 23 novembre 2024 au 12 janvier 2025, Paris sera le théâtre de cette célébration unique sous la majestueuse coupole du Cirque Phénix. La tournée dans les plus grands Zéniths de France en 2025 promet de prolonger cette expérience magique auprès d’un public toujours plus large.
Réservez dès maintenant vos places pour ce spectacle qui sublime l’âme africaine, repousse les limites de l’art circassien et vous promet un voyage inoubliable au cœur d’une performance humaine exceptionnelle.
Jean-Pierre Seck, producteur visionnaire et architecte du rap français, a marqué l’histoire du hip-hop avec des classiques comme Mauvais Œil et Temps Mort. Découvrez le portrait d’un bâtisseur qui a redéfini les codes de l’industrie musicale indépendante.
Le rap français, cet univers brut et impitoyable, regorge de figures légendaires. Parmi elles, certaines brillent sous les projecteurs tandis que d’autres préfèrent l’ombre, où elles façonnent les fondations du mouvement. Jean-Pierre Seck appartient à cette deuxième catégorie. Producteur, journaliste, éditeur et visionnaire, il a marqué au fer rouge l’histoire du rap hexagonal. Retour sur le parcours d’un homme dont le talent et l’audace ont contribué à ériger des monuments comme Lunatic ou Booba, tout en laissant une empreinte indélébile sur la culture urbaine.
L’ascension d’un passionné
Né à Paris en février 1973, Jean-Pierre Seck commence à écrire sa légende en rejoignant le magazine L’Affiche en 1995. Étudiant en commerce, il entre dans le game par la petite porte, mais avec une passion dévorante pour le hip-hop. Sa rubrique « Underground Parisien » devient rapidement le tremplin de talents comme Diam’s, Rohff, Oxmo Puccino ou Kery James. En 1998, il devient rédacteur en chef adjoint du magazine, une position qui lui permet d’affiner sa plume et d’élargir son influence.
En parallèle, Jean-Pierre co-anime l’émission Sang d’encre sur Générations 88.2 FM. Dans ce talk-show, il décrypte l’actualité rap avec un regard incisif, loin des clichés et des concessions. C’est à cette époque qu’il commence à bâtir son réseau et à poser les bases de son futur rôle de producteur.
Le label 45 Scientific : Une révolution indépendante
L’an 2000 marque un tournant décisif dans la carrière de Jean-Pierre Seck. Avec ses acolytes Ali, Geraldo et Booba, il cofonde le label indépendant 45 Scientific, un véritable OVNI dans l’industrie musicale française. Leur premier coup d’éclat ? Mauvais Œil, l’album légendaire de Lunatic.
Avec des titres comme Pas l’temps pour les regrets ou Le silence n’est pas un oubli, cet opus redéfinit les codes du rap français. La rue s’y reconnaît, les critiques s’inclinent, et l’album décroche un disque d’or en indépendant, un exploit pour l’époque.
Jean-Pierre n’est pas qu’un simple producteur. Il est un architecte, un stratège. Sous son impulsion, Temps Mort, le premier album solo de Booba, voit le jour en 2002. Là encore, le succès est au rendez-vous avec des ventes qui dépassent les 200 000 exemplaires. Mais au-delà des chiffres, c’est l’impact culturel de ces projets qui frappe.
45 Scientific incarne l’indépendance, la résistance à un système musical souvent réfractaire à la culture urbaine. Avec une distribution assurée par BMG mais une liberté totale sur le contenu, Jean-Pierre et son équipe montrent que le rap peut prospérer sans compromis.
Une vision, des conflits
Le succès n’est jamais simple. Si 45 Scientific est une machine à classiques, elle est aussi le théâtre de tensions internes. La relation entre Booba et le reste de l’équipe se dégrade progressivement. En 2003, le rappeur de Boulogne quitte le label, laissant derrière lui une guerre médiatique. Jean-Pierre Seck et Ali continuent à défendre leur vision avec des projets comme Chaos et Harmonie d’Ali ou les compilations Sang d’encre. Mais l’absence de Booba, désormais une superstar, pèse lourd sur le label.
En 2006, l’aventure 45 Scientific s’achève pour Jean-Pierre, qui quitte le navire. Loin de se laisser abattre, il rebondit avec la création d’Allmade Records, un label innovant couplé à une web TV et une webradio. Toujours en avance sur son temps, il développe des talents comme Black Kent, prouvant une fois de plus sa capacité à repérer les étoiles montantes.
Un narrateur de l’histoire du rap
Jean-Pierre Seck n’est pas seulement un homme de labels. Il est aussi un conteur, un historien du rap. En 2014, il co-crée l’émission On Refait le Rap, un talk-show présenté par Olivier Cachin. Avec des coanimateurs comme Mouloud Achour et Sear, il offre une analyse adulte et nuancée du hip-hop français et américain. À travers des débats, des rétrospectives et des documentaires comme Hip Hop Stories, Jean-Pierre perpétue son rôle de passeur de mémoire.
