RDC-Rwanda : un accord de paix… sous tutelle

Signé à Washington sous l’égide de Donald Trump, l’accord entre Kigali et Kinshasa pour la paix à l’Est de la RDC illustre moins une victoire diplomatique qu’un nouvel épisode d’ingérence occidentale sur fond d’appétits miniers et de souveraineté bafouée. Analyse d’un accord aux allures de pacte néocolonial.

UNE PAIX SIGNÉE À L’ÉTRANGER

Il y a dans cette image, captée dans l’écrin feutré du Bureau ovale, quelque chose de tragiquement familier : deux chefs de la diplomatie africaine, souriants, tenant dans leurs mains un accord censé panser les plaies d’un conflit qui ravage l’est de la République démocratique du Congo depuis plus de trois décennies ; et au centre, un homme blanc, tout-puissant, président des États-Unis, orchestrant la scène comme un directeur de théâtre. Le décor n’a pas changé, seuls les visages ont vieilli.

Depuis les années 1990, le Kivu est devenu le tombeau géologique de la paix en Afrique centrale. Une région où la guerre ne s’éteint jamais tout à fait, alimentée par des rivalités ethniques héritées des flux migratoires et des divisions coloniales, par des conflits d’influence régionaux, mais surtout par la convoitise des multinationales et des États pour les richesses minérales du sous-sol : or, coltan, étain, tungstène ; ces trésors qui font briller nos smartphones et éteignent les vies dans les collines du Kivu. À cela s’ajoute le jeu trouble des puissances voisines, et en premier lieu du Rwanda, accusé depuis des années par l’ONU elle-même de soutenir les rébellions actives dans l’est du Congo.

Et c’est donc à Washington, en 2025, que la “paix” est signée. Pourquoi maintenant ? Pourquoi là-bas ? La réponse tient en quelques syllabes : stratégie. L’administration Trump, désintéressée de l’Afrique jusqu’alors, a soudain redécouvert la carte des ressources critiques, à l’heure où la Chine accroît son emprise économique et diplomatique sur le continent. En d’autres termes, cette initiative américaine relève moins de l’altruisme diplomatique que du repositionnement stratégique. La RDC est perçue non pas comme une nation, mais comme une mine à ciel ouvert. Il ne s’agit pas d’arrêter la guerre par éthique, mais de stabiliser une zone d’extraction.

Pendant ce temps, l’Union africaine assiste en silence. Les propositions venues de João Lourenço ou de Faure Gnassingbé n’ont pas pesé lourd face à l’appel de Washington. Comme à l’époque des Accords de Linas-Marcoussis ou de ceux de Libreville, la voix africaine est inaudible lorsqu’elle n’est pas adoubée par une puissance étrangère. La tragédie congolaise n’a pas été arbitrée par ses voisins directs ou par l’architecture institutionnelle panafricaine, mais par des acteurs dont les intérêts dépassent largement le sort des civils du Kivu.

Cette paix, négociée hors du continent, rappelle brutalement une vérité trop souvent édulcorée : l’Afrique ne maîtrise pas encore sa souveraineté diplomatique. Elle en parle. Elle en rêve. Mais elle continue d’être convoquée à des tables qui ne sont pas les siennes, pour signer des accords dont elle n’a pas fixé l’ordre du jour. La RDC et le Rwanda, deux nations africaines, ont signé un document historique… mais sous la bénédiction d’un chef d’État étranger. Ce n’est pas une paix africaine. C’est une mise en scène de paix, pensée, scénarisée et filmée pour les caméras occidentales.

Le symbolisme est glaçant : le continent africain est encore, en 2025, l’objet du monde plutôt que son sujet. L’accord de Washington, derrière ses promesses, incarne un nouvel épisode d’effacement diplomatique africain ; et pose cette question dérangeante : à qui profite vraiment la paix quand elle est signée si loin de la terre qui saigne ?

