Oublié des manuels mais fondateur de Chicago, Jean-Baptiste Pointe du Sable fut un pionnier noir, commerçant et bâtisseur, dont l’histoire dérange les récits officiels. Ce récit dévoile l’homme, le couple mixte, la ville avant la ville.
un homme, une ville, une mémoire effacée

Le vent qui balaye la rive du lac Michigan porte avec lui l’odeur métallique de l’eau et le grondement constant des avenues. Là, à quelques mètres de la DuSable Bridge, les gratte-ciels tracent des ombres longues sur Pioneer Court, un espace pavé que les touristes traversent sans prêter attention. À peine lèvent-ils les yeux vers le buste de bronze qui trône à l’entrée, visage impassible, regard figé vers les eaux du fleuve Chicago.
C’est ici que tout a commencé.
Bien avant le béton, avant les rails, avant la ruée vers l’or noir du capitalisme industriel, un homme (noir) planta ses fondations de bois au bord du fleuve. Son nom : Jean-Baptiste Pointe du Sable. Son histoire : celle d’un pionnier de l’ombre, effacé des récits officiels, mais dont les mains ont dessiné les premiers contours de la troisième plus grande ville des États-Unis. Un homme de sable, au sens propre comme au sens métaphorique : fluide, insaisissable, enraciné dans des terres mouvantes.
Pointe du Sable n’était ni général, ni gouverneur, ni prêtre. Il n’a pas conquis de territoires par le feu, mais par la patience du troc, la puissance du lien, la stratégie du pont plutôt que du mur. Il parlait plusieurs langues, épousa une femme autochtone, négocia entre nations, survivant aux turbulences d’un continent encore en gestation. Et pourtant, pendant plus d’un siècle, il fut réduit à un fantôme. Son nom effacé des manuels. Son rôle minimisé, confondu, ignoré.
Aujourd’hui, une plaque, un musée, une école, un pont. Mais est-ce suffisant pour réparer une omission historique ? Peut-on encore retrouver le fil de cette vie, entre récits contradictoires, silences d’archives, et mythes façonnés à rebours ?
Cet essai s’ouvre donc comme une fouille : à la recherche d’un homme que l’histoire n’a pas su garder à la surface. Un homme qui, du sable des rives du fleuve Chicago, a fait surgir une ville.
L’inconnu aux multiples visages

Qui était vraiment Jean-Baptiste Pointe du Sable ? Avant qu’il ne devienne le “premier habitant permanent” de Chicago, avant même qu’il ne soit identifié comme “le fondateur noir” de cette ville, il fut ( et demeure encore) un mystère. Car sa naissance, son enfance, sa formation, même sa langue maternelle, échappent aux certitudes historiques. L’histoire de Pointe du Sable n’a pas de berceau clairement établi, seulement des hypothèses, des fragments, des silences que les siècles ont laissés sédimenter.
Certaines traditions le disent né à Saint-Domingue, actuelle Haïti, vers 1745. D’autres sources l’imaginent descendant d’un Français et d’une femme africaine, né quelque part sur les côtes de l’île de Saint-Marc. D’autres encore suggèrent qu’il aurait pu naître sur le continent nord-américain, peut-être au Canada français, dans une famille créole ou métisse issue des Dandonneau dit « Du Sable » ; un nom porté par des colons installés autour des Grands Lacs. Mais aucune trace d’état civil ne vient trancher. À sa mort, en 1818, l’acte de sépulture se contente de le désigner comme “nègre”, sans autre indication de filiation ou d’origine.
Ce brouillard biographique n’est pas un simple détail : il reflète le sort réservé à nombre de figures noires dans les récits nationaux. Leur vie débute souvent au moment où ils entrent dans les archives occidentales, et leur passé est laissé en jachère. Dans le cas de Pointe du Sable, cette absence a permis aux récits les plus divers de se superposer : certains l’ont vu comme un ancien esclave affranchi, d’autres comme un marchand haïtien éduqué en France, d’autres enfin comme le fils d’un marin noir engagé dans la piraterie.
Là où les Européens pionniers bénéficient de généalogies entières, de portraits peints et de journaux personnels, Pointe du Sable se dérobe. On ne connaît pas son visage ; seulement une gravure romantique, réalisée plusieurs décennies après sa mort, dans laquelle son profil est imaginé. Et pourtant, ce vide iconographique a permis à d’autres regards de le réinventer : pour les Haïtiens, il est un héros de la diaspora. Pour les Afro-Américains, un père fondateur oublié. Pour les Amérindiens, un gendre et un médiateur. Pour Chicago, une énigme longtemps ignorée.
Mais peut-être faut-il voir dans cette multiplicité une richesse plus qu’un obstacle. Pointe du Sable incarne précisément ce que les frontières coloniales cherchaient à nier : la porosité des identités, le chevauchement des mondes, la traversée. Il est l’archétype du frontier man afro-descendant : ni indigène, ni colon, ni passif, ni soumis ; mais acteur, bâtisseur, stratège.
