L’histoire des Marrons de Jamaïque, résistants africains ayant défié l’esclavage, préservé leurs traditions et inspiré la lutte pour la liberté dans les Amériques.
La résistance des Africains déportés aux Amériques est souvent perçue comme une lutte désorganisée, sans lien avec les structures sociales et politiques de leurs terres d’origine. Cette perception erronée minimise la force et la cohésion de ceux qui, comme les Marrons de Jamaïque, ont transformé la révolte en un symbole durable de résistance. En vérité, loin d’avoir été anéantie lors de la traversée de l’Atlantique, l’identité africaine a survécu et a inspiré des mouvements de rébellion sur tout le continent américain. Les Marrons, descendants directs d’Africains capturés, notamment sur la Côte de l’Or (Ghana actuel), ont joué un rôle central dans cette lutte pour la liberté, avec un héritage de résistance qui puise ses racines dans les traditions guerrières africaines.
La continuité de la résistance africaine
Frontispice gravé, « Leonard Parkinson, a Captain of Maroons » gravé par Abraham Raimbach (1776-1843) d’après The proceedings of the governor and Assembly of Jamaica, in regard to the Maroon negroes (Les procédures du gouverneur et de l’assemblée de la Jamaïque, concernant les nègres marrons). (Londres : imprimé pour John Stockdale, 1796). Avec l’aimable autorisation de l’American Antiquarian Society, Worcester, Massachusetts.
Le terme « Marron » vient du mot espagnol cimarrón, qui signifie sauvage ou indomptable. Il désignait initialement les esclaves africains et indigènes ayant échappé à la servitude pour former des communautés indépendantes dans les montagnes. Ces groupes de résistants, loin d’être des bandes désorganisées, s’appuyaient sur des structures sociales héritées d’Afrique, notamment chez les Akan, un peuple ayant une longue tradition de résistance militaire. Déportés au cours des guerres tribales entre royaumes côtiers africains, les Akan, majoritaires chez les Marrons de Jamaïque, ont apporté avec eux des stratégies de guérilla, des rituels spirituels et une structure politique solide.
La première révolte et la naissance des Marrons
Carte gravée et coloriée à la main par Herman Moll de l’île de la Jamaïque divisée en ses principales paroisses (Londres, 1728). Avec l’aimable autorisation de l’American Antiquarian Society, Worcester, Massachusetts.
En 1655, lorsque les Anglais conquirent la Jamaïque, alors colonie espagnole, ils ne s’attendaient pas à l’une des plus féroces résistances qu’ils allaient rencontrer. Les Africains esclaves, estimés à 1 500 à l’époque, profitèrent de l’invasion pour s’enfuir dans les montagnes, formant les premiers groupes de Marrons. Ces Africains, issus principalement de la région Akan de la Côte de l’Or, avaient une expertise militaire qui leur permit d’infliger de lourdes pertes aux colons anglais, s’inspirant des tactiques de guerre irrégulière de leurs terres natales. Selon des témoignages de l’époque, ces anciens captifs utilisaient des signaux sonores pour communiquer à distance dans les montagnes, une pratique qui rappelle les méthodes de communication employées dans les conflits tribaux en Afrique de l’Ouest.
Un soldat britannique, James Knight, décrit dans une lettre de 1730 :
« Ils apparaissent sans prévenir, sortant de l’ombre des arbres, attaquent avec une précision terrifiante et disparaissent à nouveau dans les montagnes comme des fantômes. Ils savent manier la terre comme une arme. »
Les années qui suivirent furent marquées par une série d’affrontements violents entre les colons et les Marrons, dirigés par des chefs charismatiques comme Cudjoe et Nanny. Nanny, une prêtresse d’origine Akan, non seulement dirigeait les guerriers dans la bataille mais présidait aussi des rituels spirituels essentiels pour maintenir la cohésion et le moral du groupe. Elle créa un village fortifié appelé Nanny Town, situé dans les Blue Mountains, où plusieurs centaines de Marrons vivaient en autonomie complète, pratiquant l’agriculture, la chasse et perpétuant les coutumes africaines. Les femmes plantaient des ignames et des bananes, tandis que les hommes chassaient les sangliers, reproduisant ainsi un mode de vie similaire à celui de leurs ancêtres africains.
Le gouverneur de la Jamaïque en 1735 décrivit dans une dépêche au Conseil britannique :
« Le plus grand danger pour cette île n’est pas la menace des invasions étrangères mais ces noirs indomptables qui, depuis les hauteurs, provoquent la terreur chez les colons et suscitent des révoltes parmi les esclaves. »
Les Marrons, un symbole de liberté et d’espoir pour les esclaves
Cette image datant de 1834 représente une bataille entre des Marrons jamaïcains et des soldats britanniques. Après deux guerres au XVIIIe siècle, les Britanniques ont signé des traités avec les Marrons, leur permettant de rester libres et autonomes jusqu’à l’abolition de l’esclavage. ILLUSTRATION PAR UNIVERSAL HISTORY ARCHIVE, GETTY IMAGES
Alors que les Britanniques cherchaient à étendre leurs plantations de canne à sucre sur la côte nord-est de l’île, les raids des Marrons ne faiblirent pas. En 1730, après une série d’incendies de plantations et la désertion de nombreux esclaves pour rejoindre les Marrons, la Couronne envoya des régiments de soldats professionnels pour éradiquer cette menace. Mais l’armée britannique, habituée aux batailles conventionnelles, se heurta à la guérilla marronne. Un officier britannique, Edward Trelawny, écrivit à propos des tactiques des Marrons :
« Ils ne nous combattent pas sur le terrain que nous connaissons. Ils nous attirent dans les montagnes, où nos hommes se perdent, se désorientent, et sont abattus un par un, comme du gibier. »
Ces succès militaires des Marrons n’inspirèrent pas seulement la crainte, mais aussi l’espoir parmi les esclaves africains des plantations. Chaque raid des Marrons était un rappel que la liberté était encore possible. Les esclaves en fuite se joignaient souvent à eux, renforçant leurs rangs et alimentant le cycle de résistance. Certains Marrons utilisaient également leur position pour organiser des révoltes sur les plantations elles-mêmes, affaiblissant ainsi davantage l’économie sucrière.
Une paix fragile et un pacte controversé
« Pacification avec les nègres marrons », dessinée par Agostino Brunyas. Gravure sur cuivre tirée de An historical survey of the island of Saint Domingo : together with an account of the Maroon negroes in the island of Jamaica par Bryan Edwards (Londres, 1801), en regard de la page 311. Avec l’aimable autorisation de l’American Antiquarian Society, Worcester, Massachusetts.
En 1739, incapables de venir à bout des Marrons, les Britanniques optèrent pour une solution de compromis. Des traités furent signés avec les chefs marrons, leur garantissant une liberté conditionnelle et la propriété de 1 500 acres de terre. En échange, les Marrons s’engageaient à ne plus attaquer les plantations et, surtout, à capturer et retourner les esclaves en fuite aux autorités britanniques. Cudjoe, leader des Marrons de l’ouest, signa cet accord, suscitant la colère de certains de ses compagnons, qui voyaient dans cette trahison une atteinte aux principes mêmes de leur résistance.
Un des Marrons déserteurs, Kofi, tenta même de fomenter une rébellion contre Cudjoe, avant d’être capturé et exécuté. Malgré ce pacte controversé, les Marrons restèrent un symbole de résistance pour les esclaves africains tout au long du XVIIIe siècle.
L’héritage des Marrons et leur impact sur la diaspora
L’histoire des Marrons jamaïcains est un rappel puissant de la résilience africaine face à l’oppression. En établissant des sociétés libres, fondées sur les traditions et les connaissances importées d’Afrique, les Marrons ont conservé non seulement leur autonomie, mais aussi un lien direct avec leur héritage africain. Leur lutte a également inspiré d’autres mouvements de résistance, notamment en Haïti, où la révolution de 1791 fut en partie motivée par la volonté de recréer des sociétés indépendantes, à l’image des Marrons de Jamaïque.
De plus, leur héritage continue de résonner dans les luttes contemporaines pour les droits civiques et la reconnaissance de l’identité afrodescendante. Les communautés marronnes existent encore en Jamaïque aujourd’hui, perpétuant une tradition séculaire de résistance et de liberté.
Conclusion
L’histoire des Marrons de Jamaïque est bien plus qu’un simple chapitre de la lutte contre l’esclavage. Elle témoigne de la force et de la persistance des identités africaines dans les Amériques, et de la manière dont ces identités ont façonné la résistance à l’oppression. À travers leurs victoires et leurs compromis, les Marrons ont laissé un héritage durable qui continue d’inspirer et de défier les récits traditionnels de l’histoire coloniale.
Sommaire
Références :
Mavis Campbell / The Maroons of Jamaica
Edward Brathwaite / Warriors of the Jamaican Hills
Michael Craton / Testing the Chains: Resistance to Slavery in the British West Indies
Ni Chaînes Ni Maîtres de Simon Moutairou est un film poignant et immersif sur la révolte des esclaves marrons et la quête de liberté humaine. Découvrez ce chef-d’œuvre, sorti le 18 septembre 2024, actuellement au cinéma.
Avec Ni Chaînes Ni Maîtres, Simon Moutaïrou, dans un coup de maître pour son premier long-métrage, nous plonge dans l’une des périodes les plus sombres de l’Histoire : l’esclavage. En abordant le marronnage, la révolte des esclaves fugitifs, il ne se contente pas de reconstituer des faits historiques. Il offre un récit poignant, centré sur la quête de liberté de deux personnages profondément attachants : Massamba et sa fille Mati.
À travers leur lutte désespérée, Moutaïrou transforme une histoire individuelle en une parabole universelle sur la résistance, l’espoir et la recherche d’une dignité perdue. Ni Chaînes Ni Maîtres n’est pas seulement un film sur la liberté, c’est une réflexion profonde sur ce que signifie véritablement être libre.
Massamba : Le fardeau d’un père
Dès les premières minutes du film, on comprend que Massamba, joué avec une intensité bouleversante par Ibrahima Mbaye, est un homme brisé par le système esclavagiste. Propriété d’Eugène Larcenet, un colon sadique interprété par Benoît Magimel, Massamba est confronté à une violence quotidienne qui a réduit son existence à une survie morne et silencieuse. Mais derrière ce silence apparent se cache une force intérieure, alimentée par un amour inébranlable pour sa fille, Mati.
Massamba n’a qu’un seul rêve : que Mati soit libre. Ce désir de libération ne se limite pas à une simple rébellion contre ses oppresseurs, c’est une quête intime, presque viscérale, pour restaurer l’humanité de sa lignée. Dans un système qui cherche à déshumaniser, le simple acte de rêver à la liberté devient un acte de résistance.
Le personnage de Massamba incarne la résilience dans sa forme la plus brute. Malgré les humiliations, il refuse d’abandonner. Sa lutte silencieuse prend une ampleur déchirante lorsque, après la fuite de sa fille, il décide de suivre ses traces, devenant lui-même un esclave marron. Cette transformation marque le début de son voyage vers une liberté à la fois physique et spirituelle.
Mati : La flamme de la rébellion
Si Massamba est la figure de la résistance discrète, Mati, incarnée par la jeune actrice Thiandoum Anna Diakhere, est une incarnation vivante de la rébellion. Dès son introduction, elle est présentée comme une âme indomptable, une jeune fille qui ne connaît que trop bien la cruauté du monde qui l’entoure, mais qui refuse de s’y soumettre.
Mati est l’étincelle qui déclenche l’action du film. Son désir d’évasion n’est pas seulement motivé par l’horreur de la condition dans laquelle elle se trouve, mais par une soif ardente de vie. Alors que son père rêve d’une libération pour elle, Mati décide de prendre son destin en main. Son évasion, dans la nuit noire, est une scène d’une intensité rare, symbolisant à elle seule la lutte pour la liberté : un acte audacieux, risqué, mais nécessaire.
Ce qui rend le personnage de Mati si puissant, c’est sa complexité. Elle n’est pas seulement une victime en quête de fuite, elle est une figure de défi, prête à risquer sa vie pour une existence plus juste. À travers elle, Ni Chaînes Ni Maîtres nous rappelle que la liberté n’est jamais donnée, mais toujours arrachée, souvent au prix de sacrifices immenses.
Une quête universelle
Le génie de Simon Moutaïrou réside dans sa capacité à transformer ce drame historique en une histoire universelle. Si le film est ancré dans le contexte particulier de l’esclavage à l’île Maurice au XVIIIe siècle, les thèmes abordés résonnent profondément avec des problématiques contemporaines.
L’idée de la liberté, centrale dans le film, est explorée sous plusieurs angles. Pour les personnages, la liberté physique – échapper aux chaînes – est évidemment primordiale, mais Ni Chaînes Ni Maîtres explore également la liberté mentale. Comment survivre dans un système qui non seulement vous prive de vos droits, mais tente aussi de briser votre esprit ? C’est cette question qui hante les personnages tout au long du film.
En effet, Massamba et Mati, tout en cherchant à se libérer physiquement, se battent aussi pour préserver leur humanité. Ils refusent de laisser le système les transformer en simples instruments de travail, privés d’identité et de dignité. Cette résistance mentale est, peut-être, le plus grand acte de rébellion. Moutaïrou, à travers des scènes d’une intensité émotionnelle rare, montre à quel point la lutte pour la liberté est avant tout une lutte pour l’âme.
Une mise en scène épique et philosophique
Visuellement, Ni Chaînes Ni Maîtres frappe fort. Les paysages luxuriants de l’île Maurice contrastent avec la violence de l’histoire. Le Morne Brabant, cette montagne majestueuse où les esclaves fugitifs trouvent refuge, devient un symbole de la quête d’élévation spirituelle. C’est une arène, un espace où les hommes et femmes brisés redécouvrent leur humanité.
Ce contraste entre la beauté de la nature et l’horreur de l’esclavage est l’une des grandes forces du film. Moutaïrou utilise la caméra non seulement pour capturer la lutte des personnages, mais aussi pour rappeler que, même dans les pires moments, il existe des espaces de beauté et de répit. Cette dichotomie entre la terreur et la sérénité visuelle renforce la dimension philosophique du film. Qu’est-ce que la liberté dans un monde aussi cruel ? Peut-elle réellement être atteinte ?
Un message d’espoir
Malgré l’obscurité du sujet, Ni Chaînes Ni Maîtres de Simon Moutaïrou est fondamentalement un film d’espoir. Chaque pas que Massamba et Mati prennent, chaque acte de rébellion, aussi petit soit-il, est un rappel que l’esprit humain est indomptable. Même face à l’oppression la plus brutale, il subsiste toujours cette flamme, ce désir irrésistible de liberté.
Sorti le 18 septembre 2024 et actuellement au cinéma, Ni Chaînes Ni Maîtres nous plonge dans une fresque historique poignante et immersive, qui va bien au-delà de la simple reconstitution de la révolte des esclaves marrons. Simon Moutaïrou ne nous livre pas seulement un récit sur l’esclavage, mais une véritable célébration de la résistance humaine.
À travers l’histoire de Massamba et Mati, le film nous invite à réfléchir profondément sur notre propre conception de la liberté et sur ce que nous serions prêts à sacrifier pour la préserver. Ni Chaînes Ni Maîtres n’est pas qu’un simple film historique, c’est une œuvre bouleversante à la croisée de l’épopée et de la philosophie, qui résonnera longtemps après la dernière image.
« Ni chaînes ni maîtres » de Simon Moutaïrou est un film poignant et immersif qui vous transporte dans une époque marquée par la résistance et la quête de liberté à travers le marronnage. Découvrez ce chef-d’œuvre à partir du 18 septembre 2024 au cinéma.
Pourquoi regarder « Ni Chaînes Ni Maîtres » ?
