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Mariannes noires : une mosaïque afropéenne

Société

Mariannes noires : une mosaïque afropéenne

Par SK 10 novembre 2017

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Ce samedi 11 novembre, sept Afro-Françaises crèveront l’écran du festival Cinébanlieue dans Mariannes Noires. Projeté pour la première fois en 2016, ce documentaire examine des identités afro-françaises, à travers les parcours de sept femmes françaises, originaires d’Afrique et des Caraïbes. 

En France, si les hommes noirs occupent un espace public dont les caractéristiques sont problématiques, les femmes sont encore confinées à un anonymat teinté de fantasmes. Ce sont ces zones d’ombres que Mame-Fatou Niang (enseignante-chercheure) et l’une de ses étudiantes, Kaytie Nielsen, décident de mettre en relief en 2015. Ces Mariannes sont artistes, entrepreneures, intellectuelles. Des femmes magnifiques, à la fois ordinaires et extraordinaires, qui parlent de leur quotidien, de leurs inspirations et de leurs rapports à la France, à l’Afrique et à sa diaspora.

Une chose ressort de ces entretiens : elles sont françaises. Naturellement. Sans questions. Pourtant, leur francité baigne, naît et s’épanouit dans des différences culturelles et esthétiques que la France a encore du mal à intégrer. Mariannes Noires, ce sont sept récits qui s’enlacent et se font écho afin de lever le voile sur une histoire, celle d’une France multiculturelle qui n’est plus à imaginer, une France qui hoquette et s’épanouit dans la vie de jeunes femmes aux parcours à la fois atypiques et ordinaires.

 

Le titre du documentaire est un clin d’œil au réflexe bien français qui consiste à effacer toute couleur des projections nationales. On évite de dire “noir”, “blanc” comme s’il s’agissait de gros mots. Marianne, puisque la République est neutre, sans couleur, nous dit-on. Pourtant, ce buste a été historiquement représenté par une femme blanche. Et elle a déjà été représentée par une Ukrainienne, sans aucun lien avec la France (Inna Schevchenko). Le blanc n’est pas neutre. C’est une couleur. Et il faut accepter de poser ce tabou républicain.

Puisque la race « n’existe pas » on dit souvent que la marginalisation est un phénomène de classe. Le documentaire montre que même lorsque l’on réussit à s’extraire de ces problématiques, on est toujours retenu, différencié par un ensemble de caractéristiques ayant trait au fait d’être noir. Pourtant, ces femmes ne parlent pas d’une même voix. Il ne s’agit pas ici de l’expérience des Noires de France, mais bien d’expérience de femmes noires en France.

Mariannes Noires appréhende la notion de l’identité, non pas comme un ensemble homogène et immuable, mais comme la somme de pièces rapportées, d’éléments nombreux et disparates, qui contribuent à créer une structure singulière tirant sa force et son originalité de la diversité de sa composition. Cette définition a également servi de trame à une narration qui, loin de privilégier un profil particulier, fait croiser les réflexions, expériences et vies de sept afro-françaises afin de tisser le fil d’identités françaises et diasporiques. La métaphore de la fractale* a été essentielle dans ce documentaire. Les récits de ces sept femmes ne sont pas une matière première inerte qui a fait l’objet d’une interprétation subjective du monteur, mais bien une matière première organique et fluide dont mille interprétations et formes reflètent la pluralité des expériences afro-françaises.

*Une fractale est un objet géométrique dont chaque proportion a une surface identique ce qui fait que quel que soit l’angle sous lequel on leregarde, il reste toujours similaire. (Source: Linternaute).

 

Le film sera diffusé :

*à Paris le 11 novembre au Cinéma l’Ecran de Saint-Denis (http://www.cinebanlieue.org/2-non-categorise/217-12e-edition-les-mariannes-noires-de-mame-fatou-niang-et-kaytie-nielson)

*à Apt les 12 et 13 novembre (http://www.africapt-festival.fr/)

*à l’Université de Bath (UK) le 15 novembre (https://www.thetrainline.com/buytickets/combinedmatrix.aspx?Command=TimeTable#Journey/LONDON%20PADDINGTON/BATH%20SPA/15/11/17/12/00/Leave

*à New-York, (Maison Française de Columbia), le 7 décembre.