Lapo Chapé, documentaire primé de Mélissandre Monatus, arrive en salle le 20 septembre à Paris pour une soirée ciné-débat sur couleur de peau et mémoire.
Il y a des films qui naissent comme des murmures et finissent par devenir des cris. Lapo Chapé, premier documentaire de Mélissandre Monatus, appartient à cette lignée rare. Un film né d’un questionnement intime, qui s’est transformé en une œuvre collective. Un film qui, en un peu plus de trente minutes, fait surgir des silences enfouis depuis des générations.
Le 20 septembre 2025, au Cinéma Saint André des Arts à Paris, Lapo Chapé vivra sa première exploitation commerciale, sous la forme d’une soirée ciné-débat. Un moment qui s’annonce déjà comme un jalon dans l’histoire des récits afrodescendants sur grand écran.
Une œuvre née de la mémoire et du feu
Mélissandre Monatus n’est pas venue au cinéma par hasard. Fille d’un père martiniquais et d’une mère tourangelle, elle a grandi entre deux couleurs, deux mondes, deux vérités. Très tôt, elle s’est heurtée aux non-dits et aux stéréotypes qui collent à la peau, au sens propre comme au sens figuré. Elle en a fait une thèse sur l’image des Noirs dans la publicité française. Puis, des années plus tard, elle a repris ce fil, le tissant cette fois avec les outils du cinéma.
Lapo Chapé (expression créole qui signifie « la couleur de peau qui échappe à la condition de l’esclave ») porte en lui la trace des siècles : l’ombre des plantations, les hiérarchies invisibles, le désir d’émancipation. Mais il parle aussi d’aujourd’hui : de ce que signifie être noir, métis, afrodescendant dans une société française qui proclame l’égalité tout en perpétuant ses discriminations.
Le film ne s’abrite pas derrière la fiction. Il s’ouvre au réel, brutal, nu, tendre parfois. Une table ronde, des micros-trottoirs, des entretiens intimes. Des inconnus qui se rencontrent et, peu à peu, laissent tomber les masques. La caméra saisit l’instant fragile où les voix se brisent, où la mémoire parle plus fort que la raison.

On y entend Muriel Wiltord, femme d’influence née aux Antilles et façonnée par le Sénégal et les États-Unis. On y suit Jeanne Wiltord, psychanalyste, décortiquant avec précision ce que les mots coloniaux font à nos esprits. On y découvre Larry Vickers, danseur qui a traversé l’histoire du music-hall aux côtés de Michael Jackson et Joséphine Baker, racontant le racisme ordinaire avec un sourire résistant.
Et puis il y a les anonymes : Thomas, Charlène, Terence, Alain, Tania… Chacun dépose son fardeau, raconte ses cicatrices, ses fractures intimes, ses espoirs aussi.
En moins d’un an, Lapo Chapé a traversé les festivals comme une traînée de poudre. Dikalo Award du Meilleur Documentaire Court à Cannes, mention honorable à Mumbai, double prix à Montpellier, sélection au Silicon Valley African Film Festival. Mais surtout, des projections qui comptent : à l’Assemblée nationale, à la Sorbonne, à Lagos, à Créteil devant Euzhan Palcy et Firmine Richard.
Chaque fois, le même constat : Lapo Chapé touche juste. Parce qu’il ne plaque pas de discours. Il donne à entendre. À voir. À ressentir.
La soirée du 20 septembre : un moment à vivre

Le 20 septembre, la salle du Saint André des Arts accueillera non seulement le film, mais aussi un débat. Ce ne sera pas une projection comme une autre. Ce sera une rencontre.
Car autour du film gravitent des partenaires qui, chacun à leur manière, prolongent son message :
- Un buffet signé par @NabyCook, cheffe ivoirienne dont la cuisine éthique nourrit corps et esprit.
- Les poupées @MyLoveEra, pensées pour renforcer l’estime des enfants noirs.
- Le livre Au-delà de la couleur de peau d’Halimatou Shaadia Diallo, en vente sur place.
- Le soutien officiel du Festival International du Film Panafricain de Cannes, berceau du premier prix du film.
- Les voix des médias engagés comme @Lemwakast et Dôobôot Radio Talk Show.
- Les associations militantes @CapMétissage, @ajuca.um, @comitemarche1998, @AfroGameuses, Femmes au-delà des mers, et bien d’autres.
Autant dire que cette soirée sera une constellation : cinéma, gastronomie, littérature, militantisme, mémoire et futur.
Il y a des films qui divertissent. D’autres qui dérangent. Lapo Chapé fait les deux. Il captive, mais surtout, il ouvre une brèche. Celle d’un dialogue trop longtemps refusé sur la couleur, sur la hiérarchie des peaux, sur les fractures invisibles qui traversent nos familles et nos sociétés.
Ce documentaire ne prétend pas donner de réponse. Il fait mieux : il donne la parole. Et dans ce geste, il donne aussi une dignité.
Infos pratiques

- Samedi 20 septembre 2025
- Cinéma Saint André des Arts, Paris
- Billetterie : Réserver ici
- Teaser du film : à voir ici
Dans l’obscurité des salles, les images de Lapo Chapé rappellent que la couleur de peau n’est pas qu’un fait biologique. C’est une mémoire. Un héritage. Un combat.
Le 20 septembre, à Paris, cette mémoire prendra chair sur l’écran et dans les voix. Et ce sera bien plus qu’une soirée cinéma. Ce sera un acte de mémoire vivante, une résistance en images, une invitation à se regarder autrement.
Lapo Chapé n’est pas un simple court-métrage. C’est déjà un classique nécessaire.