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Quand les divinités du panthéon Yoruba deviennent des super-héros de bande-déssinée

Culture

Quand les divinités du panthéon Yoruba deviennent des super-héros de bande-déssinée

Par Mathieu N'DIAYE 8 avril 2017

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Passionné de bandes-dessinées, l’illustrateur brésilien Hugo Canuto s’est inspiré des divinités du panthéon Yoruba pour créer des super-héros. 

On connaît Iron-Man, Captain América ou encore Spiderman, ces personnages emblématiques tout droit sortis des comics américains. Désormais, il faudra compter avec le comic « Orixa » qui se veut être une sorte de « Justice League » composée de divinités du panthéon Yoruba  [1]. Oubliez Superman et faites place à Oxaguiã le dieu guerrier ! Zappez Hulk le géant colérique à la peau verte pour Xangô, l’orisha dieu de la foudre, du feu, des tonnerres et de la justice. Ou peut-être préférerez-vous Ogum, l’orisha de la guerre et des forgerons à l’homme chauve-souris ?

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C’est exactement ce qu’a réalisé l’artiste brésilien Hugo Canuto. Tout a commencé lorsqu’il s’est amusé à travestir la couverture d’un comic des Avengers # 4, en remplaçant tous les personnages Marvel en Orixas, ces divinités afro-brésiliennes originaires d’Afrique, et plus précisément des traditions religieuses Yoruba. Natif de Salvador de Bahia [2], surnommée la « Rome noire » où la majorité de la population est d’ascendance africaine, Hugo Canuto  a lié son amour de l’univers des comics américains à la tradition africaine pour donner naissance à « Orixa« .

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Voici à gauche la couverture de « The Avengers » #4 qui a servit de source d’inspiration à Hugo Canuto pour créer « Orixas » un colectif de super-héros africains.

Canuto a ensuite posté son oeuvre sur les réseaux sociaux où elles ont rencontré  un franc succès. Fort de cet engouement, il récidiva et produisit d’autres illustrations du même type et connu encore plus de succès. Il décida donc en Novembre dernier de  tenter l’aventure du crowdfunding. Son objectif ? Réunir la somme de 12 000 Reais (environ 3 600 €), ce qui lui permettrait de réaliser deux bandes-dessinées d’une série qu’il avait appelée « Les contes de Òrun Àiyé« . Pari réussi puisqu’en à peine une semaine, Hugo Canuto parvint à réunir la somme demandée. Il semblerait que le public soit friand du mélange des genres proposé par le dessinateur de 30 ans.

Avec ses 12 000 Reais en poche, Hugo Canuto a pu revoir les ambitions de son projet à la hausse. Aidé par deux professionnels de la bande dessinée, il a repris la production en améliorant la qualité du matériel, le nombre de pages et la finition. Son rêve est devenu réalité. L’objectif principal de Canuto est de célébrer ces traditions religieuses introduites aux Amériques via la traite négrière et qui font aujourd’hui partie intégrante de la culture brésilienne. A ce sujet, il a déclaré :

« Je crois qu’il est nécessaire d’honorer l’un des piliers du Brésil, qui, malheureusement, souffre encore des préjugés et de la discrimination. Je crois que le public a compris cette idée, comme nous l’avons appris de la part de nombreux professeurs qui ont parlé de ce sujet, en montrant notre art à leurs étudiants, ou des Brésiliens qui vivent à l’étranger qui souhaitent montrer cet aspect de notre culture à d’autres. Être praticiens des religions africaines ou non, il y a un intérêt énorme. »

Oxalá (Obatalá) C'est le dieu le plus ancien, celui qui moule et donne vie aux hommes. Il est le père de tous, et l'orixá de la paix.

Oxalá est l’orisha le plus ancien, celui qui moule et donne vie aux hommes. C’est le père de tous, et l’orixá de la paix.

Pour ceux qui en doutaient, voici une preuve que le patrimoine culturel africain est une inépuisable source de récits et de légendes en tout genre, digne de faire pâlir d’envie les blockbuster du cinema hollywoodien. Qu’il s’agisse de Vodun, de Santeria de Candomblé, etc, ils existe une multitude de personnages de nos traditions ancestrales à promouvoir. Pour sa première BD, Canuto mettra à l’honneur Xangô, le dieu de la justice. Afin de rester fidèle à l’esprit des orishas, le jeune illustrateur est retourné à Salvador de Bahia afin d’approfondir ses recherches sur le sujet. Ce qu’il explique parfaitement :

« Je me suis penché sur des études sur les Orishas, non seulement en lisant des ouvrages d’auteurs renommés tels que Pierre Verger, Edson Carneiro, José Beniste et Reginaldo Prandi, mais aussi en visite de terreiros [lieu de culte du Candomblé, ndlr] et en parlant qu’à des leaders religieux. Tout ça parce que je veux le faire avec le plus grand respect et le plus grand soin. »

Plutôt que de vous le raconter, le mieux est encore que vous jugiez par vous-mêmes de la qualité de ces créations:

1

Oxóssi est l’orisha de la chasse, des forêts, des animaux et de la richesse. Il chasse avec un arc et une flèche (appelée ofá), cherchant les bonnes influences et les énergies positives.

2

Oxúm est l’orisha de la rivière et de l’eau douce, du luxe et du plaisir, de la sexualité, de la fertilité, de la beauté et de l’amour. Elle est liée au destin et à la divination.

 

3

Xangô est l’orisha de la foudre et du tonnerre et de la justice. Il a 3 femmes, elles-mêmes orishas, Oya, Oshun, et Oba. Il a pour emblème une double hache.

 

4

C’est l’orisha des feuillages. né sans parents car il à poussé comme une plante.

 

5

Iansà est l’orisha qui commande aux vents, aux orages et aux éclairs. C’est la reine du fleuve Niger. Iansà est une guerrière imbattable qui contrôle les mystères qui entourent la morts.

 

6

C’est la mère de tous les orishas. Yemoja est maternelle et très protectrice. Elle prend soin de tous ses enfants, les réconforte et les console. On dit qu’elle peut guérir la stérilité chez les femmes. Elle ne perd pas facilement son sang-froid, mais quand elle est en colère, elle peut être destructrice et violente, comme les eaux de crue des fleuves turbulents.

Pour plus d’info, visitez le site de Hugo Canuto

Notes et références :

[1] Un orisha est un esprit qui reflète l’une des manifestations de la Divinité suprême (Eledumare, Olorun, Olofi) dans la religion yoruba. Bon nombre d’entre eux ont traversé l’Océan Atlantique à la suite de la traite négrière et se sont épanouis aux Amériques et notamment au Brésil.

[2] Salvador fut le 1er port esclave des Amériques et l’influence africaine des descendants d’esclaves en fait le centre de la culture afro-brésilienne.