Peu après son arrivée au pouvoir, Cleo Lake, la nouvelle ‘Lord Mayor’ de la ville anglaise de Bristol, a décidé d’enlever de son nouveau bureau le portrait d’Edward Colston, un esclavagiste notoire du 17ème siècle.
Par Sandro CAPO CHICHI / nofi.media
Dans la ville anglaise de Bristol, difficile d’ignorer l’existence d’Edward Colston. Son nom et son image survivent dans un nombre impressionnant d’institutions de la ville.
Et pour cause, Colston fut un important bienfaiteur de la ville à son époque aux 17ème et au 18ème siècles.
Depuis plusieurs années toutefois, l’opposition à la célébration du personnage de Colston s’accroît.
La raison? Colston était aussi un commerçant d’esclaves qui est considéré comme le responsable de la mort d’environ vingt mille personnes déportées dans le cadre du commerce triangulaire.
Cleo Lake en est bien consciente. Elle est en effet une membre de Countering Colston (litt. ‘Contrer Colston’) un réseau d’activistes s’appliquant, depuis 2016, à mettre fin aux célébrations publiques de Colston à Bristol. Et jusqu’à présent, cet activisme s’est révélé fructueux.
Ainsi, la salle de concert appelée Colston Hall et l’école élémentaire Colston Primary School seront renommées. De même, le nom d’un des plus anciens pubs de la ville, le Colston Yard Pub a été changé en Bristol Yard Pub et la cathédrale de Bristol a affiché une prière en l’hommage des victimes de la traite sous la fenêtre dédiée à Colston.
En 2014, un sondage avait révélé que 56% de la population de Bristol souhaitait conserver la statue alors que 44% souhaitaient la voir enlevée. Dans une ville à 84% blanche et peuplée à moins de dix pour cent d’Afro-descendants, cela montre que l’on est au delà d’un débat entre Blancs soutenant la célébration d’un esclavagiste et des Noirs s’y opposant.
Le fantôme de Colston hantait aussi, jusqu’à mai 2018, le bureau du Lord Mayor de Bristol sous la forme d’un portrait vieux de 300 ans. Lors de son élection à cette position, Cleo Lake sous l’étiquette du parti écologiste Green Party n’a pas attendu longtemps avant de pousser son activisme jusqu’au bout.
« Je termine mon premier mois de travail et c’est mon bureau et il est magnifique. Je passe beaucoup de temps ici. Je suis là presque chaque jour. Je ne me sentirai pas à l’aise en partageant ce bureau avec un portrait de Colston. » a-t-elle déclaré.
Le portrait incriminé, que Cleo Lake souhaite voir exposé dans un musée sur l’esclavage, a été remplacé dans le bureau par un dessin représentant un lion.
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