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Incendie du Musée National de Rio (Brésil) : quelles pertes pour l’art africain?

Société

Incendie du Musée National de Rio (Brésil) : quelles pertes pour l’art africain?

Par Sandro CAPO CHICHI 4 septembre 2018

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Dans la nuit du 2 au 3 septembre 2018, le Musée National de Rio, le principal musée du Brésil a été victime d’un terrible incendie. De nombreux trésors de l’art africain y ont vraisemblablement  été perdus à jamais.

Par Sandro CAPO CHICHI / nofi.media

Outre le bâtiment datant du 19ème siècle qui l’abrite, le musée a perdu près de 90% de ses collections. Parmi celles-ci, on trouve de nombreux restes humains et des artefacts égyptiens anciens. Ont aussi été perdus d’autres vestiges plus récents de l’histoire de l’Afrique.

Parmi ceux-ci, on trouve notamment des cadeaux diplomatiques envoyés par le roi de Dahomey Adandozan au prince Jean de Portugal en 1810.

Ces objets étaient à la fois d’une grande importance pour le Bénin et pour le Brésil. Le trône d’Adandozan était probablement, après celui d’Agonglo (1789-1797) le plus ancien trône d’époque de Dahomey encore en existence. Pour les deux pays, ces présents étaient les témoins de l’histoire extrêmement complexe qui a lié le Brésil et Dahomey au cours du 19ème siècle. Adandozan est ainsi considéré par la tradition comme ayant été à l’origine de la déportation vers le Brésil de membres rivaux de la famille royale de Dahomey comme Agontinme qui y aurait établi la Casa das Minas, un temple afro-brésilien dédié au culte d’ancêtres de la famille royale.

Un autre trésor disparu d’une grande importance concerne des objets utilisés par les Africains déportés, notamment dans le contexte des religions africaines qu’ils avaient tenté de recréer au Brésil.  Leurs religions étaient persécutées et les objets nécessaires pour leur pratique confisqués. A une heure où le Candomblé et les autres religions afro-brésiliennes sont autant populaires que discriminées, ces oeuvres étaient d’une importance capitale.

Le Musée National de Rio disposait aussi d’objets africains, qui plus que l’histoire qu’ils racontaient, se distinguaient par leur taille. C’est le cas d’une défense d’éléphant originaire de la région de Loango (Congo-Brazzaville) et datant du 19 siècle, probablement la plus grande jamais exposée dans un musée.

Musée national de Rio

Défense d’éléphant sculptée originaire de Loango, actuel Congo-Brazzaville (19ème siècle)

Etaient également conservés d’autres artefacts de la région des Congo et de l’Angola qui ont tant contribué à l’identité afro-brésilienne moderne.  Parmi eux, on trouvait les Nkondi et Nkisi objets de pouvoir caractéristiques de l’art kongo.

Au total, près de 700 pièces (hors celles de l’Egypte ancienne) qui étaient facilement accessibles aux jeunes classes d’écoles publiques qui les visitaient sont aujourd’hui disparues. Et si les Africains revendiquent de plus en plus leur droit à récupérer les oeuvres évoquant leurs ancêtres, on peut aisément mesurer la perte que représentera la disparition de ces objets pour les Brésiliens dans leur lutte pour la réaffirmation de leur identité africaine.

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