L’AMÉRIQUE NE S’INTÉRESSE PAS À LA PAIX, MAIS AU COLTAN

Ce serait une naïveté politique de croire que Washington s’est soudainement ému des souffrances congolaises. Ce que l’administration Trump présente comme une victoire diplomatique n’est en réalité que la matérialisation d’un agenda stratégique froid, lucide, et centré sur l’accès prioritaire aux ressources critiques du continent. Car en coulisse, ce n’est pas la paix qu’on négocie ; mais le contrôle des sous-sols.

À l’heure où la transition énergétique mondiale accélère, les minerais du Kivu sont devenus une obsession planétaire. Le coltan, ce minerai qui rend nos téléphones intelligents, se transforme en or noir du XXIe siècle. Le cobalt, l’or, le lithium et l’étain renforcent leur statut de matières premières vitales. Le Congo n’est plus vu comme une nation meurtrie, mais comme une artère stratégique de l’économie numérique globale. Et dans cette compétition, les États-Unis refusent de laisser la Chine continuer à tisser sa toile silencieuse en Afrique centrale.

C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre l’irruption de Donald Trump dans le dossier. Loin d’être un élan humaniste, c’est une réorientation tactique de la diplomatie américaine, visant à sécuriser l’approvisionnement de l’industrie technologique nord-américaine. Car le véritable enjeu n’est pas le cessez-le-feu, mais la stabilité des routes minières et des zones d’extraction dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu, désormais vitales pour la géoéconomie mondiale.

Ce que l’on vend à l’opinion publique comme une “prodigieuse percée diplomatique” est, pour les stratèges de Washington, un jalon logistique. L’objectif : installer une “paix sous surveillance”, suffisamment solide pour permettre l’exploitation industrielle, mais jamais trop durable pour remettre en cause la tutelle étrangère. Une paix utilitaire. Une paix rentable.

Et dans ce jeu, la RDC négocie en position de faiblesse. Affaiblie par des décennies de guerre, de corruption, de divisions internes et d’endettement, Kinshasa ne fait pas le poids face au tandem Washington-Kigali. Le régime de Félix Tshisekedi, sous pression intérieure, se voit contraint d’accepter un accord déséquilibré, sous peine de se voir marginalisé par les grandes puissances. Céder une part de souveraineté devient le prix à payer pour rester dans le jeu diplomatique international.

Cette configuration n’est pas nouvelle. L’histoire coloniale se répète, simplement vêtue d’un nouveau langage : celui du développement, de la sécurité régionale, de la coopération économique. Mais derrière ces termes, les logiques extractives perdurent. L’intervention des États-Unis au Kivu s’inscrit dans une continuité historique : celle des puissances qui se servent de la violence africaine comme d’un levier pour consolider leur présence, jamais comme d’un drame à résoudre pour de bon.

Ce que révèle l’accord de Washington, c’est qu’en Afrique, la paix n’est pas un but en soi ; elle est une condition d’exploitation. Une paix négociée non pas pour les peuples, mais pour les marchés. Et c’est précisément ce qui en fait une illusion.

UN ACCORD DÉSÉQUILIBRÉ : KINSHASA HUMILIÉ, KIGALI RENFORCÉ

Le texte signé le 27 juin à Washington consacre, en creux, une réalité géopolitique difficile à entendre pour les défenseurs de la souveraineté congolaise : le Rwanda est sorti gagnant de la négociation. Derrière la poignée de main, les sourires et les déclarations consensuelles, l’accord révèle un rapport de force asymétrique, où Kinshasa semble avoir cédé plus qu’il n’a obtenu.

Le premier indice de ce déséquilibre réside dans la formulation même du texte. Celui-ci évoque la nécessité de “neutraliser les FDLR” (les Forces démocratiques de libération du Rwanda) un groupe armé hutu hostile à Kigali, basé en territoire congolais. Le Rwanda les désigne comme une menace sécuritaire permanente, justifiant ses incursions militaires dans l’est du Congo depuis des années. L’accord valide donc implicitement le droit de poursuite du Rwanda, au nom d’une prétendue légitime défense. En clair : Kagame obtient l’aval international pour maintenir la pression militaire dans le Kivu.

