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Une ONG dépose une plainte contre WWF pour violation des droits de l’Homme au Cameroun

Société

Une ONG dépose une plainte contre WWF pour violation des droits de l’Homme au Cameroun

Par Mathieu N'DIAYE 11 janvier 2017

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Survival International a déposée plainte auprès de l’OCDE contre World Wide Fund (WWF). L’ONG britannique accuse cette dernière de financer des activités violant les droits de l’homme de la communauté Baka du Cameroun.Une plainte pour violations des droits de l’homme contre le Fonds mondial pour la nature (WWF), l’une des plus importantes ONG environnementalistes du monde, doit être examinée par l’Organisation de coopération économique (OCDE). Il s’agit d’une action inédite, car jusqu’ici, seules les multinationales avaient à rendre des comptes à l’OCDE. Comme le dit l’adage, « il y a un début à tout« .

Les agents en charge de la lutte anti-braconnage du gouvernement camerounais sont en partie financés par le WWF. Ils auraient détruit des campements et des biens appartenants aux Baka, un peuple forestier, vivant principalement au Cameroun et au Gabon.  Survival International, spécialisée dans la défense des droits des peuples indigènes, dont les Baka, les accuse donc  d’utiliser la menace et la violence contre ces groupes de chasseurs-cueilleurs, depuis plusieurs années.

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C’est en Février 2016 que l’ONG Survival International avait déposé une plainte formelle de 228 pages auprès de l’OCDE en Suisse, là-même où ets basé le siège du WWF. Selon Survival International, les Baka se sont vu refuser l’accès à leurs terres ancestrales « avec le soutien vital du WWF« . Le rapport mentionne aussi « des abus systématiques commis par ces équipes anti-braconnage, dont des arrestations, des passages à tabac, des tortures et même des morts depuis plus de vingt ans« .

Ces accusations sont notamment fondées sur de nombreux témoignages  d’hommes et de femmes Baka (disponible sur le site de l’ONG). Ainsi on peut lire sur le site officiel de l’ONG un des récit édifiants :

Ce jour-là, les gardes forestiers nous ont battus avec leurs machettes, du lever au coucher du soleil. Sur toutes les parties de mon corps. Ils ont rassemblé d’autres villageois et les ont fait s’asseoir dehors et fixer le soleil, les menaçant s’ils baissaient leurs têtes. Ils nous ont fait porter leurs affaires jusqu’au camp du WWF. Et c’est là que nous avons failli mourir à cause de leurs coups. Ensuite, nous ne pouvions plus marcher. Nous avons usé de toutes nos forces pour ne pas mourir là sur la route.

WWF - WTF:

Détournement du logo du World Wide Fund

Stephen Corry, anthropologue britannique et activiste des droits des peuples autochtone et Directeur de Survival International, a pris la parole déclarant:

« L’OCDE admet que notre plainte est un pas de géant pour les populations vulnérables. Ils peuvent déjà utiliser les lignes directrices de l’OCDE pour tenter d’empêcher les sociétés de les écraser, mais c’est la première fois qu’il est convenu que les règles s’appliquent également aux ONG à l’échelle industrielle comme le WWF. »

Le Fonds mondial pour la nature a quant à lui cherché à se défendre. A travers un communiqué, il prétend « prendre très au sérieux toute allégation de violations des droits de l’homme » et assure « regretter » que Survival International n’ait pas accepté « de travailler ensemble sur le terrain pour s’attaquer au contexte social et politique complexe auquel font face les Baka au Cameroun« .

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Il appartient à présent à l’OCDE de faire toute la lumière sur cette histoire afin que le peuple Baka puisse enfin vivre en paix sur son territoire ancestrale. Gradons à l’esprit que ceux que nous appelons improprement les « Pygmées » (terme péjoratif d’origine grecque signifiant «haut d’une coudée») sont en grand danger. Historiquement, ils  ont toujours été considérés comme inférieurs, autant  par les autorités coloniales que par les tribus « bantoues ». Les discriminations à leur égard sont quasi systématique.
Les Etats africains ont une énorme responsabilité dans le malheur de ces populations indigènes. En effet, peu d’entre eux les considèrent comme des citoyens à part entière. ces tribus s’y voient fréquemment refuser des cartes d’identité, des actes de propriété foncière, des soins de santé et une scolarité appropriée. Les politiques gouvernementales et les multinationales impliquées dans la déforestation massive ont aggravé cette situation dramatique et qui les pousse chaque jour davantage hors de leurs terres natales traditionnelles. D’autant qu’ils sont également marginalisés dans les villages et les villes où ils se retrouvent appauvris et abusés par la culture dominante.