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L’Union africaine pour un retrait massif de la Cour Pénale Internationale

Politique

L’Union africaine pour un retrait massif de la Cour Pénale Internationale

Par Mathieu N'DIAYE 9 février 2017

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Lors de son 28e sommet qui s’est déroulé à Addis-Abeba, en Ethiopie, les 30 et 31 janvier dernier, l’Union Africaine a appelé au retrait massif des Etats membres de la Cour pénale internationale (CPI).

Mardi 31 Janvier dernier, les membres de l’Union Africaine (UA) ont soutenu une proposition kényane visant au  retrait de ses membres de la Cour Pénale Internationale. Cette revendication indexe la juridiction pénale « universelle » à qui il reproche de cibler injustement le continent africain. Selon l’UA, c’est un message symbolique adressé à la communauté internationale afin qu’elle cesse de s’en prendre aux Africains.

Cette décision emblématique a été prise lors d’une session à huis clos du Sommet de mardi dernier. Cependant, il convient de noter que le Nigéria, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Burkina Faso, la Tanzanie, la Tunisie, le Cap-Vert, le Botswana et le Tchad souhaitent rester membres de la la CPI. Ainsi, l’institution panafricaine a adopté une stratégie de retrait qui avait été distribuée aux membres auparavant, mais qui a été éclipsée par les élections de lundi des dirigeants de la Commission de l’UA.

Sur le document relatif à cette stratégie, on pouvait lire :

« Un nombre croissant d’acteurs africains ont commencé à voir dans le fait de ne poursuivre que les cas africains le reflet de la sélectivité et de l’inégalité ».

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Les États membres ont également accepté de demander la réforme du Conseil de sécurité des Nations Unies. Les pays africains n’y ont aucune représentation permanente. Le conseil peut saisir le tribunal, mais pas celui des Nations Unies.

Cette stratégie de sortie vient d’un comité ministériel formé après le sommet de l’Union africaine à Johannesburg en 2015. À l’époque, l’Afrique du Sud avait rejeté une ordonnance de la CPI visant à arrêter le président soudanais Omar al-Béchir recherché par l’institution pour crimes de guerre au Darfour. L’Afrique du Sud et le Burundi ont depuis fait savoir à l’ONU leur intention de se retirer de la CPI, qui selon eux porte atteinte à leur souveraineté et qui ne se focalise que sur les Africains.

Ce Comité est composé de ministres des Affaires étrangères du Kenya, de l’Éthiopie, du Tchad, du Burundi, de l’Érythrée, du Soudan du Sud, du Kenya, de la Libye, du Soudan, de Madagascar, de la Namibie, du Zimbabwe ainsi que du Sénégal.

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Le Kenya est l’un des plus féroces critiques de la Cour et a proposé qu’elle ne soit plus que complémentaire aux tribunaux judiciaires nationaux ou régionaux. Bien évidemment, la CPI nie ces allégations et insiste sur le fait qu’elle poursuit la justice pour les victimes de crimes de guerre en Afrique. Un déni qui va à l’encontre de ce que nous pouvons observer depuis le 1er Janvier 2002, date de l’entrée en vigueur du Statut de Rome.

En effet, bien trop souvent, la CPI à adopté l’exclusion comme système de protection. Les Etats africains n’ont pas eu d’autre choix que de ratifier le Statut de Rome, un accord qui permet à la CPI de poursuivre les agresseurs des nations qui l’approuvent. En conséquence, des individus de pays africains peuvent être poursuivis, tandis que les individus de pays financièrement stables, tels que les États-Unis, la Chine, le Japon ou l’Inde, commettent des crimes et ne sont pas affectés en raison du fait qu’ils ont les moyens de balayer ce statut d’un revers de main.

Par ailleurs, on constate étrangement que la Cour Pénale Internationale ferme les yeux sur les actes inhumains des soldats européens. En effet, elle fait preuve d’indifférence quant aux exactions commis par l’armée française en Centrafrique, notamment, où les Droits de l’homme ont été bafoués. Cette Cour si prompt -heureusement- à punir les génocides africains semble systématiquement faire abstraction des massacres ethniques européens.

Les pays africains ne représentent que 25% de ses membres, pourtant, les individus qu’elle poursuit sont à 90 % africains. Cette statistique inquiétante est à l’origine du désamour de la CPI par l’Union africaine et de cet appel à un retrait massif par les états concernés.