À l’inverse, le M23 n’est jamais explicitement mentionné dans le texte en lien avec le Rwanda. Ce groupe rebelle, pourtant directement soutenu par Kigali selon les rapports des Nations Unies, est relégué au rang de “question congolo-congolaise”. Ce tour de passe-passe diplomatique efface la responsabilité rwandaise dans la déstabilisation du Congo, et repositionne le conflit comme une affaire interne congolaise. C’est une victoire stratégique majeure pour Kagame, et une humiliation silencieuse pour Tshisekedi.

Dans les discussions parallèles menées à Doha, où le Qatar joue un rôle croissant de médiateur régional, la ligne reste la même : on négocie avec le M23, mais sans impliquer formellement le Rwanda. Comme si les milices occupaient Goma et Bukavu par génération spontanée. Comme si l’histoire des armes, des financements et des complicités pouvait être effacée par un simple jeu d’écriture.

Ce silence est lourd de conséquences. En exonérant Kigali de ses liens avec le M23, l’accord offre au Rwanda une double légitimité : celle de victime (face aux FDLR) et celle de médiateur (dans le processus de paix). Le bourreau devient arbitre. L’accusé devient sauveur. C’est là que l’accord de Washington bascule dans une fiction politique dangereuse.

Quant à Kinshasa, la marge de manœuvre est réduite à peau de chagrin. L’État congolais, déjà fragilisé sur le plan militaire, diplomatique et institutionnel, se retrouve sommé d’appliquer un accord qui ne tient pas compte de la réalité de terrain, et qui, pire encore, l’oblige à négocier en position de faiblesse avec les groupes qui occupent ses propres villes. Goma et Bukavu, deux capitales provinciales, sont administrées par la rébellion. Et pourtant, c’est à Kinshasa que l’on demande de faire preuve de souplesse, de “volonté politique”, de “maturité”.

En définitive, cet accord consacre un renversement de la narration : le Congo devient coupable de sa propre désintégration, pendant que le Rwanda est présenté comme un acteur de stabilité. Ce renversement est non seulement injuste, mais profondément dangereux. Car il valide l’impunité, légitime l’ingérence, et perpétue l’idée que l’Afrique centrale est un territoire à administrer, non à respecter.

VERS UNE SOUVERAINETÉ À GÉOMÉTRIE VARIABLE ?

La République démocratique du Congo est l’un des plus vastes pays du monde. Riche d’un sous-sol inestimable, elle devrait être un pilier de puissance continentale. Pourtant, l’image qui ressort de cet accord est celle d’un État affaibli, diplomatiquement marginalisé et militairement encerclé. Face au Rwanda, face aux groupes rebelles, face aux États-Unis — la souveraineté congolaise semble aujourd’hui plus symbolique que réelle.

Ce paradoxe n’est pas nouveau : l’Afrique postcoloniale proclame son indépendance, mais peine à en exercer les attributs fondamentaux. La souveraineté (entendue comme la capacité d’un État à définir lui-même ses choix stratégiques, sécuritaires, économiques) devient ici à géométrie variable. On la revendique dans les discours, on la dilue dans les actes. À force de concessions, de dépendances diplomatiques, et de calculs à court terme, c’est une souveraineté de façade qui s’installe ; décorative, mais non directive.

La jeunesse africaine, pourtant, ne cesse de réclamer un sursaut. Dans les rues, sur les réseaux, dans les mouvements panafricanistes, le mot “souveraineté” est devenu un cri. Un cri contre les bases militaires étrangères, contre les accords économiques léonins, contre la diplomatie des puissances qui s’arrogent le droit de trancher les conflits africains hors du continent. Mais ce cri se heurte au mur de la realpolitik.

Pourquoi ? Parce que l’Afrique continue de parler en ordre dispersé. Face à l’accord de Washington, ni l’Union africaine, ni la SADC, ni la CIRGL n’ont pu (ou voulu) imposer une ligne commune. L’Angola, le Togo, l’Afrique du Sud, le Kenya, l’Ouganda : autant d’acteurs potentiels, autant d’agendas divergents. Le continent échoue à s’ériger en acteur unifié sur ses propres enjeux vitaux. Et c’est dans cette brèche que s’engouffrent les intérêts extérieurs.

