Le Ghana accepte le déploiement des troupes américaines sur son sol

Alors peu connu il y a un an, Nana Akufo-Addo, 73 ans et président du Ghana, est devenu en peu de temps l’idole des internautes africains pour ses récents discours et ses phrases engageantes, notamment lors de la visite officielle d’Emmanuel Macron, en novembre 2017. Pourtant, il autorise l’armée étatsunienne à occuper son sol « sans entrave ».

Selon nos confrères du média Le Monde, le chef d’État ghanéen dénonce la mendicité d’une partie des pays africains vis-à-vis de l’occident. Il appelle ses homologues du continent à exploiter les ressources de leurs pays, largement suffisantes pour endiguer la pauvreté. Nana Akufo-Addo annonce dans la foulée que le Ghana se passera de l’aide du FMI à partir d’avril 2018. Des déclarations qui font du président ghanéen, le porte-étendard du panafricanisme sur la toile. Le 3 février à Dakar, lors de la conférence sur l’éducation en Afrique, à laquelle participe aussi Emmanuel Macron, Akufo-Addo déclare: «Nous ne pouvons pas dépendre des autres pour financer l’éducation de nos pays.» Et de fustiger la corruption et la fuite des capitaux qui minent le continent : «Depuis dix ans, 50 milliards de dollars sont envoyés chaque année hors d’Afrique à des fins illicites. Pouvons-nous imaginer ce que nous aurions pu faire avec de telles sommes ?» Une fois de plus, la vidéo de son discours fait mouche.

Selon l’historien Amzat Boukari, le discours du président ghanéen n’est pas vraiment révolutionnaire, car le Ghana est un pays ayant une stabilité politique du fait que les deux principaux partis sont centristes (centriste de droite pour le parti au pouvoir et centriste de gauche pour l’opposition), ce qui traduit des positions consensuelles entre les deux partis. N’oublions pas que le Ghana est un pays anglophone, avec donc, un paradigme différent de celui des pays francophones. Les positions tenues par Akufo-Addo ne sont pas celles des chefs d’États des anciennes colonies françaises, qui eux sont dans une forme de mendicité.

Il faut dire aussi que le Ghana fait partie des croissances les plus fortes de l’Afrique en 2017, si ce n’est la plus forte avec + 7,9 %. Et pourtant…on apprend que le président ghanéen autorise les États-Unis a déployer ses troupes sur son sol. En effet, l’Assemblée nationale ghanéenne a ratifié vendredi 23 mars un accord militaire donnant aux États-Unis un accès « sans entrave » à son territoire. Concrètement, les États-Unis auront le droit de déployer des soldats et du matériel militaire à leur guise. En contrepartie, les forces armées du Ghana devraient toucher vingt millions de dollars, notamment pour la formation. Cette information entre en contradiction avec la volonté d’Akufo-Addo de s’extirper du joug occidental.

Le chef de l’État ghanéen Nana Akufo-Addo © RFI

À moins qu’une stratégie se cache derrière ce choix. Selon nos confrères de RFI, l’opposition a boycotté le vote de cet accord à l’Assemblée Nationale, car cette décision pourrait porter atteinte à la souveraineté du pays. Voilà ce qu’en dit Kobi Annan, un analyste de Songhai Advisory, des experts-conseils basés à Accra et à Londres:

« Beaucoup de gens craignent à tort ou à raison que cet accord augmente le risque d’attentat terroriste. On a bien vu que des pays de la région, la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso, ont été la cible d’attentats. Des groupes jihadistes vont, sans l’ombre d’un doute, cibler des positions américaines au Ghana s’ils en ont l’occasion. Il ne faut pas se voiler la face. Donc, beaucoup de gens s’opposent à cet accord militaire avec les Etats-Unis. Le débat n’est pas franchement nouveau. A l’époque du président George W. Bush, déjà, il avait été question d’installer le commandement militaire américain pour l’Afrique au Ghana. Les Américains avaient démenti. Mais il reste que la coopération militaire est au cœur des relations entre le Ghana et les États-Unis depuis un certain temps. »

Au vu des positions du président ghanéen, on peut espérer que cette position rendra service sur le long terme au Ghana et lui permettra d’assurer sa propre sécurité nationale.

 

Source:

RFI

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