Un héritage intact
Aujourd’hui, Jean-Pierre Seck reste une figure incontournable du rap français. Son parcours incarne l’indépendance, l’audace et l’amour du hip-hop. De Mauvais Œil à On Refait le Rap, il a toujours cherché à élever cette culture, à la porter vers des sommets souvent inaccessibles. Pour lui, le rap est plus qu’une musique. C’est une voix, un cri, une revendication.
Dans une industrie où les valeurs sont souvent sacrifiées sur l’autel du succès commercial, Jean-Pierre Seck est resté fidèle à ses principes. Il est la preuve vivante qu’il est possible de réussir sans trahir, d’innover sans se vendre. Et si le rap français continue de briller, c’est en partie grâce à des hommes comme lui, des bâtisseurs silencieux mais essentiels.
Alors que le hip-hop fête ses cinquante ans, il est temps de rendre hommage à ceux qui ont façonné son histoire. Et Jean-Pierre Seck, avec son parcours unique, mérite sa place parmi les grands.
Découvrez DJ Kawest et son premier album ‘Hybride’, un chef-d’œuvre musical qui fusionne les cultures africaines, caribéennes et urbaines. L’artiste parisien redéfinit les frontières musicales avec des collaborations époustouflantes et des rythmes inoubliables.
DJ Kawest, le pont musical entre les Caraïbes et l’Afrique
Le 6 décembre 2024 marque une date importante dans l’industrie musicale française. DJ Kawest, l’étoile montante des platines, dévoile Hybride, son tout premier album, une œuvre qui célèbre la diversité culturelle et met en lumière ses multiples influences. Cet artiste d’origine guadeloupéenne, déjà connu pour ses remix devenus viraux et ses performances inégalées sur la scène parisienne, livre ici un projet ambitieux, à la croisée des rythmes africains, caribéens et urbains.
Fils de musiciens, DJ Kawest baigne dans la musique depuis son enfance. Initié aux percussions par son père dès l’âge de 5 ans, il développe un amour précoce pour les rythmes complexes et les sonorités vibrantes. Ce bagage culturel unique se reflète dans Hybride, où chaque morceau est imprégné d’un métissage musical assumé. Cet album est une ode à ses racines guadeloupéennes et à son ouverture sur le monde, un équilibre subtil entre tradition et modernité.
L’une des forces de Hybride réside dans son impressionnante liste de collaborations. L’album réunit des artistes tels que Gaz Mawete, Kim, Joé Dwèt Filé, Bramsito, et bien d’autres. Chaque contribution apporte une touche unique à ce projet riche en textures sonores. Le titre phare Elle veut, en featuring avec Innoss’B, s’impose comme un véritable bijou, illustré par un clip tourné au Congo qui célèbre l’héritage africain tout en proposant une esthétique moderne et captivante.
Avec Hybride, DJ Kawest ne se contente pas de mélanger les genres : il construit des ponts entre les cultures. L’album navigue habilement entre les rythmes enivrants du zouk, les vibrations afrobeats et les mélodies urbaines, offrant une expérience auditive à la fois riche et cohérente. Ce métissage musical illustre la vision de Kawest : utiliser la musique comme un langage universel pour raconter des histoires et rassembler les gens.
Avant la sortie de Hybride, DJ Kawest s’était déjà imposé comme une figure incontournable de la scène musicale parisienne. De ses débuts en tant que DJ résident aux soirées Brown Sugar à son concert complet à La Cigale, il a su conquérir un public fidèle. Ses remix de titres populaires comme Last Last de Burna Boy ou Love Nwantiti de CKay ont également fait sensation sur TikTok, renforçant son statut de phénomène musical. Et l’année 2025 marque une nouvelle étape avec son concert à l’Olympia, où il présentera son album au public.
Pourquoi écouter « Hybride » ?
Un mélange de genres unique :Hybride transcende les frontières musicales, proposant un savant équilibre entre sonorités africaines, caribéennes et urbaines.
Des collaborations éclectiques : Avec des artistes issus de différentes scènes musicales, l’album offre une diversité sonore qui saura plaire à un large public.
Une authenticité rare : Kawest puise dans ses racines pour proposer une musique sincère, qui résonne autant par ses rythmes que par ses messages.
Une expérience visuelle : Le clip de Elle veut, tourné au Congo, incarne parfaitement l’essence de l’album : un hommage aux cultures africaines et une célébration de leur influence mondiale.
Un projet visionnaire : Plus qu’un album, Hybride est un manifeste artistique qui illustre le pouvoir de la musique à rassembler les cultures et à raconter des histoires universelles.
Avec Hybride, DJ Kawest affirme son ambition : devenir un acteur majeur de la scène musicale mondiale tout en restant fidèle à ses racines. Cet album est une invitation à célébrer la diversité, à explorer de nouveaux horizons musicaux et à se laisser emporter par des rythmes qui parlent au cœur.
Disponible depuis le 6 décembre 2024 sur toutes les plateformes, Hybride est bien plus qu’un simple album. C’est une expérience musicale qui promet de marquer les esprits et de redéfinir les codes de l’industrie. Alors, laissez-vous emporter par l’univers de DJ Kawest et découvrez ce mélange envoûtant de cultures et de sonorités.
