Par Pascal Archimède. Les banques noires américaines sont apparues à la fin du XIXème siècle avec l’ouverture, en 1888, de la Capital Saving Bank à Washington. Elles répondaient surtout aux besoins des esclaves affranchis qui étaient exclus du système financier.
L’émancipation économique d’une communauté s’acquiert notamment par la gestion de ses ressources financières au sein d’établissements bancaires qui lui appartiennent. Ainsi, entre 1888 et 1934, plus de 134 banques ont été créées par des afro-américains. Souvent implantées au cœur des quartiers noirs tels que Harlem à New York, elles ont pour but d’accompagner et d’aider principalement les familles et les entrepreneurs. En 2014, 47% des entrepreneurs noirs ont bénéficié de fonds auprès d’établissements bancaires contre 76% de leurs homologues caucasiens. Aujourd’hui, plus de 53% des membres de la communauté sont privés ou exclus de tout service bancaire. Ces organismes représentent donc une solution pour ces personnes qui ont souvent un accès restreint au crédit. Cependant, ces institutions financières sont de moins en moins nombreuses. On en comptait 44 en 1986, 41 en 2007 et 23 à ce jour.
Mais, comment expliquer toutes ces fermetures ?
Ces banques ont été sévèrement impactées par la crise immobilière de 2008, leurs clients étant les premiers touchés par les pertes d’emploi et les saisies immobilières. De plus, très peu d’entre elles ont bénéficié des fonds fédéraux qui ont permis de sauver les grandes institutions de Wall Street. Ce déclin est également dû aux lois anti-ségrégation des années 1970 qui ont poussé les banques traditionnelles à s’ouvrir à la communauté afro-américaine. En conséquence, beaucoup de membres de la classe moyenne ont délaissé les établissements financiers noirs. Cette situation risque donc de priver l’accès aux services bancaires aux individus les plus modestes de la communauté. Certains experts prédisent même la disparition de ces institutions d’ici 2030.
L’Union fait la Force
Pour faire face à cette catastrophe, des artistes se sont mobilisés. C’est le cas du rappeur américain Killer Mike qui a fait circuler sur les réseaux sociaux une vidéo dans laquelle il recommande d’ouvrir un compte épargne dans des institutions financières noires. Les résultats furent immédiats. Ces derniers mois, certains de ces organismes ont assisté à un afflux de nouveaux clients. Depuis Juillet 2016, le #BankBlack Movement aurait permis le transfert de plus 60 millions de dollars dans ces établissements.
Teri Williams, présidente de la One United Bank, une des plus grandes banques noires aux Etats-Unis, a révélé lors d’un entretien que les afro-américains dépenseraient en moyenne 1200 milliards de dollars par an et que 98% de ces transactions s’effectueraient en dehors de la communauté.
Par Pascal Archimède.