À l’heure où les blessures de l’histoire continuent de saigner dans nos mémoires collectives, il est des films qui, par leur puissance narrative et leur fidélité à la vérité historique, nous permettent de ne pas oublier. « Ni Chaînes Ni Maîtres », le dernier film de Simon Moutaïrou, s’inscrit parmi ces œuvres essentielles qui éclairent les coins sombres de notre passé tout en résonnant avec les échos de notre présent. Ce long-métrage, distribué par Studio Canal, est une fresque cinématographique qui nous plonge au cœur des luttes pour la liberté, un hymne vibrant à la résistance des opprimés.
« Ni Chaînes Ni Maîtres » nous entraîne dans l’histoire poignante de Massamba, un esclave en fuite, déterminé à briser ses chaînes et celles de son peuple. Dans un récit où chaque scène palpite au rythme des battements de cœur de ses protagonistes, nous suivons Massamba de son évasion audacieuse à sa transformation en leader de la résistance. Le film est une mosaïque de moments de désespoir et d’espoir, de perte et de triomphe. Il explore avec une intensité rare les thèmes universels de la quête de liberté, de la résistance face à l’injustice et de la solidarité indéfectible des communautés marronnes. Ces thèmes, bien que situés dans un contexte historique particulier, trouvent une résonance profonde et intemporelle.
La genèse de « Ni Chaînes Ni Maîtres » puise son inspiration dans un symbole puissant : la Porte du Non-Retour au Bénin. Ce monument, témoin silencieux des départs forcés de millions d’Africains vers les Amériques, a laissé une empreinte indélébile sur Simon Moutaïrou. Pendant deux ans, le réalisateur s’est plongé dans des recherches historiques méticuleuses pour capturer l’essence de cette période. Ce travail rigoureux et passionné a permis de reconstituer avec une précision émouvante les vies, les luttes et la résilience des marrons. Moutaïrou nous offre ainsi une fresque historique où chaque détail est imprégné d’authenticité, rendant hommage à ceux dont les voix ont été longtemps étouffées par les vagues de l’oubli.
Au centre de ce récit palpitant se trouve Massamba, incarné par l’incomparable Ibrahima Mbaye. Avec une intensité brute et une vulnérabilité poignante, Mbaye donne vie à ce personnage complexe et héroïque. Massamba est bien plus qu’un simple protagoniste ; il est le symbole vivant de la lutte pour la liberté, un homme dont la détermination et l’humanité transcendent les épreuves les plus cruelles.
Aux côtés de Massamba, Camille Cottin brille dans le rôle de Madame La Victoire. Son interprétation nuancée et captivante ajoute une profondeur émotionnelle au film, faisant de son personnage une figure à la fois redoutable et profondément humaine. Madame La Victoire, avec ses dilemmes et ses contradictions, représente les nuances de l’époque, ajoutant une couche supplémentaire de complexité à l’histoire.
Le tournage de « Ni Chaînes Ni Maîtres » fut une odyssée en soi, confrontée à des défis extrêmes. Cyclones et coulées de boue ont testé la résilience de l’équipe de production, mais ces éléments naturels ont aussi infusé le film d’un réalisme saisissant. Simon Moutaïrou a su transformer ces obstacles en opportunités, créant une atmosphère hallucinée et mythique où la nature elle-même semble partie prenante de la lutte pour la liberté. Ce mélange de réalisme brut et de mythique confère au film une puissance visuelle et émotionnelle rare, transportant les spectateurs au cœur de l’action.
Les critiques ont été unanimes dans leurs louanges pour « Ni Chaînes Ni Maîtres ». Ils célèbrent la maîtrise narrative de Moutaïrou, la force des performances des acteurs et la profondeur du scénario. Les premiers retours du public sont tout aussi élogieux. Les spectateurs, émus par l’histoire de Massamba, saluent la qualité de la réalisation et l’authenticité du récit. Le film ne se contente pas de raconter une histoire ; il interpelle, bouleverse et inspire, invitant chacun à réfléchir sur les leçons du passé.
« Ni Chaînes Ni Maîtres » joue un rôle crucial dans la sensibilisation à l’histoire des marrons. En rendant hommage à leur lutte pour la liberté, le film éclaire une période essentielle de notre histoire collective. Cette sensibilisation est particulièrement pertinente aujourd’hui, alors que les questions de justice, de liberté et de résilience restent d’actualité. Le film rappelle que la quête de liberté est un combat universel et intemporel, résonnant avec les luttes contemporaines pour l’égalité et les droits humains.
Un film sur la lutte pour la liberté
En conclusion, « Ni Chaînes Ni Maîtres » est bien plus qu’un film ; c’est un hommage vibrant aux héros de la liberté. Simon Moutaïrou nous offre une œuvre magistrale qui célèbre l’esprit humain et nous rappelle les sacrifices faits pour la liberté. Nous vous invitons à découvrir ce chef-d’œuvre distribué par Studio Canal. « Ni Chaînes Ni Maîtres » n’est pas seulement une plongée dans le passé ; c’est une œuvre intemporelle qui honore la mémoire des marrons et inspire les générations futures. Un film à voir et à revoir, pour que la flamme de la liberté continue de brûler dans nos cœurs et nos esprits.
Du scénariste au réalisateur : Comment Simon Moutaïrou est devenu une voix unique et percutante dans le cinéma contemporain.
Une ascension inspirante dans le cinéma
Né en France de parents originaires du Bénin, Simon Moutaïrou est une figure montante du cinéma français. Passionné par le septième art depuis son plus jeune âge, il a su se frayer un chemin dans une industrie compétitive, passant de scénariste à réalisateur. Aujourd’hui, il nous présente son dernier film, « Ni Chaînes Ni Maîtres« , une œuvre qui marque un tournant décisif dans sa carrière. Ce film est non seulement un aboutissement de ses nombreuses années de travail acharné, mais aussi un hommage à ses racines et à ses valeurs, mettant en lumière le thème essentiel du marronnage.
L’éclosion d’un talent unique
Les débuts de Simon Moutaïrou dans l’industrie cinématographique sont marqués par des collaborations prometteuses. Sa carrière commence réellement avec « L’Assaut » (2011), un film intense basé sur l’histoire vraie de la prise d’otages du vol Air France 8969 en 1994. En tant que scénariste, Moutaïrou a su apporter une dimension authentique et poignante à ce projet, consolidant sa réputation naissante.
En 2015, il contribue au scénario de « Jamais de la vie« , un thriller social qui explore les thèmes de la désillusion et de la survie dans une société moderne. Ce film lui permet d’approfondir ses compétences narratives et de mieux comprendre les dynamiques de l’industrie cinématographique française. Les apprentissages tirés de ce projet se révèlent cruciaux pour la suite de sa carrière.
Les premiers pas vers la gloire
La carrière de Simon Moutaïrou prend un véritable essor avec « Braqueurs » (2016), un film qui raconte l’histoire d’un gang de braqueurs de haut vol. En tant que scénariste principal, il parvient à créer une intrigue captivante qui séduit tant le public que les critiques. Ce succès le propulse sur le devant de la scène et lui ouvre de nouvelles opportunités.
En 2018, il signe « Burn Out« , un thriller haletant qui explore les limites humaines face au danger et à l’adversité. La réception critique et publique est unanime : Moutaïrou est un talent à suivre. Ce succès influence profondément ses choix futurs, le poussant à explorer des horizons encore plus ambitieux.
Sa transition vers la réalisation ? Une percée spectaculaire
Fort de ses succès en tant que scénariste, Simon Moutaïrou fait le grand saut vers la réalisation avec « Une Île » (2019), une série télévisée qui mêle mystère et fantastique. Cette première expérience derrière la caméra est un véritable laboratoire pour lui, lui permettant de développer son propre style visuel et narratif.
Il continue sur sa lancée avec « Boîte noire » (2021), un thriller captivant qui explore les coulisses des enquêtes aéronautiques. Les défis techniques et artistiques de ce projet sont nombreux, mais Moutaïrou les surmonte avec brio, prouvant ainsi sa polyvalence et son talent de réalisateur.
Métamorphose et confirmation de son talent
L’année 2022 marque une étape cruciale dans la carrière de Simon Moutaïrou avec « Goliath« , un film acclamé par la critique qui aborde des thèmes contemporains et engagés. Les nominations et récompenses affluent, confirmant son statut de réalisateur talentueux et visionnaire. Ce succès renforce sa position dans l’industrie et lui ouvre de nouvelles perspectives.
« Ni Chaînes Ni Maîtres », une œuvre capitale et engagée
« Ni Chaînes Ni Maîtres » représente un véritable tournant dans la carrière de Simon Moutaïrou. Ce projet, mûri depuis de nombreuses années, puise ses racines dans l’histoire et les luttes pour la liberté, en particulier le marronnage, une thématique centrale pour NOFI. Inspiré par ses propres origines et les histoires de résistance des peuples africains, Moutaïrou s’immerge dans des recherches approfondies pour rendre hommage à ces héros méconnus.
Le tournage de « Ni Chaînes Ni Maîtres » n’est pas sans défis. Des obstacles financiers aux contraintes logistiques, chaque étape nécessite une détermination et une créativité sans faille. Cependant, Moutaïrou et son équipe surmontent ces difficultés avec brio, offrant au public une œuvre poignante et visuellement époustouflante. Ce film se distingue par son approche unique qui dépasse le manichéisme habituel, offrant une lecture plus historique et nuancée du sujet de l’esclavage et du marronnage.
La réception critique et publique de « Ni Chaînes Ni Maîtres » est extrêmement positive. Les premières impressions soulignent la puissance narrative et la profondeur émotionnelle du film. Simon Moutaïrou parvient à toucher le cœur du public tout en suscitant des réflexions profondes sur l’histoire et la liberté. Ce film est destiné à avoir un impact inédit sur notre communauté, pour qui le marronnage est un symbole puissant de résistance.
Quant à l’avenir, Moutaïrou ne manque pas de projets et d’ambitions. Toujours en quête de nouveaux défis, il envisage de s’attaquer à des sujets variés et de continuer à explorer les limites du cinéma. Ses prochains projets promettent d’être aussi captivants et innovants que ses œuvres précédentes.
L’avenir brillant de Simon Moutaïrou
Simon Moutaïrou a su se faire une place de choix dans l’industrie cinématographique grâce à son talent, sa détermination et sa vision unique. De ses débuts modestes à son statut actuel de réalisateur reconnu, son parcours est une source d’inspiration pour tous les passionnés de cinéma. Avec « Ni Chaînes Ni Maîtres« , il confirme son rôle de conteur et de créateur, prêt à marquer de son empreinte l’histoire du cinéma. Les perspectives d’avenir s’annoncent prometteuses, et nous attendons avec impatience de découvrir les prochaines œuvres de ce talentueux cinéaste. En collaboration avec NOFI, Moutaïrou contribue à la transmission historique et culturelle, renforçant les liens entre le cinéma et les thématiques essentielles à notre communauté.
Les tatouages sont depuis des siècles une forme d’expression culturelle en Afrique. Si certains motifs tatoués sur le corps évoquent des rites de passage ou des affiliations tribales, d’autres visent à sublimer la beauté féminine. Parmi ces pratiques ancestrales, le tatouage de bouche des femmes peules se distingue par son caractère unique, symbolique, et profondément esthétique. Ce tatouage, appelé tunpungalle, est à la fois un emblème de beauté et un marqueur identitaire, particulièrement prisé par les femmes Peules d’Afrique de l’Ouest.
Les Peuls, également appelés Fulanis, sont un peuple largement répandu à travers l’Afrique de l’Ouest et le Sahel. Nomades pour la plupart, ils se déplacent entre les frontières de nombreux pays tels que le Sénégal, le Mali, le Niger, le Cameroun et le Nigeria. Leur culture est empreinte de traditions millénaires, parmi lesquelles l’importance accordée à l’apparence physique joue un rôle central.
En Afrique de l’Ouest, les Peules sont souvent décrits comme ayant une peau plus claire que celle de leurs voisins. Ce teint est souvent considéré comme un symbole de beauté et attire l’attention, non sans susciter des stéréotypes. Dans de nombreuses cultures locales, les femmes à la peau claire, particulièrement les Peules, sont vues à la fois comme mystérieuses et envoûtantes. À travers les siècles, elles ont été associées à des qualités à la fois attractives et dangereuses, un paradoxe reflétant le pouvoir que leur apparence confère dans l’imaginaire collectif.
Dans plusieurs sociétés africaines, la peau claire est perçue comme un critère de beauté, mais aussi parfois comme un signe de danger ou de mystère. Cela peut s’expliquer par l’association symbolique entre la couleur rougeâtre, souvent attribuée à ces femmes, et le danger ou l’attirance dans de nombreuses cultures. Par ailleurs, cette association est renforcée par une tendance universelle dans différentes sociétés, où la féminité est souvent associée à un teint plus clair.
Chez les Peuls, cette perception est amplifiée par des croyances attribuant aux femmes peules des compétences mystiques, notamment en matière de magie noire. Ces femmes, bien que considérées comme particulièrement attirantes par leur teint et leur grâce, sont parfois craintes pour leur supposée maîtrise de forces surnaturelles.
Afin de sublimer cette beauté naturelle, les femmes peules ont recours à divers types de cosmétiques et de pratiques ornementales. Parmi celles-ci, le tatouage temporaire des mains et des pieds, souvent inspiré de la culture arabo-berbère, est largement pratiqué. Toutefois, l’une des pratiques les plus distinctives de la culture peule est le tatouage permanent autour de la bouche, appelé tunpungalle.
Ce tatouage définitif, généralement de couleur noire, crée un contraste saisissant avec la peau rougeâtre et les dents blanches, accentuant la beauté du sourire. Le tunpungalle est à la fois une déclaration de style et une tradition ancestrale. La technique consiste à marquer la peau autour des lèvres, souvent sur une zone délicate, avec une encre ou un pigment foncé. Ce processus, bien que douloureux, est perçu comme un rite de passage vers la beauté adulte et mature.
Signification et esthétique
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Le choix de tatouer la bouche n’est pas anodin. Dans la culture peule, la bouche est un symbole de féminité et de sensualité. Le tunpungalle vient souligner et accentuer cette partie du visage, attirant le regard vers la bouche et les dents lors d’un sourire. Ce tatouage met en valeur un contraste esthétique fort entre trois couleurs : le noir du tatouage, le rouge naturel de la peau et le blanc éclatant des dents.
En plus de cet aspect esthétique, le tunpungalle symbolise aussi un certain statut social et une appartenance à la culture peule. Il s’agit d’un signe distinctif, qui permet d’identifier les femmes de cette ethnie parmi d’autres groupes ethniques voisins. Le tunpungalle est ainsi une marque de fierté culturelle, transmise de génération en génération.
Une tradition ancienne en mutation
Au-delà de son rôle esthétique, le tunpungalle reflète les profondes racines culturelles des Peuls. Il s’agit d’une pratique qui remonte à des siècles et qui, malgré les influences extérieures, continue d’être pratiquée par certaines femmes aujourd’hui. Cependant, à l’ère moderne, avec l’accès croissant à de nouvelles formes de beauté et l’influence des modes mondiales, la pratique du tatouage de bouche tend à décliner. De nombreuses jeunes femmes peules, surtout celles vivant en milieu urbain, préfèrent aujourd’hui des formes plus temporaires d’embellissement, telles que le maquillage ou le tatouage au henné.
Le tatouage temporaire et autres pratiques cosmétiques
En plus du tunpungalle, les femmes peules pratiquent couramment le tatouage temporaire des mains et des pieds, une pratique héritée des cultures arabo-berbères, en particulier dans les régions sahariennes. Le henné est souvent utilisé pour ces tatouages temporaires, en particulier lors des cérémonies et des occasions spéciales telles que les mariages. Ces motifs éphémères sont tout aussi importants dans l’affirmation de la beauté féminine et la célébration des moments clés de la vie sociale.