À travers Les Enfants de la Diaspora, Sabrina Onana, jeune réalisatrice italo-camerounaise, offre une œuvre poignante et visuellement saisissante sur la quête identitaire des Afro-descendants en Europe. Ce docu-fiction intime et engagé invite à la réconciliation des mémoires et célèbre l’art comme outil de guérison et de dialogue intergénérationnel.
Dans le silence feutré d’une salle de projection parisienne, une lumière douce éclaire un écran qui s’anime au rythme des réflexions profondes d’un enfant de la diaspora devenu adulte. Ce n’est pas un simple film que nous propose Sabrina Onana, réalisatrice italo-camerounaise et voix montante du cinéma engagé. Avec Les Enfants de la Diaspora, elle nous plonge dans un voyage intime et collectif, un miroir des tensions, des fiertés et des blessures qui façonnent l’âme afro-européenne. Ce docu-fiction de huit minutes transcende les frontières artistiques pour devenir un manifeste générationnel.
Une artiste au croisement des mondes
À seulement 26 ans, Sabrina Onana s’impose comme une figure incontournable du cinéma contemporain. Sociologue de formation et passionnée par l’image, elle navigue entre l’art, la recherche et la mode, avec sa marque Vêtue d’Art incarnant son désir de lier esthétique et narration. Mais c’est derrière la caméra que son génie s’exprime pleinement.
« J’aime écouter les histoires de vie des gens, les comprendre et les raconter. Ma formation philosophique et sociologique a aiguisé le goût déjà prononcé que j’avais pour l’étude de l’âme humaine d’une part, et l’analyse des phénomènes de société de l’autre. À travers mes documentaires, j’ai trouvé ma manière d’aborder des sujets intimes, actuels, historiques et politiques, de manière directe, frontale, mais aussi poétique et pédagogique, ce qui me permet d’articuler ensemble dimension artistique et conceptuelle. »
— Sabrina Onana
Ses précédents documentaires, Crossing the Color Line et Je suis noire, je suis belle, lui ont valu des distinctions prestigieuses aux festivals de Cannes, de Sya et d’Hamilton. Pourtant, Les Enfants de la Diaspora marque un tournant. Ce n’est plus seulement une exploration sociologique, c’est une invitation à ressentir, à guérir et à rêver.
Une œuvre miroir pour une jeunesse fracturée
Le film débute par le monologue intérieur d’un enfant de la diaspora devenu adulte. Ce voyage introspectif met en lumière un monde où les cicatrices du passé colonial côtoient les défis du présent. L’adulte se questionne : Qui suis-je ? Où est ma place ? Comment concilier mes racines africaines et mon quotidien européen ?
« Le voyage intérieur d’un enfant de la diaspora est à la fois psychique et culturel, intime et politique, subjectif et collectif. Je voulais le présenter au spectateur comme l’ouverture des entrailles d’un monde à part, quoique partagé, ayant ses fiertés et références, mais aussi ses cicatrices et blessures encore ouvertes. »
Onana ne se contente pas de raconter une histoire. Elle ouvre un espace pour que chaque spectateur puisse y inscrire sa propre quête identitaire. Les thèmes abordés résonnent avec une intensité rare : le poids de l’histoire, la double appartenance, et surtout, la nécessité d’une réconciliation entre les mémoires euro-africaines.
L’art comme outil de guérison
Dans Les Enfants de la Diaspora, passé, présent et futur s’entrelacent. Les images d’archives se mêlent aux scènes poétiques, créant un dialogue entre générations. Le film célèbre la résilience de la diaspora tout en dénonçant les fractures laissées par l’Histoire.
« Ce court-métrage est un hommage aux tirailleurs ainsi qu’à la diaspora africaine en France. L’objectif était également de mettre en lumière des événements historiques souvent tus, dissimulés, tels que le massacre de Thiaroye. Le 1er décembre dernier, le Sénégal a commémoré le 80e anniversaire de cet événement douloureux qui continue de peser sur nos consciences et de questionner notre histoire commune. Ce film s’inscrit dans un effort global — que je poursuis depuis des années à travers mon travail filmique — visant à encourager la jeunesse africaine et diasporique à se réapproprier son histoire et sa représentation. »
Une esthétique qui interpelle
Visuellement, Les Enfants de la Diaspora est un bijou. La photographie, signée par John Blow, capte les contrastes : l’ombre et la lumière, la douleur et l’espoir. Les couleurs chaudes rappellent les terres africaines, tandis que les tons plus froids évoquent le béton des cités européennes. La bande sonore, quant à elle, mélange chants traditionnels et spoken word, créant une immersion totale.
« L’esthétique de Sabrina Onana n’est pas gratuite. Chaque détail raconte une histoire. Chaque silence est une prise de position. »
— Critique, Festival de Cannes
Une jeunesse appelée à transcender ses racines
Le message central du film est clair : la jeunesse afro-européenne ne doit pas seulement porter le poids du passé, elle doit aussi s’autoriser à rêver un futur. Sabrina Onana invite à une réinvention des identités, à la fois enracinée et ouverte.
