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« Sika Dwa Kofi », le symbole ultime du pouvoir chez les Ashanti

Société

« Sika Dwa Kofi », le symbole ultime du pouvoir chez les Ashanti

Par Mathieu N'DIAYE 26 septembre 2019

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Nofi vous propose de découvrir le légendaire Tabouret d’or (ou Sika Dwa Kofi), symbole du pouvoir dans le royaume Ashanti depuis le 17e siècle.

« Sika Dwa Kofi », le symbole ultime du pouvoir chez les Ashanti

Selon la tradition orale, Okomfo Anokye, grand prêtre et l’un des deux fondateurs de la Confédération Ashanti, a évoqué le Sika Dwa Kofi, orné de cloches et de fers en or, et l’a fait descendre des cieux jusqu’aux pieds (ou sur les genoux, selon les versions) d’Osei. Tutu I, le premier Asantehene (souverain) Ashanti. Depuis lors, les Ashanti ont la ferme conviction que le mythique Tabouret d’or abrite l’âme de leur nation.

Ce trône en or mesure 46 cm de haut, sa plate-forme mesure 61 cm de large et est profonde de 30 cm. Traditionnellement, ce siège sacré ne doit sous aucun prétexte toucher le sol et personne n’a jamais été autorisé à s’y asseoir. Chaque nouveau Asantehene est abaissé et élevé sur le tabouret doré sans le toucher. Sans le tabouret d’or, les souverains Ashanti n’ont aucune légitimité et ne seraient être considérés comme de véritables leaders.

Drapeau des Ashanti représentant le tabouret d’or au milieu.

Les Ashanti ont conservé le Sika Dwa Kofi comme leur bien le plus précieux. Avant de partir en guerre, leurs chefs militaires le consultaient. Et, à mesure que les Ashanti remportaient de nouvelles victoires sur leurs rivaux, transformant petit à petit leur royaume en empire, le Tabouret d’or fut bien plus encore un objet de vénération.

Au 19ème siècle, les Ashanti initièrent une série d’affrontements contre l’empire colonial britannique qui contrôlait la région côtière de l’actuel Ghana. Ils menèrent trois dites « guerres Anglo-Ashanti« entre 1824 et 1874. Celles-ci se soldèrent par l’extension du contrôle des Britanniques et de leurs alliés africains sur le territoire Ashanti. Au cours de la quatrième guerre Anglo-Ashanti, les Britanniques et leurs alliés indiens et africains vainquirent l’Asantehene Agyeman Prempeh. Il fut fait prisonnier et sera exilé aux îles Seychelles.

Défaite des Ashanti face aux forces britanniques sous le commandement du Col. Sutherland, le 11 juillet 1824.

La dernière guerre (1900), est une rébellion, à proprement parlé. Celle-ci est dirigée par Yaa Asantewaa, reine-mère et gardienne de la porte du Sika Dwa Kofi, et fait suite à la demande blasphématoire de Sir Frederick Mitchell Hodgson, gouverneur britannique de la Gold Coast, qui réclamait tout bonnement l’artefact sacré. Cette offense  poussa Yaa Asantewaa a dirigé une rébellion appelée la « Parole du Tabouret d’or » qui débuta le 28 mars 1900. Les combats intenses entraînèrent la mort de plus de 2 000 Ashanti et d’environ un millier de soldats britanniques et de leurs alliés. Cette fois-ci, le nombre de cadavres sur les champs de bataille fut plus élevé que les morts de toutes les guerres Anglo-Ashanti précédentes combinées. La guerre prit cependant fin six mois plus tard…

Yaa Asantewaa fut capturée par les Britanniques en 1901 et rapidement exilée, elle aussi, aux Seychelles, où elle décéda en 1921. Grâce à son action, les Britanniques ne mirent jamais la main sur le Sika Dwa Kofi. En effet, mis à l’abri par les Ashanti, il fut découvert par un groupe de constructeurs de chemins de fer africains en 1920. Ces derniers le profanèrent et le dépouillèrent de tous ses ornements en or. Les profanateurs furent par la suite jugés par les Ashanti et condamnés à mort…

Le tabouret d’or sur son trône, le hwedom dwa (1935).

Après avoir pris conscience de l’importance du Sika Dwa Kofi pour les Ashanti, les Britanniques promirent qu’ils n’essayeraient plus de l’obtenir. Restauré dans son lieu de cérémonie, le Tabouret d’or continue d’être utilisé dans les rituels couronnant l’Asantehene, bien qu’il soit désormais considéré comme un souverain traditionnel sans pouvoir ni influence politique. Néanmoins, le Sika Dwa Kofi reste un symbole précieux de l’ancien empire Ashanti.

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Notes et références

[1] John Carmichael ~ « African Eldorado – Gold Coast to Ghana », Gerald Duckworth & Co. Ltd. (1993)

[2] Empire Ashanti, Lisapo Ya Kama, publié le 13 janvier 2019