Le tatouage peul, entre esthétique et héritage culturel
Le tatouage de bouche des femmes peules, ou tunpungalle, reste un symbole fort de l’identité culturelle peule. En mettant en valeur la beauté naturelle des femmes, il témoigne d’une tradition profondément ancrée dans l’histoire de ce peuple. Plus qu’un simple ornement, ce tatouage est porteur d’une symbolique liée à la féminité, à la sensualité et à la fierté ethnique.
Cependant, comme beaucoup de traditions, cette pratique est confrontée aux défis de la modernité et de la mondialisation. Si certaines femmes continuent de perpétuer cet art traditionnel, d’autres choisissent des formes plus contemporaines d’expression esthétique. Mais qu’il soit temporaire ou permanent, le tatouage, qu’il s’agisse du tunpungalle ou du henné, reste une marque indélébile de l’héritage culturel des Peuls, incarnant la beauté, la tradition et l’identité de ce peuple nomade d’Afrique de l’Ouest.
Pharaon iconique de l’Égypte antique, Akhénaton, souvent considéré comme le pionnier du monothéisme, reste une figure fascinante pour sa réforme religieuse radicale et son art non conventionnel. Né sous le nom d’Amenhotep IV, il accéda au trône au XIVe siècle avant J.-C., héritant du règne prospère de son père, Amenhotep III. Akhénaton marquera profondément l’histoire par sa tentative de bouleverser le système religieux en place en faveur d’un culte unique dédié à Aton, symbolisé par le disque solaire. Sa vision du pouvoir divin et royal continue de captiver historiens et archéologues, près de 3 300 ans après sa mort.
Akhénaton, né sous le nom d’Amenhotep (ou Aménophis en grec), voit le jour au sein d’une des plus puissantes dynasties pharaoniques de l’Égypte. Il est le fils d’Amenhotep III, un pharaon qui a régné sur l’un des empires les plus prospères de l’histoire de l’Égypte, et de la reine Tiyi, son épouse principale. Né probablement dans la seconde moitié du XIVe siècle avant notre ère, Amenhotep IV, qui deviendra Akhénaton, aurait grandi dans un environnement profondément religieux et intellectuel, où le clergé d’Amon jouait un rôle prépondérant.
Amenhotep III, également connu sous le nom d’Aménophis III, est l’un des pharaons les plus emblématiques de la XVIIIe dynastie. Sous son règne, l’Égypte connaît une période de stabilité politique, d’expansion territoriale et de prospérité économique. Père d’au moins six enfants avec la reine Tiyi, Amenhotep III voit en son fils aîné, Thoutmosis, son héritier présumé. Cependant, la mort prématurée de Thoutmosis propulse Amenhotep IV, encore jeune, sur le devant de la scène en tant que futur pharaon. C’est après cette perte que le destin du jeune Amenhotep se met en marche vers la prise du pouvoir et la mise en place de réformes qui bouleverseront l’Égypte antique.
Avant la mort de son frère aîné, Amenhotep IV ne semblait pas destiné à régner. Le prince Thoutmosis, héritier naturel d’Amenhotep III, était préparé à prendre la succession. En tant qu’aîné, il avait suivi l’éducation rigoureuse réservée aux futurs rois : une maîtrise des hiéroglyphes, des mathématiques, et des compétences dans les arts militaires. Cependant, sa disparition autour de la vingt-neuvième année de règne d’Amenhotep III propulsa Amenhotep IV dans le rôle inattendu d’héritier présomptif.
Une formation de pharaon
Comme tout jeune prince égyptien, Amenhotep IV fut probablement formé par des précepteurs du palais, qui lui enseignèrent les sciences, les lettres et l’art de la guerre. Ce n’est que plus tard que ses orientations religieuses commenceront à se démarquer. Toutefois, la formation militaire et diplomatique qu’il reçut, conjuguée à une éducation religieuse traditionnelle, fit de lui un souverain éduqué, bien qu’à l’esprit radicalement tourné vers la réforme.
L’Accession au trône et la transition vers le culte d’Aton
Amenhotep IV prit le trône d’Égypte à la mort de son père, vers l’année 1352 avant J.-C. Les premières représentations d’Amenhotep IV le montrent dans des postures classiques, avec des traits relativement conventionnels. Il prit alors le nom de couronnement Neferkheperure Waenre, qui signifie « Parfaites sont les manifestations de Rê, l’Unique de Rê ». Conformément à la tradition, il organisa les funérailles de son père et commença à honorer les dieux dynastiques, notamment Amon-Rê.
Cependant, très tôt dans son règne, Amenhotep IV exprima son intérêt croissant pour Aton, le dieu représenté par un disque solaire. Le dieu Aton n’était pas inconnu des Égyptiens, mais il occupait jusqu’alors une place secondaire dans le panthéon égyptien. Le pharaon décida d’élever Aton au-dessus des autres divinités, en le présentant comme la seule force créatrice à l’origine de toute vie sur Terre. C’est à partir de ce moment que la révolution religieuse prit forme.
La montée en puissance d’Aton
Dès la troisième année de son règne, Amenhotep IV accentua sa promotion du culte d’Aton. Il déclara être le « premier prêtre » de ce dieu et fit ériger plusieurs temples en son honneur, dont un à Karnak, au cœur même du domaine d’Amon-Rê. Toutefois, il continuait encore à se montrer sous la protection d’Amon, marquant une phase de transition entre l’ancien culte et le nouveau.
En l’an IV de son règne, le pharaon introduisit une innovation majeure : le nom d’Aton fut inscrit dans un cartouche, un privilège généralement réservé aux noms des souverains. Cela marqua le début d’une nouvelle ère dans laquelle Aton n’était plus seulement un dieu parmi d’autres, mais le seul dieu méritant un culte officiel.
Peu après le début de cette transition religieuse, une autre figure emblématique fit son apparition : Nefertiti, la grande épouse royale d’Amenhotep IV. Sa beauté légendaire et son rôle auprès du pharaon sont célébrés dans de nombreuses représentations. Le couple royal fut souvent représenté ensemble dans des scènes d’adoration devant Aton, soulignant le caractère sacré et central de cette union dans la nouvelle religion. De cette union naquirent au moins six filles, dont trois entre l’an IV et l’an VII du règne d’Akhénaton. Nefertiti joua également un rôle politique majeur, participant aux affaires du royaume aux côtés de son époux.
Le nouveau nom : Akhénaton
En l’an V de son règne, Amenhotep IV prit une décision radicale. Il changea officiellement son nom en Akhénaton, signifiant « Celui qui est utile à Aton », symbolisant son dévouement exclusif à cette divinité solaire. Il annonça également la construction d’une nouvelle capitale, Akhetaton, située à mi-chemin entre Thèbes et Memphis, sur un site aujourd’hui connu sous le nom de Tell el-Amarna. Ce choix marqua une rupture totale avec l’ancienne capitale, Thèbes, siège du clergé d’Amon, qui refusait d’adopter la nouvelle religion. Akhetaton, la « ville de l’Horizon d’Aton », devint rapidement le centre religieux et politique de l’Égypte.
Avec la fondation d’Akhetaton, Akhénaton introduisit également une nouvelle esthétique dans l’art égyptien. Cette période, appelée l’art amarnien, se distingue par une représentation plus naturaliste des personnages. Les scènes montrant le pharaon et sa famille rompent avec les représentations rigides de la tradition égyptienne. Akhénaton est souvent représenté avec des traits physiques particuliers : un visage allongé, des hanches larges, et un corps presque androgynique. Certaines théories suggèrent que ces représentations pourraient refléter une véritable maladie génétique, bien que cela reste débattu.
Cet art révolutionnaire mettait également en scène des moments plus intimes, notamment des scènes de tendresse entre Akhénaton, Nefertiti, et leurs enfants, rompant avec la froideur hiératique des représentations royales traditionnelles.
Le culte d’Aton et la répression des autres divinités
À partir de l’an VII, Akhénaton intensifia sa répression des anciens cultes. Le nom d’Amon fut systématiquement effacé des monuments, et les temples dédiés à d’autres divinités furent fermés ou réaffectés au culte d’Aton. Cette campagne de suppression se heurta toutefois à une résistance considérable, notamment de la part du puissant clergé thébain. En dépit de ces efforts, le culte d’Aton ne parvint jamais à s’imposer massivement au sein de la population égyptienne, profondément attachée à ses divinités traditionnelles.
La politique extérieure sous Akhénaton
Sur la scène internationale, le règne d’Akhénaton coïncida avec une période d’instabilité. L’Empire égyptien, qui dominait alors la Syrie-Palestine, vit son influence diminuer au profit des Hittites, un empire en pleine expansion. Grâce à des lettres écrites en akkadien, retrouvées à Tell el-Amarna, nous savons qu’Akhénaton entretenait des relations diplomatiques avec les grandes puissances de l’époque, notamment les Mitanniens, les Assyriens, et les Babyloniens. Cependant, ses relations avec ses vassaux syriens et cananéens furent tendues, ces derniers se révoltant à plusieurs reprises contre l’autorité égyptienne.
Les dernières années et la mort d’Akhénaton
Les dernières années du règne d’Akhénaton furent marquées par des épreuves personnelles et politiques. Sur le plan familial, le pharaon perdit plusieurs de ses filles et sa mère, la reine Tiyi, lors d’une possible épidémie. Sur le plan extérieur, l’Égypte perdait peu à peu son emprise sur ses territoires en Asie, menacés par l’expansion hittite. Le pharaon tenta de maintenir un état tampon, Amourrou, mais les tensions avec les Hittites et la rébellion de Qadesh affaiblirent encore davantage l’Égypte.
Akhénaton mourut après dix-sept ans de règne, laissant derrière lui un empire affaibli et une révolution inachevée. Son fils, Toutankhaton, rebaptisé Toutankhamon, revint rapidement au culte d’Amon, effaçant presque toute trace du règne de son père.
L’héritage d’Akhénaton est complexe. Bien que son règne ait été en grande partie effacé des archives officielles, il demeure aujourd’hui une figure fascinante de l’histoire égyptienne. Sa tentative d’instaurer un culte monothéiste a souvent été comparée à d’autres mouvements religieux ultérieurs, notamment dans le judaïsme, l’islam et le christianisme. Son hymne à Aton, texte religieux majeur de cette période, est parfois vu comme une des premières expressions du monothéisme.
Si son culte d’Aton ne survécut pas à sa mort, Akhénaton marqua l’histoire par son audace et sa volonté de réforme, illustrant à quel point la religion et la politique étaient indissociables dans l’Égypte ancienne. Aujourd’hui encore, son règne continue d’alimenter les débats sur la religion, l’art et le pouvoir dans l’Antiquité.
Sommaire
Références
Théophile Obenga (1990), La philosophie africaine de la période pharaonique : 2780-330 avant notre ère, Paris : l’Harmattan.
Marc Gabolde (2005), Akhenaton, du mystère à la lumière, Paris : Gallimard.
Fabien Hertier (2012), « Deux mentions du prænomen d’Akhénaton dans une encyclopédie byzantine du Xe siècle », ENIM 5, p. 115-117.
Dimitri Laboury (2010), Akhénaton, Paris : Pygmalion.
Découvrez l’histoire fascinante du royaume de Kerma, grand rival de l’Égypte pharaonique, et sa riche culture nubienne.
Vers 2500 avant J.-C., au sud de l’Égypte actuelle, un État puissant s’organise autour de la ville de Kerma, dans ce qui est aujourd’hui le Soudan. Cet État, plus tard connu sous le nom de Kouch1, deviendra l’un des plus grands rivaux de l’Égypte pharaonique, marquant ainsi une étape clé dans l’histoire de l’Afrique ancienne. Vers 2000 avant J.-C., Kerma se hisse au rang de grande puissance régionale, avec une société complexe et une culture distincte, capable de rivaliser avec l’imposante civilisation des pharaons.
Une population pluri-ethnique
L’histoire des Kouchites débute avec la migration des populations vivant autrefois le long du Wadi Howar, un affluent aujourd’hui asséché du Nil, qui reliait autrefois la Nubie à des régions plus à l’ouest. Ces populations, ancêtres des Nubiens modernes, ainsi que des Nara d’Érythrée, contribuèrent à la fondation de Kerma. L’archéologie a permis de mettre en évidence le caractère pluri-ethnique de cette société. L’analyse des crânes retrouvés dans les cimetières contemporains du royaume de Kouch révèle une diversité physique notable. Certains individus, de grande taille et au visage prognathe2, présentaient des traits similaires aux populations du Kenya actuel, tandis que d’autres, plus proches des Égyptiens anciens, avaient des nez plus étroits et un prognathisme moindre. L’élite dirigeante de Kouch, quant à elle, possédait une apparence plus trapue, ressemblant aux Égyptiens mais avec une stature plus robuste.
Ces divers groupes ethniques cohabitaient au sein du royaume de Kerma, contribuant à la richesse et à la diversité culturelle de cette civilisation. La majorité de la population semble cependant avoir été constituée de Nubiens, qui partagent aujourd’hui encore des traits physiques et culturels avec leurs ancêtres kouchites.
Bien que la langue des Kouchites de Kerma n’ait pas été transcrite, les recherches récentes menées par des linguistes comme Claude Rilly3 ont révélé qu’elle appartenait probablement à la même famille que les langues nubiennes modernes. Cette langue, parlée par l’élite dirigeante de Kerma, était vraisemblablement similaire au nara4, parlé en Érythrée, et au nyimang5. Toutefois, l’écriture n’était pas couramment utilisée à Kerma pour retranscrire la langue locale. Les rares inscriptions retrouvées dans la région sont des hiéroglyphes égyptiens, servant principalement aux échanges diplomatiques et commerciaux avec l’Égypte.
Le legs le plus impressionnant de la culture kouchite réside dans son architecture monumentale. Parmi les ruines les plus emblématiques de Kerma se trouvent les « deffufas« , de massifs temples de brique qui servaient de centres religieux et sociaux. En outre, l’architecture funéraire de Kerma est unique en son genre. Les tombes royales, souvent de forme circulaire, étaient décorées de crânes de bovins, une référence directe au dieu-bélier vénéré par les Kouchites. Ce culte du bélier, associé au dieu solaire Mash, souligne l’importance de la religion dans cette société. Certains rituels funéraires comprenaient également des sacrifices humains, une pratique destinée à accompagner le défunt dans l’au-delà, témoignant de la sacralité de la mort chez les Kouchites.
Les Kouchites excellaient également dans le travail des matières premières. Ils étaient des éleveurs de bovins et caprins, mais aussi des artisans habiles. Ils produisaient des céramiques distinctives, comme la fameuse poterie rouge à bord noir, et maîtrisaient le travail du bronze, notamment pour la fabrication d’armes. Ces productions artisanales attestent d’un haut degré de sophistication culturelle.
Kouch, un ennemi de l’Égypte
Dans les textes égyptiens, le royaume de Kouch apparaît dès ses débuts comme un adversaire de l’Égypte pharaonique. Situé en Haute Nubie, Kouch était distinct de la Basse Nubie, qui faisait l’objet d’un contrôle égyptien sous la forme de l’État de Wawat. Les populations de ces deux régions, bien que différentes politiquement, étaient collectivement désignées sous le terme « Nehesiou » par les Égyptiens, un mot qui pourrait signifier « ceux qui marmonnent des incantations« 6 [4], en raison de la réputation de magiciens attribuée aux Kouchites.
Dans les premières décennies du IIe millénaire avant J.-C., le roi égyptien Amenemhat Ier entreprit une série de campagnes militaires dans la région et annexa Wawat. Les Égyptiens y établirent des forteresses pour contrôler les routes commerciales et les richesses de la Basse Nubie. Cependant, leur influence sur Kouch resta limitée.