« Nous sommes des arbres avec des racines profondes, mais nos branches doivent continuer à pousser, à explorer le ciel. »
— Sabrina Onana
Sabrina Onana, la visionnaire
Avec Les Enfants de la Diaspora, Sabrina Onana s’inscrit dans la lignée des grands cinéastes engagés. Mais elle apporte une voix singulière, celle d’une femme jeune, noire, européenne et africaine, capable de naviguer entre plusieurs mondes pour raconter l’indicible.
En parallèle de son travail cinématographique, Onana continue de développer sa marque Vêtue d’Art, qui célèbre la beauté de l’héritage afrodescendant à travers des créations uniques.
Un appel à l’action
Les Enfants de la Diaspora n’est pas qu’un film, c’est un mouvement. Onana pousse ses spectateurs à agir : à s’éduquer, à se reconnecter à leurs racines, mais aussi à s’engager pour une société plus inclusive.
« Ce film n’est pas une fin en soi. C’est une porte ouverte pour des discussions, des réflexions et, je l’espère, des changements. »
Pourquoi il faut absolument voir Les Enfants de la Diaspora
Un récit inédit : Jamais un film n’a abordé la diaspora avec autant de subtilité et de profondeur.
Une réalisatrice visionnaire : Sabrina Onana redéfinit les codes du cinéma documentaire avec une esthétique unique.
Un message universel : Bien au-delà des questions identitaires, le film touche à l’essence même de l’expérience humaine.
Un impact sociétal : Ce film a le potentiel d’initier des conversations cruciales sur l’histoire, la mémoire et l’avenir.
Une œuvre primée : Déjà salué dans plusieurs festivals, Les Enfants de la Diaspora s’annonce comme un incontournable.
Où voir le film
Les Enfants de la Diaspora sera projeté en avant-première au Cinéma Saint-André des Arts à Paris, avant de partir en tournée dans plusieurs villes européennes. Une diffusion internationale est également prévue, avec des sous-titres en plusieurs langues.
À travers son art et son ambition, Tyler Perry offre une plateforme puissante aux voix et récits afro-américains trop souvent ignorés.
Tyler Perry, le visionnaire qui réinvente Hollywood
À 55 ans, Tyler Perry n’est plus seulement un réalisateur ou un entrepreneur : il est une institution, un bâtisseur, une voix incontournable dans le paysage du cinéma noir américain. À la tête de Tyler Perry Studios, il a redéfini les règles du jeu dans une industrie qui, trop longtemps, a minimisé ou caricaturé les récits afro-américains. Retour sur le parcours d’un homme qui, par son génie créatif et sa résilience, a su imposer sa vision dans un Hollywood souvent hostile.
Des origines humbles à une force créative
Né Emmitt Perry Jr. le 13 septembre 1969 à La Nouvelle-Orléans, Tyler Perry a grandi dans un environnement marqué par les abus et la pauvreté. Mais c’est dans l’écriture qu’il trouve une échappatoire. Inspiré par un épisode de The Oprah Winfrey Show, il commence à rédiger des lettres cathartiques qui deviendront la base de sa première pièce, I Know I’ve Been Changed. Malgré des débuts marqués par des échecs financiers, Perry persiste. Sa résilience finit par payer : en 1998, il conquiert le public afro-américain avec des récits sincères mêlant humour, foi et critique sociale.
Ce style hybride, alliant divertissement populaire et réflexion culturelle, devient la marque de fabrique de Tyler Perry. Madea, son personnage iconique, incarne cette dualité : drôle et brutale, elle est aussi une figure maternelle qui transmet des leçons de vie essentielles.
Un empire au service des récits noirs
En 2006, Tyler Perry franchit une étape historique avec l’ouverture de Very Perry Productions, LLC à Atlanta. Installés sur un ancien terrain militaire, ces studios de 330 acres sont aujourd’hui parmi les plus grands des États-Unis, surpassant même ceux de Disney ou Warner Bros. Ce n’est pas qu’un lieu de production, c’est un symbole : celui de la souveraineté narrative afro-américaine.
En choisissant Atlanta, Perry revendique également un ancrage géographique et culturel fort, loin des centres traditionnels comme Los Angeles. Ses studios deviennent un espace où les récits noirs peuvent être racontés avec authenticité, sans compromis.
Le choix de Perry de nommer ses plateaux d’après des icônes noires comme Oprah Winfrey, Denzel Washington ou Spike Lee illustre son engagement envers la mémoire et la transmission. Ce lieu est autant une plateforme qu’un sanctuaire pour des talents noirs trop souvent marginalisés.
Si le cinéma de Tyler Perry a souvent été critiqué pour ses stéréotypes, il a également été salué pour sa mise en avant des femmes noires. Films comme For Colored Girls ou Good Deeds explorent des thématiques rarement abordées dans le cinéma mainstream : les luttes internes, les traumatismes, mais aussi la résilience des femmes noires face à une société oppressante.
Perry ne se contente pas de raconter leurs histoires. Il leur donne les moyens de briller. Des actrices comme Taraji P. Henson, Kerry Washington ou Gabrielle Union ont trouvé en lui un allié prêt à investir dans des récits qui célèbrent leur humanité.
