Du 7 au 11 mai 2025, Paris accueille la NollywoodWeek : 5 jours de cinéma africain engagé, audacieux et sans filtre. Une révolution visuelle et culturelle.
Et si le cinéma noir s’écrivait enfin en lettres capitales ?
Par-delà les projecteurs et les tapis rouges, une révolution douce mais implacable est en marche. Du 7 au 11 mai 2025, Paris deviendra, l’espace de cinq jours, la capitale de l’Afrique cinématographique. Pas l’Afrique fantasmée des cartographies coloniales, mais celle qui filme, raconte, défie et s’impose. NollywoodWeek revient. Plus que jamais, elle affirme une chose simple et redoutable : les imaginaires noirs ne demandent plus à être invités. Ils prennent la scène.
Une ambassadrice comme un manifeste : Aïssa Maïga

Il y a dans la présence d’Aïssa Maïga à la tête de cette 12e édition une forme d’évidence. Elle n’est pas seulement actrice, réalisatrice ou militante. Elle est mémoire vivante, témoin debout de cette France qui peine encore à se voir dans le miroir de sa diversité. Loin des discours creux, elle incarne une « parole-réparation » : celle qui dérange les puissants, et qui console les invisibles.
Son rôle d’ambassadrice n’est pas honorifique. Il est politique. Il dit ceci : que les luttes pour la représentation ne sont pas finies ; mais qu’elles ont désormais un festival, une voix, une tribune.
« Nollywood est une industrie incroyablement dynamique qui inspire le monde entier », confie-t-elle. Et elle a raison : il ne s’agit plus d’un cinéma périphérique. Il est désormais central. Non pas par faveur, mais par force.
Nollywood : de Lagos à Paris, une géopolitique de l’image
Née de l’urgence, des marges et de la débrouille, l’industrie cinématographique nigériane (deuxième au monde en volume de production) a su transformer les contraintes en puissance. Ce que les grandes capitales du cinéma global n’avaient pas anticipé, c’est que l’Afrique raconterait sa propre histoire sans attendre leur feu vert.
Depuis 2013, NollywoodWeek agit comme un pont entre continents, un corridor où se croisent langues, accents, récits et ambitions. +24 000 billets vendus, 170 films sous-titrés en français, plus de 3600 articles publiés : les chiffres sont éloquents, mais c’est le souffle politique qui impressionne.
En donnant à voir 30 films venus de 8 pays, cette édition 2025 ne se contente pas de célébrer le cinéma africain : elle le repositionne au centre d’un débat esthétique, culturel et identitaire.
Des fictions qui cognent, des récits qui guérissent








La sélection de cette année est un manifeste en soi.
- « Out in the Darkness« , réalisé par Sarah Kwaji, déploie avec une sobriété poignante la descente d’une mère nigériane dans les abîmes de la dépression post-partum. Ce n’est pas qu’un film : c’est un cri. Une main tendue dans une société où la santé mentale est encore un tabou.
- « The Legend of the Vagabond Queen of Lagos« projette sur l’écran la figure d’une femme noire en résistance, entre conte urbain et épopée politique. Un Bronx de Lagos, sur fond de lutte des classes et d’héritages volés.
- « Olùmòtàn« , enfin, est une œuvre-monstre. 170 minutes d’un théâtre du vertige, où une accusée mystérieuse nous entraîne dans des récits interdits. À la manière des “indigènes” du Code colonial, les personnages d’Adejuyigbe se battent pour le droit de raconter — et d’exister.
Des panels pour penser le cinéma autrement
La NollywoodWeek ne se contente pas de projeter. Elle éduque, elle provoque, elle fédère.
Des masterclasses sur la musique dans le film, des tables rondes sur la distribution au-delà de Netflix, des ateliers sur les adaptations littéraires… tout y est conçu pour que les professionnels afrodescendants puissent non seulement créer, mais aussi maîtriser les circuits de diffusion, les modèles économiques, et les codes de narration globaux.
Paris, capitale d’une Afrique qui filme sa propre renaissance
Ce festival ne parle pas que du Nigeria. Il parle du pouvoir des diasporas, de l’universalité des douleurs post-coloniales, des amours contrariées, des mères trop fières, des enfants trop sages. Il parle de vous, de nous, de ce que l’on pourrait nommer « la longue mémoire du sang nié et du rêve réinventé« .
NollywoodWeek, c’est l’anti-cliché. C’est l’Afrique comme protagoniste, comme conteuse, comme productrice.
Voir, c’est déjà lutter

À l’heure où les écrans du monde hésitent encore à refléter la noirceur dans sa plénitude, la NollywoodWeek 2025 n’attend plus qu’on l’acclame. Elle s’impose.
Et si vous cherchez la révolution, elle aura lieu à Paris. En VO, sous-titrée en vérité.
Infos pratiques
Dates : du 7 au 11 mai 2025
Lieu : Cinéma L’Arlequin, 76 Rue de Rennes, Paris 6e
Billetterie : dulaccinemas.com/portail/seances
Plus d’infos : www.nollywoodweek.com