Une résistance persistante et une invasion manquée
Sous le règne de Sésostris Ier7, l’Égypte tenta d’étendre son contrôle sur Kouch. Bien que l’invasion fût partiellement réussie, elle ne parvint pas à soumettre totalement le royaume, qui continua de payer un tribut sans être annexé. Ce statu quo dura jusqu’à l’affaiblissement temporaire de l’Égypte sous la domination des Hyksos, au nord du pays. Durant cette période, Kouch en profita pour étendre son influence en Basse Nubie, conquérant les forteresses égyptiennes de la région et établissant ainsi une domination temporaire sur le sud de l’Égypte.
Au XVIe siècle avant J.-C., une coalition de Kouch, des populations de Wawat, des Medjay8 et des peuples de Pount, infligea une lourde défaite à l’Égypte9, la pillant sans toutefois chercher à l’occuper. Ce succès militaire fut éphémère, car l’Égypte se releva sous les pharaons Thoutmôsides, qui reprirent le contrôle de la Nubie et soumirent Kouch.
L’héritage durable de Kerma
Malgré la colonisation égyptienne qui suivit, le royaume de Kouch, et plus particulièrement la civilisation de Kerma, laissa une empreinte indélébile sur l’histoire africaine. Le royaume de Méroé, qui succéda à Kerma des siècles plus tard, hérita en grande partie des structures politiques et culturelles mises en place durant cette première période.
Le royaume de Kerma, avec sa diversité ethnique, son architecture monumentale et ses traditions religieuses et artisanales, reste un exemple marquant de la sophistication des civilisations africaines pré-coloniales. Son rôle en tant que rival de l’Égypte, ainsi que son influence durable sur les royaumes qui lui succédèrent, en font un sujet d’étude fascinant, souvent méconnu mais crucial pour comprendre l’histoire de l’Afrique antique.
Appelé ks, k3s, kš ou k3š dans les textes égyptiens. ↩︎
On appelle ainsi le fait d’avoir la mâchoire plus ou moins projetée vers l’avant. ↩︎
Cf. Claude Rilly (2007), La langue du royaume de Méroé : un panorama de la plus ancienne culture écrite d’Afrique subsaharienne, Paris : H. Champion, et Claude Rilly (2010), Le méroïtique et sa famille linguistique, Louvain : Peeters. ↩︎
Nara (langue) : La langue Nara est une langue nilo-saharienne parlée par les Nara, un groupe ethnique vivant principalement en Érythrée. Elle est proche des langues nubiennes modernes, comme celles des Nubiens du Soudan, et partage probablement des racines communes avec la langue des anciens Kouchites. ↩︎
Nyimang (langue) : Le Nyimang est une langue parlée par les populations vivant dans les montagnes de Nuba, au Soudan. Comme les langues nubiennes modernes, elle appartient à la famille des langues nilo-sahariennes et pourrait avoir des liens avec la langue des anciens habitants du royaume de Kerma. ↩︎
Cf. R.L.P. Etilé (2003), Étude sur une civilisation négro-africaine, l’Égypte antique, Paris : Menaibuc. ↩︎
Sésostris Ier : Pharaon de la XIIe dynastie (r. 1971-1926 avant J.-C.), Sésostris Ier est connu pour ses campagnes militaires en Nubie et ses tentatives d’étendre l’influence égyptienne sur le royaume de Kouch. Bien qu’il ait réussi à imposer un tribut à Kouch, il n’a pas annexé ce royaume, qui continua d’exister en tant qu’entité distincte. ↩︎
Medjay : Les Medjay étaient un peuple nubien originaire de la région entre la première et la deuxième cataracte du Nil. Ils étaient réputés pour leur bravoure et leurs compétences en tant que guerriers et éclaireurs. Sous l’Empire égyptien, ils furent intégrés dans les forces militaires et devinrent une importante force de police dans les déserts égyptiens et à la frontière nubienne. ↩︎
Dalya Alberge (28 juillet 2003), Tomb Reveals Ancient Egypt’s Humiliating Secret, The Times (Londres). ↩︎
Daniel Dubois inflige un KO à Anthony Joshua au cinquième round à Wembley, conservant son titre IBF des poids lourds. Une victoire décisive pour Dubois.
Le samedi 21 septembre 2024, un Wembley incandescent a été le théâtre d’un événement sportif majeur : la confrontation entre Daniel Dubois et Anthony Joshua, deux des plus grands poids lourds britanniques. Ce combat tant attendu a vu Dubois infliger un KO saisissant à Joshua au cinquième round, confirmant son statut de champion IBF des poids lourds et faisant un grand pas vers une future unification des ceintures. Retour sur une soirée historique de boxe anglaise.
Une ambiance électrique à Wembley
Dans un stade plein à craquer, avec 96 000 fans en délire, l’atmosphère était déjà électrique bien avant le début du combat. Daniel Dubois, 27 ans, et Anthony Joshua, 34 ans, se préparaient pour ce qui devait être une bataille acharnée. Joshua, ancien champion olympique en 2012 et figure emblématique de la boxe mondiale, espérait se relancer après une série de défaites, tandis que Dubois, plus jeune et en pleine ascension, avait la ferme intention de prouver qu’il était désormais le roi des poids lourds.
Tous les ingrédients étaient réunis pour une soirée d’anthologie. Joshua, connu pour sa puissance et son jeu de jambes impressionnant, devait faire face à un Dubois au sommet de son art, jeune et affamé de victoires. De nombreux experts de la boxe prédisaient un duel serré, certains pensant même que l’expérience de Joshua pourrait faire la différence face à la fougue de son adversaire. Mais la réalité s’est révélée bien différente.
Un début de combat dominé par Dubois
Dès le premier round, le ton était donné. Dubois a pris rapidement l’ascendant en plaçant un crochet du droit puissant qui a immédiatement envoyé Joshua au sol. Bien que celui-ci se soit relevé, il est apparu évident qu’il était sonné et que le combat ne serait pas aussi équilibré que prévu. Dubois, sans jamais relâcher la pression, a continué à dominer son adversaire, enchaînant les coups précis et dévastateurs.
Joshua, habituellement très résistant, semblait dépassé. Il a tenté de revenir dans le combat lors des deuxième et troisième rounds, mais chaque tentative de contre-attaque était neutralisée par la puissance de Dubois. Le troisième round a vu Joshua au tapis pour la deuxième fois de la soirée, et au quatrième, la situation s’est encore empirée pour lui. À chaque coup reçu, l’écart entre les deux combattants se creusait.
Le KO décisif au cinquième round
Alors que Joshua montrait des signes de reprise en début de cinquième round, Dubois a su exploiter une ouverture cruciale. Lors d’une tentative de contre de Joshua, Dubois l’a contré avec un uppercut fulgurant, suivi d’un crochet gauche qui a définitivement scellé le sort du combat. Joshua s’est effondré sur le ring, incapable de se relever avant la fin du compte. Le public, stupéfait, a assisté à la chute d’un des plus grands boxeurs britanniques des dernières décennies.
Cette victoire est sans conteste la plus belle de la carrière de Dubois. En dominant Joshua de manière aussi éclatante, il conserve sa ceinture IBF des poids lourds, une ceinture qu’il avait récupérée en juin dernier face à Filip Hrgović. Dubois affiche désormais un palmarès impressionnant de 22 victoires (dont 21 par KO) pour seulement deux défaites.
Quelles perspectives pour Dubois ?
Grâce à cette victoire marquante, Daniel Dubois se positionne désormais comme un sérieux prétendant à l’unification des titres mondiaux. Le boxeur londonien n’a d’ailleurs pas caché ses ambitions après le combat. « Je suis un gladiateur ! Je suis un guerrier jusqu’au bout ! Je veux atteindre le plus haut niveau de ce sport et réaliser mon potentiel ! », a-t-il lancé au micro, sous les acclamations de la foule.
Dans sa ligne de mire, un duel contre le vainqueur du choc entre Alexander Usyk et Tyson Fury, prévu pour le 21 décembre prochain. Usyk, champion WBA, WBC et WBO, et Fury, détenteur d’une ceinture mondiale, s’affronteront pour le titre ultime. Les deux boxeurs étaient d’ailleurs présents à Wembley pour assister à la rencontre Dubois-Joshua. Avec sa performance magistrale, Dubois espère maintenant les affronter pour unifier les ceintures et inscrire son nom parmi les plus grands de la boxe.
Joshua en fin de carrière ?
De son côté, l’avenir d’Anthony Joshua est incertain. Cette quatrième défaite en trois ans, après celles contre Andy Ruiz Jr et deux défaites consécutives contre Usyk, marque un coup dur pour celui qui était considéré comme l’un des meilleurs poids lourds de sa génération. À bientôt 35 ans, Joshua voit son retour au sommet s’éloigner.
Cependant, tout n’est peut-être pas terminé pour l’ancien champion olympique. Selon son promoteur, une clause de revanche était incluse dans le contrat de ce combat, ouvrant la possibilité d’une nouvelle confrontation avec Dubois. Mais après cette défaite écrasante, Joshua doit sérieusement envisager s’il a encore la force et la détermination nécessaires pour revenir au plus haut niveau. Les critiques fusent, certains analystes estimant que son époque dorée est révolue, tandis que d’autres pensent qu’il peut encore surprendre, à condition d’ajuster son entraînement et sa stratégie.
Une soirée qui redéfinit la boxe britannique
Le choc entre Dubois et Joshua ne se limitait pas à un simple combat de boxe. Il symbolisait un passage de témoin dans la hiérarchie des poids lourds britanniques. En dominant de manière aussi nette son aîné, Dubois a clairement annoncé qu’il est désormais le visage de la boxe anglaise et un sérieux prétendant aux titres mondiaux.
Le public de Wembley, qui espérait un spectacle grandiose, n’a pas été déçu. Ce KO au cinquième round restera dans les mémoires comme l’un des moments forts de l’histoire récente de la boxe. Pour Dubois, la route vers la gloire semble tracée, tandis que pour Joshua, l’heure est à la réflexion. Quel que soit l’avenir, cette soirée du 21 septembre 2024 restera gravée dans l’histoire du noble art.
Daniel Dubois a confirmé son ascension fulgurante dans le monde de la boxe avec une victoire spectaculaire contre Anthony Joshua. En infligeant un KO retentissant à Wembley, il s’est affirmé comme l’un des meilleurs poids lourds du moment et s’apprête à défier les plus grands, notamment Usyk et Fury. Joshua, quant à lui, voit sa carrière vaciller après cette nouvelle défaite. Le futur de la boxe britannique est désormais entre les mains de Dubois, qui n’a qu’un seul objectif : devenir champion du monde unifié.
Après nous avoir fait (re)découvrir le film Boyz N The Hood, Pascal Archimède nous invite cette fois-ci à explorer un autre film culte des années 1990: New Jack City.
Sorti en 1991, New Jack City, réalisé par Mario Van Peebles, est un film emblématique de la culture urbaine américaine qui a marqué non seulement l’histoire du cinéma, mais aussi celle de la culture afro-américaine et hip-hop. Ce film s’inscrit dans un contexte de montée de la violence et du trafic de drogues dans les grandes villes américaines des années 1980, notamment avec l’épidémie de crack qui ravageait les quartiers afro-américains à cette époque.
L’histoire
Le film raconte l’ascension et la chute de Nino Brown, incarné par Wesley Snipes, un trafiquant de drogues impitoyable qui construit un empire criminel basé sur la distribution de crack à New York. Avec son gang, le Cash Money Brothers, il prend le contrôle d’un immeuble entier qu’il transforme en forteresse de la drogue. Face à cette montée en puissance, une équipe de policiers menée par Scotty Appleton (Ice-T) et Nick Peretti (Judd Nelson) tente de démanteler l’organisation de Nino. Le film expose de manière crue les effets dévastateurs du trafic de drogue sur la communauté afro-américaine et les tensions entre les criminels et les forces de l’ordre.
Contexte de Réalisation
New Jack City a été réalisé à une époque où le crack, une forme bon marché et puissante de cocaïne, ravageait les communautés afro-américaines des centres urbains. L’épidémie de crack, qui a commencé au milieu des années 80, a entraîné une augmentation drastique des taux de criminalité, des incarcérations et des tensions entre les habitants des quartiers touchés et les autorités. Le film capture cet environnement avec une attention particulière à la réalité brutale des ghettos urbains et au désespoir économique qui pousse de nombreux jeunes hommes et femmes à entrer dans le monde du crime.
Le réalisateur, Mario Van Peebles, fils de la légende du cinéma indépendant Melvin Van Peebles, a voulu créer un film qui reflète la complexité de la lutte des Afro-Américains face à la drogue, mais aussi mettre en lumière la relation ambivalente que la société entretenait avec les trafiquants comme Nino Brown, qui, malgré leurs actions destructrices, étaient vus comme des héros par certains jeunes en quête de pouvoir et d’argent.
Impact sur la Communauté Afro-Américaine
New Jack City a eu un impact significatif sur la communauté afro-américaine en mettant en lumière les problèmes internes auxquels elle était confrontée, notamment l’épidémie de crack et la dévastation sociale et familiale qu’elle a causée. Le personnage de Nino Brown, bien que charismatique et emblématique, a servi de représentation de la façon dont le capitalisme sauvage et le désespoir pouvaient détruire des vies et des quartiers entiers.
Le film a aussi ouvert la voie à d’autres productions cinématographiques mettant en scène la réalité des ghettos et des communautés afro-américaines face à la drogue et la criminalité, comme Boyz n the Hood ou Menace II Society. Ces films ont permis une prise de conscience nationale sur les réalités vécues par les Afro-Américains des centres urbains, souvent ignorées par les médias « dominants« .
Impact sur la Culture Hip-Hop
La sortie de New Jack City a coïncidé avec l’explosion du Gangsta Rap et a contribué à façonner l’esthétique et les thèmes explorés dans la musique hip-hop. Nino Brown est devenu une figure iconique dans la culture rap, symbolisant à la fois l’ascension par la criminalité et l’inévitable chute. De nombreux artistes de rap ont fait référence au film dans leurs chansons, soulignant son influence durable sur le genre.
L’un des aspects clés du film est aussi sa bande-son, qui mêle des morceaux de hip-hop et de R&B. La bande originale de New Jack City présente des artistes tels que Ice-T, qui joue également dans le film, ainsi que des légendes du R&B comme Keith Sweat. Ce mélange de musique et de cinéma a renforcé les liens entre le rap et la culture de rue, solidifiant ainsi l’influence réciproque entre les deux mondes.
Héritage et Impact Aujourd’hui
Près de 30 ans après sa sortie, New Jack City reste un film culte. Il est encore fréquemment cité dans les discussions sur la représentation des Afro-Américains dans le cinéma et sur l’influence des récits de gangsters dans la culture populaire. Le film a non seulement capturé un moment précis de l’histoire urbaine américaine, mais il a aussi contribué à façonner l’imaginaire collectif sur le monde de la drogue et du crime dans les quartiers défavorisés.
Aujourd’hui, le film continue de résonner avec les nouvelles générations, notamment à travers la culture hip-hop qui, même après plusieurs décennies, s’inspire toujours de la réalité urbaine et des figures criminelles charismatiques comme Nino Brown. Des artistes contemporains évoquent encore des thèmes similaires, liant criminalité, capitalisme et survie dans leurs œuvres. La pièce de théâtre “New Jack City Live” adaptée du film, met en scène des artistes tels que Treach du groupe Naughty by Nature (dans le rôle de Nino Brown) ou encore le rapper Big Daddy Kane. Depuis son lancement en 2022, la pièce tourne dans plusieurs grandes villes américaines, offrant une expérience théâtrale immersive aux fans de la culture urbaine.
Assistez à game over vol. 3, le 5 octobre 2024 à l’adidas arena, un show explosif réunissant le gratin du rap français pour une soirée mémorable.
Le compte à rebours est lancé pour l’un des événements les plus attendus de l’année dans le paysage musical urbain français. Game Over Vol. 3, l’apogée d’une trilogie légendaire, s’apprête à enflammer la scène de l’Adidas Arena à Paris le samedi 5 octobre 2024. Organisé par Live Nation, ce concert XXL promet une soirée mémorable, où rappeurs, stars montantes et poids lourds de la scène urbaine française se retrouveront pour une expérience inédite et explosive.