Et si c’était cette ambiguïté, justement, qui faisait de lui une figure dangereuse pour l’histoire officielle ?
Kitihawa et le choc des mondes

Avant d’être une ville, Chicago fut une rencontre. Celle de deux êtres, de deux mondes, de deux continents arrachés à leurs certitudes. Jean-Baptiste Pointe du Sable, homme noir au passé aussi fluide que les eaux du lac Michigan, et Kitihawa, femme potawatomi née dans les forêts du Midwest, unie à lui par un lien que ni les empires ni les siècles n’ont pu effacer.
Leurs premiers instants ensemble ne sont consignés nulle part. Ni date, ni récit. Mais l’Histoire retient leur union chrétienne, célébrée en 1788 à Cahokia, l’un des plus anciens bastions français de l’Illinois. Un mariage enregistré, reconnu, officialisé. Pourtant, tout indique qu’ils étaient déjà mariés bien avant, selon les coutumes autochtones. Dans ces terres mouvantes, où les nations se chevauchaient sans toujours se soumettre, les traditions autochtones préexistaient aux sacrements européens. Leur couple, ainsi, fut d’abord une alliance indigène ; sacrée selon d’autres codes, scellée dans une langue que les archives ne comprennent pas.
Kitihawa (rebaptisée Catherine dans les registres) ne fut pas une simple “épouse de pionnier”. Elle fut partenaire, garante des alliances locales, médiatrice culturelle. En épousant une femme potawatomi, Pointe du Sable ne s’intégrait pas seulement à une société autochtone : il en épousait la vision du monde, le rapport à la terre, le tissu social. Grâce à cette alliance, il put installer son poste de traite au bord du fleuve Chicago, commercer avec plusieurs tribus, bâtir une ferme prospère. Loin de l’image du conquérant solitaire, il fut un homme de réseau, et Kitihawa en fut l’un des nœuds fondamentaux.
De leur union naquirent deux enfants : Jean et Suzanne. Une nouvelle génération, née du croisement des diasporas africaines et amérindiennes, dans un monde encore dominé par les ambitions européennes. Cette famille, installée dans une maison de bois, un moulin, un fumoir, un poulailler, formait un îlot d’autonomie dans une époque d’hostilité. Là où d’autres plantaient des forts, Pointe du Sable et Kitihawa construisirent un foyer. Là où d’autres brandissaient des armes, ils échangeaient des biens, des mots, des traditions.
Ce que leur couple représentait dérangeait. Car il renversait les logiques de domination : un homme noir non esclave, une femme autochtone libre, unis sans tutelle blanche. Ensemble, ils incarnaient une possibilité historique que l’ordre colonial refusait d’envisager : celle d’un monde issu des marges, fondé sur l’alliance plutôt que la conquête.
Aujourd’hui encore, Kitihawa demeure l’un des noms les plus oubliés de l’histoire américaine. Mais sans elle, Pointe du Sable n’aurait jamais pu poser les fondations de Chicago. Et sans eux, Chicago ne serait pas ce qu’elle est.
Chicago avant Chicago

Avant les buildings, les avenues quadrillées et les foules d’affaires, Chicago n’était qu’un point de passage. Un marais, un fleuve, un portage. Un lieu transitoire pour les peuples autochtones, un raccourci stratégique entre les Grands Lacs et le fleuve Mississippi. Ce n’était pas une ville, mais un carrefour. Et c’est justement là, dans cet entre-deux géographique, que Jean-Baptiste Pointe du Sable décida de s’établir.
Dans les années 1780, alors que les cartes coloniales griffonnaient encore l’intérieur du continent à l’encre approximative, Pointe du Sable reconnaît le potentiel de ce site. À l’embouchure du fleuve Chicago, là où l’eau douce s’ouvre vers le vaste lac Michigan, il bâtit une maison, puis une ferme, un poste de traite, une véritable installation autonome. À une époque où les empires se livrent bataille sur le papier, lui trace une autre forme de frontière : celle du commerce, de la coexistence, de l’hospitalité.
Le 10 mai 1790, un voyageur du nom de Hugh Heward consigne la première trace écrite de sa présence : il y achète du pain, de la farine, du porc salé. Il échange un canot contre une pirogue. Il dort sous le toit de cet homme noir, installé là depuis plusieurs années déjà, avec sa famille et ses cultures.
Ce que Pointe du Sable avait construit, ce n’était pas qu’un simple abri. C’était une infrastructure complexe, faite de bâtiments agricoles, de dépendances, d’un moulin à cheval, d’une maison principale de plus de 80 m², garnie de meubles importés, de peintures, de vaisselle fine. C’était une base économique mais aussi culturelle. Un lieu de passage et de résidence. Un espace auto-organisé, qui fonctionnait sans dépendre des structures militaires ni des autorités coloniales.
