Neïba

Le robot Dumax : l’outil créé par un père famille haïtien pour son fils autiste

Société

Le robot Dumax : l’outil créé par un père famille haïtien pour son fils autiste

Par Redaction NOFI 5 janvier 2018

Pour ne rien manquer de l'actualité,
téléchargez l'application depuis ce lien
Recevez du contenu exclusif, de l'actualité, des codes promos Nofi Store ainsi que notre actualité évenementielle chaque week-end !

Par Jean Gardy Adrien. A 32 ans, Jean-Max Dumond est un jeune père de famille haïtien. Passionné de technologie depuis l’enfance, ce résident de Port-au-Prince utilisait son temps libre pour fabriquer des jouets en tôle et en bois. Une compétence qui lui a été utile lorsque son fils a développé des troubles de la socialisation. Pour lui venir en aide, il a lors créé seul et à partir de matériel de fortune, le robot Dumax.

Jean-Max Dumond est père dévoué à son petit garçon, Davensky. En effet, lorsqu’il remarque que son fils est atteint de mutisme sélectif-un trouble du comportement qui l’empêche d’interagir naturellement avec les autres- il décide de remédier lui-même à la situation. Les soins étant coûteux et pas toujours suffisamment développés, Jean-Max Dumond s’est servi de son talent artisanal et technologique pour lui apporter une solution concrète. C’est ainsi qu’il fabrique seul, en autodidacte et avec les moyens du bord, un robot intelligent. Cette machine, baptisée Robot Dumax, est créé à partir de matériaux de récupération issus d’appareils électroniques, tels des appareils de radio des téléviseurs. Le visage de Dumax est conçu à partir de papiers destinés à l’artisanat ; des morceaux de PVC sont utilisés pour la conception du corps. Le reste de la technologie tient dans une enceinte connectée à Bluetooth avec quelques LED. ll lui aura fallu huit semaines de travail assidu pour concevoir Robot Dumax.

Infographiste au chômage depuis un certain temps, il est devenu fabricant en robotique par la force des choses. Il n’a aucune formation dans le domaine ; cette filière n’existe par ailleurs pas à Haïti. Il a pour toute connaissance des bases en électrotechnique et en programmation. Ainsi, le coût total du robot s’élève à environ trois mille sept cents gourdes (3700 gourdes) soit environ cinquante-deux dollars américains ($ 52, environ 46 euros). Ce sacrifice pour combattre le handicap de son fils s’est avéré efficace. En effet, notre créateur a pu constater que son enfant parle beaucoup mieux depuis l’apparition du robot intelligent, conçu pour lui poser des questions et l’inciter à répondre. :

 » J’ai voulu fabriquer ce robot à cause de la situation de mon fils. Il a trois ans, il parle très peu et ceci même à l’école avec ses camarades. Il a tendance à répondre par des gestes et non par des mots. » « Or les moyens de l’emmener voir un spécialiste nous manquent  » poursuit-il. Je constatais qu’il avait préféré communiquer avec les gadgets tels les téléphones portables, les ordinateurs et autres plutôt qu’avec ses proches…. C’est ainsi que m’est venue l’idée de créer ce robot afin qu’il puisse interagir régulièrement avec son entourage, sans avoir recours à un spécialiste. »

Cette histoire de famille est devenue publique après un entretien avec Jean-Max Dumond à l’antenne d’une station de la capitale d’Haïti. Interrogé sur la question de la dichotomie créole/ français qui existe en Haïti depuis des siècles, (Pourquoi le robot parle-t-il uniquement français ?) celui-ci avoue avoir envie de créer un robot qui pourrait s’exprimer en créole. Malheureusement, cette langue n’existe pas dans la base de données du géant de l’informatique appelé Google. Toutefois, Dumond souhaite intensifier ses recherches et améliorer ses compétences afin de créer d’autres robots au service de la société.

Jean Max Dumond n’est pas le premier jeune Haïtien à avoir fabriqué par ses propres moyens des gadgets appartenant à la haute technologie. Il y a environ deux ans, un autre jeune de Port-au-Prince avait fabriqué un denon (appareil utilisé par les DJ) avec du bois et des objets de récupération issus d’appareils électroniques hors service. Il avait été interrogé par un une grande station de télé de la capitale. Pourtant, ce garçon et son invention ont finalement sombré dans l’oubli. Un épisode qui prouve qu’encore aujourd’hui, les institutions locales ne soutiennent pas suffisamment ces citoyens qui font preuve d’ingéniosité, d’un désir de créer. Jean Max Dumond pour sa part, a bénéficié du coup de projecteur d’une station de télévision européenne et à la fin du reportage, le journaliste avait indiqué une adresse e-mail de contact du fabricant. Souhaitons-lui de rester visible encore longtemps pour poursuivre sereinement sa contribution sanitaire et sociale.

Par Jean Gardy Adrien.

VOUS AIMEREZ AUSSI:

Haïti a construit le plus grand hôpital à énergie solaire du monde