Un événement qui a marqué l’histoire du rap
Game Over n’est pas simplement une série de concerts, c’est devenu un véritable phénomène culturel. L’histoire a commencé en 2018 avec Game Over Vol. 1, qui avait rempli le Zénith et conquis le public avec un album vendu à plus de 50 000 exemplaires, certifié disque d’or. Cet événement a posé les bases de ce qui allait devenir une référence incontournable pour la scène musicale urbaine. L’année suivante, Game Over Vol. 2 a enflammé l’AccorHotels Arena, consolidant encore davantage sa place centrale dans l’industrie du rap en France.
Aujourd’hui, la trilogie atteint son apogée avec Game Over Vol. 3. Ce n’est pas juste un concert, mais la conclusion de plusieurs années de succès retentissants, célébrant le meilleur du rap urbain français, avec une énergie et une intensité qui en font un événement incontournable. Rendez-vous le 5 octobre 2024 pour ce moment historique à l’Adidas Arena.
Un line-up exceptionnel pour une soirée légendaire
Pour cette dernière édition, le line-up est tout simplement impressionnant. Game Over Vol. 3 réunit une pléiade d’artistes qui font vibrer les scènes et les playlists urbaines. Parmi les grands noms confirmés : Franglish, Keblack, Gradur, Koba La D, L2B, Guy2Bezbar, KRK, Kany, Imen ES, Saamou, La Mano 1.9, JKSN, Genezio, Gaulois, Kaza, Roshi, Fresh, Bolemvn, Waiv, Kerchak, Negrito, Gambino La MG, Skima La D, ISK, Kayna Samet, Prototype, Nahir, MIG, Mayo, Yaro, Lim’s, et bien d’autres encore !
Ce mélange explosif entre vétérans du rap français et jeunes talents promet de faire vibrer l’Adidas Arena. Que vous soyez fan de la nouvelle génération ou nostalgique des classiques, cette soirée sera un véritable kaléidoscope du meilleur de la scène urbaine. Les fans ne voudront sous aucun prétexte manquer ce line-up d’élite, où chaque artiste apportera son propre style, son flow unique, pour une soirée qui promet d’être inoubliable.
Une soirée au cœur de la culture urbaine
Plus qu’un simple concert, Game Over Vol. 3 est un rendez-vous culturel majeur, célébrant le mouvement rap et l’impact de la culture urbaine en France. Avec le rap désormais solidement ancré comme le genre musical le plus streamé dans l’Hexagone, cette édition marque une véritable consécration. Elle représente un hommage vibrant à tous les artistes qui façonnent cette scène, tout en propulsant la nouvelle génération vers de nouveaux sommets.
Le 5 octobre 2024, l’Adidas Arena ne sera pas seulement un lieu de concert, mais une véritable arène où des flows, des punchlines, et des rythmes percutants se mêleront pour une communion musicale unique. Game Over Vol. 3 met en avant la richesse et la diversité du rap français, en rassemblant des voix singulières autour d’une même scène.
Pourquoi Game Over Vol. 3 est l’événement à ne pas manquer ?
Si vous êtes passionné par la scène rap, il n’y a aucun doute : Game Over Vol. 3 est LE rendez-vous à inscrire sur votre calendrier. En plus de rassembler une brochette d’artistes talentueux, l’événement offre une occasion rare de vivre une performance live exceptionnelle dans l’une des plus grandes salles parisiennes, l’Adidas Arena.
Cette scène, emblématique pour accueillir les plus grands événements musicaux, servira de cadre à une soirée où le rap sera célébré dans toute sa grandeur. L’énergie sera à son comble, et le public, fidèle à l’événement depuis le premier volume, est prêt à faire de ce dernier volet une expérience gravée dans les mémoires.
Comment assister à ce spectacle ?
Avec un tel line-up et une attente aussi forte, il est évident que les places vont partir très vite. Les billets sont disponibles sur www.adidasarena.com et Live Nation Concerts, alors ne perdez pas de temps ! Les fans savent que cette soirée sera un moment historique, un véritable sommet de la culture rap en France.
Ne manquez pas cette dernière occasion de faire partie de cette aventure Game Over, qui s’achève avec cette troisième édition. Soyez au cœur de l’action le 5 octobre 2024 à l’Adidas Arena et laissez-vous emporter par l’énergie brute de la scène urbaine française. Le compte à rebours est lancé, et il est temps de se préparer à vivre une soirée légendaire.
Réservez dès maintenant vos places pour Game Over Vol. 3 et préparez-vous à être témoins de l’aboutissement d’une trilogie qui a marqué l’histoire du rap en France. Soyez prêts pour une expérience unique, où l’histoire, la musique et la culture urbaine se rencontreront pour une nuit mémorable !
L’histoire du Maroc est marquée par des récits complexes et souvent méconnus qui retracent la présence et l’influence des Noirs dans la fondation et le développement de plusieurs grandes villes du pays. Des villes emblématiques comme Marrakech, Sidjilmassa, et Fès sont associées, dans diverses traditions et récits historiques, à des figures noires qui ont marqué leur fondation ou leur évolution.
Nofi explore ces récits en mettant en lumière les origines et le rôle des Noirs dans ces cités marocaines.
Beyoncé redonne vie à l’histoire oubliée du Chevalier de Saint-George, un génie guadeloupéen du XVIIIe siècle, dans son dernier album Cowboy Carter. Quand la musique country rencontre les racines afro-descendantes, ça donne un hommage puissant et inspirant.
Quand Beyoncé fait un move, ça ne passe jamais inaperçu. Après avoir retourné l’industrie musicale avec Renaissance en 2022, elle revient en force en mars dernier avec Cowboy Carter, un album qui mêle country, héritage afro-américain et références historiques. Et dans la tracklist, il y a un morceau qui attire particulièrement l’attention : « Daughter« . Non seulement parce qu’il sort des codes habituels du genre, mais surtout parce qu’il contient un sample d’un compositeur guadeloupéen du XVIIIe siècle, Joseph Bologne de Saint-George, aussi connu sous le nom de Chevalier de Saint-George. Oui, Queen B a encore frappé.
Quand la Country rencontre l’histoire oubliée des pionniers Noirs
La couverture de l’album de Beyonce, « Cowboy Carter » sorti chez Parkwood / Columbia / Sony. PARKWOOD/COLUMBIA/SONY/AP
On ne s’attendait pas à ça, mais c’est exactement ce qui fait la magie de Beyoncé. Pour cette onzième piste de Cowboy Carter, elle a été puiser dans l’œuvre de Joseph Bologne de Saint-George, musicien, violoniste, et maître d’escrime guadeloupéen, fils d’une captive africaine et d’un nobliau français. Né en 1745 près de Basse-Terre, ce prodige est devenu l’un des compositeurs les plus influents de son temps en France. Son histoire est méconnue, mais pas pour longtemps.
Joseph Bologne de Saint-George, aka le Chevalier de Saint-George, c’est l’histoire d’un gosse né esclave en Guadeloupe, qui débarque en France et pète les scores, que ce soit à l’escrime ou au violon. Un talent brut qui ne met pas longtemps à exploser à Paris, où il devient une star des salons et des concerts. Il dirige le Concert des Amateurs, joue pour Marie-Antoinette, et compose des œuvres qui cartonnent, malgré un plafond de verre raciste qui l’empêche de prendre pleinement la lumière. Et pourtant, ce mec-là aurait dû être une légende, si ce n’était pas pour les limites imposées par son époque.
Saint-George, c’était aussi un combattant. En plein tourbillon révolutionnaire, il forme une unité militaire d’Afro-descendants pour défendre la République. Il traîne avec le prince de Galles, voyage à travers l’Europe, et reste une figure centrale, mais toujours confronté aux préjugés qui finissent par l’emporter. Pourtant, son histoire ne tombe pas dans l’oubli grâce à des artistes comme Beyoncé qui utilisent leur plateforme pour réparer les oublis de l’histoire. Dans une interview avec GQ US, Beyoncé explique pourquoi elle a samplé Saint-George dans « Daughter » :
« C’était si important pour moi. C’est un hommage à la vision du Chevalier de Saint-George. J’espère que cela incitera les artistes, ainsi que les fans, à approfondir leurs connaissances sur les pionniers noirs de la musique, qui sont passés avant nous. »
Le message est clair : il est temps de redonner aux artistes noirs leur place dans l’histoire musicale.
En redonnant vie à son œuvre dans son album Cowboy Carter, Beyoncé fait plus que de la musique : elle engage une conversation, une réécriture de l’histoire. Elle rappelle que les pionniers noirs, comme Saint-George, ont posé les bases de bien des sons qu’on adore aujourd’hui, et que leur contribution mérite d’être reconnue et célébrée. Parce qu’au final, c’est ça aussi le pouvoir de la musique : reconnecter le présent avec un passé qui ne demande qu’à être révélé.
« Daughter » ou quand le classique rencontre le moderne
Là où Beyoncé sort vraiment du lot, c’est dans sa capacité à mêler passé et présent. « Daughter » commence comme un morceau country classique, puis évolue vers une fusion audacieuse de sonorités modernes et classiques. À la fin du morceau, les cordes qui prennent le relais proviennent directement du Concerto pour violon en ré majeur, opus 3, N°1: Adagio du Chevalier de Saint-George. Un clin d’œil subtil mais puissant à un génie oublié.
Le sampling, c’est un art. Et dans ce cas précis, c’est aussi un acte de réappropriation culturelle. Beyoncé ne se contente pas de revisiter un genre comme la country, elle y ajoute une dimension éducative, en nous poussant à creuser plus loin, à découvrir ces figures historiques effacées par le récit dominant. Le but ? Remettre les pendules à l’heure.
Une trilogie musicale pour célébrer les racines afro-américaines
Il s’agit de la pochette de l’album Renaissance de l’artiste Beyoncé. Parkwood Entertainment et Columbia Records
Cowboy Carter n’est que le deuxième chapitre d’une trilogie que Beyoncé a débutée avec Renaissance. Avec cette série d’albums, elle s’attaque à plusieurs genres musicaux qui, au fil du temps, se sont vus déconnectés de leurs racines noires. Après la house et la country, les fans attendent avec impatience le dernier volet de cette trilogie. Et si on se fie à ce qu’elle nous a déjà offert, ce sera encore une claque.
Pour Beyoncé, ce n’est pas juste de la musique. C’est une mission. Une manière de dire au monde que l’histoire doit être réécrite, que les contributions des Noirs doivent être reconnues et célébrées. Elle le fait avec style, avec créativité, et avec cette puissance qui la rend incontournable. « Certains des artistes les plus talentueux n’accèdent jamais aux louanges du grand public, surtout lorsqu’ils défient la norme, » déclare-t-elle. Et à travers cette trilogie, elle cherche à inverser la tendance.
Un acte de résistance et de réécriture culturelle
On le sait, Beyoncé est bien plus qu’une chanteuse. Elle est une conteuse d’histoires, une activiste, et une icône culturelle. Cowboy Carter est une preuve de plus de sa volonté de se réapproprier l’histoire, de briser les codes et de célébrer la diversité sous toutes ses formes. C’est un rappel que la culture noire a toujours été et sera toujours au centre de la création artistique.
Alors, que peut-on attendre de Queen B pour la suite ? Si cette trilogie nous a appris quelque chose, c’est de ne jamais sous-estimer sa capacité à surprendre et à éduquer. En attendant, plongez dans Cowboy Carter et laissez-vous emporter par cette fusion unique de country et d’histoire oubliée. Parce que, comme toujours, Beyoncé ne fait rien par hasard.
Le Festival des Littératures Africaines revient pour sa 9ème édition, du 11 au 13 octobre 2024, à la Maison des Confluences à Nantes. Cet événement annuel célèbre la richesse et la diversité de la littérature africaine, et cette année, il met en avant les Nouvelles Voix Émergentes.
Programme du festival
Le festival propose un programme varié qui ravira les amateurs de littérature de tous âges :
Marché du livre : Venez découvrir et acheter des livres d’auteurs africains contemporains et classiques.
Rencontres littéraires et dédicaces : Échangez avec vos auteurs préférés et faites dédicacer leurs ouvrages.
Atelier de livres jeunesse : Les plus jeunes pourront participer à des lectures animées et des ateliers créatifs, leur permettant de découvrir la richesse de la littérature africaine dès leur plus jeune âge.
Atelier d’écriture : Participez à des ateliers d’écriture animés par des auteurs et des professionnels du domaine pour apprendre les techniques d’écriture et développer votre propre style littéraire.
Concours d’écriture : Montrez vos talents littéraires et remportez des prix attractifs.
Moments de convivialité : Profitez de moments d’échanges et de convivialité autour de la littérature.
Concours d’écriture TS-ASPROBIR
L’association TS-ASPROBIR est fière de lancer son concours d’écriture pour la 9ème édition du Festival. Le thème captivant de cette année est « Ouvrez la porte à votre imaginaire ». Ce concours est une opportunité unique pour les écrivains en herbe et confirmés de donner vie à leurs idées.
Pourquoi participer ?
Exprimez-vous : Soumettez des textes inédits en prose (1500 mots max) ou en poésie (2 poèmes max).
Montrez votre talent : Vos œuvres pourraient être mises en lumière lors du festival.
Recevez des récompenses : Les lauréats bénéficieront de coaching d’écriture, de livres, et d’accessoires littéraires.
Modalités de participation :
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Le concours est gratuit et ouvert à tous, dans le monde entier.
Les œuvres doivent être originales, non publiées et non primées.
Format requis : Document Word, Times New Roman, taille 12, pages numérotées.
Date limite d’envoi : 30 septembre 2024.
Comment participer ? Envoyez votre texte avec vos coordonnées (nom, prénom, contact) à tsasprobir@gmail.comavant la date limite. Les textes seront examinés par un jury de professionnels de la littérature, et les gagnants seront informés début octobre. Retrouvez le règlement complet du concours ici.
Informations pratiques
Dates : 11 au 13 octobre 2024
Lieu : Maison des Confluences, 4 Place du Muguet Nantais, BD Emile Gabory, Nantes
Ne manquez pas cette occasion unique de découvrir et de célébrer la richesse de la littérature africaine et de la diaspora. Rejoignez-nous pour trois jours de découvertes, d’échanges et de célébration culturelle.
Découvrez l’histoire oubliée de l’Espagne et du sud de la France sous domination maure, une époque marquée par une présence afro-islamique influente. Une exploration de l’héritage culturel, religieux et politique des Maures, et comment ces récits oubliés façonnent notre compréhension de l’Europe moderne.
L’histoire européenne est souvent racontée à travers le prisme de la Renaissance, des grandes découvertes, ou encore des guerres de religion, mais il est une période méconnue et pourtant fondamentale : celle où l’Espagne et le sud de la France étaient sous domination maure, avec une présence marquée de populations à la peau sombre. Revenons sur cette ère oubliée de l’Europe médiévale, qui a durablement façonné le visage de ces régions.
L’arrivée des Maures, une révolution socio-culturelle
En 711, une date clé marque le début d’une transformation profonde : Tariq Ibn Ziyad, gouverneur de Tanger, débarque en Espagne avec une armée de 12 000 Maures. Ces conquérants, venus d’Afrique du Nord, n’étaient pas seulement des soldats ; ils étaient aussi des porteurs d’une nouvelle culture, religion, et civilisation. Ces « hommes à la peau sombre« , comme l’historiographie arabe et européenne les décrit, ont exercé un contrôle sur une grande partie de la péninsule ibérique et du sud de la France.
Entre 711 et 732, les Maures dominent l’Espagne et avancent au-delà des Pyrénées pour conquérir le royaume des Francs, avant d’être arrêtés à la bataille de Poitiers. Cependant, ils gardent la mainmise sur des territoires comme la Septimanie (actuelle Narbonne et Montpellier) jusqu’en 759, et les traces de leur présence se prolongent bien au-delà de leur départ.
