Le manifeste des BaHutu de 1957
Histoire

Par Makandal Speaks 1 février 2018
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Focus sur la « Note complète de l’aspect social du problème racial indigène au Rwanda« , connue sous le nom du « Manifeste des BaHutu« , qui dénonçait «l’exploitation» des Hutus par l’ethnie Tutsi.
Le manifeste des BaHutu [1], rédigé par Maximilien Niyonzima, Grégoire Kayibanda, Claver Ndahayo, Isidore Nzeyimana, Calliope Mulindaha, Godefroy Sentama, Sylvestre Munyambonera, Joseph Sibomana et Joseph Habyarimana, le 24 mars 1957, est un document politique qui appelait à la solidarité ethnique et politique entre les Hutu [2], ainsi qu’à la privation politique du peuple Tutsi [3]. Il a servi de prétexte politique au génocide rwandais de 1994. Le manifeste insiste sur la nécessité d’une auto-défense Hutu après des décennies de discrimination de la part des Tutsi, dénonçant leur statut privilégié octroyé par les autorités coloniales allemandes puis belges.

Grégoire Kayibanda fut le premier président élu de la République rwandaise indépendante. Il fut l’un des rédacteurs du manifeste des BaHutu.
Le 1er juillet 1962, le Rwanda a obtenu son indépendance de la Belgique. Jusqu’à cette date, la minorité Tutsi était favorisée à la fois par le régime colonial allemand (entre 1894 et 1919) puis par le régime colonial belge (entre 1919 et 1962). En effet, les puissances coloniales européennes avaient accordé des avantages à la monarchie Tutsi en échange de la reconnaissance de leur autorité. Pour L’Allemagne et la Belgique, les Tutsi étaient racialement supérieurs aux Hutu, ces régimes coloniaux ont grandement exagéré les divisions sociales et socio-économiques traditionnelles préexistantes entre les deux groupes.
Malgré des décennies de favoritisme Tutsi, avant d’accorder son indépendance au Rwanda, l’ancien colonisateur Belge, dans l’optique de maintenir des relations post-coloniales économiquement avantageuses avec le Rwanda, a réalisé qu’il aurait besoin d’incorporer la majorité Hutu dans le gouvernement. De ce fait, certains Hutu furent formés afin d’occuper des postes à responsabilités dans le futur gouvernement rwandais. Craignant des représailles de la part des nouveaux politiciens Hutu et du personnels de l’armée (avec raison), de nombreux Tutsi fuirent le Rwanda.
Pour de nombreux Hutu, du fait qu’ils représentaient l’écrasante majorité de la population rwandaise (environ 84%), il était évident qu’ils devaient dominer politiquement le pays. En conséquence, un sentiment anti-Tutsi a commencé à grandir et à traverser la classe intellectuelle Hutu. Le manifeste des BaHutu est le résultat de cette volonté de priver les Tutsi de droits politiques, d’interdire formellement les mariages entre les deux groupes et d’empêcher les Tutsi d’accomplir leur service militaire.
En 1959, la classe politique Hutu renversa la monarchie Tutsi avec l’aide des autorités coloniales belges. Bien que la monarchie ait peu résisté, la tension inter-ethnique croissante mise en exergue par le manifeste des BaHutu a conduit au massacre de milliers de Tutsi. Ces violences exacerbèrent les tensions ethniques, minèrent la stabilité politique du Rwanda et ouvrirent la voie au génocide Tutsi de 1994.
Notes et références
[1] « Note sur l’aspect social du problème racial indigène au Ruanda« , francegenocidetutsi.org
[2] Les Hutu sont un groupe ethnique originaire de la région des Grands Lacs africains, principalement au Burundi et au Rwanda et dans l’Est de la République démocratique du Congo, où ils constituent l’une des principales population aux côtés des Tutsi et des Twa.
[3] Les Tutsi sont un groupe ethnique qui habite la région des Grands Lacs africains. Les Tutsi forment un sous-groupe des Banyarwanda et des Barundi, qui résident principalement au Rwanda et au Burundi, mais avec des populations importantes également présentes en Ouganda, en République démocratique du Congo et en Tanzanie. Ils parlent Kinyarwanda, un groupe appartenant aux langues dites bantoues.