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Des carburants toxiques exportés en Afrique de l’Ouest

Santé

Des carburants toxiques exportés en Afrique de l’Ouest

Par Anne Rasatie 24 juillet 2018

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Un rapport officiel de l’Inspection pour L’environnement humains et les Transports (ILT) des Pas-Bas révèle l’exportation massive de carburants toxiques à destination de l’Afrique de l’Ouest.

Après les médicaments toxiques, l’herbicide toxique, la monnaie toxique, les chefs d’Etat toxiques…ce sont les hydrocarbures exportés en Afrique de l’ouest qui se révèlent être hautement nocifs et cancérigènes.

Un rapport alarmant

Le scandale de l’essence toxique destiné à l’Afrique de l’ouest a été révélé par un rapport officiel rendu public le 9 juillet 2018 par l’Inspection pour L’environnement humains et les Transports (ILT) Hollandais. L’enquête sur l' »origine et la qualité » de l’essence exporté depuis les ports de Rotterdam et Amsterdam (Pays-Bas) et d’Anvers (Belgique) menée sur 44 tankers (pétroliers) est sans appel: le manganèse, le benzène et le souffre sont utilisés « à grande échelle ». Les Pays-Bas et la Belgique exportent à eux seuls la moitié des produits pétroliers de la région ouest africaine.

Erik Solheim, à la tête du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) a fait part de son indignation:

« La livraison de carburants toxiques à l’Afrique de l’Ouest n’est rien de moins qu’un scandale environnemental et de santé publique ».

Les géants du pétrole mis en cause

L’ajout de produits chimiques au pétrole permet de réduire les coûts. Des matières premières toxiques peu chères sont mélangées aux hydrocarbures pour augmenter la quantité vendue au détriment de la qualité du produit fini, et par la même des populations et de l’environnement dans lequel il sera utilisé. Le rapport pointe du doigt les géants du pétrole qui exportent ce carburant fortement toxique. Parmi les compagnies pétrolières on retrouve Shell, BP, Exxon Mobil ou encore Total, mais également les courtages pétroliers comme Glencore ou Gunvor qui qualifient cyniquement cette mixture nocive de « qualité africaine ».

La responsabilité africaine

Dans les pays d’Afrique de l’ouest, la teneur en soufre autorisée varie de 2 000 à 5 000 parties par million (ppm) pour le diesel et entre 150 et 3 500 ppm pour l’essence, alors que les normes européennes les limitent à 10 ppm depuis 2009 pour les deux catégories. Ceci signifie que l’essence toxique exporté par les géants pétroliers qui cause des dégâts sanitaires et environnementaux est légitimée par les lois permissives des Etats africains concernés et qu’ils peuvent légalement et en toute impunité exporter cet essence de « qualité africaine ».

Pour le moment, seul le Ghana s’est distingué en fixant la teneur en soufre maximale de 50 ppm pour les carburants, contre 3 000 ppm auparavant.

Les conséquences sanitaires

Selon l’OMS, sept millions de personnes meurent chaque année en raison de l’exposition à des particules fines et « 90 % de ces décès se produisent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire ». Selon la même étude, Dakar, la capitale sénégalaise dépasse les villes chinoises en termes de pollution. D’après le directeur général de l’OMS:

« La pollution de l’air est une menace pour nous tous, mais les populations les plus pauvres et les plus marginalisées sont les premières à en souffrir »

Bien que le nombre de voitures soit plus faible en Afrique qu’en Europe, la teneur en soufre est « 300 fois plus élevée qu’autorisé par les standards européens » précise le rapport Hollandais. En conséquence, la pollution de l’air liée au trafic routier pourrait causer durant l’année 2030, la mort prématurée de 31.000 personnes en Afrique, soit trois fois plus qu’en Europe, aux Etats-Unis et au Japon réunis.

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Sources:

La Croix