Kimberlé Williams Crenshaw et le concept d’intersectionnalité

L’intersectionnalité est un concept qui se démocratise en France depuis quelques années. Hérité des théories féministes noires américaines, il désigne la situation d’une personne qui regroupe des caractéristiques raciales, sociales, sexuelles et spirituelles qui lui font cumuler plusieurs handicaps sociaux et en font la victime de différentes formes de discrimination. Il a été définit par la professeure Kimberlé Williams Censhaw au début des années 1990. 

Kimberlé Williams Crenshaw est un professeur de référence aux Etats-Unis. Diplômée de l’université de Harvard, entre autres certifications, elle enseigne à la faculté de Droit de Columbia (Columbia Law School), l’une des plus anciennes et prestigieuses du pays (Ivy League) ainsi qu’à la UCLA School of law. Elle a été élue professeur de l’année en 1991 et 1994. Modèle de réussite et d’élévation pour la communauté afro-américaine et noire en générale, ce qui en fait une femme hors du commun, c’est surtout la fibre militante qui l’anime depuis toujours. Grâce à son travail, elle a influencé la constitution sud-africaine sur la question de l’égalité raciale, en sensibilisant les juges lors d’ateliers qu’elle a elle-même conçus. Elle a également organisé des ateliers à destination des militants pour les droits civiques au Brésil. Au milieu des années 1990, elle co-fonde le Think Thank African American Policy forum, qui travaille sur les problématiques de diversité et de genre. Elle est membre de la fondation nationale pour la Science (National Science Foundation), une entité indépendante qui finance ses propres recherches dans le domaine. Hypéractive, elle publie régulièrement dans des revues universitaire et engagées. Toutefois, c’est surtout grâce à ses recherches et ses prises de position sur les questions de féminisme.

Le concept d’intersectionnalité

Kimberlé Williams Crenshaw est une féministe convaincue. Juriste, elle a choisi de se spécialiser dans les thématiques de race et de genre. C’est en produisant une étude sur les discriminations subies par les femmes noires et pauvres aux Etats-Unis, publiée en 1991, qu’elle invente le terme sociologique d’ « intersectionalité ». Cette notion implique de regrouper toutes les formes de discrimination, à contrario de la façon dont les sociétés occidentales segmentent ces violences. Par exemple,  l’intersectionnalité pose comme postulat que l’homophobie subie par les femmes noires lesbiennes est une violence nécessairement liée à leur condition initiale de femmes noires, qui est déjà perçue comme un handicap au sein de la société. Ainsi, si vous êtes une femme, noire, pauvre, célibataire, homosexuelle par exemple, vous cristallisez toutes ces discriminations, et ces dernières se renforcent les unes et les autres. En effet, vous vous trouver justement à l’intersection de ces différentes sources d’exclusion. En 2016, elle animait une conférence sur le sujet lors du TedWoman à San Francisco. En France,  la discipline est critiquée avec virulence, dans ce pays où elle entre en opposition au féminisme classique, qui place la femme caucasienne et plutôt issue d’un milieu aisée  au coeur de la lutte. Pourtant, beaucoup de femmes noires de France se réclamant de l’afro-féminisme se sont immédiatement identifiées à ce concept et y ont vu enfin l’expression formelle et sociologique de leurs maux. Car, le Noir étant d’abord réduit à sa condition de Noir, il ne peut en réalité prétendre aux autres droits ou revendications en dehors de cette condition.

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https://nofi.fr/2014/10/les-noirs-et-le-feminisme/2137

SK
SK
SK est la rédactrice/ journaliste du secteur Politique, Société et Culture. Jeune femme vive, impétueuse et toujours bienveillante, elle vous apporte une vision sans filtre de l'actualité.

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