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« PLB » de Nick Conrad, une balle tirée dans le pied de la communauté ?

Divertissement

« PLB » de Nick Conrad, une balle tirée dans le pied de la communauté ?

Par Mathieu N'DIAYE 27 septembre 2018

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La vidéo de Nick Conrad qui fait polémique a été visionnée des milliers de fois sur YouTube.

Le rappeur français Nick Conrad appelle à « pendre les Blancs »

Un rappeur français « inconnu au bataillon » a provoqué l’indignation en appelant à la mort des Blancs dans une vidéo représentant un homme blanc torturé, abattu et pendu à un arbre. La vidéo de Nick Conrad a été visionnée des milliers de fois sur YouTube avant d’être retirée mercredi 26 septembre 2018.

La vidéo de neuf minutes, uploadée sur YouTube le 17 septembre 2018,  se déroule dans la banlieue Est de Paris, à Noisy-le-Grand. Sur son compte Twitter, Conrad, d’origine camerounaise présente ce morceau polémique comme son « premier court métrage« .

Dans une scène du clip « PLB » (abréviation de « Pendez Les Blancs« ), le rappeur et un associé traînent leur victime blanche le long du trottoir et le frappent à la tête, faisant clairement référence à une scène du film American History X. Les paroles de ce morceau évoquent le meurtre d’adultes et d’enfants blancs :

« Je rentre dans des crèches je tue des bébés blancs, attrapez-les vite et pendez leurs parents, écartelez-les pour passer le temps divertir les enfants noirs de tout âge petits et grands. Fouettez-les fort faites-le franchement, que ça pue la mort que ça pisse le sang » [1]

Le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux (La République En Marche!) a condamné ces « paroles haineuses et nauséabondes dans les termes les plus forts« , de même que le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, qui a critiqué les « remarques abjectes et les attaques ignominieuses« .

Voici le clip en question, à vous de juger :

Le bureau du procureur de Paris a ouvert une enquête. Le rappeur risque dès lors de faire face à des accusations d’incitation à la haine en vertu des lois strictes sur les discours de haine en vigueur en France. L’organisation antiraciste LICRA, qui a officiellement déposé une plainte, a également critiqué le rappeur, affirmant que sa liberté artistique « n’est pas la liberté d’appeler à la pendaison des Blancs en raison de la couleur de leur peau. »

Avant de défrayer la chronique, Nick Conrad était un parfait inconnu, suivi uniquement par 40 personnes mensuellement sur la plate-forme de diffusion de musique Spotify.

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Pour sa défense, le rappeur a affirmé ne pas chercher le buzz et avoir voulu au travers de son œuvre inverser les rôles. Selon lui, il a « osé personnifier le racisme« . Nick Conrad affirme de plus que « PLB » :

« n’est pas un appel à la haine (…) c’est une fiction qui montre des choses qui, du début à la fin, sont vraiment arrivées au peuple noir, tous les éléments qui sont cités dans le morceau, un à un, ont vraiment touché et marqué le peuple noir dans sa chair ». [2]

Néanmoins, le fait que le morceau du rappeur francilien soit validé par l’humoriste controversé Dieudonné, ne risque pas de plaider en sa faveur…

« PLB » une balle dans le pied de la communauté noire ?

Même si le rappeur affirme qu’il s’agit d’un « message d’amour en profondeur, plus qu’un message de haine » [2], il est clair qu’il n’a pas été perçu de la sorte par la classe politico-médatique française. Cette dernière n’a d’ailleurs pas hésité à lier le morceau de Nick Conrad à l’immigration de masse ainsi qu’au vent de communautarisme qui souffle sur l’hexagone. Qu’il le veuille ou non, le rappeur fait office de porte parole de la communauté noire (c’est en tout cas comme cela qu’il risque d’être perçu). Faire référence au nationaliste noir Malcolm X lorsque ce dernier déclarait que « le prix pour faire que les autres respectent vos droits humains est la mort » et prôner la guerre raciale, ça n’est pas anodin en cette période d’exacerbation des tensions communautaires.

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Notons de plus que sa maison de production se nomme « Pharaoniks Entertainment« , faisant clairement référence au courant de pensée afrocentriste. Ce bad buzz, volontaire ou non, est du pain béni pour les politiques qui ne parlent plus que de ça et appellent à la surveillance d’internet. Le risque ? Simplement que l’amalgame soit fait entre les militants prônant l’organisation communautaire qui n’a rien à voir avec une quelconque haine raciale (aimer les siens n’implique aucunement de détester les autres). Le raccourci est rapide et facile pour certains qui n’hésiteront pas à faire l’équation suivante : « Communautarisme= racisme anti blanc« . L’autre risque, c’est l’institutionnalisation par l’institution judiciaire du concept de « racisme anti-blanc » (qui nous le rappelons n’a strictement aucune réalité). En clair, pas sûr que le « coup de com » de Nick Conrad soit bénéfique pour la communauté noire…

Chez Nofi, on vous parle d’Histoire, d’entrepreneuriat noir, d’organisation communautaire, d’excellence noire, alors quand un Nick Conrad sort ce genre de morceau, voici ce qu’on en pense :

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Notes et références

[1] Cécile De Sèze ~ « « Pendez les blancs » : un clip de rap fait scandale sur internet« , rtl.fr, publié le 26 septembre 2018

[2] Cécile De Sèze et Morad Djabari ~ « « Pendez les blancs » : « Ce n’est pas un appel à la haine », dit Nick Conrad« , rtl.fr, publié le 26 septembre 2018