À travers des collaborations avec des figures comme Oprah Winfrey ou Viola Davis, Perry amplifie également l’impact de son cinéma. Ces femmes ne sont pas seulement des interprètes ; elles deviennent des partenaires dans la mission qu’il s’est donnée : démocratiser les récits noirs à Hollywood.
L’impact d’un entrepreneur visionnaire
Photo par David Livingston/Getty Images
Tyler Perry est un homme d’affaires avisé. En 2011, Forbes le désigne comme l’homme le mieux payé d’Hollywood, avec des revenus de 130 millions de dollars. Mais ce succès financier ne repose pas uniquement sur ses films : il s’étend à la télévision, avec des séries à succès comme House of Payne ou The Haves and the Have Nots, qui battent des records d’audience sur OWN, la chaîne d’Oprah Winfrey.
Cette diversification témoigne de la vision de Perry : créer un écosystème où les récits noirs peuvent prospérer. En tant que scénariste prolifique (il écrit seul la majorité de ses scripts), réalisateur et producteur, il contrôle chaque aspect de ses œuvres. Cela lui permet de rester fidèle à sa vision, tout en répondant aux attentes de son public.
Mais Perry ne s’arrête pas là. Il investit également dans des initiatives philanthropiques, offrant des bourses aux jeunes et transformant ses studios en centres de tests COVID-19 pendant la pandémie. Il comprend que son succès ne signifie rien s’il ne peut pas l’utiliser pour élever sa communauté.
Un homme critiqué mais incontournable
Tyler Perry. PARAMOUNT PICTURES
Le parcours de Tyler Perry n’a pas été exempt de controverses. Ses œuvres ont souvent été critiquées pour leur simplicité ou pour leur utilisation de stéréotypes. Spike Lee, par exemple, a qualifié son style de « coonerie et bouffonnerie ». Perry, cependant, répond à ces critiques avec pragmatisme :
« Je raconte des histoires pour mon public, pas pour les critiques. »
Et ce public est massif. Les films de Perry, bien qu’essentiellement diffusés aux États-Unis, ont généré plus de 660 millions de dollars au box-office. Ses personnages, bien que polarisants, résonnent profondément auprès des spectateurs noirs, qui se reconnaissent dans ces récits, souvent absents des productions hollywoodiennes traditionnelles.
L’héritage d’un bâtisseur
Avec The Six Triple Eight, Tyler Perry livre une œuvre d’une rare intensité, qui transcende le simple récit cinématographique pour devenir un véritable acte de mémoire collective. Ce long-métrage, inspiré de l’histoire du 6888e bataillon postal, le seul bataillon entièrement féminin et noir à avoir servi pendant la Seconde Guerre mondiale, s’inscrit dans la continuité de l’engagement de Perry à mettre en lumière des récits marginalisés. À travers cette histoire, il rappelle non seulement les sacrifices de ces héroïnes oubliées, mais il contribue également à redonner aux récits afro-américains leur place légitime dans le patrimoine culturel universel.
Dans une mise en scène saisissante et portée par des performances remarquables de Kerry Washington et Oprah Winfrey, The Six Triple Eight nous plonge au cœur de l’effort de guerre de ces femmes exceptionnelles. Loin des champs de bataille, elles ont combattu les préjugés raciaux et sexistes, tout en jouant un rôle crucial dans le maintien du moral des troupes alliées. Ce film est un hommage vibrant à leur courage et une leçon de résilience intemporelle.
The Six Triple Eight fera sa grande sortie en salles le 6 décembre 2024, avant de rejoindre la plateforme Netflix le 20 décembre 2024. Que vous soyez amateur de drames historiques, curieux de découvrir une page méconnue de l’histoire ou simplement admiratif de l’univers cinématographique de Tyler Perry, ce film est un rendez-vous à ne pas manquer.
Ne manquez pas cette occasion de vivre un moment de cinéma intense et inspirant, dans un cadre qui honore à la fois la mémoire des héroïnes noires de l’Histoire et le génie créatif d’un réalisateur hors du commun.
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Références
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Découvrez Nicole Avant, ambassadrice visionnaire et productrice engagée, au cœur du Black Entertainment. De son rôle dans The Six Triple Eight à ses projets pour connecter Hollywood et les talents noirs francophones, plongez dans son parcours inspirant et son héritage culturel.
Dans le monde des arts, des affaires et de la diplomatie, rares sont celles qui incarnent avec autant de grâce et de détermination la complexité de leur époque. Nicole Avant est l’une de ces figures lumineuses. Fille du légendaire Clarence Avant, surnommé le Black Godfather, et épouse du co-CEO de Netflix, Ted Sarandos, elle est bien plus qu’une héritière d’un patrimoine culturel : elle est une architecte du changement. Avec un parcours qui mêle diplomatie, philanthropie et production cinématographique, Nicole Avant nous invite à repenser les récits afrodescendants tout en honorant ceux qui ont pavé la voie.
