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Quand Zara s’approprie (une fois de plus) le génie africain

Société

Quand Zara s’approprie (une fois de plus) le génie africain

Par Makandal Speaks 3 mai 2018

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Les Sud-Africains ont été indignés par les accusations selon lesquelles Zara aurait arraché un MaXhosa de Laduma. 

Une fois de plus l’appropriation culturelle a frappé, spoliant honteusement le génie africain…En effet, la nouvelle gamme de chaussettes de la chaîne mondiale de magasins de vêtements Zara a déclenché l’ire des aficionados de la marque MaXhosa by Laduma (inspirés par la culture Xhosa), de Laduma Ngxokolo, l’un des plus grands designer et créateur de pull d’Afrique.

Laduma Ngxokolo, designer pour la marque Maxhosa.

Laduma Ngxokolo a créé sa marque en 2011 avec le désir d’explorer des solutions de conception de tricots qui conviendraient à la robe traditionnelle amakrwala (vêtement des initiés Xhosa). Ce designer a estimé qu’il devait développer une gamme de pull haut de gamme célébrant l’esthétique traditionnelle Xhosa, en utilisant le mohair sud-africain et la laine.

C’est sur Instagram que la controverse a vu le jour. Plus précisément sur le compte de Thebe Ikalafeng spécialiste du business en Afrique :

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Appropriation or appreciation? I’d say this is just daylight @maxhosa intellectual property theft by @zara. There’s a big difference between taking inspiration and illegal expropriation. #Maxhosa designed and launched this #Khanyisa cardigan and sox (slide left) range globally 2014. In 2018 @zara shamelessly copied the design as is and put in retail in earlier this month. As a global #African I understand that inspiration is global and no one has universal rights, but theft on the other hand should be universally condemned. We appreciate that Africa’s rich culture is now ‘en vogue’ but not at all costs. But our protected intellectual property rights should be respected as much as we respect that of other global brands. #Maxhosa and all Africans should not take this lying down. If they can do this to a relatively well known brand like @maxhosa you can imagine what they’ve been doing to lesser known designers with little resources or recourse. Everybody in Design and retail knows it’s the foundation of Zara to replicate and sell quickly – and perhaps apologize. Fast fashion straight from the (others’) runway is how there’re fashioned. But it does not mean we all have to accept it. We should all stand up and reject such blatant intellectual property expropriation and theft. #ThebeOnBrands

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Pour ceux d’entre vous qui seraient fâchés avec l’anglais, nous vous proposons une traduction de cette publication :

Appropriation ou appréciation ? Je dirais, à la lumière du jour, que c’est simplement le vol de la propriété intellectuelle de Maxhosa par Zara. Il y a une grande différence entre l’inspiration et l’expropriation illégale. Maxhosa a conçu et lancé mondialement ce cardigan Khanyisa et chaussettes en 2014. En 2018, Zara a copié sans vergogne le design tel quel et l’a mis en vente au début de ce mois. En tant qu’Africain global, je comprends que l’inspiration soit globale et que personne ne possède de droits universels, mais d’un autre côté, le vol devrait être universellement condamné. Nous apprécions que la riche culture de l’Afrique soit désormais «en vogue» mais pas à n’importe quel prix. Nos droits de propriétés intellectuelles protégées doivent être respectés autant que nous respectons ceux des autres marques mondiales. Maxhosa et tous les Africains ne devraient pas accepter cela. S’ils peuvent agir ainsi avec une marque relativement bien connue comme Maxhosa, vous pouvez imaginer ce qu’ils ont fait aux designers moins connus ayant peu de ressources ou de recours. Tout le monde dans la conception et la vente au détail sait que c’est la base de Zara de répliquer et de vendre rapidement – et peut-être s’excuser. Le Fast fashion directement prit des marques (des autres) est la façon dont ils sont façonnés. Mais cela ne veut pas dire que nous devons tous l’accepter. Nous devrions tous nous lever et rejeter une telle expropriation flagrante de la propriété intellectuelle et du vol. #ThebeOnBrands

Il ne fait aucun doute que la marque espagnole au 18 milliards d’euro de chiffre d’affaire (2016) à pompé le design de ses chaussettes sur les modèles utilisées par le designer Laduma Ngxokolo.

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Chaussettes MaXhosa by Laduma

 

La société de Ngxokolo a affirmé avoir consulté l’un des principaux cabinets d’avocats spécialisés dans la propriété intellectuelle en Afrique :

« Nous avons envoyé notre lettre de demande et attendons la réponse de [Zara] » [1]

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Un mannequin portant un Maxhosa de Laduma Ngxokolo.

 

Ça n’est pas la première fois que Zara, qui est l’un des du plus grand détaillant de vêtements au monde, est critiqué pour avoir « emprunté » des modèles et autres durant plusieurs années. Le magazine Fortune a rapporté que la compagnie était accusée d’avoir volé les dessins de près d’une douzaine d’artistes. [2]

Zara a également été accusé d’appropriation culturelle (décidément) ou de racisme (bizarre…) utilisant par exemple un symbole de la suprématie blanche sur l’un de ses objets dans le passé.

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Interrogé sur le boycottage des magasins Zara, Ngxokolo a déclaré que Zara avait franchi la limite et expliqué qu’il retournera tous les produits de la marque qu’il avait achetés auparavant.

« Je pense qu’en raison de l’irrespect dont ils ont fait preuve et du manque de respect pour l’intégrité artistique, je retournerai leurs produits, ils ne me respecteront pas en tant qu’artiste qui crée le(s) design(s) »

Copier de façon flagrante les artistes et la culture africaine ne semblent pas être un cas de conscience pour certaines grandes marque de textiles (et tant d’autres). Il incombe donc au créateurs africains de se prémunir de se genre de comportements rapaces. Le boycott et la voie judiciaire sont notamment de très bon outils pour ce faire…

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Notes et référence :

[1] Timothy Rangongo ~ « Outrage as Zara is accused of ripping off a beloved SA brand« , businessinsider.co.za, publié le

[2] Michal Addady « 12 Artists Are Accusing Zara of Stealing Their Designs« , fortune.com, publié le 20 juillet 2016

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