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RDC : silence on tue !

Politique

RDC : silence on tue !

Par Redaction NOFI 24 mai 2016

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Par Carine Myriam Oko. Beni, Beni, Beni, … ah Beni ! Contrairement à ce que peut laisser supposer son nom, Beni est une des villes martyres de l’est du Congo. Depuis début octobre 2014, plus d’un an et demi à ce jour, des attaques récurrentes à l’arme blanche (machettes, haches, houes) y ont fait des centaines voire plus d’un millier de victimes.

Plus de 20 ans que tout l’est de la RDC saigne et se meurt dans une indifférence quasi générale. Les médias n’en font plus beaucoup cas. Les réseaux sociaux s’en émeuvent un tout petit peu. A l’observation, il règne une forme de lassitude et d’impuissance face à cette situation. Les raisons de l’instabilité sont nombreuses et complexes. Luttes de pouvoir, argent, corruption, contrôle des matières premières et des ressources, hégémonie dans les Grands Lacs, la question de l’identité, s’entremêlent dans un fouillis que le pauvre civil congolais a du mal à comprendre aujourd’hui. En attendant, le conflit perdure et les atrocités se perpétuent. Essayons tout de même de comprendre qui se bat et qui est présent dans la région.

Soldats à Beni, RDC

Soldats à Beni, RDC

A ce stade, les forces présentes au Nord-Kivu et les responsabilités partagées entres elles :

  • Les forces congolaises (FARDC) souvent accusées de passivité et de participation directe aux massacres
  • Les Forces démocratiques alliées (ADF), rebelles ougandais opérant à l’est de la RDC depuis 1995. Elles sont essentiellement constituées de rebelles musulmans opposés au président Yoweri Museveni.
  • Plusieurs milices et ex-groupes armés en lien ou non avec l’armée congolaise dont les réseaux d’anciens du RCD-KML, les Maï-Maï ou encore les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR)
  • Une nébuleuse de bandits profite et participe aussi à l’instabilité en pillant et tuant
  • Les pays voisins dont le Rwanda et l’Ouganda qui soutiennent notamment la milice M23 composée de Congolais en majorité tutsis. La zone de conflit du Kivu, intégrée dans les grands lacs, est frontalière avec le Rwanda, le Burundi, l’Ouganda et la Tanzanie.
ONG implanté en RDC

ONG implanté en RDC

  • Les ONG implantées depuis belle lurette à Goma et autres organisations n’ont pas d’intérêt à ce que la guerre cesse. Un retour au calme signifierait pour tous la fin des missions.
  • La Mission des Nations unies au Congo (Monusco) jusqu’ici incapable d’empêcher ces massacres. Pourtant, cette mission dispose du plus gros contingent au monde avec plus de 20 000 hommes et un budget colossal de près de deux milliards de dollars par an. On peut dès lors légitimement se poser la question de son utilité. Elle nous rappelle ces soldats onusiens incapables d’empêcher le massacre de milliers de civils au Rwanda. Un officiel onusien admet d’ailleurs à propos de cet énième massacre au Nord-Kivu qu’« il faut bien reconnaître qu’on a une part de responsabilité dans le fait de ne pas avoir su éviter ces massacres »
  • Difficile de clore cette énumération sans évoquer les multinationales qui exploitent les minerais dont cette région regorge. Ce pillage savamment orchestré est mis en œuvre avec la complicité de dirigeants congolais régulièrement mis en cause. Les multinationales profitent de l’instabilité pour acheter les minerais à bas prix. Une partie des bénéfices tirés de ce trafic est réinvestie dans l’armement pour soutenir l’instabilité dans la région. Assurément, c’est un acteur avec lequel il faut compter…
Le président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila

Le président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila

 

Au regard de cette actualité macabre et de la nature des acteurs de ce conflit, la réponse à apporter à ce conflit paraît moins évidente. La situation à l’est du Congo, l’imbroglio des intérêts et des acteurs présents laissent les observateurs avertis pantois et dubitatifs quant à l’avenir de ce pays pourtant immense, riche de ses ressources et de sa population. Au-delà de l’approche politique prônée par les États, organisations internationales et autres, au-delà des enquêtes approfondies sur ces massacres demandées par le Conseil de sécurité de l’ONU, la solution réside peut-être dans l’éducation. Miser sur l’éducation reviendrait à déconstruire les modèles imposés, briser le cycle de la violence, reconstruire tant les humains que les codes et valeurs, repenser le vivre-ensemble, impulser une nouvelle dynamique de développement.