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Elizabeth Eckford : la ségrégation, le pardon et le refus de la manipulation

Société

Elizabeth Eckford : la ségrégation, le pardon et le refus de la manipulation

Par Sandro CAPO CHICHI 4 octobre 2016

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En 1954, la cour Cour Suprême des Etats-Unis rend non-constitutionnelle la séparation des Noirs et Blancs dans les écoles publiques du pays.

Par Sandro CAPO CHICHI / nofi.fr

Trois ans plus tard, la jeune Elizabeth Eckford, alors âgée de 15 ans s’apprête à faire son entrée dans un lycée de Little Rock dans l’Arkansas jusqu’alors réservé aux Blancs. La présence de la garde nationale américaine et d’une foule de centaines de Blancs l’injuriant et la menaçant de lynchage l’empêchent de rentrer dans le lycée la conduisent à rebrousser chemin en pleurs. L’hostilité de l’accueil de la jeune fille par les autres lycéens blancs a été immortalisée par un cliché du photographe Will Counts. Sur ce dernier, on peut distinguer l’expression particulièrement virulente d’une membre de la foule pourchassant Eckford. Cette jeune fille également âgée de 15 ans s’appelle Hazel Bryan.

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Cinq ans plus tard, lors d’un passage d’Eckford à Little Rock, elle est contactée par Bryan qui souhaite lui présenter ses excuses. Les deux jeunes femmes seraient alors devenues amies. 40 ans après l’incident, a lieu une commémoration de l’incident.

Sur les lieux mêmes de celui-ci, le même photographe Will Counts prend une nouvelle photo des deux femmes qui immortalisent cette fois leur amitié et leur réconciliation.

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Plus tard toutefois, Eckford met fin à cette relation, justifiant cette rupture par une sorte de manipulation de la part de Bryan. D’une certaine manière, elle se serait servie d’ Eckford, pour qu’elle se sente moins coupable de son acte. Par exemple, alors qu’elle avait fièrement répété des propos racistes et ségrégationnistes à la télévision peu après l’incident de 1957, Bryan prétendait des années plus tard avoir agi sans réfléchir.

Après s’être servi d’Elizabeth Eckford comme d’une cible de tir, Hazel Bryan souhaitait désormais s’en servir comme d’un gilet parant les balles de sa propre culpabilité, un guet-apens qu’Eckford aussi bienveillante et miséricordieuse n’avait pu accepter.

Référence :

Through a Lens, Darkly / David Margolick, Vanity Fair