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Présence militaire en Afrique (1ère Partie): l’ONU

Politique

Présence militaire en Afrique (1ère Partie): l’ONU

Par Anne Rasatie 27 février 2018

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Le monde entier s’est donné rendez-vous en Afrique, en particulier dans les rangs des soldats. Les opérations de maintien de la paix (OMP) onusiennes regroupent plus de 120 pays engagés militairement. Sur les 15 opérations de l’ONU en cours à travers le monde, 8 se déroulent sur le continent.

Définition des OPM selon l’ONU:

« Les opérations de maintien de la paix ne servent pas seulement à maintenir la paix et la sécurité, mais aussi à faciliter les processus politiques, protéger les civils, aider au désarmement, à la démobilisation et à la réintégration des ex-soldats. Elles appuient aussi les processus constitutionnels et l’organisation des élections, protègent et promeuvent les droits de l’homme et aident à restaurer l’état de droit et à étendre l’autorité légitime de l’Etat. Les opérations de maintien de la paix reçoivent leur mandat du Conseil de sécurité; leurs troupes et forces de police sont fournies par les Etats Membres. »

Depuis les années 2000, l’ONU a organisé douze opérations en Afrique. Parmi elles, quatre ont pris fin, les huit autres sont toujours en cours.

Les opérations de maintien de la paix (OMP) depuis le début des années 2000

Les opérations terminées:

  • La MINUEE- Éthiopie/Érythrée (2000-2008). En 2000, l´Éthiopie et l´Érythrée ont signé un accord de cessation d’hostilités quant au différend frontalier qui les opposait. La MINUEE a été crée afin de « favoriser le respect des obligations en matière de sécurité auxquelles les deux parties ont souscrit. »
  • L’ONUCI- Côté d’Ivoire (2004-2017). Elle a été constituée en 2004 pour prendre la suite de la résolution de février 2003 de l’ONU sur les accords de Linas-Marcoussis (ou accords Kléber), qui visaient à mettre un terme à la guerre civile de Côte d’Ivoire qui s’y déroulait depuis 2002.
  • La MINURCAT- Tchad/République Centrafricaine (2007-2010). Créée en 2007, cette mission devait contribuer « à la protection des civils, la promotion des droits de l’homme et de l’état de droit ainsi qu’à la promotion de la paix régionale. »

© Copyright : DR, Contingent marocain de l’ONUCI

Les opérations en cours et leurs objectifs :

  1. La MINURSO– Sahara Occidental (depuis 1991): surveiller le cessez-le-feu et organiser un référendum qui permettrait aux habitants du Sahara occidental, habilités à voter, de décider du statut futur de ce territoire.
  2. La MINUL– Libéria (depuis 2003), appuyer la mise en œuvre de l’accord de cessez-le-feu, le processus de paix et soutenir les activités humanitaires et les initiatives en faveur des droits de l’homme.
  3. La MINUAD– Darfour (depuis 2007): protéger les civils, assurer la sécurité de l’aide humanitaire, surveiller et vérifier l’application des accords, contribuer à la promotion des droits de l’homme et de l’État de droit et surveiller la situation le long des frontières avec le Tchad et la République centrafricaine (RCA).
  4. La MONUSCO– République Démocratique du Congo (depuis 2010): protection des civils, du personnel humanitaire et des défenseurs des droits de l’homme immédiatement menacés de violence physique, ainsi que le soutien du Gouvernement de la République démocratique du Congo dans ses efforts de stabilisation et de consolidation de la paix.
  5. La FISNUA– Abiyé, Soudan (depuis 2011): contrôle la zone frontalière de tension entre le nord et le sud et facilite l’acheminement de l’aide humanitaire. Autorisée à faire usage de la force pour protéger les civils et les travailleurs humanitaires dans la zone d’Abiyé.
  6. La MINUSS– Soudan du Sud (depuis 2011): consolider la paix et la sécurité et contribuer à mettre en place les conditions nécessaires au développement en République du Soudan du Sud, en vue de renforcer l’aptitude du Gouvernement de la République du Soudan du Sud à gouverner de manière efficace et démocratique.
  7. La MINUSMA– Mali (depuis 2013): participe à la sécurité, la stabilisation et la protection des civils, appui au dialogue politique national et à la réconciliation nationale, ainsi qu’au rétablissement de l’autorité de l’État dans tout le pays.
  8. La MINUSCA– République Centrafricaine (depuis 2014): protection des civils, processus de transition, facilitation de l’aide humanitaire, promotion et la protection des droits de l’homme, soutien au processus de désarmement, de démobilisation, de réinsertion et de rapatriement.

