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L’Empire d’Axoum (Anciennes Ethiopie et Erythrée)

Histoire

L’Empire d’Axoum (Anciennes Ethiopie et Erythrée)

Par Sandro CAPO CHICHI 24 avril 2021

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Cité au troisième siècle de notre ère par le prophète perse Mani comme l’un des quatre plus grands empires de son temps avec Rome, l’Inde et la Chine, l’empire antique d’ Axoum (actuelles Ethiopie et Erythrée) n’en demeure pas moins relativement méconnu du public noir francophone. On cherchera à présenter ce prestigieux état qui a pris le flambeau de grande puissance est-africaine après les chutes de l’Egypte pharaonique et du royaume de Kouch et s’est converti au christianisme avant l’Empire romain.

L’Empire d’Axoum (Anciennes Ethiopie et Erythrée)

Par Sandro CAPO CHICHI / nofipedia

Comme en Egypte ancienne où l’état pharaonique aurait été fondé par des envahisseurs venus de Mésopotamie, ou à Ifé au Nigéria dont la tradition artistique aurait été le résultat d’une influence grecque, l’origine de la civilisation dans les actuelles Ethiopie et Erythrée modernes été initialement attribuée à des colons sud-arabiques originaires de Saba, qui subjuguant les populations négro-africaines éthio-érythréennes indigènes de langue couchitique, auraient notamment fondé la culture du royaume de Dmt.

Ce royaume, centré autour de la ville de Yeha dans la région du Tigray dans l’actuelle Ethiopie et qui s’est développé au cours du premier millénaire avant notre ère, mêlait traits culturels africains et sud-arabiques. Toutefois, les études les plus récentes montrent que cet état n’était pas une colonie sud-arabique en Afrique mais le résultat d’un procédé d’échanges culturels et économiques. En outre, DMT n’est pas comme on le croyait la seule culture ancestrale à Axoum. On trouve parmi celles-ci une culture appelée par l’archéologue Niall Finneran ‘Proto-Axoumite’ et qui montre des caractéristiques communes aux cultures de la vallée du Nil moyenne notamment celles des différentes cultures de Kouch.

Les débuts

Srlon la tradition, le nom d’Axoum serait composé du mot ak, issu d’une racine couchitique signifiant ‘eau’ et de la racine sémitique shum, qui signifie ‘chef’. Elle signifierait ‘chef de l’eau’ et serait une référence à un chef d’état contrôlant un espace ouvert sur l’eau. Son étymologie issue de différentes familles de langues illustrerait l’union de deux peuples, un groupe de langue couchitique et un autre de langue sémitique. Axoum est à la fois le nom du royaume et de sa capitale. Le premier roi d’Axoum dont le nom nous est parvenu est Zoskales. Son nom apparaît dans un manuel de commerce d’Alexandrie du 1er siècle de notre ère et qui affirme que son territoire incluait le port d’Adulis (actuelle Erythrée) où s’échangent, avec le monde méditerranéen des produits exotiques et des esclaves. L’influence du royaume s’étend aussi jusqu’en territoire sud-arabique. Ainsi, les noms des prochains rois d’Aksoum GDRT et DBH (vers 200 après notre ère) ne sont connus que par des inscriptions trouvées dans ces contrées et écrites avec le système d’écriture sudarabique hérité des anciens échanges éthio-sabéens. Cette maîtrise du commerce va se développer, débouchant sur la création de la première monnaie axoumite vers 270 après notre ère sous le roi Endybis, puis vers un monopole progressif de l’exportation des produits exotiques à destination de l’empire romain.

Ce monopole va affaiblir son concurrent commercial le royaume de Kouch qui va également subir des attaques militaires d’Axoum sous le règne d’Ezanas au début du 4ème siècle. Une stèle à son nom a notamment été retrouvée sur le territoire kouchite.

Dans une autre stèle, il prétend avoir combattu victorieusement les Noba, ancêtres éponymes des Nubiens modernes en traversant le territoire des Kouchites en sudarabique, en grec ancien et en ge’ez. Le règne d’Ezanas verra la création de l’une des trois stèles monumentales d’Axoum toujours debout et mesurant 21 mètres. Ces monuments avaient probablement une fonction funéraire et disparaîtront avec la christianisation.

C’est aussi sous Ezanas que sont attestés les premiers textes entièrement vocalisés en écriture ge’ez. Celle-ci, bien qu’héritée de l’écriture sud-arabique, en est désormais différenciée, notamment au niveau de la notation des voyelles. Le règne d’Ezanas est aussi marqué par sa conversion au Christianisme remplaçant l’ancienne religion polythéiste mêlant divinités locales et sud-arabiques et où le roi était considéré comme le fils du Dieu de la guerre Mahrem. Cette conversion du roi, puis du royaume tout entier se serait faite sous l’impulsion de Frumentius, un Syrien ou un Grec originaire de Tyr (actuelle Liban) .

Cette conversion fera de l’Ethiopie le deuxième pays le plus anciennement continuellement chrétien après l’Arménie. Au fil des années, Axoum va encore accroître son influence extérieure, devenant un partenaire commercial d’états de l’actuelle Inde et peut-être de l’empire chinois. Les années qui vont suivre le règne d’Ezanas, jusqu’au sixième siècle vont également voir un renforcement de la présence politique et militaire d’Axoum en Arabie du Sud. Ainsi, le roi Caleb, vers 520, sur la demande de l’empereur byzantin Justinien attaque le roi sud-arabique Yusuf Asar Yathar pour libérer les Chrétiens de la région qu’il persécute. Victorieux, il y délègue un gouverneur. L’empire d’Axoum étend désormais ses frontières en dehors de l’Afrique.

La fin d’Axoum

Peu après toutefois, à la fin du 6ème siècle, les gouverneurs axoumites sont expulsés d’Arabie du sud avec l’appui des Perses, l’un des principaux concurrents commercial d’Axoum. Les Axoumites entretiennent d’abord de bonnes relations avec l’empire arabo-musulman. C’est d’ailleurs un architecte axoumite du nom de Baqum qui aurait remodelé la Ka’aba de la Mecque. Avec l’expansion de l’Islam, Axoum va entrer en conflit commercial avec l’empire arabo-musulman. Isolé, Axoum tente de se saisir du port prospère de Djedda. Les Arabes vont répliquer en détruisant et en détruisant le port d’Adulis. L’économie d’Axoum, affaiblie par la perte d’Adoulis va en outre souffrir de l’érosion de la terre locale entre 650 et 800 avant notre ère. C’est à cette période que comme un symbole s’arrête l’émission des pièces à effigie royale, sous le règne du roi Armah, qui s’était peut-être converti à l’Islam. La tradition locale explique la chute définitive du royaume d’Axoum, par sa destruction par les armées d’une reine païenne ou juive d’ethnie agaw et appelée Gudit vers 950. La balance du pouvoir en Ethiopie allait basculer du nord de langue sémitique au sud de langue couchitique, comme le témoignera l’émergence de la dynastie médiévale des Zagwé deux siècles plus tard à la tête du pays.

Bibliographie :

The archaeology of Ethiopia  / Niall Finneran
Histoire de l’Éthiopie, d’Axoum à la révolution  / Berhanou Abebe

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