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Marielle Franco, la militante brésilienne assassinée à Rio

Société

Marielle Franco, la militante brésilienne assassinée à Rio

Par Atouma NKeussi 18 mars 2018

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Née dans une favela et conseillère municipale de gauche pour le parti Socialisme et Liberté (PSOL) de Rio de Janeiro, Marielle Franco était un symbole de la lutte des femmes noires brésiliennes contre le racisme et la violence policière avant de se faire assassiner à 38 ans.

Son assassinat est la preuve de l’efficacité de son discours et de son engagement. Marielle Franco est décédée mercredi 14 mars 2018 au soir, vers 21h30, alors qu’elle revenait d’un rassemblement pour la promotion des femmes noires. La voiture dans laquelle elle se trouvait a été criblée de balles, après avoir été prise en chasse sur quatre kilomètres par un autre véhicule. Marielle Franco a reçu quatre balles dans la tête alors qu’elle était assise sur le siège arrière de son véhicule. Son chauffeur, Anderson Pedro Gomes, a lui aussi succombé à une rafale de tirs, seule la femme qui se trouvait à côté d’elle en est ressortie. La police émet l’hypothèse d’un assassinat : les criminels ont pris la fuite.

Marielle Franco © Twitter

Dans une ville à genou, gangrénée par la corruption, dirigée par la guerre des gangs, dans laquelle les forces de l’ordre détiennent la toute puissance, Marielle Franco était une « grande gueule » qui n’hésitait pas à critiquer l’action des forces de l’ordre. Dénonçant les dérives policières, elle s’attaquait notamment à l’action des Unités de Police Pacificatrice (UPP), mises en place en 2008 pour apaiser – en vain – les favelas de Rio. Considérée comme embarrassante par certains bataillons de policiers militaires qu’elle qualifiait de « bataillons de la mort », elle fustigeait également l’intervention militaire fédérale décrétée en février 2018 pour prendre en charge la sécurité de l’État de Rio.

Pour le moment, l’enquête sur le crime n’a donné aucun indice, bien que les habitants de Rio redoute fortement la vengeance des policiers envers l’élue municipale. D’ailleurs, Jean Wyllys, député du PSOL affirme que Marielle n’a pas été choisie au hasard et que ses positions ont à voir avec son exécution. Elle avait été nommée rapporteure de la commission parlementaire des conseillers municipaux, sur l’intervention fédérale. Elle habitait la favela de Maré. Elle venait de rédiger son master dont le titre était : “UPP : la favela au-delà de trois lettres”, rapporte un porte-parole de l’ONG Amnesty International.

Rassemblement le lendemain du meurtre © Radio Habana Cuba

Le président Michel Temer, qui est à la tête d’un pays où plus de 60 000 homicides par an ont lieu, a condamné un « acte lâche » et promet que le crime ne resterait pas impuni, sans pour autant remettre en question l’intervention militaire à Rio. Environs 50 000 Brésiliens ont manifesté dans les rues  de Rio de Janeiro et 30 000 à Sao Paulo, jeudi 15 mars 2018 pour témoigner de leur indignation face à ce crime crapuleux. Une immense foule avait déjà accompagné l’arrivée du cercueil devant le siège du Conseil municipal, où l’hommage funèbre a eu lieu à la mi-journée, avant l’enterrement en fin d’après-midi, dans un cimetière des quartiers Nord.

Cercueil de Marielle Franco © bomdiabresil.com

La chaîne de télévision la plus importante du Brésil, TV Globo a révélé vendredi 16 mars que les balles de calibre 9 mm qui ont tué la conseillère municipale ainsi que son chauffeur, venaient d’un lot vendu à la police fédérale en 2006. La chaîne affirme également qu’une partie des balles utilisées dans l’assassinat de 17 personnes non loin de Sao Paulo en août 2015, provenaient de ce même stock. Trois policiers militaires avaient été condamnés pour ces crimes. L’origine policière des balles utilisées est donc confirmée mais l’implication de la police dans le meurtre de l’élue, n’est pas pour autant suspectée.

Plusieurs hommages ont eu lieu également dans certaines villes européennes. À Londres, les ONG The London Latinos et Democracy Brazil-UK ont organisé le 17 mars un rassemblement qui a réuni une cinquantaine de personnes devant l’ambassade du Brésil. Marielle Franco qui représentait les personnes les plus vulnérables, restera une figure importante de la lutte pour la justice autant pour le Brésil que pour l’humanité toute entière.

 

Source:

Bom Dia Brésil

Le Parisien