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[Le Gang des Antillais] Loïc Léry : le parcours d’un jeune antillais désabusé en métropole

Société

[Le Gang des Antillais] Loïc Léry : le parcours d’un jeune antillais désabusé en métropole

Par SK 26 avril 2016

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Loïc Léry est l’auteur du récit autobiographique « Le gang des Antillais », dont l’adaptation au cinéma est parue en 2016. Un film de Jean-Claude Barny qui, s’appuyant sur l’histoire originale, porte à l’écran la vie de Jimmy Larivière. Une histoire vraie, un conte triste, celui d’un jeune martiniquais désemparé, parachuté en métropole via le BUMIDOM. On dit que partir c’est mourir un peu*, Jimmy va partir, mourir et renaître.

Une victime du Bumidom

Jimmy Larivière arrive en métropole via le BUMIDOM (Bureau pour le développement des migrations dans les départements d’Outre-mer). Comme beaucoup de jeunes Antillais, il a foi en cette illusion d’une vie meilleure et emplie d’opportunités. C’est le rêve que le bureau vend à ces populations ultramarines, souvent désespérées par le peu d’ouverture qu’offre leur situation dans les îles. Jimmy donc, arrive à Paris dans les années 1970, et se heurte à une cruelle désillusion. Car, à l’issu de cette migration massive organisée par l’état français, rien de très reluisant. Le travail et l’acquisition d’un haut statut social, une chimère. Il s’initie donc aux déceptions et à la colère puis, sombre dans la délinquance. Père très jeune, il bricole pour survivre. Il subit la discrimination, l’exclusion sociale, alourdies par l’abandon d’une française, blanche, qui est la mère de son enfant.

Jean-Claude Barny (réalisateur du film "Le gang des Antillais) Source photo: Overblog

Jean-Claude Barny (réalisateur du film « Le gang des Antillais)
Source photo: Overblog

Le naufrage

C’est Politik, un ami, qui l’initiera aux petits braquages, notamment des bureaux de poste des environs. Une forme de militantisme emprunt d’amertume, un militantisme réactionnaire face à la situation des populations antillaises, enchaînées à l’histoire de l’esclavage. Se rebeller et s’extraire de cette tragédie fataliste, mais par les mauvais moyens. Car dans ce cas transgresser devient une forme d’émancipation désespérée, le moyen du captif de s’offrir l’illusion d’un destin pris en main par soi. L’effet de groupe y est pour beaucoup, car les nouveaux compères de Jimmy vivent les mêmes réalités et partagent ce sentiment d’injustice. Ensemble, frustrés, désabusés, enragés, c’est ce groupe d’Antillais piégés qui devient « Le gang des Antillais ». Une bande tristement célèbre  qui, dans les années 1970, va se retrouver en ligne de mire de la police judiciaire.

Reconstitution photo de l'arrestation de Loïc Léry Source: Version Zéro

Reconstitution photo de l’arrestation de Loïc Léry
Source: Version Zéro

Le cheminement

Grisé par le succès des braquages, l’accumulation des butins et le sentiment d’invincibilité, Le gang des Antillais sera anéanti par son zèle et par des trahisons internes. Le coup de trop, celui qui met un terme à des années d’impunité. Celui qui se solde par une incarcération. Jimmy est condamné à 10 ans de prison ferme. Il a 20 ans. Dramatique mais salutaire, ce retour à zéro sera le point de départ de son parcours initiatique. C’est en prison que, contraint de passer du temps avec lui-même, il apprend, s’éduque, s’ouvre aux autres et revient à la vie. Il obtiendra d’être transféré en Martinique puis, sera libéré avant la fin de sa peine. Sa thérapie passe par l’écriture autobiographique, Jimmy écrit son histoire pour l’exorciser et pour l’offrir, aux autres sans prétention. Cette histoire c’est celle de son auteur, Loïc Léry, qui a rectifié la trajectoire de son existence. Aujourd’hui aide-soignant au CHU de Fort-de-France (Martinique), il est également consultant pour le film adapté de son livre.