Willie Lynch : discours originel sur la fabrication d’un esclave noir (1712)

Ce discours fut prononcé par Willie Lynch sur les rives de la rivière James, dans la colonie de Virginie, en 1712. Lynch était un propriétaire d’esclaves britannique dans les Antilles. Il fut invité dans la colonie de Virginie en 1712 afin d’y enseigner ses méthodes aux esclavagistes locaux. Le terme « lynchage » dérive de son nom de famille.

Note de la rédaction

Le texte présenté ci-dessous, connu sous le nom de Willie Lynch Letter, est un document largement reconnu par les historiens comme un faux. Aucune preuve historique ne confirme son existence au XVIIIᵉ siècle. Il s’agit d’un texte apparu au XXᵉ siècle, rédigé dans un style anachronique et sans source vérifiable.

Ce document est publié ici à titre informatif, afin d’éclairer les débats qu’il suscite dans les milieux afro-descendants. Pour une analyse historique complète de son origine et de sa portée symbolique, consultez notre article : Le Mythe Willie Lynch – Décryptage d’une supercherie historique.

— L’équipe NOFI

« La fabrication d’un esclave », par Willie Lynch

Willie Lynch


« Messieurs. Je vous salue ici, sur les rives de la rivière James, en l’an de grâce mille sept cent douze. Tout d’abord, je tiens à vous remercier, vous, les gentilshommes de la colonie de Virginie, de m’avoir fait venir ici. Je suis ici pour vous aider à résoudre certains de vos problèmes avec vos esclaves. Votre invitation m’est parvenue sur ma modeste plantation dans les Antilles, où j’ai expérimenté certaines des méthodes les plus récentes (et pourtant parmi les plus anciennes) pour le contrôle des esclaves.

La Rome antique nous envierait si mon programme était mis en œuvre. Alors que notre bateau descendait vers le sud sur la rivière James, nommée d’après notre illustre roi, dont nous chérissons la version de la Bible, j’ai vu suffisamment de choses pour savoir que votre problème n’est pas unique. Tandis que Rome utilisait des fagots de bois comme croix pour ériger des corps humains le long de ses routes en grand nombre, vous, ici, vous employez l’arbre et la corde à l’occasion.

J’ai senti l’odeur d’un esclave mort pendu à un arbre, à quelques miles d’ici. Non seulement vous perdez un cheptel précieux en procédant à des pendaisons, mais vous subissez aussi des soulèvements, des esclaves s’enfuient, vos récoltes restent parfois trop longtemps dans les champs pour en tirer un profit maximal, vous subissez des incendies occasionnels, vos animaux sont tués.

Messieurs, vous savez quels sont vos problèmes ; je n’ai pas besoin de les détailler. Je ne suis pas ici pour les énumérer, je suis ici pour vous présenter une méthode pour les résoudre. Dans mon sac ici présent, J’AI UNE MÉTHODE INFAILLIBLE POUR CONTRÔLER VOS ESCLAVES NOIRS. Je vous garantis à chacun d’entre vous que, si elle est correctement mise en place, ELLE CONTRÔLERA LES ESCLAVES PENDANT AU MOINS TROIS CENTS ANS. Ma méthode est simple. Tout membre de votre famille ou tout contremaître peut l’utiliser. J’AI RECENSÉ UN CERTAIN NOMBRE DE DIFFÉRENCES ENTRE LES ESCLAVES ; ET JE PRENDS CES DIFFÉRENCES POUR LES AGRANDIR. J’UTILISE LA PEUR, LA MÉFIANCE ET L’ENVIE À DES FINS DE CONTRÔLE.

Ces méthodes ont fait leurs preuves sur ma modeste plantation dans les Antilles, et elles fonctionneront dans tout le Sud. Prenez cette petite liste de différences, et réfléchissez-y. En haut de ma liste figure « L’ÂGE« , mais c’est uniquement parce que cela commence par un « A ». Ensuite vient la « COULEUR » ou la teinte de peau ; puis l’INTELLIGENCE, la TAILLE, le SEXE, la TAILLE DES PLANTATIONS, le STATUT sur les plantations, l’ATTITUDE des propriétaires, selon que les esclaves vivent dans la vallée, sur une colline, à l’Est, à l’Ouest, au Nord, au Sud, qu’ils aient les cheveux fins, les cheveux rêches, qu’ils soient grands ou petits.

Maintenant que vous avez une liste de différences, je vais vous donner un plan d’action ; mais avant cela, je tiens à vous assurer que LA MÉFIANCE EST PLUS FORTE QUE LA CONFIANCE, ET L’ENVIE PLUS PUISSANTE QUE L’ADULATION, LE RESPECT OU L’ADMIRATION. Les esclaves noirs, après avoir reçu cette indoctrination, perpétueront ce conditionnement par eux-mêmes, de façon autonome, pendant DES CENTAINES D’ANNÉES, peut-être DES MILLIERS.

N’oubliez pas : vous devez opposer le VIEUX esclave noir au JEUNE esclave noir, et le JEUNE esclave noir au VIEUX esclave noir. Vous devez utiliser les esclaves à la PEAU FONCÉE contre ceux à la PEAU CLAIRE, et les esclaves à la PEAU CLAIRE contre ceux à la PEAU FONCÉE. Vous devez opposer la FEMME à l’HOMME, et l’HOMME à la FEMME. Vous devez également faire en sorte que vos domestiques blancs et contremaîtres se méfient de tous les Noirs. Mais il est ESSENTIEL QUE VOS ESCLAVES NOUS FASSENT CONFIANCE ET DÉPENDENT DE NOUS. ILS DOIVENT AIMER, RESPECTER ET FAIRE CONFIANCE UNIQUEMENT À NOUS.

Messieurs, ces dispositifs sont vos clés du contrôle. Utilisez-les. Faites-les utiliser par vos femmes et vos enfants, ne manquez jamais une occasion. SI ELLES SONT UTILISÉES DE MANIÈRE INTENSE PENDANT UN AN, LES ESCLAVES RESTERONT À JAMAIS MÉFIANTS LES UNS ENVERS LES AUTRES. Je vous remercie, messieurs. »

Sources

Mathieu N'DIAYE
Mathieu N'DIAYE
Mathieu N’Diaye, aussi connu sous le pseudonyme de Makandal, est un écrivain et journaliste spécialisé dans l’anthropologie et l’héritage africain. Il a publié "Histoire et Culture Noire : les premières miscellanées panafricaines", une anthologie des trésors culturels africains. N’Diaye travaille à promouvoir la culture noire à travers ses contributions à Nofi et Negus Journal.

Soutenez un média engagé !

Chez NOFI, nous mettons en lumière la richesse et la diversité des cultures africaines et caribéennes, en racontant des histoires qui inspirent, informent et rassemblent.
Pour continuer à proposer un regard indépendant et valoriser ces héritages, nous avons besoin de vous.
Chaque contribution, même modeste, nous aide à faire vivre cette mission.
 
💛 Rejoignez l’aventure et soutenez NOFI ! 💛
 
👉 Faire un don 👈

News

Inscrivez vous à notre Newsletter

Pour ne rien rater de l'actualité Nofi ![sibwp_form id=3]

You may also like