Neïba

Le saviez-vous ? Lettre de Malcolm X écrite depuis Accra

Histoire

Le saviez-vous ? Lettre de Malcolm X écrite depuis Accra

Par Mathieu N'DIAYE 21 février 2021

Pour ne rien manquer de l'actualité,
téléchargez l'application depuis ce lien
Recevez du contenu exclusif, de l'actualité, des codes promos Nofi Store ainsi que notre actualité évenementielle chaque week-end !

Quelques jours après son arrivée à Accra, la capitale du Ghana, Malcolm X a rédigé une lettre dans laquelle il soulignait l’importance de l’unité entre l’Afrique et sa diaspora.

Le saviez-vous ? Lettre de Malcolm X écrite depuis Accra

Malcolm X avait déjà visité le Soudan, le Nigéria et le Ghana en 1959 afin de prendre des dispositions pour un projet de tournée en Afrique d’Elijah Muhammad. Après son voyage à la Mecque en 1964, il se rendit en Afrique une seconde fois. Au cours de ces visites, il rencontra des fonctionnaires, donna des interviews à la radio et à la télévision en Égypte, en Éthiopie, au Tanganyika, au Nigeria, au Ghana, en Guinée, au Soudan, au Sénégal, au Liberia, en Algérie et au Maroc. Au Caire, il assista à la 2ème réunion de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA) en tant que représentant de l’Organisation de l’unité Afro-Américaine (OUAA).

A la fin de cette visite, il rencontra d’éminents leaders africain tels que : Kwame Nkrumah du Ghana, Gamal Abdel Nasser d’Egypte, et Ahmed Ben Bella, d’Algérie, qui avaient tous invité Malcolm X à travailler dans leurs gouvernements respectifs.

Voici, traduite par Nofi la lettre que Malcolm X écrivit le lendemain de son arrivé au Ghana :

 « Je suis arrivé à Accra hier depuis Lagos, au Nigeria. La beauté naturelle et la richesse du Nigeria et de son peuple sont indescriptibles. Il y a plein d’Américains et d’autres Blancs qui sont bien conscients de ses ressources naturelles inexploitées. Les mêmes blancs, qui crachent aux visages des Noirs en Amérique et jettent leurs chiens policiers sur nous afin de nous empêcher de nous « intégrer » à eux, sont vus à travers l’Afrique, s’inclinant, souriant et grimaçant avec effort pour « s’intégrer » aux Africains – ils veulent «s’intégrer» à la richesse et à la beauté de l’Afrique. C’est ironique.

Ce continent a une fertilité si grande et le sol est si abondamment végétal qu’avec les méthodes agricoles modernes, il pourrait facilement devenir le «grenier» du monde.

J’ai parlé à l’université d’Ibadan au Nigeria, vendredi soir, et j’ai donné la vraie image de notre situation en Amérique, et de la nécessité des nations africaines indépendantes de nous aider à porter notre cas aux Nations Unies. La réception des étudiants fut formidable. Ils m’ont fait membre honoraire de la «Société des étudiants musulmans du Nigéria» et m’ont rebaptisée «Omowale», ce qui signifie «l’enfant est rentré à la maison» en langue Yorouba.

Le peuple nigérian est fortement préoccupé par les problèmes de ses frères africains en Amérique, mais les agences d’information américaines en Afrique donnent l’impression que des progrès sont faits et que le problème est résolu. Lors d’une étude approfondie, on peut facilement voir un dessein gigantesque pour éviter que les Africains ici et les Afro-Américains ne se réunissent. Un officiel africain m’a dit: « Quand on combine le nombre de peuples d’ascendance africaine en Amérique du Sud, en Amérique centrale et en Amérique du Nord, on en compte bien plus de 80 millions. On comprend facilement les tentatives pour empêcher les Africains de s’unir avec les Afro- Américains« . L’unité entre les Africains d’Occident et les Africains de la terre-mère changera le cours de l’histoire.

Étant désormais au Ghana, la source du panafricanisme, les derniers jours de ma tournée devraient être intensément intéressants et instructifs.

Tout comme le Juif Américain est en harmonie (politique, économique et culturel) avec les juifs du monde, il est temps pour tous les Afro-Américains de devenir une partie intégrante du Panafricanisme mondial, et alors même que nous pourrions physiquement rester en Amérique tout en combattant pour les avantages que la Constitution nous garantit, nous devons «retourner» en Afrique philosophiquement et culturellement et développer une unité de travail dans le cadre du panafricanisme. »