À Paris, l’artiste congolais Thierry B présente Lisapo : Il était un récit, une exposition vibrante où la peinture devient parole. Entre mémoire, transmission et identité, il invite le public à écouter la voix colorée d’une Afrique urbaine et vivante.

Thierry B raconte l’Afrique par la couleur : “Lisapo, il était un récit” s’expose à Paris
Paris, novembre 2025. Le Centre Paris Anim’ Simon Le Franc, niché à deux pas du Centre Pompidou, accueille une exposition singulière : “Lisapo – Il était un récit”, du 19 novembre au 19 décembre. À travers une série de toiles puissantes, l’artiste congolais Thierry B transforme la mémoire en couleur et la parole en image. Son œuvre s’inspire des traditions orales africaines pour raconter, à sa manière, la trajectoire des Afro-descendants entre racines et modernité.
Le mot Lisapo vient du lingala et signifie récit. C’est un terme clé dans la culture congolaise, celui du conte, de la parole transmise au crépuscule, là où se mêlent la sagesse des anciens et l’imaginaire des enfants. Thierry B réinvente cette tradition dans un langage pictural à la fois contemporain et ancré dans l’Afrique urbaine. Ses toiles vibrent de couleurs, de figures hybrides, de clins d’œil à la pop culture et de références à la vie quotidienne. Elles sont à la fois fragments de mémoire et miroirs du présent.
Né à Brazzaville et installé à Paris depuis les années 1990, Thierry B s’est imposé comme une voix singulière de la scène afro-contemporaine. Autodidacte, il peint la mémoire, le lien et la dignité. Ses œuvres, à la frontière entre figuration et narration, racontent l’Afrique comme un espace de vie, d’énergie et de transmission.
Dans Lisapo, il poursuit une réflexion déjà amorcée dans ses précédentes expositions (Résonnances, La Rive Noire). Ici, la toile devient une page d’histoire vivante. Les visages qu’il peint ne sont pas des portraits mais des présences : celles des ancêtres, des voyageurs, des rêveurs, des femmes puissantes. L’artiste y mêle les codes de la BD, du collage et du muralisme pour restituer le rythme de la parole africaine. Comme dans un conte, chaque scène ouvre sur une autre, chaque personnage semble attendre qu’on l’écoute.
« Peindre, pour moi, c’est raconter. C’est garder vivante la parole de ceux qu’on n’entend plus », explique Thierry B. Son univers visuel fait écho à celui des griots : il transmet, relie, enseigne. La peinture devient un territoire de mémoire et de lien, un pont entre Brazzaville et Paris, entre le passé et le futur.
Le vernissage du jeudi 20 novembre 2025 à 18h30 s’annonce comme un véritable moment de partage. En plus de la présentation des œuvres de Thierry B, le public assistera à une intervention de la conteuse congolaise Murielle Keto, qui proposera une session de Lisapo en live. Sa voix, rythmée par la musicalité du lingala et la force du verbe africain, accompagnera les toiles de l’artiste.

L’événement mêlera ainsi peinture, parole et mémoire, renouant avec la fonction première de l’art africain : raconter le monde.
Cette dimension performative n’est pas anodine. Pour Thierry B, l’art est d’abord une conversation. « Quand on regarde un tableau, il faut qu’on entende la voix qui l’habite », dit-il. Murielle Keto incarne cette voix. Ensemble, ils créent un espace de communion : celui du récit partagé, du regard croisé entre peinture et parole.
Les toiles exposées à Simon Le Franc forment une mosaïque de récits. On y croise des scènes de rue, des couples, des musiciens, des figures politiques, des vendeurs de marché, des mères et des enfants. Le tout baigne dans un univers visuel dense, coloré, saturé d’énergie.
Chaque tableau est un microcosme, un “petit monde” où se rejoue le grand théâtre de la vie africaine contemporaine. Le style de Thierry B oscille entre réalisme symbolique et abstraction poétique.
Ses compositions, souvent fragmentées, rappellent les fresques urbaines de Kinshasa ou de Brazzaville, mais aussi les collages de Romare Bearden et les narrations picturales de Chéri Samba.
Derrière la beauté visuelle, il y a une réflexion. Les œuvres interrogent la place du corps noir dans la modernité, la tension entre mémoire et oubli, la survivance des traditions dans la ville-monde.
« Je veux montrer que nos récits ne sont pas figés, dit-il. Ils bougent, se transforment. L’Afrique n’est pas un passé, c’est un mouvement. »
L’écriture visuelle de Thierry B se nourrit d’une esthétique afro-urbaine. Les graffitis, les enseignes de rue, les typographies populaires congolaises trouvent leur place dans ses compositions. L’artiste peint comme on parle, comme on chante : en rythme, avec énergie, sans hiérarchie entre les sujets.
C’est cette approche libre et intuitive qui fait la force de son œuvre.
Ses toiles fonctionnent comme des archives du quotidien, mais aussi comme des visions poétiques. Elles traduisent une Afrique plurielle, à la fois traditionnelle et contemporaine, spirituelle et politique.
Le spectateur est invité à s’y perdre, à y reconnaître des fragments de soi, à écouter ce que la couleur raconte. Chaque détail compte : un mot, un regard, un motif, un silence.
Chez Thierry B, la peinture n’est pas décorative, elle est dialogique. Elle appelle une réponse.
Le projet Lisapo s’inscrit dans une démarche de continuité : celle du récit africain comme espace de transmission. En reprenant la structure du conte (début, tension, morale) mais en l’appliquant au médium pictural, l’artiste renouvelle la manière de raconter l’Afrique. Il y a chez lui une conscience claire de la responsabilité du créateur : celle de dire sans trahir, de montrer sans figer, d’exprimer sans simplifier.
Murielle Keto, par sa présence au vernissage, vient souligner cette dimension. Sa performance orale redonnera au mot “Lisapo” toute sa force rituelle : celle de la parole qui circule, qui relie, qui guérit.
Le dialogue entre l’artiste et la conteuse devient ainsi le cœur battant de l’exposition. Lisapo – Il était un récit est plus qu’une exposition : c’est une expérience sensorielle et mémorielle.
Elle s’adresse autant aux amoureux de l’art contemporain qu’à ceux qui s’intéressent aux traditions africaines et à la question du récit. Dans un Paris où la création afrodescendante gagne en visibilité, Thierry B et Murielle Keto rappellent que l’Afrique ne se contemple pas, elle s’écoute.
Du 19 novembre au 19 décembre 2025, le Centre Paris Anim’ Simon Le Franc (9 rue Simon Le Franc, 75004 Paris) devient le théâtre de cette rencontre entre peinture et parole.
L’exposition est ouverte à tous, et le vernissage du 20 novembre à 18h30 promet un moment de partage rare ; entre art, mémoire et émotion.

Lisapo – Il était un récit
Exposition de peintures de Thierry B
Du 19 novembre au 19 décembre 2025
Vernissage : jeudi 20 novembre 2025 à 18h30
Avec la participation exceptionnelle de Murielle Keto, conteuse congolaise
Lieu : Centre Paris Anim’ Simon Le Franc – 9 rue Simon Le Franc, 75004 Paris
Entrée libre – Infos : 01 44 78 20 75
