Black Hair Month : un mois pour reprendre le contrôle de nos cheveux et de notre économie

Du 1er au 30 septembre, la communauté noire lance le Black Hair Month : un boycott des produits capillaires non black-owned. Objectif : soutenir nos marques, renforcer notre santé et bâtir une économie circulaire afro-descendante.

Black Hair Month : une initiative globale et populair

En septembre, nous passons des mots aux actes. Du 1er au 30 septembre, un boycott mondial appelle les consommateurs afro-descendants à suspendre tout achat de produits capillaires non black-owned et à rediriger leurs dépenses vers des marques, salons et artisans noirs. L’enjeu dépasse la salle de bain : c’est une épreuve de discipline collective et un test de souveraineté économique. Car nos cheveux pèsent lourd : chaque année, la beauté afro mobilise des milliards ; mais trop peu reviennent à nos entrepreneurs, nos créateurs, nos quartiers. En un mois, nous pouvons changer le sens du flux : cesser d’alimenter des circuits qui ne nous respectent pas, soutenir nos propres filières, encourager le DIY sain et transmettre des savoir-faire.

Le cheveu afro n’est pas qu’un style : c’est un levier de transformation sociale, une façon de financer nos emplois, nos rêves et notre dignité. Septembre commence maintenant ; et chaque euro dépensé devient un vote.

Chaque année, la communauté noire dépense des milliards dans les produits capillaires. Défrisants, perruques, lace wigs, gels, huiles : nous représentons l’une des clientèles les plus dynamiques au monde. Pourtant, cette manne financière ne profite presque jamais aux nôtres.
La plupart des beauty supply stores appartiennent à d’autres communautés. Les produits vendus sont souvent importés de filières étrangères. Dans bien des cas, les clients noirs font face à des expériences humiliantes : surveillance excessive, manque de respect, soupçons de vol.

Le paradoxe est violent : nos cheveux nourrissent un marché colossal, mais nos entrepreneurs peinent à y survivre.

Un boycott, c’est plus qu’une abstention. C’est un langage politique. Rosa Parks l’avait compris en refusant de céder son siège à Montgomery. Les militants anti-apartheid l’avaient appliqué face aux entreprises complices du régime sud-africain.

Dire non, c’est libérer une énergie nouvelle. Pendant un mois, il s’agit d’arrêter d’alimenter les caisses de ceux qui ne nous respectent pas. Pas de “dernier achat” pour se stocker à l’avance : ce serait nourrir le système une dernière fois. Le mot d’ordre est clair : discipline, patience, créativité.

Ce boycott est aussi une opportunité de redécouvrir les alternatives naturelles. Aloe vera, graines de lin, clous de girofle, riz fermenté, huile de ricin : nos cuisines et nos traditions regorgent de trésors capillaires. Le DIY (Do It Yourself) permet de reprendre le contrôle et d’éviter les produits nocifs qui fragilisent cuir chevelu et santé.

L’idée a explosé sur les réseaux sociaux. Un créateur posait la question : 

“Et si toutes les femmes noires cessaient d’acheter pendant un mois ?” 

Les vidéos se sont multipliées, les stitches ont fleuri sur TikTok, YouTube, Instagram. Les hashtags ont pris racine : #BlackHairMonth, #BuyBlack, #ForUsByUs.

L’ambition est mondiale. En Afrique, en Europe, aux États-Unis, dans la Caraïbe, des voix s’élèvent pour construire un répertoire commun de marques black-owned, de salons de coiffure indépendants, de braiders talentueux. L’objectif est simple : ne plus chercher dans le vide, mais trouver facilement nos fournisseurs.

Et contrairement à ce que certains croient, le mouvement ne s’adresse pas qu’aux femmes. Les hommes aussi sont concernés : barbes, locks, cheveux naturels. L’appel est clair : unité totale.

Le boycott n’est pas une privation, c’est une redirection. En France aussi, la créativité capillaire noire est foisonnante. Des marques comme Les Secrets de Loly (fondée par Kelly Massol, référence incontournable du naturel), Activilong (créée par Yannick Cheffre, pionnière depuis les années 1980 en Guadeloupe), ou encore Nappy Queen (spécialiste du soin naturel) témoignent de la richesse de l’entrepreneuriat afro. On peut aussi citer Inaya, Noireônaturel ou Kairly Paris, qui s’imposent progressivement comme des alternatives éthiques, saines et accessibles.

Ces marques, qu’elles soient américaines, caribéennes ou françaises, rappellent une évidence : nous n’avons pas besoin d’aller chercher ailleurs ce que nous produisons déjà avec excellence.

À côté de ces grands noms, une constellation de petits entrepreneurs se battent pour exister : artisans de beurres de karité, de savons noirs, créateurs de sérums et d’huiles. Les réseaux sociaux leur donnent une vitrine, mais c’est notre fidélité qui leur assure une survie.

Enfin, la nature reste notre meilleure alliée. Savon noir africain, beurre de karité pur, huiles infusées maison : tout cela est accessible et bien plus sain que les produits industriels bourrés de composants chimiques.

Ne nous trompons pas : ce boycott n’est pas qu’une affaire de coiffure. C’est une école de souveraineté. Chaque euro dépensé est un vote. Votons pour nous.

D’autres communautés l’ont compris depuis longtemps : les Indiens qui font vivre leurs commerces, les Asiatiques qui créent des dynasties familiales, les Juifs qui bâtissent sur l’entre-aide. Pourquoi pas nous ?

L’histoire nous a donné Black Wall Street. L’histoire nous a aussi appris que quand nous nous organisons, nous faisons peur. Mais aujourd’hui, plus que jamais, il est temps de reconstruire. Ce boycott est une étape vers un cercle vertueux : soutenir nos commerces, qui embauchent nos jeunes, qui forment nos générations futures.

Round One

Black Hair Month : un mois pour reprendre le contrôle de nos cheveux et de notre économie

Le 1er septembre n’est pas une fin. C’est un test. Un premier round. Une démonstration de notre puissance collective.

Et si, au bout de ces trente jours, nous décidons de continuer ? Et si, demain, ce réflexe gagnait d’autres secteurs ; alimentation, mode, culture ?

Nos cheveux sont politiques. Nos achats sont des armes. Nos euros sont des graines.
Alors dès le 1er septembre, faisons pousser nos propres racines. Pas de compromis. Nos cheveux, nos règles, notre économie.


Mathieu N'DIAYE
Mathieu N'DIAYE
Mathieu N’Diaye, aussi connu sous le pseudonyme de Makandal, est un écrivain et journaliste spécialisé dans l’anthropologie et l’héritage africain. Il a publié "Histoire et Culture Noire : les premières miscellanées panafricaines", une anthologie des trésors culturels africains. N’Diaye travaille à promouvoir la culture noire à travers ses contributions à Nofi et Negus Journal.

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