Si les historiens s’attardent sur l’aspect militaire de cette période, l’influence mauresque va bien au-delà des batailles. L’Espagne, mais aussi la Sicile, la Sardaigne, la Corse, et d’autres parties de l’Europe méditerranéenne, connaissent alors une riche hybridation culturelle. Cette période voit émerger des sociétés où chrétiens, musulmans, et juifs cohabitent dans un fragile équilibre, façonnant des villes dynamiques, des échanges commerciaux florissants, et une diversité architecturale marquante.
Le drapeau de la Corse, arborant la tête d’un Maure, en est un symbole indélébile. La présence maure n’a pas seulement marqué la géographie et l’urbanisme, mais aussi la mémoire collective et les identités locales, un héritage souvent négligé dans les récits historiques dominants.
La Reconquista et la « pureté du sang » ou la naissance de l’Europe moderne ?
L’essor de la Reconquista, commencé dès le VIIIe siècle depuis le royaume des Asturies, est souvent présenté comme une épopée héroïque chrétienne contre l’occupant musulman. Pourtant, ce mouvement, qui s’achève en 1492 avec la chute de Grenade, marque aussi le début d’une nouvelle ère en Europe : celle de la pureté du sang (« limpieza de sangre »). Ce concept, cristallisé après la reconquête totale, devient un outil de discrimination systématique contre les « nouveaux chrétiens » — juifs et musulmans convertis — et plus largement contre tout individu soupçonné d’ascendance non-chrétienne.
La chasse aux musulmans et aux juifs d’Espagne et l’imposition de lois raciales annoncent le basculement vers ce que l’on appelle les « Temps Modernes », une époque caractérisée par l’invention du racisme tel que nous le connaissons aujourd’hui et par le début de la traite négrière transatlantique. L’histoire de l’Europe du Sud est alors redéfinie par la disparition progressive de sa diversité ethnique et culturelle d’origine.
L’oubli de cette prépondérance noire et musulmane dans l’histoire de l’Europe du Sud n’est pas anodin. En effet, il est étroitement lié à la construction de récits nationaux qui ont évincé toute altérité de la « grandeur » occidentale. Il est fondamental de réintégrer ces chapitres manquants dans nos livres d’histoire afin de mieux comprendre les dynamiques de pouvoir, de culture et d’identité qui ont façonné le monde moderne.
Aujourd’hui, alors que nous faisons face à des débats sur la diversité et la mémoire historique, il est essentiel de rappeler que l’Europe n’a pas toujours été celle que l’on imagine. Elle a été marquée par une richesse d’influences afro-islamiques et juives, et c’est en réinvestissant ces histoires occultées que l’on peut espérer bâtir un futur plus inclusif et conscient de ses racines plurielles.
Ne manquez pas la 4ème édition de Brown Sugar Comedy au Grand Rex de Paris le 28 septembre 2024 ! Une soirée explosive de rires avec 8 humoristes sensationnels, DJ Greg pour enflammer la scène, et un orchestre live, le Brown Sugar Band. Réservez vite vos billets et préparez-vous à vivre une expérience mémorable dans ce lieu emblématique !
Après avoir conquis les cœurs et les zygomatiques du public lors de sa précédente édition au Trianon, Brown Sugar Comedy revient avec sa 4ème édition, cette fois-ci dans l’emblématique Grand Rex de Paris. Réservez votre soirée du samedi 28 septembre 2024, car ce spectacle s’annonce comme l’un des événements humoristiques les plus attendus de l’année.
Une soirée de rires et de musique au Grand Rex
La rentrée s’annonce chargée avec son lot de contraintes : impôts, fournitures scolaires, queues interminables… Pour contrer ce blues de rentrée, Brown Sugar Productions a concocté un événement unique pour vous redonner le sourire et la bonne humeur. Le mythique Grand Rex, avec ses 2500 places, accueillera cette quatrième édition qui promet d’être un véritable feu d’artifice de rires et d’énergie.
Dès 19h, les portes du Grand Rex s’ouvriront, et dès 20h, le public sera plongé dans une ambiance festive avec DJ Greg, le maestro des platines. Connu pour ses talents de mixeur et sa capacité à enflammer les foules, DJ Greg donnera le ton de la soirée. Son éclectisme et sa maîtrise du scratch, des effets sonores, et du mix tempo feront monter la température avant que les humoristes ne prennent le relais.
Huit humoristes d’exception prêts à vous faire rire aux larmes
À partir de 21h30, le show de stand-up débutera avec une sélection de huit humoristes talentueux, chacun avec un style unique. Nick Mukoko, ancien danseur devenu humoriste, sera le maître de cérémonie. Connu pour ses anecdotes hilarantes et sa capacité à se réinventer, il guidera le public à travers une soirée où se mêleront éclats de rire et moments de réflexion.
Parmi les artistes invités, on retrouvera Bobi, humoriste martiniquais à l’humour piquant et satirique, et Dayv, venu de Guyane Française, qui surprendra avec son style poétique et drôle. Lala Sagna, ancienne maîtresse d’école devenue comédienne, apportera son énergie débordante et ses histoires hilarantes sur son quotidien en petite section.
D’autres talents tels que Rodman, Sacko Camara, Silver, et Sulo viendront compléter cette affiche exceptionnelle, chacun apportant son univers et son vécu, des punchlines percutantes aux récits plus introspectifs.
Le Brown Sugar Band, l’énergie du Live
Pour la première fois dans l’histoire de Brown Sugar Comedy, un orchestre live, le Brown Sugar Band, rythmera le spectacle. Composé de musiciens de talent tels que Chachou à la batterie, Christophe Tamaryo à la guitare, Maken à la basse, et Nono Dwet Dife au clavier, le Brown Sugar Band promet de faire vibrer le public. Imaginez l’intensité du stand-up combinée à la puissance d’un orchestre en direct. Une expérience sensorielle à ne pas manquer !
Une soirée à ne pas rater au cœur de Paris
Le Grand Rex n’est pas seulement une salle de cinéma ; c’est un véritable monument historique inscrit à l’inventaire des monuments historiques depuis 1981. Avec ses 90 ans d’histoire, de spectacles et d’événements, il offre une toile de fond parfaite pour une soirée placée sous le signe du rire et du divertissement.
Ne manquez pas cette quatrième édition de Brown Sugar Comedy. Les billets sont en vente maintenant, et compte tenu de la popularité des éditions précédentes, ils risquent de partir rapidement. Venez vous délecter d’une soirée de rires, de musique et de bonne humeur !
Informations pratiques
Date : Samedi 28 septembre 2024
Heure : 20:00 – 22:30
Lieu : Le Grand Rex, 1 Bd Poissonnière, 75002 Paris, France
Réservez vos billets dès maintenant et rejoignez la Brown Sugar Family pour une soirée inoubliable ! Pour rester informé des derniers événements, téléchargez l’application officielle Brown Sugar +.
Brown Sugar Comedy #4 au Grand Rex : parce que rire, c’est déjà résister !
Le C-Walk, ou Crip Walk (la marche des Crips) est une danse urbaine qui trouve ses origines dans les quartiers de South Central à Los Angeles dans les années 1970. Initialement associée aux membres du gang des Crips, l’une des organisations de rue les plus influentes de la région, cette danse servait de moyen d’expression, mais aussi de communication codée entre les membres du gang. Le C-Walk permettait également de se moquer des gangs rivaux, en particulier les Bloods.
En raison de son affiliation avec le monde des gangs et la violence de rue, cette danse a longtemps été perçue comme une activité subversive, voire illégale.
Origines et symbolisme
Le C-Walk naît dans un contexte de pauvreté, de discrimination raciale et de tensions sociales dans les quartiers noirs de Los Angeles. Il s’agit à l’origine d’une danse rituelle pratiquée par les Crips pour marquer leur appartenance au gang, annoncer des activités illégales ou commémorer des événements significatifs, notamment le tabassage ou le meurtre de membres rivaux. Cette danse est un mélange de mouvements rapides des pieds, de glissements et de pivots, souvent accompagnée de motifs écrits au sol avec les pieds, parfois même en traçant les lettres « C-R-I-P » ou en écrivant des messages codés.
Le C-Walk symbolisait alors bien plus qu’une danse : il représentait une identité, une revendication territoriale et une forme de rébellion contre l’oppression sociale subie par les jeunes Afro-Américains de ces quartiers défavorisés. En ce sens, il incarnait à la fois l’appartenance et la résistance, une sorte de langage corporel partagé uniquement par ceux qui en connaissaient les codes.
Évolution et popularisation
Au fil des années, le C-Walk a évolué en s’éloignant de son lien exclusif avec les gangs. Avec la montée en puissance de la culture hip-hop dans les années 1990, cette danse a gagné en visibilité, en grande partie grâce à des rappeurs comme Snoop Dogg, membre des Crips, qui l’a popularisée à travers ses clips. Ce genre de visibilité a permis au C-Walk de transcender son statut de danse de gang pour devenir une partie intégrante de la culture hip-hop, attirant de nouveaux pratiquants dans le monde entier, souvent éloignés de ses origines criminelles.
Là où le C-Walk était autrefois une danse exclusivement pratiquée dans des contextes illégaux, il s’est peu à peu institutionnalisé et intégré à la scène musicale mainstream. Le terme a également évolué, donnant naissance à des variantes comme le Clown Walk (ou C-Walk clownesque), qui, bien que visuellement similaire, se veut plus ludique et éloigné des connotations violentes du C-Walk d’origine.
Affiche du documentaire « C-WALK It’s a way of Livin’ (2003)
Réception culturelle et controverses
Malgré sa popularité croissante, le C-Walk reste controversé dans certaines sphères. De nombreuses écoles, concerts ou événements publics aux États-Unis interdisent encore cette danse en raison de ses origines liées aux gangs. Certains critiques estiment que la banalisation du C-Walk en tant que simple danse urbaine occulte ses origines sombres et perpétue indirectement un hommage à la culture des gangs. D’un autre côté, de nombreux adeptes de la danse y voient une forme d’art à part entière, détachée de ses connotations initiales, et revendiquent son appropriation par la culture hip-hop mondiale.
Sa représentation aujourd’hui
Aujourd’hui, le C-Walk est davantage perçu comme une danse de rue plutôt qu’un acte de rébellion ou d’affiliation à un gang. Il est devenu un moyen pour de nombreux jeunes de s’exprimer, de montrer leur dextérité et leur créativité, tout en restant connecté aux racines profondes de la culture afro-américaine. Il est pratiqué lors de compétitions de danse, dans des vidéos virales sur les réseaux sociaux, ou simplement pour le plaisir, dans des cercles beaucoup plus larges qu’auparavant.
Même Serena Williams, championne de tennis, a esquissé quelques pas de C-Walk pour célébrer la victoire d’un match lors des Jeux Olympiques de Londres en 2012.
En somme, bien que le C-Walk soit né d’un environnement marqué par la violence et la marginalisation, il a évolué pour devenir un symbole plus large de l’expression urbaine. Tout en restant un rappel des réalités difficiles des quartiers où il a émergé, il a été transformé par la culture hip-hop pour devenir une forme d’art mondialement reconnue, désormais dissociée de ses origines criminelles.
Sorti en 1991, Boyz n the Hood, réalisé par John Singleton, est devenu un film emblématique de la communauté noire américaine. Ce drame puissant explore la vie dans les quartiers difficiles de South Central à Los Angeles, en mettant en lumière les défis et les luttes auxquels les jeunes Afro-Américains sont confrontés, notamment la violence, le racisme systémique, la pauvreté, et l’absence de soutien familial.
L’histoire
Le film raconte l’histoire de trois amis d’enfance, Tre Styles (Cuba Gooding Jr.), Ricky Baker (Morris Chestnut) et Doughboy [Bouboule] (Ice Cube), grandissant dans un quartier gangrené par la violence et la criminalité. Tre, élevé par son père strict mais aimant, Furious Styles (Laurence Fishburne), est constamment confronté à des choix qui peuvent déterminer son avenir. Ricky, un jeune talentueux en football américain, rêve d’obtenir une bourse pour aller à l’université, tandis que Doughboy, imprégné par la violence des gangs et de la rue, incarne le désespoir de beaucoup dans ces quartiers.
À travers leurs histoires, Singleton dépeint les défis du quotidien dans un environnement où les opportunités de réussite sont limitées et où la violence et la mort sont omniprésentes. Boyz n the Hood montre la difficulté de se sortir de ce cycle de pauvreté, de criminalité et de désespoir, tout en posant une question cruciale : l’environnement détermine-t-il l’avenir des jeunes qui y grandissent ?
Les messages transmis
Le film délivre des messages puissants et intemporels, qui résonnent encore aujourd’hui. L’un des thèmes centraux est la question de la responsabilité personnelle et du rôle des parents, symbolisée par Furious Styles, le père de Tre. Il incarne la figure d’autorité qui enseigne à son fils des valeurs fortes, notamment l’importance de l’éducation et la responsabilité civique, malgré les circonstances difficiles. À travers lui, Singleton critique également l’absence de figures paternelles dans de nombreuses familles afro-américaines, une conséquence directe des effets de la pauvreté et de l’incarcération massive des hommes noirs.
Boyz n the Hood aborde également la question du racisme systémique et de la marginalisation des communautés noires aux États-Unis. Le film souligne comment l’inégalité des chances, exacerbée par la violence policière et l’absence d’opportunités économiques, piège les jeunes hommes noirs dans des cycles de violence et de criminalité. La scène où Furious explique à Tre et à Ricky comment les quartiers noirs sont délibérément appauvris est une critique directe de la ségrégation économique et spatiale.
En filigrane, le film évoque la nécessité pour la communauté, d’être solidaire et résiliente pour surmonter ces obstacles. Cependant, il n’ignore pas non plus la tragédie inévitable de ceux qui, comme Ricky, malgré tous leurs efforts, sont victimes de la violence aveugle qui frappe leurs quartiers.
L’impact de Boyz n the Hood sur la communauté noire américaine
Boyz n the Hood a marqué un tournant dans la manière dont les histoires des Afro-Américains étaient racontées à l’écran. John Singleton, à seulement 24 ans, est devenu le premier Afro-Américain à être nommé pour l’Oscar du meilleur réalisateur, et son film a ouvert la voie à de nombreuses autres œuvres qui explorent les réalités des communautés noires aux États-Unis.
John SINGLETON (Illustration d’Aaron Rapoport Getty Images)
Ce film a résonné profondément au sein de la communauté noire américaine en raison de sa représentation fidèle des défis auxquels beaucoup étaient confrontés quotidiennement. Il a donné une voix à des millions de jeunes hommes noirs qui se reconnaissaient dans les personnages de Tre, Ricky et Doughboy. Le film a également permis de sensibiliser un public plus large aux réalités de la vie dans les quartiers urbains marginalisés.
Influence sur la culture hip-hop et sur le rap
Boyz n the Hood a eu une influence indélébile sur la culture hip-hop et sur le rap, en particulier à travers le personnage de Doughboy, interprété par Ice Cube, rappeur et membre du groupe N.W.A. Ice Cube, qui a contribué à la bande originale du film, a su incarner à l’écran la frustration et la colère de toute une génération d’hommes noirs confrontés à l’oppression systémique et aux inégalités sociales.
Le film et sa bande originale, qui comportait des morceaux de rap emblématiques, ont renforcé la connexion entre le cinéma et la musique. Le hip-hop, qui avait déjà acquis une grande popularité dans les années 1980, a trouvé dans ce film une plateforme pour exprimer les luttes quotidiennes des jeunes Noirs américains, créant une résonance puissante avec le public.
De plus, Boyz n the Hood a popularisé le genre du « hood film« , qui raconte des histoires centrées sur les réalités des quartiers défavorisés, influençant ainsi d’autres films comme Menace II Society et Juice.