Des témoignages postérieurs, comme celui d’Augustin Grignon, décrivent un homme corpulent, prospère, à l’aise dans le troc, habile dans la négociation avec les tribus comme avec les Européens. Sa richesse ne venait pas d’un titre aristocratique, mais de son ancrage dans les réseaux commerciaux régionaux : il échangeait des fourrures, des grains, du poisson, du bétail. Il liait les peuples entre eux ; Potawatomis, Français, Britanniques, Américains.
Dans cette “Chicago” qui n’en portait pas encore le nom, Pointe du Sable inventait une autre manière d’habiter l’Amérique. Une manière faite de porosités plutôt que de murs, de continuités plutôt que de ruptures. Son installation prouvait qu’une ville pouvait naître de la diplomatie plutôt que de la conquête.
Et pourtant, ce noyau initial sera vite oublié, recouvert par les récits des « vrais pionniers », ceux qui viendront après lui, mais qui écriront l’histoire à leur nom. Kinzie, Fort Dearborn, les traités de Greenville : tous ces épisodes deviendront les fondations officielles. Mais la vérité est ailleurs : Chicago, avant d’être une ville, fut la demeure d’un homme noir et d’une femme autochtone.
Révolution et soupçons : prisonnier de toutes les causes

À la fin du XVIIIe siècle, le destin de Jean-Baptiste Pointe du Sable croise de plein fouet la géopolitique agitée d’un continent en mutation. Les puissances coloniales (France, Grande-Bretagne, Espagne, puis États-Unis) redessinent sans cesse les frontières du territoire. Et dans cette guerre des drapeaux, ce sont les figures hybrides, inclassables, qui deviennent suspectes. Pointe du Sable en fait les frais.
En 1779, alors qu’il vit et commerce à Trail Creek, aujourd’hui Michigan City, les troupes britanniques l’arrêtent. Motif ? On le soupçonne de soutenir les insurgés américains, ces patriotes qui, depuis Boston et Philadelphie, défient la Couronne. Ce Noir, éduqué, respecté, indépendant, qui parle plusieurs langues et possède des alliés parmi les peuples autochtones, devient, aux yeux des autorités, un homme dangereux. Trop libre. Trop intégré. Trop difficile à contrôler.
Conduit au fort de Michilimackinac, un ancien bastion français passé aux mains britanniques, il est emprisonné. Mais même là, son réseau de relations parle pour lui. Des lettres conservées rapportent que nombre de ses amis plaident en sa faveur, insistent sur son intégrité, sa loyauté, sa valeur humaine. Il n’est pas condamné. Mieux : on lui propose un accord.
L’année suivante, il est transféré vers le nord-est, au bord de la rivière St. Clair, pour diriger un domaine forestier connu sous le nom de Pinery, propriété du lieutenant britannique Patrick Sinclair. De 1780 à 1784, Pointe du Sable y administre les opérations : gestion du bois, entretien des bâtiments, troc local. Il s’y installe avec Kitihawa et leurs enfants, dans une cabane proche du confluent de la Pine River, sur le futur territoire du Michigan.
Cet épisode est central. Car il montre un homme naviguant entre les allégeances, non pas comme opportuniste, mais comme survivant. Il n’est ni fidèle à une seule nation, ni soumis à une autorité. Il incarne la figure du passeur : entre peuples, entre langues, entre lois. Un homme de frontières, au sens géographique mais aussi symbolique.
Mais cette position inconfortable, presque subversive dans un monde colonial, ne pouvait durer éternellement. Une fois libéré de ses engagements auprès des Britanniques, Pointe du Sable choisit de partir. Il ne revient pas à Trail Creek. Il vise plus grand, plus stratégique, plus audacieux : le site du fleuve Chicago. Là où il établira, bientôt, la première vraie implantation permanente d’une ville appelée à devenir l’un des cœurs du monde moderne.
Cet interlude carcéral, souvent relégué au second plan dans les récits officiels, est révélateur : Pointe du Sable n’était pas un simple pionnier. Il était un homme traqué, ciblé, utilisé, déplacé ; un pion dans des luttes d’empires, mais qui, chaque fois, sut reprendre le contrôle de son destin.
Départ, disparition et dépossession

En 1800, Jean-Baptiste Pointe du Sable vend sa propriété de Chicago. Cette ferme florissante, composée d’une maison de 22 par 40 pieds, de deux granges, d’un moulin tiré par un cheval, d’un fumoir, d’un fournil, d’un poulailler, d’un jardin nourricier et d’un mobilier de grande qualité ; va être cédée pour la somme de 6 000 livres tournois. L’acte de vente est signé avec Jean La Lime, un intermédiaire québécois agissant pour le compte d’un autre nom désormais mieux connu de l’histoire officielle : John Kinzie.
