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Une étude de l’ADN des Egyptiens anciens par des chercheurs afro-descendants

Histoire

Une étude de l’ADN des Egyptiens anciens par des chercheurs afro-descendants

Par Sandro CAPO CHICHI 1 septembre 2018

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Les chercheurs antillais Jean-Philippe Gourdine, Jean-Luc Gourdine et Alain Anselin ont publié en ligne une étude sur l’ADN des Egyptiens anciens avec le bioanthropologiste afro-américain Shomarka Keita en août 2018.

Par Sandro CAPO CHICHI de New African Cultures / nofi.media

Cette étude traite des résultats de Verena Schuenemann et d’autres chercheurs qui présentaient par le biais de l’ADN, Les Egyptiens anciens comme ‘venant d’Asie’ et qui avaient plus tard reçu un apport de populations d’Afrique subsaharienne via la traite des Noirs. Ces résultats avaient été révélés en exclusivité sur NOFI.

Le travail des généticiens Jean-Luc et Jean-Philippe Gourdine et Shomarka Keita ainsi que de l’égyptologue Alain Anselin est à ma connaissance la première réponse scientifique apportée à l’article de Schuenemann et al. Il n’a pas encore été publié mais est disponible en anglais à cette adresse.

adn des Egyptiens anciens

Jean-Philippe Gourdine

Dans cet article, Gourdine et al. font remarquer que les génomes complets utilisés par Schuenemann et al. sont trop peu nombreux, même si des dizaines d’haplogroupes uniparentaux ont été cités.

Ils font aussi remarquer que le site d’où proviennent les momies utilisées dans l’étude sont limitées dans l’espace et dans le temps. Ils ne proviennent que d’un site et ne couvrent qu’une partie tardive de l’histoire de l’Egypte. Leur ADN ne peut donc être utilisé pour représenter toute l’histoire du peuplement de l’Egypte.

Les auteurs font également remarquer que le génotype de la population du nord de l’Egypte de l’époque concernée pourrait avoir été influencé par les nombreuses relations avec le monde eurasiatique entretenues par les Egyptiens dès sa préhistoire, bien que leur culture soit originaire du sud.

Un autre aspect du travail de Gourdine et al. consiste la redéfinition de ce qui est ‘africain’ et de ce qui ne l’est pas, une innovation épistémologique déjà trouvée, il y a plusieurs années, dans les travaux de Shomarka Keita.  Alors que Schuenemann et al. postulent que le lignage matrilinéaire M1 est ‘asiatique’, Gourdine et al. affirment qu’il y a plus de raisons de penser qu’il est originaire d’Afrique et qu’il ne devrait pas être considéré comme ‘asiatique’ simplement parce qu’il n’est pas dominant chez des populations d’Afrique sub-saharienne.

Enfin, les auteurs, avec la prudence requise par  le caractère insuffisant des STR fournis dans des études précédentes et du caractère incertain des regroupements de population dans les bases de données utilisées, ont montré que selon leur utilisation du logiciel pop-affiliator, les momies royales génétiquement analysées dans le passé, comme Toutankhamon, Ramsès III ou Amenhotep III présentaient de larges affinités avec des populations ‘subsahariennes’, plutôt qu’asiatiques ou européennes.

La conclusion des auteurs est donc que l’étude de Schuenemann et al. ne peut servir que de conclusion sur les affinités génétiques des Egyptiens anciens qu’à un moment et dans un espace limités.

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