Grandir au sein de la maison Avant, c’était vivre dans un laboratoire culturel, où la musique, les idées et l’activisme coexistaient. Clarence Avant n’était pas seulement un mentor pour les grands noms de l’industrie musicale et cinématographique ; il était une figure paternelle pour une communauté entière. Nicole a grandi en observant son père tisser des alliances stratégiques, créer des opportunités là où il n’y en avait pas, et surtout, défendre l’excellence noire avec une ténacité inégalée.
Mais Nicole n’a jamais été une simple spectatrice. Inspirée par cet héritage, elle a choisi de marcher dans les pas de son père tout en forgeant son propre chemin. « Mon père m’a appris que chaque décision que je prends doit avoir un but », confie-t-elle. Ce principe guide chacune de ses actions, qu’il s’agisse de produire des documentaires ou de défendre des causes sociales.
En 2009, Nicole Avant est devenue la plus jeune ambassadrice afro-américaine de l’histoire des États-Unis lorsqu’elle a été nommée au poste d’ambassadrice aux Bahamas par Barack Obama. Ce rôle, souvent perçu comme symbolique, est devenu pour elle une plateforme d’action. Nicole a œuvré pour renforcer les liens entre les deux nations tout en mettant en avant des initiatives éducatives et sociales.
Elle a accueilli des figures comme Magic Johnson pour conseiller le secteur privé bahaméen et a collaboré avec des organisations locales pour soutenir les personnes en situation de handicap. Ces actions lui ont valu des éloges, mais aussi des critiques, auxquelles elle répond avec une résilience caractéristique. « Mon objectif a toujours été de bâtir, pas de diviser », dit-elle. Ce mantra, Nicole l’a porté bien au-delà de sa carrière diplomatique.
La productrice engagée : The Black Godfather et au-delà
En 2019, Nicole Avant a produit The Black Godfather, un documentaire acclamé diffusé sur Netflix, qui rend hommage à l’héritage de son père. Ce film n’est pas seulement une célébration d’une vie extraordinaire, mais une déclaration d’amour au pouvoir de la narration. Nicole y explore la manière dont Clarence Avant a façonné l’industrie du divertissement tout en ouvrant des portes pour des générations d’artistes noirs.
Mais son rôle de productrice ne s’arrête pas là. Avec The Six Triple Eight, elle met en lumière une page méconnue de l’histoire : celle des femmes afro-américaines du bataillon 6888, une unité militaire qui a joué un rôle essentiel pendant la Seconde Guerre mondiale. Réalisé par Tyler Perry, ce film, qui raconte l’histoire héroïque de ces femmes, est bien plus qu’un récit de guerre. C’est un hommage aux voix oubliées de l’Histoire, une quête de justice narrative que Nicole Avant mène avec passion.
Une passerelle entre Hollywood et l’Afrique francophone
Nicole Avant ne se contente pas de produire des récits puissants ; elle bâtit des ponts. Consciente du potentiel des talents afrodescendants à travers le monde, elle œuvre pour créer des synergies entre Hollywood et les créateurs francophones. En France, où l’héritage africain est souvent sous-représenté dans le divertissement grand public, elle voit une opportunité unique de collaboration.
Elle imagine un futur où les récits africains et diasporiques trouvent leur place sur les plateformes mondiales. « Les histoires ont le pouvoir de transcender les frontières », affirme-t-elle. Nicole travaille activement à connecter les réalisateurs, acteurs et scénaristes africains et français avec les grands studios américains, posant ainsi les bases d’une renaissance culturelle.
Une philanthropie qui inspire
Jacqueline Avant et Nicole Avant lors de la célébration du 95e anniversaire de Norman Lear en 2017.Joshua Blanchard / Getty Images
Au-delà de son travail dans le divertissement, Nicole Avant est une fervente philanthrope. La tragique perte de sa mère, Jacqueline Avant, en 2021, a profondément marqué sa vie. Mais plutôt que de se replier dans le deuil, elle a choisi d’honorer sa mémoire en créant le Jacqueline Avant Children and Family Center. Ce centre, dédié aux enfants vulnérables, reflète les valeurs de compassion et de service qui définissent la famille Avant.
« Ma mère était une femme de cœur. Chaque action que je prends aujourd’hui vise à perpétuer cet esprit », confie-t-elle. Ce projet philanthropique est une extension naturelle de son engagement pour la justice sociale, un engagement qui guide également ses choix professionnels.
Le style Avant : une vision pour demain
Nicole Avant incarne une élégance rare, une combinaison de détermination et de grâce qui la distingue dans tout ce qu’elle entreprend. Que ce soit en diplomatie, en production cinématographique ou en philanthropie, elle est une force motrice du changement, une femme qui voit au-delà des obstacles pour imaginer un avenir où les voix Noires sont pleinement reconnues et célébrées.
Dans un monde où les récits noirs continuent d’être éclipsés, Nicole Avant est une visionnaire qui transforme le paysage du divertissement et de la culture. Avec The Six Triple Eight, elle ne se contente pas de raconter une histoire ; elle réécrit l’Histoire. Et avec son travail inlassable pour connecter les talents, elle pave la voie pour une nouvelle génération de créateurs.