L’héritage et l’impact aujourd’hui
Plus de trois décennies après sa sortie, Boyz n the Hood reste pertinent. Les problèmes qu’il aborde — la violence des gangs, l’inégalité économique, le racisme systémique — sont toujours d’actualité dans de nombreuses communautés afro-américaines. Le mouvement Black Lives Matter, né en réponse aux violences policières contre les Noirs, fait écho à la scène où Ricky et Tre sont injustement harcelés par la police, soulignant que les tensions entre la communauté noire et les forces de l’ordre n’ont guère changé.
De nos jours, le film continue d’inspirer des discussions sur la responsabilité sociale, la réforme du système judiciaire, et la manière dont les médias représentent les personnes noires. Il fait partie du canon culturel et cinématographique qui aide à comprendre la réalité complexe de l’expérience afro-américaine et contribue à la lutte pour l’égalité raciale.
En somme, Boyz n the Hood est bien plus qu’un simple film : c’est un miroir de la société américaine et de ses inégalités, ainsi qu’un appel à l’action pour les générations futures. Il a laissé une empreinte indélébile sur la culture populaire et continue d’influencer tant le cinéma que la musique, en particulier le rap, qui restent des moyens d’expression essentiels pour les jeunes Noirs américains.
Dans l’imaginaire collectif, le mot « zombie » évoque des figures effrayantes, issues de ldans la culture haïtienne. Mais, à travers cet article, l’histoire que nous allons vous raconter n’est pas un récit de fiction. C’est l’histoire d’un homme que l’on a cru mort, enterré, et qui, dix-huit ans plus tard, est réapparu comme revenu des ténèbres…
Clairvius Narcisse, paysan haïtien né aux alentours de 1922, est un nom que les habitants de l’Artibonite n’ont pas oublié. Le 2 mai 1962, à l’hôpital Albert Schweitzer de Deschapelles, dans la région centrale d’Haïti, Narcisse est déclaré mort. Les médecins, impuissants, notent une défaillance respiratoire inexpliquée. Le lendemain, il est enterré dans le village de L’Estère. Pour tous, l’affaire est close. Clairvius Narcisse est mort et enterré.
Mais voilà, dix-huit ans plus tard, en 1980, quelque chose d’invraisemblable se produit. Angelina Narcisse, la sœur de Clairvius, est abordée par un homme qui prétend être son frère disparu. Il raconte une histoire hallucinante : il aurait été victime de zombification…
L’Homme au visage de mort
Clairvius Narcisse, les traits creusés et l’esprit tourmenté, explique qu’après sa mort apparente, il aurait été déterré par des hommes sous le commandement d’un bokor, un sorcier vaudou. Le motif ? Une sordide histoire de querelle d’héritage. Narcisse accuse son propre frère d’avoir payé le bokor pour le réduire à l’état de zombie. Narcisse décrit comment, sous l’emprise de la « poudre de zombie », un cocktail de substances comprenant de la tétrodotoxine, un poison extrait du poisson-globe, il a été plongé dans un état de paralysie profonde qui imite la mort. Conscient mais incapable de bouger, il se souvient d’avoir senti la terre froide de sa propre tombe se refermer sur lui.
Pendant deux ans, Clairvius Narcisse affirme avoir été maintenu dans un état de semi-conscience, forcé de travailler comme esclave sur une plantation de canne à sucre, entouré d’autres « morts-vivants ». À l’entendre, le quotidien était rythmé par une drogue, administrée régulièrement pour maintenir les zombies dans un état de soumission. Mais un jour, par hasard, son surveillant aurait oublié de lui donner sa dose de poison. Et là, tout bascule…
Une fugue vers la liberté
Quand la dose est oubliée, le voile qui enrobe son esprit commence à se lever. Narcisse se souvient d’avoir ressenti un mélange d’angoisse et de lucidité retrouvée. Profitant de ce moment de faiblesse de ses geôliers, il s’échappe, errant pendant des années, se cachant, évitant son frère qu’il croyait encore capable de lui faire du mal. Ce n’est qu’à la mort de ce dernier qu’il ose enfin retourner vers sa sœur Angelina, prêt à lui dévoiler son identité et son cauchemar.
Une telle histoire paraît tout droit sortie d’un roman d’horreur. Pourtant, en 1982, l’anthropologue canadien Wade Davis, spécialiste de la culture vaudou haïtienne, décide de prendre l’affaire au sérieux. Il se rend sur place, bien décidé à faire la lumière sur ce cas unique.
Dans son livre « Le Serpent et l’Arc-en-ciel« , Wade Davis tente de donner une explication scientifique à l’affaire Clairvius Narcisse. Selon lui, la fameuse « poudre de zombie » serait bien réelle. Elle contiendrait des extraits de poissons-globes, riches en tétrodotoxine, un poison neurotoxique qui, à faible dose, pourrait induire un état de paralysie suffisamment profond pour imiter la mort. Davis avance que ce poison, combiné à un mélange d’autres ingrédients, serait utilisé par les bokors pour plonger leurs victimes dans un état catatonique.
Mais l’explication de Davis ne fait pas l’unanimité. Certains scientifiques doutent de la validité de ses conclusions. Ils suggèrent que la part psychologique et culturelle de la croyance dans le vaudou pourrait expliquer pourquoi des individus, sous l’effet d’une forte suggestion, croiraient être transformés en zombies.
Au-delà des explications pharmacologiques et psychologiques, l’histoire de Clairvius Narcisse soulève de nombreuses questions. Pourquoi, après tant d’années, ce paysan haïtien ferait-il une telle déclaration, risquant le ridicule et la méfiance de sa propre communauté ? Quelle serait la motivation derrière un mensonge d’une telle ampleur ? Pour ceux qui l’ont connu, son récit n’avait rien de la supercherie. Clairvius semblait vraiment marqué par cette expérience, hanté par des souvenirs qui, selon lui, étaient bien réels.
Pour certains, il est la preuve vivante que le surnaturel peut s’immiscer dans le réel, brisant les frontières du possible. Pour d’autres, il est la victime d’un système de croyances, amplifié par des années de peur et de manipulation mentale.
L’affaire Clairvius Narcisse demeure un mystère, entre science et surnaturel. Un homme déclaré mort, qui se lève de sa tombe pour raconter son histoire. Fiction ou réalité ? À chacun de se forger sa propre opinion, mais une chose est sûre : Haïti, avec ses croyances, ses rituels et ses secrets, n’a pas fini de nous surprendre.
Les Afro-Américains représentent environ 13,6 % de la population totale des États-Unis. Cependant, malgré cette proportion relativement faible, ils constituent une majorité écrasante dans les prisons américaines. Cette disparité choquante est le résultat d’un ensemble complexe de facteurs sociaux, économiques, et politiques. Cet article explore cette situation alarmante à travers des chiffres et des études qui mettent en lumière les causes profondes de cette surreprésentation.
Les chiffres de l’incarcération aux États-Unis
Selon le Bureau of Justice Statistics, en 2022 étaient incarcérés dans les prisons d’État et fédérales:
384 600 Afro-Américains soit 32% de la population carcérale
367 800 Blancs soit 31% de la population carcérale
273 900 Hispaniques soit 23% de la population carcérale
19 400 Natifs américains, soit 2% de la population carcérale
15 000 Asiatiques, soit 1% de la population carcérale.
Mais quelles sont les raisons de cette surreprésentation?
1. Disparités économiques et sociales
Les inégalités économiques jouent un rôle central dans la surreprésentation des Afro-Américains dans le système carcéral. Les communautés afro-américaines sont historiquement désavantagées en matière d’éducation, de revenus et d’accès aux opportunités d’emploi. Les études montrent que les personnes issues de milieux socio-économiques défavorisés sont plus susceptibles de se retrouver dans des situations de criminalité, souvent par nécessité économique.
Un rapport de la NAACP (National Association for the Advancement of Colored People) souligne que les Afro-Américains sont trois fois plus susceptibles de vivre dans la pauvreté que les Blancs. La pauvreté est fortement corrélée à une plus grande exposition au système de justice pénale, ce qui conduit à un cycle de marginalisation et d’incarcération.
2. Profilage racial et biais dans le système judiciaire
Le profilage racial est un autre facteur majeur. Les Afro-Américains sont plus susceptibles d’être arrêtés, jugés et condamnés pour des crimes que leurs homologues blancs. Une étude de l’Université de Stanford a révélé que les policiers sont plus susceptibles de contrôler et d’arrêter des conducteurs afro-américains, même si les infractions au code de la route sont comparables à celles des Blancs. De plus, les juges tendent à infliger des peines plus sévères aux accusés noirs qu’aux accusés blancs pour des crimes similaires.
Le Sentencing Project, une organisation de recherche et de plaidoyer, a trouvé que les Afro-Américains reçoivent des peines de prison 19,1 % plus longues que les Blancs pour les mêmes crimes, après avoir contrôlé d’autres facteurs comme l’historique criminel et la gravité du crime.
3. La guerre contre la drogue
La « guerre contre la drogue« , lancée dans les années 1980, a exacerbé les disparités raciales dans les taux d’incarcération. Bien que les Afro-Américains ne consomment pas de drogues à un taux significativement plus élevé que les Blancs, ils sont beaucoup plus susceptibles d’être arrêtés pour des délits liés aux drogues. En 2018, les Afro-Américains représentaient 27 % des arrestations pour infractions liées aux drogues, bien qu’ils ne représentent que 12,5 % des consommateurs de drogue aux États-Unis.
4. Récidive et réinsertion difficile
Une fois incarcérés, les Afro-Américains sont confrontés à de plus grands obstacles pour leur réinsertion. Le stigmate social, associé à un casier judiciaire, complique l’accès à l’emploi et au logement. Ces obstacles augmentent les risques de récidive, créant un cercle vicieux où les Afro-Américains sont piégés dans le système de justice pénale.
En définitive, la surreprésentation des Afro-Américains dans les prisons américaines est un problème complexe enraciné dans l’histoire de l’inégalité raciale, les biais dans le système judiciaire et les politiques publiques discriminatoires. Les chiffres sont clairs : bien que les Afro-Américains ne représentent qu’une petite part de la population totale, ils constituent une majorité disproportionnée dans le système carcéral. La résolution de ce problème exigerait une réforme profonde du système de justice pénale, ainsi qu’une lutte contre les inégalités socio-économiques qui alimentent ce cycle d’injustice.
Les témoignages contemporains rapportent le caractère privilégié du statut de la femme dans l’Empire médiéval ouest-africain de Mali.
Ibn Battuta et le statut de la femme dans l’Empire de Mali
Le statut de la femme dans l’Ancien Empire de Mali nous est d’abord connu grâce au témoignage d’Ibn Battuta, célèbre voyageur berbère marocain du 14ème siècle. C’est en 1352 qu’Ibn Battuta a fait le trajet de la ville marocaine de Sijilmasa vers celle de Oualata (actuelle Mauritanie). Oualata constituait à l’époque la province la plus septentrionale de l’Empire de Mali.
Le statut de la femme dans l’Empire de Mali : Carte représentant l’Empire de Mali à son apogée et le trajet d’Ibn Battuta de Sijlmassa jusqu’à Oualata
Le statut de la femme à Oualata
Ibn Battuta rappelle qu’à Oualata « les femmes sont extrêmement belles et plus importantes que les hommes. La condition [des habitants de Walata] est étrange et leurs moeurs des plus excentriques. En ce qui concerne leurs hommes, il n’existe pas de jalousie sexuelle entre eux. Et aucun d’entre eux ne dérive sa généalogie à partir de son père, mais au contraire, de son oncle maternel. Un homme ne transmet son héritage qu’aux fils de sa soeur à l’exclusion de ses propres fils. […] En ce qui concerne leurs femmes, elles ne sont pas modestes en présence d’hommes et ne se voilent pas en dépit de leur persévérance dans la pratique de la prière.
Le statut de la femme dans l’Empire de Mali : L’actuelle ville de Oualata, Mauritanie
Qui souhaite épouser une d’entre elles peut le faire, mais les femmes ne voyagent pas avec leur mari, et même si elles le souhaitaient, leur famille ne le leur permettrait pas. Les femmes ont des amis et des fréquentations de sexe masculin en dehors de ce qui est permis par les liens du mariage [et de la famille]. De même, les hommes ont des compagnes et des amies parmi les femmes en dehors de ce qui est permis par les liens du mariage [et de la famille]. L’un d’entre eux pourrait entrer dans sa maison, y trouver sa femme avec une fréquentation de sexe masculin et n’y voir aucune objection.
La matrilinéarité en vigueur à Oualata, ne l’était apparemment pas en vigueur dans la capitale, comme on va le voir plus bas, en tous cas en ce qui concerne la succession des souverains.
Ibn Battuta était issu d’un pays où la ségrégation entre femmes et hommes faisait règle, dans le cadre de la Sharia. Pour lui, il était scandaleux que dans un pays musulman, des femmes puissent fréquenter des hommes autres que leurs époux, leurs frères ou leurs pères.
Le statut de la femme dans l’empire de Mali : Habitants de l’actuelle Oualata, Mauritanie
Deux anecdotes ont dans ce cadre particulièrement choqué Ibn Battuta à Oualata. Il les raconte en ces termes:
« Un jour, je suis entré chez un qadi (juge) à Oualata après qu’il m’ait donné la permission d’entrer. Je l’ai trouvé en compagnie d’une femme, jeune et jolie. En la voyant, j’ai été choqué et ai commencé à faire demi-tour. Elle rigola de moi et ne montra guère de modestie. Le qadi me dit : « Pourquoi vous en allez-vous? Elle n’est qu’une de mes camarades. J’étais choqué par leur conduite parce qu’il avait effectué le pèlerinage à la Mecque et appartenait à la classe des faqih (théologiens). »
« Un jour, je suis entré chez Abu Muhammad Yandakan […] C’est avec lui que j’avais le voyage jusqu’ici. Je l’ai trouvé assis sur un matelas et au milieu de sa maison se trouvait un lit avec un baldaquin. Dessus se trouvaient assis une femme avec un homme qui y discutaient. Je lui dis: « Qui est cette femme »?. Il dit: « C’est ma femme ». « Qui est l’homme qui est avec elle pour elle »? Il dit : » c’est son camarade ».
Je lui dis: « Vous acceptez cela alors que vous avez vécu dans notre pays et avez été familier des règles de la Sharia? ». Il dit : « La compagnie entre hommes et femmes est [considérée comme] honorable dans notre pays et se déroule dans de bonnes conditions : il n’y a rien de suspicieux à ce sujet. Elles ne sont pas comme les femmes de votre pays ». Je fus choqué par cette réponse irréfléchie, je l’ai quitté et ne suis plus revenu vers lui après cela. »
Il est remarquable qu’à Oualata, une ville de l’Empire de Mali, le statut de la femme était d’après Ibn Battuta plus important que celui de l’homme. S’il est difficile de comprendre exactement ce que veut dire l’auteur par ces mots, il explique que la succession est matrilinéaire, c’est -à-dire que l’héritage d’un homme se transmet aux fils de sa soeur et que sa généalogie se fait à partir de son oncle maternel.
Cette pratique a été expliquée par un savant comme Cheikh Anta Diop comme faisant partie d’un ‘matriarcat africain’. Cette pratique ne doit toutefois pas être en elle-même considérée comme un gage du meilleur traitement de la femme dans la société. Ce choix ne se base que sur le caractère plus démontrable de la parenté de sang entre un homme et son neveu utérin par rapport à sa parenté moins facilement démontrable avec son propre fils.
Certes Ibn Battuta insiste sur la plus grande importance des femmes dans la société. Toutefois, on peut s’interroger si cette plus grande considération accordée aux femmes n’est pas interprétée en comparaison avec leur situation dans le Maroc Marinide. L’homme transmettait-il par exemple aussi son héritage aux filles de sa soeur comme il le faisait aux fils de celle-ci?
