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Kemi Seba arrêté à Dakar

Société

Kemi Seba arrêté à Dakar

Par Mathieu N'DIAYE 25 août 2017

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La Banque Centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a déposé une plainte contre Kemi Seba après que ce dernier a brûlé, le 19 août 2017, un billet de 5 000 francs CFA. L’activiste panafricainiste a été arrêté à son domicile dakarois le matin du 25 août 2017.

Le 19 août 2017, la société civile africaine était appelée à se mobiliser contre la françafrique par l’ONG « Urgences Panafricanistes« . Cette manifestation s’inscrivait dans le cadre des précédentes campagnes du Front anti-CFA qui ont rythmé cette année 2017 et rassemblé des centaines de milliers de personnes en Afrique et dans la diaspora.

Abidjan, Niamey, N’Djamena, Douala, Bamako, Ouagadougou, la liste est longue des capitales des « anciennes » colonies française où les opposants au néo-colonialisme et autres farouches partisans de la souveraineté africaine se sont simultanément réunis. Cependant, c’est le rassemblement de Dakar qui à le plus fait parler de lui. En effet, c’est sur la place de l’obélisque à Dakar (située en amont du Boulevard du Général De Gaulle) érigée en souvenir de l’accession du Sénégal à une indépendance fictive en 1960 que Kemi Seba haranguait les foules avec la verve qu’on lui connaît.

Kemi Seba

Kemi Seba brûlant un billet de 5 000 fCFA, lors de la mobilisation du 19/08/2017

Le chroniqueur géopolitique TV de VoxAfrica terminera son homélie politique contre la monnaie coloniale en brûlant un billet de 5 000 fCFA (environ 7,60€). Ce geste fort a dès lors agité la toile. La mobilisation du 19 août 2017 restera à coup sûr dans les annales de la lutte contre le néo-colonialisme. Si nombreux sont ceux qui ont validé cet acte, la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) [1] est montée au créneau et a porté plainte contre l’activiste panafricaniste. Kemi Seba déclarait suite à cela, sur les réseaux sociaux :

« Je savais qu’en effectuant cet acte purement symbolique, la BCEAO (Banque Centrale des États d’Afrique de l’Ouest), sans doute sur commande de la Banque de France, engagerait une procédure visant à me mettre en prison. Je le savais, et je suis prêt à en payer le prix du PLUS PROFOND DE MON ÂME.« 

Le prix à payer, justement a été défini par la loi sénégalaise, à l’article 411 du Code Pénal qui dispose que :

« Quiconque aura volontairement brûlé ou détruit, d’une manière quelconque, des registres, minutes ou actes originaux de l’autorité publique, des titres, billets, lettres de change, effets de commerce ou de banque, contenant ou opérant obligation, disposition ou décharge ; quiconque aura sciemment détruit, soustrait, recelé, dissimulé ou altéré un document public ou privé de nature à faciliter la recherche des crimes et délits, la découverte des preuves ou le châtiment de leur auteur sera, sans préjudice des peines plus graves prévues par la loi, puni ainsi qu’il suit : si les pièces détruites sont des actes de l’autorité publique ou des effets de commerce ou de banque, la peine sera d’un emprisonnement de cinq ans à dix ans ; s’il s’agit de toute autre pièce, le coupable sera puni d’un emprisonnement de deux ans et d’une amende de 50.000 à 100.000 francs.«  [2]

Kemi Séba
La Division des Investigations Criminelles (DIC) de la Direction de la police judiciaire (considéré comme la police politique sénégalaise) a diligenté une enquête afin d’établir les responsabilités de chacun dans cette affaire. Le 25 août 2017, Kemi a été arrêté à son domicile pour être entendu par les forces de l’ordre. Notons que la personne ayant fourni le briquet à Kemi Seba est elle aussi inquiétée par l’investigation policière. La figure de proue du panafricanisme du XXI° a toutefois tenu à affirmer :

« Je tiens à préciser que j’ai agi seul, et que le frère qui m’a passé le briquet n’était pas au courant de mon projet de brûler le billet et donc ne pourra être accusé de complicité. Personne sauf moi, ne savait que j’allais commettre cet acte.« 

Nous vous tiendrons au courant de l’évolution de l’affaire. Restez connectés.

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http://nofi.fr/2017/08/francafrique/41987

Notes et références :

[1] La Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest est une banque centrale desservant les 8 pays Ouest-africains de la zone CFA constituant la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

[2] Relevons que cet article est un quasi « copié-collé » de l’article Article 439 de l’ancien Code Pénal de 1810, créé par loi 1810-02-19 promulguée le 1er mars 1810. Cette dernière dispose : 

« Quiconque aura volontairement brûlé ou détruit, d’une manière quelconque, des registres, minutes ou actes originaux de l’autorité publique, des titres, billets, lettres de change, effets de commerce ou de banque, contenant ou opérant obligation, disposition ou décharge ; Quiconque aura sciemment détruit, soustrait, recélé, dissimulé ou altéré un document public ou privé de nature à faciliter la recherche des crimes et délits, la découverte des preuves ou le châtiment de leur auteur sera, sans préjudice des peines plus graves prévues par la loi, puni ainsi qu’il suit : Si les pièces détruites sont des actes de l’autorité publique, ou des effets de commerce ou de banque, la peine sera la réclusion criminelle à temps de cinq à dix ans ; S’il s’agit de toute autre pièce, le coupable sera puni d’un emprisonnement de deux à cinq ans et d’une amende de 500 F à 8.000 F« 

Cette loi française a été abrogée par Abrogé par la loi n°92-1336 du 16 décembre 1992. Le Sénégal copie la France, et le fait mal, il a 25 ans de retard sur son modèle …