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Le Ghana, Terre d’accueil et d’exil

Société

Le Ghana, Terre d’accueil et d’exil

Par Redaction NOFI 28 septembre 2019

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Par Georges Dominique. « Et sinon, tu viens d’où ? » demande maladroitement ce jeune homme caucasien, qui s’est joint à ton groupe de conversation. Ce monsieur lourdaud jette ainsi un froid pendant que le climat se réchauffe dangereusement dans le monde.

C’est peut-être parce que certains afro-américains en ont eu marre de subir ce genre de vexations, comme de nombreux afro-européens, et surtout un traitement inégal, le plus souvent à cause de leur couleur de peau, qu’ils ont décidé de rentrer, notamment au Ghana. Dans le cadre de l’année du retour, ce pays d’Afrique sub-saharienne commémore les quatre cent ans de l’esclavage.

LE GHANA, TERRE D’EXIL

Au Ghana, c’est l’année du retour – Tous droits réservés

À l’instar du Sénégal, et son île de Gorée où le récit détaillé et émouvant du guide s’accompagne de petites larmes et de gros reniflements, le Ghana a été l’un des principaux points de départ pour les esclaves pendant la traite négrière.

Cape Coast, triste symbole de l’esclavage

Lorsque tu tapes « Cape Coast » dans la barre d’un célèbre moteur de recherche, c’est le lien d’un fameux service de locations qui apparaît. Mais, le fort de Cape Coast, c’est bien plus qu’un passage obligé pour touristes !

Inscrite au patrimoine mondial de l’humanité et située à 150 kilomètres d’Accra, l’ancienne capitale de la Gold Coast (ancien nom du Ghana) est l’endroit d’où les esclaves partaient pour un aller-simple. Entassés les uns sur les autres, dans la cale du navire, maltraités, la plupart d’entre eux mourraient avant même d’avoir pu poser les pieds sur le sol américain. C’est pour honorer la mémoire de leurs ancêtres défunts que ces afro-américains reviennent sur leurs traces.

RETOUR VERS LE FUTUR

De nombreuses stars posent leurs valises au Ghana – Tous droits réservés

D’abord initié par le premier président ghanéen Kwame Nkrumah dans les années 1960, puis propulsé vers les sommets depuis plusieurs années, le retour des afro-américains vers le Ghana porte un nom : celui des returnees.

En Afrique de l’Ouest, les afro-européens qui rentrent sont appelés : repats.

Ces deux néologismes mettent en lumière une tendance forte : celui d’un retour aux sources.

Préparer le terrain.

Interrogée par la chaîne d’information continue France 24, la présidente de l’association afro-américaine du Ghana Gail Nikoi explique notamment que : « Nous préparons le terrain pour l’engagement et la participation futurs des Afro-américains et d’autres Africains de la diaspora dans le développement de ce pays. Nous décidons qu’il est temps que nous racontions notre propre histoire ». Toujours selon cette chaîne, entre 3.000 et 5.000 afro-américains se seraient installés dans ce pays d’Afrique d’Occidentale.

Au pays des Black Stars, ce sont près d’un demi-million de touristes qui sont espérés par les autorités ghanéennes à la tête d’un pays pauvre qui souhaite sortir des griffes acérées des organisations internationales.

LE GHANA, UN PAYS MALADE QUI REFUSE POURTANT LA PERFUSION

Le président ghanéen Nana Akufo-Addo en tenue traditionnelle

« Tu es tombé comme Ghana ! », pouvait-on entendre dans le pays voisin : la Côte d’Ivoire, dans les années 1980 – 1990.

Connu entre autres pour leur humour pare-balles, certains Ivoiriens moquaient ainsi la fragilité de l’économie ghanéenne mise à mal à la fois par la dépréciation de sa monnaie et de nombreux coups d’état dont celui qui a porté au pouvoir le toujours- très-respecté Jerry Rawlings, en juin 1979.

Les chiffres mentent, les hommes non.

Depuis un certain nombre d’années, l’expression « tu es tombé comme Ghana ! » a disparu des conversations.

Et pour cause, le Ghana a connu ses dernières années une certaine croissance.

Selon un article paru sur Le Monde Afrique, le pays aux 29,5 millions d’habitants serait le seul à avoir réussi à diviser par deux le taux d’extrême pauvreté. Il serait notamment passé de 52% en 1992 à 24% en 2013.

L’état ghanéen aurait également réussi à mettre en place une allocation visant à soulager les plus démunis.

Malgré ces signes de bonne santé, le pays dirigé depuis 2017 par  Nana Akufo-Addo est frappé par ces maux qui touchent la plupart des pays d’Afrique occidentale à savoir : chômage, inégalités sociales, répartition inégale des richesses, etc.

Et pourtant, le pays souhaite ne plus être mis sous perfusion grâce à l’aide des organisations internationales ; le programme a pour nom : Ghana beyond aid.

Reste à savoir si ça suffira à ne plus entendre « Et sinon, tu viens d’où ? ».

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