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Front anti-CFA : après la relaxe, le procureur de la République sénégalais fait appel

Politique

Front anti-CFA : après la relaxe, le procureur de la République sénégalais fait appel

Par Mathieu N'DIAYE 5 septembre 2017

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Quelques jours après qu’Urgences Panafricanistes ait lancé une nouvelle mobilisation internationale contre le franc CFA, Serigne Bassirou Guèye le procureur de République du Sénégal a annoncé qu’il faisait appel de la décision du TGI de Dakar concernant la relaxe de Kemi Seba. 

Kemi Seba sera de nouveau jugé, en appel

Alors que le tribunal des flagrants délits de Dakar avait relaxé, le 29 août 2017, l’activiste Kemi Seba, le procureur de la République Serigne Bassirou Guèye a interjeté appel de la décision. Le principal dirigeant de l’ONG Urgences Panafricanistes (structure initiatrice du Front Anti-CFA) devrait ainsi se retrouver de nouveau au tribunal. Ce rebondissement judiciaire intervient quelques jours après l’annonce de l’organisation d’une nouvelle mobilisation internationale contre le franc CFA, qui se veut un acte de « légitime défense après les propos du couple Macron-Ouattara« , le 16 septembre 2017. Kemi Seba, contacté par téléphone, a donné sa vision de cette décision de justice:

« Il clair que c’est la Françafrique qui s’exprime et pas simplement le procureur de la République qui doit subir énormément de pressions. Derrière le parquet sénégalais, je pense qu’il y a le gouvernement français. Je le pense avec fermeté et c’est la raison pour laquelle tout cela se déroule. »

Kemi Seba

Kemi Seba et Hey Djehuty, tous deux cadres de l’ONG « Urgences Panafricanistes ».

Ce nouvel épisode judiciaire ne semble pas inquiéter le chroniqueur de VoxAfrica qui s’est dit « serein » face à ce rebondissement:

« J’assume tout ce que je fais, j’assume ce combat. Si nous ne menons pas ce combat, nous connaîtrons la servitude pour encore plusieurs générations. »

Trois mois seulement après sa dernière visite à l’Élysée, le président ivoirien, Alassane Ouattara a, une fois de plus, volé à la rescousse du franc CFA, pourtant honni par une frange de plus en plus large de la société civile africaine. Après que l’ancien banquier d’affaire devenu président ait déclaré :

« Nous avons évoqué l’avenir de la zone franc (…) Nous avons décidé d’initier une réflexion commune et constructive (…) et d’ouvrir une nouvelle voie avec beaucoup de pragmatisme. » [1]

Kemi Seba

Emmanuel Macron et Alassane Ouattara, deux farouches défenseurs du fCFA.

Le président ivoirien a surenchéri en affirmant pour sa part que :

« C’est une zone où la couverture monétaire est de plus de 75%. Nous couvrons les ¾ de nos émissions monétaires et la Banque centrale à plus de 5 mois d’importation en devise. Ce qui veut dire que c’est une zone solide. Il n’y a pas d’inquiétude (…) C’est une monnaie qui a une certaine attractivité. Je voudrais saluer cette évolution et dire que notre zone continuera d’être gérée de manière rigoureuse et de s’ajuster par rapport aux difficultés extérieures. » [1]

Lionnel Zinsou, ancien Premier ministre du Benin, ancien collègue d’Emmanuel Macron à la Banque Rothschild et désormais l’un de ses conseillers [2], a lui aussi plaidé pour la cause de la devise sous tutelle française. Pointant du doigt « les activistes que la stabilité monétaire des pays africains n’intéresse pas » le franco-béninois, président de l’association AfricaFrance [3] déclarait :

« Pour les entreprises, la question n’est pas de savoir si la monnaie s’appelle le franc des colonies d’Afrique ou le shilling kényan. Tous les populistes du monde se mêlent d’économie, pourquoi les pays africains y échapperaient ? » [4]

Lionel Zinsou, conseiller d’Emmanuel Macron et son ancien collègue de la banque Rothschild.

Une pique qui semble viser directement Kemi Seba. Ce feuilleton médiatico-politique et désormais judiciaire qui s’organise autour des actions de l’ONG Urgences Panafricanistes et de la campagne de diabolisation à l’encontre de son porte-voix annonce un nouveau tourment historique dans l’opposition entre les partisans de la monnaie éditée par la Banque de France et ses opposants.

 

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http://nofi.fr/2017/09/urgences-panafricanistes-2/42469

Notes et références :

[1] « Reçu à l’Elysée, Alassane Ouattara plaide pour une zone FCFA étendue à la CEDEAO« , Agence Ecofin, publié le 1er septembre 2017

[2] Abel Mestre ~ « Lionel Zinsou nommé nouveau président de Terra Nova » Le Monde, publié le 28 juin 2017

[3] AfricaFrance est un tissu de relations entre entreprises africaines et françaises, publiques et privées.

[4] Benjamin Polle ~ « Franc CFA : Lionel Zinsou tacle les « populistes » en préambule aux rencontres « Africa 2017 »« , Jeune Afrique, publié le 5 septembre 2017