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Madagascar : les festivités de la fête nationale tournent au drame

Politique

Madagascar : les festivités de la fête nationale tournent au drame

Par SE 27 juin 2016

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Ce dimanche 26 juin, alors que la population de Madagascar s’était réunie dans le stade municipal de Mahamasina à Antananarivo, la capitale du pays pour le 56° anniversaire de la fête nationale.  À 16 h (heure locale), une explosion meurtrière à la grenade a fait deux morts et au moins 84 blessés. Les deux disparus, deux adolescents de 16 et 18 ans et les autres victimes étaient venus assister à un concert gratuit. Plus tôt dans la journée, un défilé militaire sous haute sécurité avait eu lieu à l’intérieur du stade. Des poseurs d’explosifs avaient été arrêtés, non loin du stade peu de temps avant la cérémonie. « Un acte probablement lié à l’attentat », d’après le directeur de la sécurité et des renseignements de la gendarmerie, Anthony Rakotoarison.

Le pouvoir en place accuse l’opposition 

« Une divergence de point de vue peut exister entre nous. Mais les actes de déstabilisation sont inadmissibles. Si le dirigeant ne vous convient pas (…) on ne peut pas tuer comme ça la population« , a déclaré le président de la République, Hery Rajaonarimampiana, dans une déclaration diffusée à la télévision nationale, après s’être rendu à l’hôpital public d’Antananarivo où les victimes ont été pris en charge. « On ne tolère jamais les déstabilisations. D’autant plus que ceci n’est pas seulement une déstabilisation mais un acte de terrorisme qui est allé jusqu’à des homicides » a ajouté le Chef d’État avant de lancer un appel au calme à la population, « J’appelle aussi le peuple à prendre sa responsabilité face à cette situation. Je lance un appel au calme à l’endroit du peuple. On ne va pas répondre à la violence par la violence mais par l’application de la loi, le plus sévèrement possible ».

Des déclarations qui n’ont pas manqué de faire réagir d’autres hommes politiques, « C’est trop facile d’accuser l’opposition« , a estimé le député Guy Rivo Randroanariso. Omer Beriziky, ancien premier ministre de 2011 à 2014, l’une des voix critiques du régime actuel a pour sa part « Je ne suis pas convaincu que ce soit la divergence de point de vue qui pousse des gens à commettre une telle atrocité ». 

À Antananarivo, la tension était montée d’un cran ces dernières semaines après la publication sur internet de la vidéo du sénateur de l’opposition, Lylison René de Rolland, proche d’Andry Rajoelina, ex-président de Madagascar sous le régime dit de transition du 17 mars 2009 au 24 janvier 2014 à la suite à d’un coup d’État qui a conduit la démission forcée du président Marc Ravalomanana, le 16 mars 2009.
Lylison René de Rolland, recherché depuis un mois via un mandat d’arrêt est accusé de vouloir déstabiliser le pouvoir en place. 

Déroulement des festivités dans le stade avant l'explosion

Déroulement des festivités dans le stade avant l’explosion

« C’est un acte odieux… »

« Nous avons entendu une explosion qui a produit un bruit plus fort que celui de la sonorisation », a raconté à l’AFP, Fidèle John Joelison, un garçon de 15 ans blessé à la jambe. « Il y avait trois fouilles à l’entrée du stade. Donc je me demande comment l’auteur de l’attentat a pu faire entrer la bombe », s’étonne l’adolescent.

« C’est un acte odieux », a déploré Olivier Mahfaly, le premier ministre Malagache. Du sang a coulé. Rendez-vous compte, on lance une grenade offensive à des Malgaches innocents ».

Le 25 janvier 2014 déjà, les Malgaches avaient été victimes d’un attentat similaire. L’explosion d’une grenade avait fait un mort et plusieurs blessés dans la rue à l’extérieur du même stade (Mahamasina). L’auteur du drame n’avait jamais été arrêté et les circonstances de cet attentat n’ont pas encore été élucidées. 

Alors que l’économie reprend petit à petit, à Madagascar où environ 90% de la population survit avec moins de deux dollars par jour, une enquête est en cours pour trouver les responsables de ce nouvel attentat qui pour le moment n’a pas encore été revendiqué.

Prise en charge des victimes

Prise en charge des victimes à l’hôpital public d’Antananarivo