Rugby : le paradoxe Bryan Habana et Chester Williams

Les deux joueurs sud-africains de rugby ont disputé des coupes du monde avec des contextes différents. Explications et analyse.

Bryan Habana, la star mondial 

Un nouveau record pour Habana. Le 3/4 aile sud-africain qui s’est révélé au mondial français en 2007 a rejoint une légende de son sport le Néo-Zélandais Jonah Lomu. Le joueur de 32 ans a rejoint mercredi le All Black en tête du classement des meilleurs marqueurs d’essais en Coupe du monde. Le Sud-Africain et le Néo-Zélandais en sont à 15 essais inscrits en Coupe du monde. Un exploit qui a été réalisé lors de la large victoire des Springboks face aux Etats-Unis (64-0) mercredi après-midi au stade d’olympique de Londres lors de la 4ème journée de leur groupe dans cette coupe du monde de rugby 2015 en Angleterre.

Ainsi depuis la création de cette épreuve en 1988, ils sont deux joueurs de la communauté à partager à présent donc ce privilège. Mais bientôt, Bryan Habana sera tout seul à le détenir.  Connu pour une rapidité qui lui permet de défier des guépards ou des Airbus A380, il a inscrit à présent son nom dans l’histoire de son sport avec cette performance individuelle. Son record fait parti des meilleurs moments de ce mondial anglais.

Très modeste, Bryan Habana a rendu hommage à son ancien collègue: « Je ne crois pas qu’on puisse me comparer à Jonah Lomu et à tout ce qu’il a apporté au rugby. Il a été un modèle pour moi. Le voir démolir l’Angleterre à la Coupe du Monde 1995 et devenir une star mondiale… Je n’oublierai jamais cette compétition, j’étais là à chasser les autographes. » Enfin les deux hommes se sont félicités via Twitter à la suite de cet événement.

Chester Williams, le mal-aimé

Chester Williams

Chester Williams est  le  premier Springbok noir  de l’histoire du rugby sud-africain professionnel. L’international fut bien le pionnier des joueurs « non blancs ». Avant la Coupe du monde 1995 en Afrique du Sud,  le président défunt Nelson Mandela avait invité Chester Williams et sa famille à déjeuner. Mais en 2002 deux ans après avoir raccroché les crampons, il a lâché ce qu’il avait sur le cœur dans un livre intitulée: Une biographie de courage. 

Dans cet ouvrage, il a détruit le voile des apparences sur sa carrière avec les Springboks.  » Je n’étais pas revanchard, précise celui qui inscrivit quatre essais pendant le Mondial 1995, mais c’était important que je témoigne. » Au début des années 1990, un coéquipier, James Small, l’interpelle : « Putain de nègre, pourquoi tu veux jouer notre jeu ? Tu sais que tu ne peux pas ! »

Un quotidien périlleux

Voici les propos virulents de son entretien avec le Monde. « Sur le terrain, j’avais parfois droit à des insultes racistes de la part des spectateurs et des adversaires. A la Coupe du monde 1995, il n’y a pas eu de problèmes de racisme, mais clairement, avant la compétition, je me sentais isolé des autres, je mangeais souvent seul lors des tournées à l’étranger, raconte-t-il. Ce n’est qu’au fur et à mesure du tournoi de 95 que l’équipe s’est unifiée. On accusait mon oncle de faire partie du système, de trahir la cause des Noirs. Je suis contre le principe des quotas. En 1995, je méritais d’être dans l’équipe ! »  Depuis 2014, il a aussi lancé la Chester Williams Foundation pour améliorer les conditions de logement, d’alimentation, d’éducation, de 700 personnes qui vivent dans un quartier pauvre du Cap.

Abou Cissé
Abou Cissé
Je suis un journaliste passionné de sport (Football, NBA, Tennis). A travers ma plume, je traite l’actualité dans ce domaine que j'apprécie tant.

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