Le Burundi s’attaque à l’ingérence des ONG internationales

Depuis le 1er octobre, le gouvernement du Burundi a suspendu les activités de la plupart des ONG étrangères présentes dans son territoire.

Le Burundi suspend l’activité des ONGE

Les organisations non-gouvernementales étrangères (ONGE) présentes au Burundi sont dans le collimateur du gouvernement. En effet, les autorités exigent qu’elles se conforment à une nouvelle loi imposant un contrôle plus strict de leurs opérations.

Selon le gouvernement, la plupart des 130 ONGE ne respectent pas la réglementation fixée pour y travailler. La nouvelle loi burundaise leur impose en effet des quotas ethniques dans l’effectif de leurs travailleurs et des frais d’administration. Votée fin 2017, elle prévoit la conformité aux équilibres ethniques du pays disposé par la Constitution : 60% de Hutus et 40% de Tutsis.

Ainsi, les activités des ONGE sont suspendues pour trois mois depuis le 1er octobre.

« Le CNS décide la suspension de toutes les activités de ces ONG pendant une période de trois mois, à compter du 1er octobre 2018, pour permettre aux institutions chargées de ces dernières de vérifier leur conformité avec la loi et le règlement en vigueur », a déclaré le général Ntigurirwa.

Le Burundi connaît une pénurie de devises en raison des sanctions qui lui sont imposées par l’Union européenne. Avec cette loi, c’est la banque centrale du pays qui gèrerait les comptes en devises étrangères des ONG.

Une loi contestée

Cependant, les ONG s’interrogent sur la légitimité du Conseil national de sécurité pour prendre une telle décision. Selon la fameuse loi sur les ONG, seul le ministre des Affaires étrangères peut suspendre leur activité. Selon Claude Karerwa Ndenzako, la suspension ne concerne que les ONGS qui ne respectent pas la loi burundaise. Parmi elles figureraient des organisations faisant « la promotion de l’homosexualité et de l’insécurité ».

« Après avoir analysé le fonctionnement des ONG œuvrant au Burundi, le Conseil national de sécurité [CNS] a constaté que la plupart d’entre elles ne se conforment ni à la loi, ni aux textes qui les régissent », a affirmé, jeudi 27 septembre au soir, le général Silas Ntigurirwa, secrétaire exécutif.

Les ONG étrangères seraient réticentes à signer le document sur la réglementation financière. Elles craignent de tomber sous le contrôle direct du pouvoir, et de se soumettre aux quotas ethniques.

Néanmoins, la mise en application des exigences du gouvernement conditionnera le « redémarrage » des activités des ONGE.

Les premières sanctions

Les ONG qui ne seront pas en règle au bout de ces trois mois seront « radiées définitivement ». Jusqu’à présent, seules 4 ONG étrangères avaient déposé les documents exigés, selon le ministère de l’Intérieur.

Trois employés de l’International Rescue Comittee ont été arrêtés dans l’ouest du Burundi pour avoir violé l’interdiction de travailler, ont annoncé jeudi les autorités burundaises.

De plus, le coordinateur belge du bureau pays du 11.11.11 au Burundi a reçu l’ordre de « quitter le pays dans les 24 heures (…), à son arrivée à l’aéroport de Bujumbura, après une courte mission au Rwanda », indique un communiqué.

Des menaces internationales

Les partenaires internationaux du Burundi ont rappelé qu’une « partie importante » de leur aide passe par ces ONGE. Un message subliminale pour rappeler notamment que le pays est sous le coup de sanctions de l’UE.

Ainsi, les principaux bailleurs de fonds du Burundi ont appelé son gouvernement à des « concertations » avec les ONG internationales. En vu de « concertations engagées pour clarifier les questions des ONGE concernant l’application de la loi ». Des représentants et ambassadeurs des Nations unies, du Canada, des États-Unis, du Japon, de Suisse, de l’Union européenne et de ses états membres ont signé ce texte.

Ces donateurs se sont résolus à publier ce communiqué après avoir échoué à rencontrer le ministre burundais de l’Intérieur, a indiqué à l’AFP une source onusienne.

 

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