Devenir libre en se détachant du regard des autres

Par Kévin Nubret-Adonicam. Quand sommes-nous vraiment libres ? C’est “l’autre” qui commande notre vie. Il faut que “l’autre” soit content, il ne faut pas contrarier “l’autre”. “L’autre affirme que ce n’était pas bien de dire cela ou de penser cela alors je me tais. “L’autre” n’apprécie pas quand je fais cela alors je ne le fais pas. “L’autre” se sent mal quand j’ose être qui je suis alors j’arrête d’être qui je suis. Je perds “l’autre” quand je fais ce que j’aime alors je préfère arrêter de faire ce que j’aime pour garder “l’autre”. “L’autre” va me faire une observation si je fais cela alors je préfère même ne pas commencer à le faire. “L’autre” est heureux quand je ne dis rien, quand je ne fais rien, car “l’autre” n’est ainsi pas remis en question, et c’est cela que je n’ai pas encore réussi à comprendre…

En tentant de vivre pour plaire aux autres et faire ce qu’ils apprécient, nous devenons “ce qui nous aime”. Par exemple, admettons que vous êtes une jeune femme noire. Si vous êtes “ce qui vous aime”, vous devenez alors la représentation de ce que vous pensez qu’une jeune femme noire doit être et penser, pour être aimée. Vous agissez et imitez ce qui plaît, en fonction de ce que vous avez vu depuis toute petite, dans votre famille, dans la rue, dans vos amis, à la télé. Vous devenez finalement une marionnette, tenue par “ce qui vous aime”. Ainsi, pour ne pas perdre l’appréciation, l’amour des autres ou plutôt cette promesse d’amour, car il est superficiel puisqu’il est conditionné à ce que vous faites et non qui vous êtes réellement, vous resterez à vie coincée dans cette image que vous devez maintenant tenir, de ce qu’une noire doit être, de ce que les autres aiment des noires, de ce regard que les autres auront sur vous, de ce que vous estimez devoir être, calqué sur leur appréciation ou non.

Grace Jones
Crédit photo: Blog Zik

Vous êtes “ce qui vous aime”.

Maintenant, imaginons que vous soyez une jeune femme noire qui souhaite être électromécanicienne, car c’est ce que vous aimez. Ou alors, vous voulez devenir motarde, ou ingénieure en automobile, car c’est ce que vous aimez (je donne exprès des clichés de choses que l’on n’a pas l’habitude de voir justement car-il est difficile pour la plupart des gens de sortir des cases habituelles-pour illustrer mes propos). Vous voulez être “ce que vous aimez” et non “ce qui vous aime”. Mais là, vous réalisez à quel point c’est difficile car ce n’est pas ce que les gens attendent de vous. Si vous êtes une jolie jeune femme noire dans le monde de l’ingénierie automobile, vous vous ferez sans cesse critiquer, montrer du doigt, on vous embêtera, on vous jugera. Pareil, si vous restez féminine, on vous dira que “vous utilisez votre physique” pour progresser. Beaucoup préfèreront donc rester “ce qui les aime” et ainsi ne pas avoir à affronter tout cela. La plupart d’entre nous sait par avance ce que les autres pensent ou penseront de nous. La différence réside donc dans la décision suivante :

Lenny Kravitz
Crédit photo: Billboard

Être ou ne pas être qui nous voulons être ?

 Les gens attendent de vous que vous soyez comme ils aiment eux, non pas comme vous aimez être. Alors, en faisant ce que vous aimez être, vous courez le risque du rejet, de la moquerie, du manque d’amour, et ça, c’est très douloureux pour l’être humain. Je crois profondément que l’une des choses les plus difficiles au cours de notre existence, est d’apprendre à se détacher du regard des autres. Nous cherchons toujours l’approbation des autres, et à contrôler ce qui se passe à l’extérieur plutôt qu’à l’intérieur. Chaque personne que nous croisons émet un jugement sur nous, et nous faisons de même avec les autres. Nous jugeons la caissière du supermarché, nous jugeons le serveur du restaurant, nous jugeons notre patron sans connaître réellement sa vie, son enfance, ses difficultés. Mais que connaissons-nous de leurs vies. Lorsque nous émettons un jugement, quel est le point de comparaison ? Est-ce par rapport à ce que cette personne a à réaliser sur Terre ? Non… c’est toujours par rapport à ce que nous nous acceptons, nous souhaitons, nous pouvons concevoir… c’est uniquement par rapport à nous que nous jugeons.

 Maintenant, vous avez la clef pour vous libérer du jugement des autres. Chaque fois que quelqu’un vous juge, vous savez maintenant que cela en dit plus sur la personne que sur vous-même, car vous, vous savez qui vous êtes. Un jugement émis à votre égard vous en dit long sur le niveau de conscience de celui qui émet ce jugement. Il vous en dit long sur ses capacités d’empathie ou non, de compréhension, de capacités à voir la beauté en l’autre, à soutenir, à encourager ou non les autres.

Se libérer du regard des autres ne veut pas non plus dire se moquer totalement de la manière dont nous faisons se sentir les autres ; Il y a simplement des choses qui incombent de notre responsabilité, et d’autres non. Par exemple, si je sors dans la rue et que j’insulte les passants, oui là je suis en partie responsable de leurs réactions. Par contre, si je suis dans la rue et que je porte des locks et que les passants n’aiment pas mes locks, ce n’est pas de ma responsabilité. Vous comprenez ?

Gabourey Sidibe Crédit photo: Famous people

Devenez votre meilleur ami, et restez en contact avec qui vous êtes réellement. Comprenez que les jugements des autres ne sont que des reflets de leurs propres croyances et bien souvent de leurs propres limitations. Ayez donc de la compassion pour eux, dans la mesure du possible, sans pour autant devenir une serpillère et vous laisser faire. Concentrez-vous sur votre joie, car c’est ainsi que votre âme vous guide. Et chaque fois que vous serez à nouveau tentés de ne pas faire quelque chose pour le regard des autres, demandez-vous absolument : ” Regretterais-je de ne pas avoir fait cette chose dans 10 ans” ? Imaginez-vous plus tard, et ressentez le regret de ne pas avoir fait telle ou telle chose, à cause du regard des autres, juste pour que quelqu’un n’ouvre pas sa bouche pour vous dire ce qu’il en pense de négatif. Ça fait froid dans le dos. Qu’y-a-t-il de pire que de ne pas pouvoir retourner en arrière et d’avoir sacrifié sa vie pour les autres ?

Storm Reid
Crédit photo: Rolling out

Soyez vous-même, 100% vous-même, exprimez vos désirs les plus profonds, vos plus profondes joies, vos plus belles couleurs, votre plus belle créativité, vos plus belles idées, et brillez du maximum que vous pouvez. Que votre lumière nourrisse l’ensemble de l’humanité au lieu de sommeiller en vous à cause de ceux qui n’auront pas encore compris l’existence de leur propre lumière…

 

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