Ce vide de leadership régional offre un boulevard aux puissances extra-africaines. Car sans contrepoids africain fort, les négociations se déplacent là où les ressources se décident : à Doha, à Washington, à Bruxelles. Et à chaque fois, ce sont les mêmes logiques qui s’imposent : négocier la paix sans traiter les causes profondes du conflit, sans reconnaître les responsabilités historiques, sans garantir l’autonomie des peuples concernés.

Dans ce théâtre de l’absurde, la souveraineté africaine devient une variable d’ajustement. Elle s’exerce quand elle arrange les puissants, et se tait quand elle dérange leurs intérêts. À Kinshasa, le président Tshisekedi peut clamer sa dignité nationale dans les discours — mais dans les faits, la RDC a été priée d’accepter un accord ficelé ailleurs, pour des objectifs qui la dépassent.

Ce constat ne concerne pas que le Congo. Il interroge la structure même de l’ordre politique africain. Peut-on continuer à parler de souveraineté sans puissance militaire, sans autonomie économique, sans unité diplomatique ? Ou devons-nous inventer de nouvelles formes de souveraineté, fondées sur l’intégration régionale, la résistance populaire, et la rupture avec les logiques héritées du pacte colonial ?

Ce sont ces questions que pose, en filigrane, l’accord de Washington. Et tant qu’elles resteront sans réponse, l’Afrique restera un continent en paix… à condition d’être docile.

DOHA, NOUVELLE COURONNE TROPICAL ?

Pendant que l’attention mondiale était tournée vers la signature de l’accord à Washington, une autre scène diplomatique se jouait, plus feutrée, plus discrète, mais tout aussi déterminante : celle de Doha, capitale du Qatar. C’est là, entre les gratte-ciels du Golfe et les salons dorés de l’émirat, que se tiennent les négociations dites « complémentaires » entre Kinshasa et le groupe rebelle M23. Et dans cette diplomatie parallèle, un autre acteur tisse sa toile : le Qatar, devenu en quelques années un incontournable intermédiaire dans les conflits africains.

Ce rôle croissant ne doit rien au hasard. Doha investit méthodiquement dans la médiation internationale, non par philanthropie, mais pour renforcer sa stature de puissance globale agile, à la croisée du monde arabe, africain et occidental. Après le Darfour, le Mali, la Libye et même l’Afghanistan, le Congo devient le nouvel acte d’une stratégie de “soft power” qatari, fondée sur l’influence silencieuse, les relais religieux et les financements ciblés.

Ce que révèle la participation du Qatar dans le dossier congolais, c’est la fragmentation du processus de paix. Washington s’occupe des États. Doha gère les milices. L’Afrique regarde, divisée. Car l’accord signé à la Maison-Blanche ne dit rien des territoires occupés par le M23, ni du sort des milliers de déplacés, ni des exactions commises. Il fallait donc un second texte, plus technique, plus souple, mais surtout plus opaque. Et c’est à Doha qu’il est censé être écrit.

Mais là encore, les rapports de force ne sont pas à l’avantage de Kinshasa. Selon plusieurs observateurs, le M23 est aujourd’hui en position de force inédite. Il contrôle de vastes zones, administre des villes entières comme Goma et Bukavu, prélève des taxes, recrute, s’enracine. Le mouvement n’est plus une simple guérilla : c’est un pouvoir de fait, que les chancelleries internationales semblent désormais prêtes à reconnaître, tacitement, comme interlocuteur légitime. Doha devient alors le lieu d’une négociation non entre un État et des criminels de guerre, mais entre deux pouvoirs concurrents.

Le silence diplomatique autour du soutien rwandais au M23 conforte cette dynamique. Alors que l’ONU a maintes fois documenté l’implication de Kigali, aucune sanction, aucune condamnation formelle n’a été prononcée. Pire : dans les cercles diplomatiques de Doha, la ligne est claire ; le Rwanda est un facteur de stabilité, le M23 une conséquence, et Kinshasa un acteur trop instable pour être seul maître du jeu.