© MONUSCO/Force

Les effectifs

Plus de 120 pays sont engagés militairement en Afrique. Ceux qui fournissent le plus de soldats pour les OMP sont le Bangladesh, le Pakistan, l’Ouganda et le Kenya. On dénombre près de 100 000 soldats et personnels rattachés à l’ONU sur le continent africain. Selon les régions, le nombre varie considérablement. Dans le top trois des missions comptant le plus d’effectifs, il y a la MONUSCO, avec ses 21 000 soldats et personnels en RDC, puis la MINUAD avec près de 20 000 casques bleus au Darfour et enfin la MINUSS, comprenant près de 17 000 soldats et personnels au Soudan du Sud.

©Albert Gonzalez Farran / MINUAD (archive)

Les budgets

En 2017, les 10 principaux pays contributeurs au budget des opérations de maintien de la paix des Nations Unies étaient: les États-Unis d’Amérique (28,47%), la Chine (10,25%), le Japon (9,68%), l’Allemagne (6,39%), la France (6,28%), le Royaume-Uni de Grande-Bretagne (5,77%), la Fédération de Russie (3,99%), l’Italie (3,75%), le Canada (2,92%) et l’Espagne (2,44%).

En 2017, le président américain Donald Trump, principal financeur des opérations de l’ONU, a obtenu une réduction de 7,5% des dépenses de l’institution. Celui-ci s’établit désormais à 7,3 milliards de dollars, soit 600 millions de dollars de moins par rapport au budget 2016. La Monusco (RDC) perd 93 millions de dollars ; la Minuss, 100 millions de dollars en moins et la Minuad au Darfour est amputée de 60 millions de dollars.

En bref, l’ONU en Afrique c’est:

  • 8 opérations (en cours) de maintien de la paix
  • plus de 120 pays engagés militairement
  • près de 100 000 soldats
  • un budget annuel de plus de 7 milliards de dollars

…mais aussi:

  • La démission en juin 2015 du Haut responsable aux Nations unies pour les droits de l’homme, Anders Kompass, suite à l’ impunité totale des responsables et l’absence de regrets formulés par l’ONU concernant les abus sexuels commis en RCA en 2013.
  • Le rapport annuel du secrétaire général Antonio Guterres indiquant que le nombre de cas d’abus ou d’exploitation sexuelle impliquant des soldats de la paix et le personnel civil de l’ONU est passé de 99 en 2015 à 145 en 2016 (les contingents onusiens les plus cités dans les cas d’abus sexuels sont la Minusca, la Monusco, la Minustah en Haïti et la Minuss).
  • La corrélation entre les lieux où sont mobilisés les missions onusiennes et la richesse des sous-sols (Niger, RDC…)
  • Un commandement assuré et financé principalement par les membres permanent du Conseil de Sécurité de l’ONU, regroupant les 5 puissances mondiales (Chine, États-Unis, Russie, France et Royaume-Uni).

Ces éléments pouvant potentiellement corrompre l’objectivité des actions menées et faire peser des soupçons de conflits d’intérêts.

 

Sources:

ONU

Centre de ressources de maintien de la paix

Ministère des affaires étrangères français

La tribune Afrique

Jeune Afrique

Africanews