Connaissez-vous l’emela-ntouka, le « tueur d’éléphants » congolais ?

L’emela-ntouka (du congolais « tueur d’éléphants ») est un animal mythique dans la culture des tribus pygmées d’Afrique centrale.

Connaissez-vous l’emela-ntouka, le « tueur d’éléphants » congolais ?

Selon la légende, cet animal mythique serait de la taille d’un éléphant et de couleur verdâtre. Son aspect général rappellerait celle d’un rhinocéros, avec une corne d’environ deux mètres de long sur le museau ou sur le front. Son énorme corps est soutenu par quatre épaisses pattes et sa queue serait semblable à celle des crocodiles. Quant à ses mâchoires, on les dit garnies de longues dents pointues de forme triangulaire, bien qu’herbivore.

Vue d’artiste d’un Emela-ntouka.

L’emela-ntouka est bien connue des populations autochtones qui affirment que l’animal serait mortel pour l’homme et le reste de la faune. Surnommée le « tueur d’éléphant », il serait capable de mettre à mal les éléphants qui sont pourtant parmi les plus grands animaux terrestres. Certains éléments anecdotiques suggèrent la possibilité d’une existence réelle de l’animal.

Lucien Blancou (1903 – 1983) était un spécialiste français de la faune d’Afrique centrale, remarquable pour avoir été la première personne à utiliser le terme « cryptozoologie ».

En effet, selon Lucien Blancou, inspecteur en chef de l’Afrique équatoriale française dans les années 50 qui a écrit à propos d’une créature féroce, plus grande qu’un buffle et considérée comme très dangereuse par les pygmées locaux :

« …on sait aussi qu’il existe une bête connue pour éviscérer les éléphants, mais elle ne semble pas aussi répandue là-bas que dans les districts mentionnés. On suppose qu’un spécimen a été tué une centaine d’années plus tard à Dongou, mais à l’ouest de l’Oubangui et au Congo belge. [1] »

Les mythes coïncident pour situer l’animal dans les vastes terres que constituent le bassin du fleuve Congo. L’emela-ntouka serait donc de nature amphibie.

Roy P. Mackal (1er août 1925 – 13 septembre 2013) était un biologiste de l’Université de Chicago, surtout connu du grand public pour son intérêt pour la cryptozoologie.

En 1981, le Dr Roy Mackal s’est rendu au Congo à la recherche de traces possibles du Mokèlé-mbèmbé, une créature du folklore local ; entre-temps, il a pris conscience de l’existence présumée d’une autre bête différente. Selon Roy Mackal, la description donnée par les habitants de la région suggérerait que la mystérieuse bête est en fait une cératopsien qui a survécu à l’extinction de la fin du Crétacé.

Les descriptions de l’emela-ntouka correspondent à celles d’une cératopsien préhistorique.

Mackal et d’autres qui soutiennent cette idée pensent que le bassin du Congo possède certaines caractéristiques uniques qui rendent possible la survie d’espèces archaïques. Parmi les autres bêtes de ce type, on peut citer le kongamato, le nandi et le mokèlé-mbèmbé. Cependant, cette position n’est partagée par la plupart des zoologistes.

La première explication rationnelle qui vient à l’esprit après avoir entendu la description physique de l’emela-ntouka est qu’il s’agit d’un rhinocéros. Pour ce qui est de son comportement amphibie, il serait le résultat d’une rencontre nocturne avec un hippopotame.

Notes et références

[1] traduit par Bernard Heuvelmans, « Sur la piste des animaux inconnus », 1959.

Mathieu N'DIAYE
Mathieu N'DIAYE
Mathieu N’Diaye, aussi connu sous le pseudonyme de Makandal, est un écrivain et journaliste spécialisé dans l’anthropologie et l’héritage africain. Il a publié "Histoire et Culture Noire : les premières miscellanées panafricaines", une anthologie des trésors culturels africains. N’Diaye travaille à promouvoir la culture noire à travers ses contributions à Nofi et Negus Journal.

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