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Tribune de Claudy Siar: la France est-elle un archipel ?

Politique

Tribune de Claudy Siar: la France est-elle un archipel ?

Par Redaction NOFI 19 mars 2018

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La France est-elle un archipel ? Un billet signé Claudy Siar, Vice-président délégué du CREFOM.

La loi de départementalisation numéro 46-451 fut adoptée le 19 mars 1946.

Depuis, la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique, La Réunion sont des départements français au même titre que ceux de l’Hexagone. Tous sont soumis à des règles quasi-identiques.

Le 31 mars 2011, Mayotte devient le 101 ème département français.

Article 2 de la loi de départementalisation;

«Les lois et décrets actuellement en vigueur dans la France métropolitaine et qui ne sont pas encore appliqués à ces colonies feront, avant le 1er janvier 1947, l’objet de décrets d’application à ces nouveaux départements»

Depuis 72 ans, les territoires et départements d’Outre-Mer ne sont (en principe) plus des colonies. Et pourtant, en violation de la Constitution stipulant que la France est une et indivisible, les collectivités d’Outre-Mer restent absentes de la représentation officielle de la France.

Seules l’Hexagone et la Corse ont le privilège d’incarner la France.

Y a t-il là une discrimination inconsciente, (ou consciente) envers nos territoires ?

Faut-il y voir un résidu nocif hérité de la période coloniale ?

Les médias, et en toutes circonstances, ont fait mine d’ignorer la dimension « archipel » de la France.

Pourtant, grâce à l’Outre-mer, la France se targue de posséder le plus important littoral du monde après les États-Unis.

Lorsque l’on gomme des territoires de la représentation officielle d’un pays, on en minimise les problématiques, en accordant moins de considération aux populations qui en sont issues.

La République française ne peut en toute conscience reléguer des collectivités au second plan, au rang d’un passé que l’on croyait révolu.

L’Outre-Mer ne serait que les confettis de l’ancien empire colonial français ?

Les disparités constatées, sans cesse dénoncées, s’expliquent par un passé toujours trop présent.

La situation qui prévaut à Mayotte, les revendications légitimes des mahorais confirment l’impossibilité de l’Etat français à instaurer une égalité réelle sur l’ensemble des territoires qu’il administre.  N’oublions jamais les grèves à répétition et autres mouvements sociaux légitimes depuis mai 1967 (Guadeloupe, Martinique, Guyane, La Réunion…) souvent réprimés dans le sang. Les imaginaires sont à reconstruire.

Lors de ma mission de délégué interministériel pour l’égalité des chances des Français d’Outre-Mer, nous avons publié un rapport intitulé «Les 10 exemples flagrants d’inégalités de traitement envers l’Outre-mer et ses originaires». Ce texte a fait scandale. Chaque parti politique ayant gouverné tentant d’accuser l’autre de tant de discriminations. Nous les avions renvoyés dos à dos car tous portaient la responsabilité de ces disparités inacceptables. Nous avons œuvré pour aboutir à un début de continuité territoriale sur la téléphonie mobile. Sous ma délégation, nous avons obtenu de France2 la mise en place d’un bulletin météo spécifique. Certes, nous aurions préféré que l’Outre-Mer soit intégré au bulletin national. Nous nous sommes contentés de ce premier pas. France3 a refusé de prendre en considération l’Outre-Mer. M6 avait promis d’intégrer nos régions dans ce programme quotidien mais ne l’a pas fait ainsi que les autres médias. Des réticences , des résistances qui en disent long…

Comment expliquer que les médias et autres sociétés amputent la France de ses régions ? Qui pourrait accepter que la Bretagne soit absente de la carte de France sous de fallacieux prétextes ? Les originaires d’Outre-Mer doivent-ils y lire une volonté qui perdure de ne pas être considérés comme totalement français ? Sommes-nous assis sur un strapontin de la République ?

En cette année du 170ème anniversaire de l’abolition de l’esclavage, des 20 ans de la marche historique du 23 mai 1998, nous pouvons légitimement nous interroger sur la place de l’Outre-Mer dans la France du Président Emmanuel Macron.

 

Le CREFOM n’est pas dans une démarche assimilationiste. Nous souhaitons simplement que la France clarifie notre position dans l’ensemble français et cesse de ruser avec ses principes de liberté, égalité, fraternité.

Par conséquent, le CREFOM exige le respect de la Constitution:

  • Nous demandons à l’Etat français qu’en toutes circonstances, en tous lieux, les collectivités d’Outre-Mer soient présentes lorsque la France est incarnée par ses régions.
  • Nous demandons à l’Etat français d’exiger des médias qu’ils représentent la France dans son ensemble car la FRANCE EST UN ARCHIPEL.

Si la République n’accède pas à la demande légitime et constitutionnelle du CREFOM, alors, nous, originaires d’Outre-Mer en tirerions les conséquences. 

Là est notre dignité.

Nous, originaires d’Outre-Mer, serions fondés à nous concerter sur la pertinence d’une éventuelle évolution statutaire de nos territoires, encore relégués, discriminés dans leur représentation au sein de la République française.

Claudy Siar

Vice-président délégué du CREFOM

(Conseil Représentatif des Français d’Outre-Mer).

– Fondateur et copropriétaire de TropiquesFM,

– Ancien délégué interministériel pour l’égalité des chances des français d’outre-mer.

– Initiateur de la première marche de commémoration de l’abolition de l’esclavage en France ; la marche des nègres marrons (Paris, 23/04/1993).

(La première carte est de la République française, publiée sur le site de l’Elysée. Sur les cartes 2 et 3 on découvre la différence de traitement réservé à l’outre-mer ou par une barre de séparation ou par la couleur du graphisme).

 

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