Derrière les dorures de Doha, c’est donc une nouvelle cartographie de la légitimité africaine qui se dessine, où des groupes armés, soutenus par des États et entérinés par des puissances étrangères, imposent leur présence sans passer par le filtre démocratique. Une paix sans justice. Une paix sans mémoire. Une paix qui demande au peuple congolais de pardonner sans que ses bourreaux n’aient été désignés.

Ce que fait le Qatar dans cette affaire n’est pas anodin. Il se positionne comme le nouveau médiateur incontournable de l’Afrique centrale, non pas pour restaurer la paix, mais pour en devenir le gestionnaire officieux. Une paix sous contrat. Une paix externalisée.

Ainsi, le continent africain devient un champ diplomatique sous-traité : les États-Unis pilotent le théâtre des nations, le Qatar arbitre les conflits armés, et les Africains se retrouvent à négocier leur avenir sans avoir la maîtrise ni du décor, ni du scénario.

PEUT-ON FAIRE LA PAIX SANS JUSTICE ?

Un accord de paix n’est pas seulement un document diplomatique. C’est, ou cela devrait être, un engagement moral envers les victimes, un acte de reconnaissance des torts subis, une volonté de rupture avec la logique de prédation. Or, l’accord du 27 juin entre le Rwanda et la RDC (tel qu’il a été négocié, tel qu’il a été présenté) fait l’impasse sur cette exigence fondamentale : la justice.

Aucune ligne sur les civils massacrés à Kishishe.
Aucune mention des enfants enrôlés de force dans les maquis du Nord-Kivu.
Aucun mot sur les femmes violées dans les territoires occupés par le M23.
Aucune responsabilité clairement désignée. Juste une promesse de retrait militaire, floue, non contraignante.

Comment parler de paix quand les criminels sont absous par omission, quand les victimes sont ignorées, et quand les agresseurs sont récompensés par des postes ou des compromis ? L’histoire africaine regorge d’accords de ce type : hâtivement célébrés, rapidement trahis, toujours à rebours de la mémoire populaire. La paix sans justice, c’est une trêve. Ce n’est pas une réconciliation.

Ce qui se joue ici dépasse même le seul cadre du Congo. C’est la question de la dignité africaine qui est en jeu. Un continent ne peut pas continuer à faire la paix dans des capitales étrangères, sur des textes dictés par des puissances qui ont des intérêts divergents (voire hostiles) à l’émancipation africaine. La paix réelle ne se construit pas sur des rapports de force imposés, mais sur des rapports de vérité.

Sans justice, il n’y a pas de mémoire collective. Sans mémoire, il n’y a pas de guérison. Et sans guérison, il n’y a que répétition. La guerre reviendra, peut-être sous un autre nom, avec d’autres acteurs, mais elle reviendra, car les racines du conflit n’ont pas été arrachées ; elles ont été maquillées.

La question centrale est donc la suivante :
Faut-il accepter n’importe quelle paix, à n’importe quel prix ?
Faut-il normaliser l’idée que des milices puissent être reconnues comme des entités politiques ?
Faut-il que les Congolais, encore une fois, courbent l’échine au nom d’un équilibre régional qui les exclut ?

Ce n’est pas seulement une erreur stratégique : c’est une faute historique. Et elle n’est pas commise uniquement par les puissances étrangères. Elle est rendue possible par les élites africaines elles-mêmes, qui choisissent trop souvent la reconnaissance internationale plutôt que la justice locale. Paul Kagame et Félix Tshisekedi avaient entre leurs mains l’opportunité d’écrire une nouvelle page de dignité pour l’Afrique centrale. Ils ont préféré une photographie dans le Bureau ovale.

La paix ne se décrète pas à Washington, ni à Doha. Elle se construit sur la terre qui saigne, avec les peuples qui pleurent, et dans le respect de ceux qui résistent. Tant que cette vérité sera ignorée, tant que la souveraineté sera un mot vidé de sens, tant que les puissances africaines se plieront aux injonctions extérieures, la paix restera un mirage, un arrangement géopolitique sans âme, un mensonge diplomatique de plus sur le dos d’un peuple qui n’en peut plus.

Alors non : on ne fait pas la paix sans justice. Et sans justice, il n’y aura pas de paix.

SOURCES

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