Nicole Avant n’est pas seulement une héritière. Elle est un modèle. Une bâtisseuse. Une visionnaire. À l’intersection de l’élégance et de la résilience, elle nous rappelle que le futur appartient à celles et ceux qui osent rêver grand et agir avec audace.
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Références
Inspection of Embassy Nassau, The Bahamas, January 2012. United States Department of State. Disponible sur : stateoig.com.
Strauss, Louisa. At Home with Nicole Avant, the Ambassador-Turned-Filmmaker Who Honors Her Father in a Netflix Documentary. Vanity Fair, mai 2019.
Wikipedia, The Six Triple Eight. Disponible sur : Wikipedia.
Wade, Evan. Nicole Avant (1968- ). BlackPast.org, juin 2015. Disponible sur : BlackPast.
Malkin, Marc. Nicole Avant Remembers Late Mother Jacqueline, Opens Children and Family Center in Her Name. Variety, mai 2023.
Carter, Kelley L. Clarence Avant Was the Guy Who Made Sure Black Stars Got Paid. Andscape, août 2023.
Avant, Nicole. Think You’ll Be Happy: Moving Through Grief With Grit, Grace, and Gratitude. Variety, octobre 2023.
Commemorating « EKS Day » with Special Olympics Athletes in the Bahamas. Département d’État américain, blog officiel.
Daunt, Tina. A Daughter Follows Her Own Heart. Los Angeles Times, avril 2007.
Nicole Avant, entretien dans The Hollywood Reporter, avril 2012. Disponible sur : Hollywood Reporter.
« Six Triple Eight », le film événement de Tyler Perry, retrace l’histoire inspirante du 6888ᵉ Bataillon, une unité exclusivement féminine et afro-américaine de la Seconde Guerre mondiale. Disponible sur Netflix, découvrez un hommage poignant à ces héroïnes oubliées.
« Six Triple Eight », une réhabilitation cinématographique
Le courage est souvent une étoffe invisible dans les récits de guerre. Pourtant, il existe des héros et des héroïnes qui, bien que hors des projecteurs, ont marqué l’Histoire par leur résilience. « Six Triple Eight », le dernier chef-d’œuvre de Tyler Perry, nous plonge au cœur de l’histoire méconnue du 6888ᵉ Bataillon du Central Postal Directory, une unité exclusivement féminine et afro-américaine ayant œuvré en coulisses pendant la Seconde Guerre mondiale. Ce film, produit par Netflix et soutenu par des figures puissantes comme Nicole Avant, arrive à point nommé pour combler un vide dans la mémoire collective.
1944. La Seconde Guerre mondiale entre dans sa phase critique en Europe. Alors que les Alliés avancent sur le continent, un problème logistique menace de miner le moral des soldats : des millions de lettres et colis restent bloqués dans des entrepôts en Angleterre et en France. Le courrier, lien fragile entre les soldats et leurs familles, s’entasse, nourrissant frustration et désespoir.
Pour résoudre cette crise, l’armée américaine met en place une unité sans précédent : le 6888ᵉ Bataillon du Central Postal Directory, surnommé « Six Triple Eight ». Ce bataillon, dirigé par le Major Charity Adams, est composé exclusivement de femmes afro-américaines. Leur mission ? Trier et acheminer des montagnes de courrier à travers des entrepôts non chauffés et dans des conditions dantesques. Leur devise : « No mail, low morale » (« Pas de courrier, moral bas »), devient le cri de ralliement d’un groupe dont l’héroïsme transcende les frontières raciales et de genre.
Ces femmes ne se battent pas seulement contre des sacs de courrier en retard. Elles doivent aussi affronter les préjugés d’une armée ségréguée. Logées dans des installations rudimentaires, confrontées à un racisme institutionnalisé, elles démontrent que le courage se manifeste aussi dans les luttes silencieuses. Sous le commandement du Major Charity Adams, première Afro-Américaine à atteindre ce grade dans l’armée américaine, le 6888ᵉ Bataillon devient un modèle d’efficacité, triant jusqu’à 65 000 colis par jour et accomplissant en trois mois ce qui semblait irréalisable.
« Six Triple Eight », une leçon de mémoire sur grand écran
Tyler Perry, habitué à explorer les histoires de résilience et de lutte dans la communauté afro-américaine, signe ici une œuvre magistrale. En adaptant l’article de Kevin M. Hymel, « WAC Corporal Lena Derriecott and the 6888th Central Postal Battalion », il nous offre un récit à la fois intime et universel. Le réalisateur a fait de « Six Triple Eight » un film qui transcende les frontières du genre pour devenir une archive vivante de justice historique.
Perry ne se contente pas de raconter une histoire : il recrée un univers. Les entrepôts glacials d’Angleterre, les uniformes impeccablement reconstitués, et les décors minutieux plongent le spectateur dans une époque où chaque lettre portait l’espoir d’une famille.
Le choix de Kerry Washington dans le rôle du Major Charity Adams est une évidence. L’actrice, connue pour ses performances intenses et engagées, incarne avec brio cette leader qui a su galvaniser ses troupes malgré des obstacles monumentaux. À ses côtés, Oprah Winfrey apporte une profondeur émotive dans le rôle d’une mère de soldat, symbolisant les liens familiaux qui motivaient ces héroïnes à accomplir leur mission.
