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Charles Pasqua, parti sans régler la note

Politique

Charles Pasqua, parti sans régler la note

Par SK 30 juin 2015

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Charles Pasqua est décédé lundi 29 juin des suites d’un accident cardiaque. Homme politique emblématique pour certains, gaulliste convaincu mais aussi député, maire, ministre… Et synonyme de danger pour l’Afrique. Lui qui, avec ses complices, dont son grand ami Jacques Foccart, a participé à faire de ce continent un marché de l’illicite, de la corruption et de l’insécurité.Toutefois, Charles Pasqua fut un chanceux qui a au moins le privilège de ne pas régler sa note avant de partir. De toutes les affaires dans lesquelles il fut impliqué, jamais l’homme ne fut réellement inquiété et puni à hauteur des préjudices commis. Voici quelques dossiers françafricains dans lesquels l’ancien ministre de l’Intérieur d’Édouard Balladur s’est enrichi.

L’affaire Elf

Un scandale politico-financier qui éclate en 1994. Elf, ancien groupe pétrolier national, n’est autre que l’actuelle société privatisée Total. Dès 1981, Le président français François Mitterrand reprend les rênes de la société. Désormais, les dirigeants de l’enseigne doivent se plier au commandement de l’Élysée et du RPR. Dans l’exploitation du pétrole africain, Elf était un fief de corruption mêlant guerres en Afrique et milliards de francs. Une affaire à plusieurs volets, qui implique l’ex-président socialiste François Mitterrand et Charles Pasqua. Plus de 305 millions d’euros (près de 2 milliards 700 000 francs français) dérobés des caisses de l’usine et gracieusement distribués aux cadres dirigeants de la société, mais aussi aux chefs d’États africains. Ces fonds ont par ailleurs servi à financer une entreprise française de textile, Bidermann, entre autres concessions, de 1989 à 1993. Grâce à l’argent d’Elf, des emplois fictifs ont également été créés, permettant à chacun des cadres de toucher près de 2 millions d’euros.

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En 1994, trois juges dont Eva Joly (parti Écologie les Verts) s’emploient à instruire l’affaire. Entre 1992 et 1997, Charles Pasqua est soupçonné d’avoir utilisé des avions affrétés par Elf pour ses activités privées, à hauteur de 1,1 million de francs. En 1997, une perquisition a lieu au siège d’Elf en Aquitaine et Roland Dumas, ancien ministre des Affaires étrangères est officiellement impliqué dans le scandale. Le procès commence le 23 janvier 2001 et s’achève le 31 janvier 2007. Charles Pasqua devait être poursuivi pour recel d’abus de biens sociaux, mais en tant que président du RPF (Rassemblement pour la France), député et candidat à la présidentielle de 2002, il bénéficie de l’immunité parlementaire et est alors intouchable.

 

L’affaire de l’Angolagate

Parmi les personnalités politiques françaises impliquées figure Charles Pasqua. Une affaire opaque que la justice française s’est appliqué à laisser dans le flou. Charles Pasqua, ainsi que Bernard Guillet, Jacques Attali, Charles Marchiani et une quarantaine d’autres personnes sont soupçonnés d’avoir touché des rétrocommissions sur la vente illégale d’armes en Angola entre 1993 et 2000. L’homme d’affaires français Pierre Falcone et l’Israelo-franco-russe Arcady Gaydamak ont été accusés d’avoir vendu des armes au régime du président angolais Jose Eduardo Dos Santos, sans l’accord du gouvernement français, pour un montant de 790 millions de dollars.

Des armes qui ont servi à alimenter la guerre civile en Angola (1975 à 2002). Décris comme l’un des plus gros scandales politiques, l’Angolagate n’a pourtant pas inquiété les protagonistes comme cela aurait dû être le cas, et personne n’a été condamné. De ce sombre chapitre ne perdurent que de légères présomptions qui n’ont jamais représenté un frein à l’ascension carriériste des intéressés. Lorsque Nicolas Sarkozy arrive au pouvoir, l’Angola est devenu le premier producteur de pétrole, le rapport change. Sarkozy veut faire la paix et « tourner la page sur les malentendus du passé » et se rend à Luanda avec Christophe de Margerie, ancien président de Total aujourd’hui décédé, les cadres d’Areva et de la société Thalès.

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L’affaire des PMU africains

Des « sociétés indépendantes de leur mère françaises », ainsi étaient décrites les sociétés de PMU africaines par le Monde Afrique en 2009. Pourtant, ces sociétés de tiercé, calquées sur le modèle français, ont été installées en Afrique par des amis corses de Charles Pasqua dans les années 1990. Un casino à ciel ouvert, en fait, une société générant de grosses sommes d’argent impliquant le Bénin, le Togo, le Gabon, le Congo Brazzaville, le Mali, le Tchad, le Cameroun… Les sociétés africaines achètent au PMU français les informations permettant les paris, mais l’argent ne retourne pas dans les caisses de l’État. Un fonctionnement illégal donc, dont les fonds illicites servirent à financer la campagne de Charles Pasqua aux Européennes en 1999. Un arrangement dans lequel Pasqua avait vendu l’Afrique comme PMU à ses associés (Robert Feliciaggi, de nationalité congolaise, et Michel Tomi) et cédé l’exploitation du casino d’Annemasse en échange de l’argent. Pour cette affaire, il fut condamné par le tribunal correctionnel de Paris en 2008 pour corruption active. Felicciagi sera assassiné à l’aéroport d’Ajaccio en 2006. Pasqua sera relaxé.

 

Entre la France et l’Afrique, Charles Pasqua n’a eu de cesse de tremper dans des trafics en tout genre, pour de grosses sommes d’argent (Sofremi, Alstom…).