Ce départ soulève mille questions. Pourquoi quitter ainsi le fruit de deux décennies de travail ? Pourquoi céder une terre qu’il a bâtie, cultivée, consolidée pierre par pierre ? Certains récits romancés ont évoqué une blessure d’orgueil : Pointe du Sable aurait été refusé comme « grand chef » par les Potawatomis. D’autres, plus politiques, avancent une hypothèse bien plus grave : les autorités américaines, après avoir annexé la région, auraient exigé qu’il achète la terre sur laquelle il vivait, comme s’il n’en était qu’un occupant sans titre. Une humiliation inacceptable pour un homme qui l’avait rendue habitable.
Il est aussi possible que les mutations géopolitiques aient achevé de le convaincre. Le traité de Greenville, signé en 1795 après la guerre du Nord-Ouest, avait scellé la cession de grandes portions du territoire aux États-Unis, dont six miles carrés autour de l’embouchure du fleuve Chicago. La pression sur les populations autochtones et leurs alliés se fit plus forte. Le rêve d’une cohabitation pacifique, fondée sur l’échange et la diplomatie, s’éloignait.
Alors Pointe du Sable part. Il se retire à St. Charles, dans le territoire de la Louisiane encore sous domination espagnole. Là-bas, il obtient une autorisation pour gérer un service de ferry sur le fleuve Missouri. Moins prestigieux, moins visible, mais toujours actif. Il vit quelque temps avec son fils, puis avec sa petite-fille. Sa fin est plus discrète que son œuvre. En 1818, il meurt dans l’oubli, inhumé sans pierre tombale dans le cimetière de St. Charles Borromeo. Sur le registre paroissial, une seule mention : nègre.
Des siècles plus tard, une plaque de granite sera installée à l’endroit présumé de sa tombe. Mais les fouilles archéologiques menées en 2002 n’y trouveront aucune trace de sa dépouille. Pointe du Sable a disparu comme il avait vécu : en traversant les lignes, en contournant les assignations, en laissant derrière lui une empreinte sans silhouette.
Il faut lire ce départ non comme une défaite, mais comme un signe. Le signe d’un homme qui a compris, avant les autres, que l’histoire officielle ne retiendrait que ce qu’elle aurait elle-même écrit. En quittant Chicago, il ne fuyait pas un lieu : il se soustrayait à une dépossession symbolique, à une invisibilisation programmée.
Il est des figures que l’histoire officialise à coup de statues et de manuels. Et il en est d’autres, comme Jean-Baptiste Pointe du Sable, que l’histoire enterre à la marge, sans sépulture, sans épopée, sans voix. Pourtant, le pavé de Chicago repose sur sa mémoire. Pourtant, le port, le pont, les lignes de la ville ; toutes prennent naissance là où son foyer s’élevait jadis.
Pendant des décennies, Pointe du Sable fut effacé au profit de John Kinzie, acheteur de sa maison, pionnier plus conforme aux récits dominants : blanc, loyal, documenté. Les guides touristiques du XIXe siècle attribuaient la fondation de la ville à Kinzie ; les plaques commémoratives portaient son nom, tandis que Pointe du Sable demeurait dans l’ombre de ce qu’il avait bâti. Il faudra attendre les années 1930 (et la pression des intellectuels afro-américain) pour que son nom réémerge dans l’espace public. Lentement.
Aujourd’hui, une école, un musée, un pont, un parc et un timbre commémoratif rendent hommage à celui que l’on appelle désormais le « fondateur de Chicago ». Mais cette reconnaissance tardive ne suffit pas. Car Pointe du Sable ne fut pas seulement le premier habitant d’un lieu devenu métropole. Il fut le précurseur d’une autre Amérique : une Amérique créole, afro-autochtone, traversée de flux culturels, de solidarités hors-normes, d’identités composites. Une Amérique que l’on préfère souvent oublier, tant elle contredit le mythe des pères fondateurs blancs et conquérants.
En redonnant voix à Jean-Baptiste Pointe du Sable, on ne fait pas que restaurer une justice mémorielle. On bouleverse les fondations mêmes de l’histoire américaine. On reconnaît que les bâtisseurs de ce continent furent aussi des Noirs, des femmes autochtones, des métis, des résistants sans uniforme.
Dans chaque ville, il y a un silence. À Chicago, ce silence portait le nom d’un homme.
Il est temps de l’écouter.
Sources
- 1. Dominic A. Pacyga, Chicago: A Biography, University of Chicago Press, 2009.
- 2. Milo Milton Quaife, Checagou: From Indian Wigwam to Modern City (1673–1835), University of Chicago Press, 1933.
- 5. Juliette Kinzie, Wau-Bun, The “Early Day” in the Northwest, Derby and Jackson, 1856.