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Edwidge Danticat, l’écrivaine passée maître de son art

Culture

Edwidge Danticat, l’écrivaine passée maître de son art

Par Atouma NKeussi 6 mars 2018

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 Le jeudi 9 novembre 2017, l’écrivaine Haïtienne, Edwidge Danticat a été nommée lauréat du Prix international de littérature de Neustadt 2018, qui équivaut au Nobel de la littérature aux USA. L’annonce a été faite à l’Université de l’Oklahoma. C’est loin d’être le seul prix remporté par Danticat. Imprégnée de sa culture haïtienne, l’artiste a toujours su raconter les réalités de son peuple. Retour sur le parcours d’un écrivain de prestige, maître de son art.

« Écrire pour conjurer la menace du silence, car lorsque nos propres histoires ne sont pas racontées, ce qui reste, c’est la nostalgie de quelque chose que nous ne sommes pas sûrs d’avoir eu, mais dont nous savons que nous n’en ferons plus jamais l’expérience »

Edwidge Danticat

Edwidge Danticat est née à Port-au-Prince, à Haïti, le 19 janvier 1969 (en plein régime des Duvalier). Elle a deux ans lorsque son père émigre à New York, rejoint par sa femme deux ans après. Danticat et un de ses frères restent à Haïti dans leur famille. À 12 ans, elle rejoint ses parents à Brooklyn et s’installe dans un nouveau pays. Ses premiers textes sont publiés dans le journal de l’école où elle termine ses études secondaires. Elle obtient un premier diplôme universitaire à Barnard College, en lettres françaises avant de poursuivre, boursière, une maîtrise en Beaux-Art, à Brown University. Avant même d’être terminée, à 25 ans, sa thèse en « creative writing » est acceptée pour publication. Le texte qui en résulte – Breath, Eyes Memory, traduit en français sous le titre « Le cri de l’oiseau rouge », a autant de succès auprès des critiques que du public.

© rezonodwes.com

La force et la qualité de ce premier récit, où se croisent les réalités haïtiennes et newyorkaises, ont été comparées à celles des auteurs tels Maxine Hong Kingston et Toni Morrison, et ont valu à l’auteur un passage sur le plateau d’Oprah Winfrey. Nouvelliste talentueuse, Danticat publie ensuite un recueil de ses courts récits, Krik? Krac!  Dans son deuxième roman, The Farming of Bones (publié en 1998 et traduit l’année suivante comme La Récolte douce des larmes), elle crée une fiction passionnante autour des événements tragiques de 1937 (connu sous le nom de massacre des haïtiens ou le massacre du Persil). Danticat a également dirigé deux recueils de courts récits écrits par d’autres auteurs, dont The Butterfly’s Way, 33 récits d’Haïtiano-américains. Toute son œuvre est marquée par son regard sur l’histoire et sur l’actualité, sans jugement aucun, examinant en particulier la réalité du peuple Haïtien avec une prose limpide. Edwidge Danticat dispense également de cours de « creative writing », à New York University et à l’Université de Miami. Elle a aussi de nombreux projets sur l’art et la culture haïtienne, comme l’indiquent ses collaborations avec les cinéastes Patricia Benoit et Jonathan Demme, et son engagement auprès de la National Coalition for Haitian Rights.

lithub.com

Bouleversée par la tragédie de janvier 2010, elle exprime sa douleur d’Haïtienne, tout comme Dany Lafferrière où d’autres Haïtiens, dans un essai nommé Create Dangerously, The Immigrant Artist at WorkFemme inspirée et créatrice, Edwidge Danticat a reçu de nombreuses reconnaissances artistique et littéraires. Dernier en date, le Prix international de littérature de Neustadt 2018, qui comprend la somme de 50 000 €. Elle fut aussi lauréate en 1999 de l’American Book Award, pour The Farming of Bones, récipiendaire d’une bourse MacArthur, (la bourse dite des « génies ») pour poursuivre et développer son œuvre de création artistiqueen 2009, ainsi que le prix du Cercle national des critiques de livres, le prix de l’histoire et le prix littéraire Dayton pour la paix.