Peonage : L’esclavage a perduré aux États-Unis jusqu’en 1963
Histoire

Par Makandal Speaks 7 mars 2018
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L’histoire du Peonage a été mis en lumière par Antoinette Harrell, selon qui, des Afro-américains étaient encore réduits en esclavage, au moins un siècle après la guerre de Sécession. Des informations qui confirment l’idée que l’esclavage a pu perduré malgré son abolition officielle.
L’esclavage a perduré aux États-Unis jusqu’en 1963
Dans une interview publiée par le site Web de Vice, l’historienne et généalogiste Antoinette Harrell, a fait part de ses stupéfiantes découvertes [1]. Selon la scientifique, il aurait existé de nombreux exemples de Blancs, dans les États du Sud du pays, qui emprisonnaient les travailleurs afro-américains dans le système du peonage [2]. Il s’agit d’un travail effectué gratuitement en vue de rembourser une somme d’argent préalablement empruntée. Très courant dans les propriétés agricoles, le péonage instaure une dépendance entre l’ouvrier et le propriétaire pareil à l’esclavage. Pourtant, cette pratique était interdite aux États-Unis depuis 1867.

Antoinette Harrell a confié ses recherches à Vice. Elle aurait « rencontré environ 20 personnes qui avaient travaillé à la Plantation de Waterford dans la paroisse de St. Charles, en Louisiane ».
« Ils m’ont dit qu’ils avaient travaillé dans les champs pendant la plus grande partie de leur vie et qu’ils étaient redevables au propriétaire de la plantation. Ils n’avaient pas le droit de quitter la propriété (…) Les travailleurs s’endettaient de plus en plus chaque année. Certains d’entre eux étant encore liés à cette terre dans les années 1960. » [3]
L’inique système du péonage
Selon Mme Harrell la cruauté des esclavagistes à l’égard des Afro-américains qu’ils asservissaient par le biais du péonage, rappelait les archives datant des pires heures de l’esclavage. L’historienne et généalogiste afro-américaine raconte le cas de Mae Louise Walls Miller, qui n’a connu la liberté qu’en 1963. Lorsque Mme Walls Miller était enfant, elle fut envoyée chez le propriétaire d’une ferme où sa famille avait été réduite en esclavage et violée par tous les hommes présents, parfois aux côtés de sa mère…
Mae Louise Miller (née Mae Louise Wall ; 24 août 1943 – 2014) était une femme américaine qui a été maintenue en esclavage moderne, appelé « peonage », dans les régions de Gillsburg, Mississippi, et Kentwood, Louisiane, jusqu’à ce que sa famille obtienne enfin la liberté au début de 1961.
L’histoire de Mae a été découverte lorsqu’elle a partagé son récit avec l’historienne Antoinette Harrell, qui l’a mise en avant dans un court métrage documentaire intitulé « The Untold Story: Slavery in the 20th Century » (2009). Cette histoire a inspiré la création du film « Alice », sorti en 2022.
En 2003, Mae et ses six frères et sœurs ont rejoint une action en justice collective visant à obtenir des réparations pour les descendants d’esclaves de plusieurs entreprises privées, avec l’aide de l’avocate Deadria Farmer-Paellmann. Mae a expliqué à NPR : « Peut-être que je n’étais pas libre, mais si cela peut aider quelqu’un d’autre à trouver la liberté, alors c’est important. Il y a de nombreuses personnes qui sont actuellement asservies et qui ne savent pas comment s’en sortir. » Malheureusement, en 2004, la poursuite en justice a été rejetée par un juge.

Toutes les personnes réduites en esclavage dans l’inique système du péonage n’étaient cependant pas tous des afro-américains. En effet, il y avait aussi des immigrés d’Europe de l’Est, même si comme Antoinette Harrell l’affirme, « la grande majorité des esclaves du 20ème siècle étaient d’ascendance africaine« .
Notes et références :
[1] Antoinette Harrell ~ « Black People Were Enslaved in the US Until as Recently as 1963« , vice.com, publié le 28 février 2018
[2] Ibid.
[3] Le péonage est une forme de travail forcé dans les grands domaines agricoles. L’ouvrier s’endette auprès de son employeur et devient dépendant.