Par-delà les chiffres, par-delà la narration officielle de la réussite, il existe une autre histoire. Celle que l’industrie préfère souvent taire. Celle que James BKS choisit, lui, d’affronter.

James BKS dévoile See Us Rise And Win (Deluxe) : “Milli Vanity”, ou la vérité derrière la gloire
Le 10 décembre 2025, James BKS dévoile la version deluxe de son EP See Us Rise And Win (Grown Kid Records / The Orchard). Un projet qui ne s’ajoute pas à sa discographie comme une simple extension, mais qui en révèle le cœur battant. Le single prioritaire, “Milli Vanity”, agit comme une clé de lecture : il n’explique pas le succès, il en dissèque le prix.
Chez James BKS, la musique n’est jamais un simple exercice de style. Elle est un espace de confrontation. See Us Rise And Win n’est pas un manifeste triomphal, mais un journal intérieur. Un récit où l’élévation n’a de sens que parce qu’elle est précédée de la chute.

Avec “Milli Vanity”, l’artiste s’empare d’un épisode fondateur de la culture pop (l’affaire Milli Vanilli) non pour rejouer le scandale, mais pour en sonder la dimension humaine. Après le choc du documentaire et sa rencontre avec Fab Morvan, James BKS s’intéresse à ce moment précis où l’ego se confond avec la survie. Quand la gloire devient une cage. Quand l’industrie exige le mensonge comme condition d’existence.
« One lost to temptation / while the other found redemption ».
La ligne n’est pas morale, elle est existentielle. Elle dit que la chute n’est pas la fin, mais une bifurcation.

Musicalement, James BKS refuse l’ostentation. Là où beaucoup surchargent l’afropop de signes, il choisit la retenue. La mélodie mène, la pulsation soutient. Les log drums amapiano ne dominent pas, ils respirent. L’africanité n’est pas exhibée comme un costume : elle est une structure intime, une mémoire sonore.
L’influence d’une pop internationale élégante (quelque part entre la rigueur mélodique et la sobriété émotionnelle) se fond dans une écriture profondément ancrée. Co-produit par JoAtouch et mixé par Roark Bailey, le projet trouve un équilibre rare : accessible sans être lisse, exigeant sans être opaque.
Être le fils de Manu Dibango est un fait biographique. En faire un raccourci artistique serait une erreur. James BKS ne marche pas dans une ombre : il dialogue avec une histoire. La sienne, et celle des musiques noires mondiales.


Depuis Wolves of Africa (2022) et Wolves of Africa – Part 2 (2023), cumulant plus de 12 millions de streams, il construit une œuvre transversale, où se croisent hip-hop, afro-pop et héritages panafricains. Les collaborations (de Q-Tip à Little Simz, de Carlos Santana à Angélique Kidjo) ne sont jamais décoratives. Elles dessinent une cartographie culturelle, un réseau de filiations et de luttes esthétiques.
Le titre See Us Rise And Win n’est pas une promesse naïve. Il est conditionnel. Voir, d’abord. Voir les mécanismes. Voir les illusions. Voir la violence symbolique d’une industrie qui consomme les corps et les récits. Gagner, ensuite ; mais autrement. Pas contre les autres. Contre le mensonge imposé. Contre la disparition de soi.
Présentés sur scène à La Maroquinerie à Paris le 11 décembre 2025, les titres de cet EP prennent une dimension supplémentaire : celle d’un artiste qui n’interprète pas un rôle, mais qui se tient droit dans sa parole. Soutenu par des médias de référence en Europe et en Afrique, relayé par les grandes plateformes, James BKS avance sans précipitation. Avec la patience de ceux qui savent que la durée est une forme de résistance.

Milli Vanity n’est pas un hymne. C’est un miroir. See Us Rise And Win (Deluxe) n’est pas une célébration. C’est une traversée.
Et dans une époque saturée de récits factices, James BKS rappelle une chose essentielle : la vraie victoire commence quand on accepte de se voir tel que l’on est ; enfin libre du jeu.