Une chose est sûre, la ségrégation entre sexes était absente de Oualata. Une femme mariée pouvait discuter avec un homme non-issu de sa famille. La logique derrière la ségrégation entre hommes et femmes peut être expliquée par une volonté de prévenir les tentations adultères et une volonté de ne pas faire des femmes des objets sexuels et des victimes de violences physiques et sexuelles.
Il s’agit là d’une vision fort pessimiste de l’humanité qui veut que le mariage ne puisse pas être respecté si des personnes non-mariées et de sexe opposé passent du temps ensemble.
A Mali et dans l’histoire mandingue plus généralement, comme on va le voir, la faible propension au crime et à l’injustice et la détestation de l’adultère était semble-t-il largement ancrée dans les moeurs. Cela semble avoir favorisé ce genre de rencontres entre personnes de sexe opposé sans crainte de violence.
Ibn Battuta et le statut de la femme dans la capitale de Mali
Après Oualata, Ibn Battuta se rendit dans la capitale de Mali, qui reste aujourd’hui mal identifiée par les historiens et les archéologues. A l’époque, le souverain de Mali est le Mansa Sulaiman.
Comme on l’a dit, parmi les choses qui l’ont séduit dans l’Empire de Mali, Ibn Battuta cite la sécurité y régnant et l’amour de ses habitants pour la justice et leur horreur de l’injustice.
« Parmi leurs qualités il y a le maigre degré d’injustice parmi eux, parce qu’il n’y a pas de peuple qui en soit aussi éloigné. Leur sultan ne pardonne personne en ce qui concerne toute affaire d’injustice. Parmi ces qualités, il y aussi la prévalence de la paix dans leur pays, le voyageur n’a pas à y avoir peur, ni celui qui y vit n’a à avoir peur du voleur ou du braqueur. Ils n’interfèrent pas avec la propriété de l’homme blanc qui meurt dans leur pays, même si celle-ci est constituée de grandes richesses, mais la confient plutôt à une personne de confiance parmi les Blancs qui le garde jusqu’à ce que le prétendant légitime ne la récupère ».
Le statut de la femme dans l’Ancien Empire de Mali : Représentation d’Ibn Battuta à Mali, par Norman McDonald /Aramco World
La droiture morale des habitants de Mali et l’intolérance de leur souverain à l’endroit de l’injustice a du renforcer la confiance qu’avaient ces populations au sujet de la fréquentation de personnes d’un autre sexe, même si elles n’était pas mariées ou de la même famille. Le tout a du être facilité par une absence historique de ségrégation entre les sexes chez les populations mandingues. Celle-ci est illustrée par une autre observation d’Ibn Battuta dans la capitale de Mali, qui rapporte au sujet du souverain de Mali d’alors que:
« […] Le Sultan était en colère avec sa première femme, la fille de son oncle paternel, que l’on appelait Qasa, qui signifie reine parmi eux. La reine est sa partenaire dans la royauté comme il est de coutume chez les Noirs. Son nom est mentionné avec le sien sur la chaire. Le sultan emprisonna la reine […] et nomma à sa place son autre femme, Banju. Elle ne faisait pas partie des filles des rois. La population discuta beaucoup à ce propos et désapprouva cette action. »
A Mali donc, le pouvoir royal était partagé entre le Mansa et la Kaasa, mot qui signifie toujours en langue malinke, ‘reine’. Le rôle de Kaasa semble avoir été réservé aux filles de rois, comme celui de Mansa. La royauté semble donc avoir été partagée entre un roi et une reine, la seconde étant une souveraine à part entière et non une épouse de roi. Son rôle aurait peut-être été comparable à celui d’une reine-mère comme à Méroé ou en Asante, avec qui l’union entre le souverain et la souveraine n’avait pas de connotation sexuelle.
Le statut de la femme dans l’Empire de Mali : Peinture moderne représentant une scène de l’empire de Mali
Il s’agit là d’un important indice de parité homme-femme à Mali, bien qu’il soit incomplet. Toutefois, une autre coutume rapportée par Ibn Battuta semble montrer un déséquilibre dans le traitement entre hommes et femmes. Il s’agit d’un récit de sacrifice humain suivi par un acte de cannibalisme.
« Puis vinrent voir le Mansa Sulaiman un groupe de ces Noirs qui mange des êtres humains et qui était accompagné par un de leurs amirs (commandants). […] Dans leur pays se trouve une mine d’or. Le sultan fut gracieux à leur égard. Il leur donna comme cadeau d’hospitalité une esclave. Ils la tuèrent et la mangèrent. Ils se sont recouvert le visage et les mains de son sang et remercièrent le sultan à leur tour. Il m’a été dit qu’il est de coutume pour eux de faire ainsi à chaque fois qu’ils viennent lui rendre visite. »
Ce cas de sacrifice humain rapporté par Ibn Battuta, s’il est authentique et exhaustif, est défavorable aux femmes. Rien ne nous dit toutefois que d’autres sacrifices humains de ce type ne concernaient pas des hommes. Cependant, l’existence, selon la tradition soninke du sacrifice annuel d’une vierge pour la pérennité de l’empire de Ghana (Wagadou), prédécesseur de Mali comme grande puissance de la région et riche en or, pourrait confirmer l’importance de victimes de sexe féminin dans le sacrifice humain dans l’aire culturelle du Mali médiéval et de ses tributaires.
Le statut de la femme chez les héritiers de l’Empire de Mali
Le statut de la femme dans l’Empire de Mali peut également être reconstruit par les pratiques récemment documentées chez les descendants du coeur de cet empire. Parmi ceux-ci, que l’on appelle Mandingues, on trouve notamment les Malinké de Guinée et de Côte d’Ivoire ou les Bambara du Mali. L’historienne, ethnographe et femme politique malienne Madina Ly-Tall a par exemple consacré une étude de terrain dédiée au statut de la femme dans la société traditionnelle mandingue. Publiée en 1978 dans la fameuse revue ‘Présence Africaine’, cet article se base sur une étude de terrain en pays mandingue.
Le statut de la femme dans l’Empire de Mali : Madina Ly-Tall dans sa fonction d’ambassadrice du Mali en Italie en 1996.
L’étude montre l’importance cruciale de la femme dans le domaine de l’économie de la société, à travers la pratique de l’agriculture, de l’artisanat, des enfants qu’elle ‘fournissait’ biologiquement et qu’elle éduquait. Par le travail considérable qu’elle abattait, elle jouissait d’un grand respect au sein de la société, tout particulièrement auprès de ses enfants.
Ce respect lui garantissait souvent une influence sur les hommes dans la société, qu’ils s’agissent de leurs enfants ou de leurs époux. Ce fut le cas de Saran Kégni, l’épouse préférée de Samori, qui avait une influence prépondérante sur les décisions judiciaires et militaires de son mari.
Comme le rapporte l’auteur à travers le témoignage d’un informateur, Koloba Camara, chef du village de Bankoumana :
« Rien ne se faisait sans la femme ; si tu entends l’homme minimiser la femme, c’est superficiel en réalité (à moins qu’il ne s’agisse de femmes vides, de femmes superficielles aussi) ; rien ne se faisait sans sa participation. Quand tout le monde disait d’un homme qu’il était bien, sérieux, valable, il fallait qu’il eût une femme sinon il était considéré comme incomplet. La femme était en effet le complément de l’homme. Sa compagne des bons et des mauvais jours. «
Le statut de la femme chez les descendants de l’empire de Mali à travers le concept de badenya
L’importance du statut de la femme dans la société traditionnelle mandingue est aussi perceptible à travers les concepts de fadenya et de badenya. Fadenya signifie ‘le fait d’être des enfants du père’ alors que badenya signifie ‘le fait d’être des enfants de la mère’. Par extension, fadenya signifie ‘rivalité’ et ‘conflit’, en référence aux relations entre fils d’un même père mais d’une mère différente qui doivent se battre pour l’héritage qui est traditionnellement transmis par le père.
Le statut de la femme dans l’Ancien Empire de Mali : Statue en terre cuite de Djenné sur le territoire ou à forte proximité du territoire de l’Empire de Mali (entre 1200 avant notre ère et 1400 après JC)
De même, badenya, qui fait référence à la relation entre enfants d’une même mère, notamment dans les ménages polygames, exprime la solidarité et l’absence de rivalité entre ces enfants et avec leur mère. Ryan Thomas Skinner exprime en ces termes les significations de badenya au sens restreint et au sens large:
« Badenya, signifiant littéralement « mère-enfant-notion », désigne l’affection partagée ressentie par les enfants d’une même mère dans des familles polygames et connote la dévotion envers la maison, la famille et la tradition. En tant que concept social, le badenya transmet un sentiment de communauté, de solidarité sociale et d’intimité partagée qui est l’essence intersubjective de la société civile.
En tant que tel, badenya porte en lui une forte valeur morale ; le badenya implique une essence de « bonté » et de « justice » envers la collectivité familiale. […]
Alors que le badenya transmet un sens de la communauté et un engagement envers l’ordre matériel et social dans les espaces civils de la société mandé, le fadenya exprime le désir d’un individu de rivaliser avec et de transcender les traditions et les mœurs de ses ancêtres en choisissant de s’aventurer dans l’espace sauvage, qu’il soit matériel (le« pays étranger » ou la « brousse » éloignés) ou conceptuel (une ‘idée’). «
Le fadenya peut être positif comme négatif. Dans le premier cas, il faudra que l’acte asocial se réintègre positivement à la société et améliore le badenya. Ce fut le cas de Soundjata Kéïta, fondateur de l’empire de Mali, qui en conflit avec son demi-frère, partit en exil puis finit par récupérer l’héritage de son père, apportant la paix, la solidarité et l’harmonie à Mali, le badenya.
Le badenya est un espace où les femmes montrent le plus leur influence. Il est remarquable, en ce qui concerne le statut de la femme, que cette notion qui est positive de manière inhérente qu’est le badenya soit associée à la femme. Cette réalité traduit sans doute la tension opérée par l’amour porté par le fils à sa mère et la structure patriarcale de la société.
Le statut de la femme à travers la cosmogonie mandingue moderne
Si l’élite de l’empire de Mali du 15ème siècle était musulmane ou du moins islamisée, il ne fait aucun doute qu’une grande partie de la population de ses habitants étaient restés fidèles à la religion traditionnelle locale.
Le statut de la femme dans l’Ancien Empire de Mali : statue bamana (Mali, 19-20ème siècles), Metropolitan Museum of Art, New York
Un fameux mythe mandingue de l’origine du monde présente les deux premiers êtres humains comme des jumeaux, en l’occurrence la femme Mousso Koroni et l’homme Pemba.
Ce mythe est intéressant pour une meilleure compréhension du statut de la femme dans la culture traditionnelle mandingue.
Dans celui-ci, c’est la femme Mousso Koroni qui manque de respect à l’Être suprême et dévoie son jumeau, notamment par son comportement sexuel indécent.
Les comportements de Mousso Koroni sont souvent utilisés pour expliquer les comportements des femmes aujourd’hui.
Dans un autre version du mythe, la création de Mousso Koroni qui rappelle la misogynie du mythe de création d’Eve à partir de la côte d’Adam, Mousso Koroni est créée à partir de Pemba.
Elle se rebelle ensuite par jalousie envers Pemba et l’accès sexuel à toutes les femmes dont il souhaite disposer, et refuse de continuer de participer à la création.
Comme l’explique Culianu :
« dans le mythe bambara, Mousso Koroni est un personnage féminin qui se révolte contre le mauvais ordre ‘masculin’ du monde. Sa révolte peut être définie de manière générique comme une quête de liberté, mais qui pourrait aussi être interprétée en des termes sexuels (sa trahison de Pemba est en réalité un adultère). La déchéance de Mousso Koroni détermine le passage de l’humanité, de son immortalité et de sa joie primitives à une condition dans laquelle le mal, la malchance et la mort sont associés de manière irrévocable au sort de l’humanité. Cependant, Moussso Koroni aide l’humanité en difficulté en lui enseignant le langage et l’agriculture. »
En quelque sorte, Mousso Koroni est un manuel du comment se comporter et ne pas se comporter pour la femme mandingue traditionnelle.
Le côté sombre du statut de la femme dans les sociétés mandingues historiques
Comme le rappelle Madina Sy-Tall, la polygamie était réservée aux chefs et aux familles très riches. Elle ajoute que l’adultère était très mal vu car il pouvait nuire à l’équilibre économique d’une famille, en ne ‘fournissant’ pas les enfants et la force de travail qu’ils devaient apporter. Cette hostilité vis-à-vis de l’adultère peut être mobilisée pour comprendre la compagnie nonchalante entre hommes et femmes non-mariés dans l’Empire de Mali sous le règne du Mansa Sulaiman qui ne devaient pas du tout y envisager l’adultère.
Toujours selon Madina Sy-Tall, la femme mandingue devait être soumise à son mari:
« La femme mariée devait une fidélité totale à son mari. Quand elle intégrait une famille, c’était, en général, pour n’en sortir qu’à sa mort. Même quand le mari venait à mourir avant elle, elle épousait un petit frère du défunt, car elle avait été donnée en mariage à toute la famille et non à une personne déterminée.
Elle ne pouvait pratiquement pas se dérober à ce transfert car elle a été épousée avec le fruit du travail collectif de tous les frères ; les cadets qui passaient toute leur vie à travailler pour leurs aînés n’avaient pas d’autres moyens pour se marier.
Pour illustrer tout cela, un adage malinké disait : « une femme n’est jamais mariée deux fois ». Sa dot n’était payée qu’une fois. Si elle refusait de « passer » à un frère, non seulement elle se mettait au ban de la société, mais elle devait rembourser la dot qui allait servir à marier celui qu’elle avait refusé. «
L’auteur conclut, au sujet du statut de la femme dans la société mandingue précoloniale, qui « jouissait de beaucoup de considération et de respect. Elle était malgré tout considérée comme inférieure par rapport à l’homme, si nous prenons comme critères d’appréciation, ceux de nos jours ; mais si par contre nous jugeons ces relations d’antan, entre homme et femme, selon les normes malinké elles-mêmes, on doit plutôt parler de complémentarité entre les deux. »
Selon elle, ce sont les changements économiques liés à la colonisation qui ont rompu cette complémentarité, cet équilibre entre la femme et l’homme: monétarisation de l’économie, agriculture orientée vers les produits industriels à exporter, activité effectuée par les hommes durant la colonisation. Tous ces facteurs ont contribué à diminuer le statut de la femme dans les sociétés mandingues.
Comme on l’a vu toutefois, complémentaire ou pas à celui de l’homme, plus avancé que dans les pays arabes ou non, le statut de la femme n’était pas égal à celui de l’homme dans la société mandingue traditionnelle en ce que les femmes n’avaient pas accès à certaines pratiques comme la polyandrie, étaient techniquement mariées à une fratrie entière, étaient soumises à leur maris, et étaient barrées de certains domaines comme le commerce.
Que le statut de la femme ait été plus avantageux dans les sociétés noires noires africaines, mandingues en particulier, que dans les sociétés eurasiennes en général, ne doit pas nous aveugler sur les inégalités dont souffraient nos ancêtres féminins, dont seul une reconnaissance et un examen sérieux par leurs descendantes et descendants pourront leur garantir une parité dans l’ avenir de l’Afrique.
Le statut de la femme dans l’Empire de Mali : quelques références bibliographiques
Ibn Battuta, Samuel Hamdun, Noel King / Ibn Battuta in Black Africa
Youssouf Tata Cissé / Le sacrifice chez les Bambara et les Malinké
Cheikh Anta Diop / L’Unité Culturelle de l’Afrique Noire
Ioan Petru Culianu/ Feminine versus Masculine. The Sophia Myth and the Origins of Feminism
Madina Ly / La femme dans la société traditionnelle mandingue (d’après une enquête sur le terrain)
Ryan Thomas Skinner / Civil taxis and wild trucks: the dialectics of social space and subjectivity in Dimanche à Bamako
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