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Michael X, un militant radical noir dans l’Angleterre des années 60

Culture

Michael X, un militant radical noir dans l’Angleterre des années 60

Par Sandro CAPO CHICHI 29 mai 2015

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Inspiré par Malcolm X et soutenu notamment par des célébrités comme John Lennon ou Mohammed Ali, sa fin brutale reste entourée de mystère.

Par Sandro CAPO CHICHI / nofi.fr

 

Origines et début dans l’activisme
Né à Trinidad et Tobago en 1933 d’un père portugais et d’une mère originaire de la Barbade, Michael De Freitas migre en 1957 à Londres. Quelques années plus tard, lors de la venue de Malcolm X à Londres en 1965, il décide de lancer un mouvement nationaliste noir à Londres. C’est la rencontre avec Malcolm X qui sera aussi à l’origine du nom de guerre de l’activiste britannique. Malcolm X aurait invité De Freitas à s’entretenir avec lui dans son hôtel. Il aurait indiqué son nom ‘Malcolm X’ à l’accueil de l’hôtel puis introduit De Freitas comme son ‘frère Michael’. Se voyant enregistré par l’hôtel sous le nom de Michael X, il allait désormais utiliser ce nom.

La radicalisation
Quelques semaines après l’assassinat de Malcolm X, il allait se convertir à l’Islam, prendre le nom de Michael Abdul Malik et fonder plusieurs associations pour la défense et les droits des Noirs, notamment la Racial Adjustment Action Society, et allait être l’un des co-créateurs du carnaval de Notting Hill en plein air à Londres en 1967. Après de nombreux appels à la violence contre les Blancs pour lequel il est condamné à 12 mois de prison, il crée en 1969 la Black House.

Michael X, Yoko Ono et John Lennon

Michael X, Yoko Ono et John Lennon

Cet espace culturel pour les jeunes Noirs, qui avait reçu le soutien financier de nombreux mécènes célèbres comme Muhammad Ali, Sammy Davis Jr. ou John Lennon n’allait pas faire long feu, fermant ses portes en 1970. Michael X, soupçonné d’y entretenir des activités illégales allait en tous cas être emprisonné pour extorsion, puis libéré sur caution par John Lennon, fidèle à son image de hippie tolérant et généreux.

La fin et le mystère
Grâce à un nouveau soutien financier de la part de Lennon notamment, il allait s’établir à Trinidad et Tobago où il allait poursuivre ses activités activistes noires et construire une nouvelle Black House. Accusé d’avoir commandité le meurtre de deux personnes dont les cadavres furent retrouvés dans son jardin, il allait être condamné à mort, puis s’enfuir au Guyana. Il allait être retrouvé en 1973 puis pendu en 1975 malgré les appels à son amnistie de la part de célébrités comme John Lennon et son épouse Yoko Ono.

Michael X lors de son arrestation en 1973

Michael X lors de son arrestation en 1973

Plusieurs détails mystérieux entourent la mort de l’activiste d’origine caribéenne. Les créateurs du film ‘The Bank Job/braquage à l’anglaise'(2008) avec Jason Statham, qui retrace le mystérieux braquage d’une banque de la rue de Baker Street à Londres en 1971 prétendent l’avoir basé sur le témoignage d’un des braqueurs restés anonymes.

Michael X joué par Peter de Jersey dans The Bank Job (2008)

Michael X joué par Peter de Jersey dans The Bank Job (2008)

Dans leur scénario, Michael X aurait été en possession de photos sexuellement compromettantes de la princesse Margaret et aurait fait chanter la police britannique pour poursuivre ses activités illégales sans être inquiété. Lors du braquage, les photos conservées dans la banque auraient été découvertes par les braqueurs. Souhaitant garantir leur liberté, les braqueurs les aurait échangées aux services secrets en même temps qu’ils auraient annulé le chantage de Michael X, entraînant son exécution rapide. Très peu de faits permettent d’étayer ce postulat, mais le dossier de Michael X ne sera rendu public par les autorités britanniques qu’en 2054, ce qui est un délai extraordinairement long pour un meurtre commis en 1975. De quoi alimenter cette folle rumeur sur cette homme qui laissera, entre l’image d’un activiste et celle d’un criminel, le souvenir d’une Angleterre des années 60 en proie à des inégalités et tensions raciales.