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Une frappe aérienne française a tué 19 civils au Mali

Politique

Une frappe aérienne française a tué 19 civils au Mali

Par Mathieu N'DIAYE 31 mars 2021

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Le rapport d’enquête des Nations unies valide l’hypothèse de civils parmi les victimes du bombardement mené le 3 janvier près du village de Bounti par l’armée française.

Une frappe aérienne française a tué 19 civils au Mali

Une frappe aérienne française du 3 janvier 2021 a tué 19 civils et trois hommes armés lors d’un mariage dans le désert reculé du centre du Mali, ont indiqué mardi les enquêteurs des Nations unies. En outre, cette révélation contredit la version française selon laquelle seuls les militants islamistes ont été touchés.

La France a immédiatement rejeté ces conclusions, qui risquent d’alimenter les critiques internes à l’encontre de l’ancienne puissance coloniale. La France a positionné plus de 5 000 soldats au Mali et dans les pays voisins pour combattre les groupes liés à Al-Qaïda et à l’État islamique.

La division des droits de l’homme de la mission des Nations unies au Mali (MINUSMA) a déclaré avoir visité le village de Bounti où l’attaque a eu lieu le 3 janvier 2021. Aussi, la MINUSMA a analysé des images satellites et interrogé plus de 400 personnes, dont au moins 115 lors de séances individuelles en face à face.

Le rapport indique :

« La MINUSMA est en mesure de confirmer la tenue d’une célébration de mariage qui a rassemblé une centaine de civils sur le site de l’attaque, parmi lesquels cinq individus armés, membres présumés de Katiba Serma, étaient présents »

Katiba Serma est un groupe armé affilié à Al-Qaïda.

Une bavure française?

Le rapport de la MINUSMA indique que 19 personnes, dont 16 civils et trois des hommes armés, ont été tuées immédiatement dans l’attaque aérienne, tandis que trois autres civils sont morts lors de leur transfert vers des soins médicaux.

Dans un communiqué, le ministère français des forces armées a déclaré que la frappe avait suivi un « processus de ciblage robuste » qui a permis d’identifier les cibles comme étant des militants. De plus, il précise :

« Les seules sources concrètes sur lesquelles s’appuie ce rapport sont les témoignages locaux. Ils ne sont jamais retranscrits, l’identité des témoins n’est jamais précisée, ni les conditions dans lesquelles les témoignages ont été recueillis. Il est donc impossible de distinguer les sources crédibles des faux témoignages d’éventuels sympathisants terroristes ou d’individus sous l’influence (y compris les menaces) de groupes djihadistes. »

Le rapport de la MINUSMA indique que chaque récit de témoin a été vérifié avec d’autres preuves et que certains témoins ont été relocalisés pour leur permettre de parler librement.