Le casting est complété par des talents montants comme Ebony Obsidian et Milauna Jackson, qui insufflent une énergie vibrante et authentique. Ensemble, elles donnent vie à une histoire où l’humanité triomphe des préjugés.
Nicole Avant, productrice et figure majeure du cinéma afro-américain, joue un rôle clé dans la réalisation de « Six Triple Eight ». Connue pour son engagement en faveur de récits qui réhabilitent les contributions de la diaspora, Avant apporte une profondeur et une authenticité rares à ce projet. Son implication garantit que le film ne se contente pas d’être un divertissement, mais devienne une œuvre éducative et mémorielle.
Dans une récente interview, Avant a déclaré :
« Avec ‘Six Triple Eight’, nous voulions nous assurer que ces femmes reçoivent enfin la reconnaissance qu’elles méritent. Leur histoire doit inspirer les générations futures. »
Ce film est un prolongement de sa vision d’un cinéma qui ne se limite pas au box-office, mais qui participe activement à la construction d’une mémoire collective.
Un impact historique et culturel
Nancy Pelosi, en tant que présidente de la Chambre des représentants, a signé aujourd’hui la loi sur la médaille d’or du Congrès « Six Triple Eight » afin d’honorer le 6888e bataillon du Central Postal Directory – la seule unité noire entièrement féminine en Europe pendant la Seconde Guerre mondiale.
En 2024, année du 80ᵉ anniversaire du Débarquement de Normandie, « Six Triple Eight » arrive à un moment charnière. Alors que les luttes pour la justice sociale et la reconnaissance des contributions afro-américaines continuent, ce film devient un outil puissant pour éduquer et inspirer.
Le 6888ᵉ Bataillon incarne une histoire de solidarité et de persévérance qui résonne particulièrement dans le contexte actuel. Il rappelle que la victoire ne se joue pas uniquement sur les champs de bataille, mais aussi dans les efforts inlassables de ceux qui travaillent dans l’ombre.
Pendant des décennies, le 6888ᵉ Bataillon a été oublié, relégué à une note de bas de page dans l’histoire militaire américaine. Ce n’est qu’en 2022, avec l’adoption du « Six Triple Eight Congressional Gold Medal Act« , que ces femmes ont enfin reçu une reconnaissance nationale. Le film de Tyler Perry amplifie cette reconnaissance, transformant une injustice historique en un cri d’hommage universel.
Une expérience cinématographique inoubliable
Kerry Washington dans « Six Triple Eight ». AVEC L’AIMABLE AUTORISATION DE NETFLIX
La cinématographie de Michael Watson, alliée à la bande originale poignante d’Aaron Zigman, crée une expérience immersive. Chaque plan, chaque note musicale plonge le spectateur dans l’intensité émotionnelle de l’époque. Les scènes de tri de courrier, rythmées par une chorégraphie quasi militaire, capturent à la fois la pression et la camaraderie qui unissaient ces femmes.
« Six Triple Eight » n’est pas seulement une œuvre artistique. C’est un appel à célébrer les histoires oubliées, à revisiter les récits historiques avec un regard inclusif. Le film incite les spectateurs à s’interroger : Combien d’autres histoires comme celle-ci restent encore à découvrir ?
Un héritage retrouvé
Kerry Washington joue dans Six Triple Eight.
« Six Triple Eight » est plus qu’un film : c’est un monument dédié à des héroïnes dont les contributions ont été éclipsées par l’Histoire. Tyler Perry, Nicole Avant, et une équipe de talents exceptionnels ont réussi à créer une œuvre qui transcende le cinéma pour devenir un acte de mémoire.
Alors que le monde commémore le 80ᵉ anniversaire du Débarquement de Normandie, ce film rappelle que les victoires, qu’elles soient militaires ou sociales, sont le fruit des efforts conjugués de ceux que l’Histoire oublie souvent. En mettant en lumière le 6888ᵉ Bataillon, « Six Triple Eight » inspire une génération à reconnaître le courage, la résilience et l’importance de la mémoire collective.
Ne manquez pas « Six Triple Eight », disponible sur Netflix à partir du 20 décembre 2024. Découvrez une histoire qui mérite d’être racontée, célébrée, et partagée.
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Sources et Références
Hymel, Kevin M. (2019). « WAC Corporal Lena Derriecott and the 6888th Central Postal Battalion ». WWII History Magazine.
National Archives, « The Six Triple Eight: No Mail, Low Morale ».
Grobar, Matt (11 janvier 2023). « Kerry Washington To Exec Produce, Star In Tyler Perry’s Netflix WWII Pic Six Triple Eight ». Deadline Hollywood.
Interview de Nicole Avant, The Hollywood Reporter, 2024.
United States Congress, « Six Triple Eight Congressional Gold Medal Act of 2022 ».
En 1761, un navire français s’échoue sur l’île de Tromelin, abandonnant 80 esclaves malgaches à un sort inimaginable. Quinze ans plus tard, un incroyable sauvetage révèle une histoire de courage, d’ingéniosité et d’humanité face à l’adversité.
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