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Le secret obscur de Christophe Colomb : l’origine troublante du mot ‘cannibale’

Culture

Le secret obscur de Christophe Colomb : l’origine troublante du mot ‘cannibale’

Par Sandro CAPO CHICHI 28 janvier 2024

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Découvrez dans cet article captivant comment une erreur monumentale de Christophe Colomb a donné naissance au terme ‘cannibale’ dans de nombreuses langues européennes. Plongez dans l’histoire troublante de la méprise culturelle et linguistique, et explorez ses implications profondes sur la perception des peuples autochtones et la construction du vocabulaire occidental. Un récit fascinant qui met en lumière l’importance de la précision historique et de la compréhension interculturelle.


Découvrez l’histoire intrigante de Christophe Colomb, une aventure qui a changé le cours de l’histoire humaine et façonné des siècles de perceptions culturelles. Lorsque Colomb a mis le pied sur l’île d’Hispaniola en 1492, il ne savait pas que son interprétation des cultures autochtones allait donner naissance à une erreur linguistique et culturelle majeure : l’adoption du mot « cannibale » dans les langues européennes. Cet article vous plonge dans le récit captivant de cette rencontre historique et explore l’impact profond et durable de cette méprise sur les peuples indigènes d’Hispaniola et sur les représentations culturelles à travers le monde.

Le malentendu de Christophe Colomb

cannibale
Christophe Colomb débarque sur l’île d’Hispaniola, gravure, 1728. wikimedia.org

À la fin de l’année 1492, l’audacieux explorateur génois Christophe Colomb1 accoste sur les rivages de l’île d’Hispaniola2, territoire qui abrite aujourd’hui Haïti et la République Dominicaine. Cette rencontre historique marque le début d’une nouvelle ère, lorsque Colomb croise le chemin des amérindiens Taïno3 du groupe des Arawaks, les habitants autochtones de l’île, ouvrant ainsi une page emblématique de l’histoire de la découverte et des échanges interculturels.

Christophe Colomb, face à la barrière de la langue, s’est retrouvé à naviguer dans un monde de communication non-verbale avec les autochtones d’Hispaniola. Sans maîtriser leur langue, il a dû s’appuyer sur l’interprétation, souvent imparfaite, de leur langage corporel pour recueillir des informations, un processus qui a semé les graines de malentendus culturels et linguistiques profonds.

Portrait du Kali’na exposé au Jardin d’Acclimatation à Paris en 1892. wikimedia.org

Initialement sceptique face aux récits qu’il recueillait, Christophe Colomb finit par accepter une conclusion troublante : les voisins et ennemis des Taïno, connus sous les noms de Karib ou Kaniba, pratiquaient, selon ses interprétations, l’anthropophagie. Cette perception allait marquer le début d’un mythe persistant, tissant une toile de malentendus autour des coutumes des peuples autochtones.

Dans sa tentative de comprendre les traditions des Karib/Kaniba, Christophe Colomb interprète de manière erronée leur pratique de conservation des os de leurs proches décédés. Cette méprise le conduit à la conclusion hâtive que les Karib/Kaniba étaient des cannibales, une interprétation qui allait teinter durablement la perception des cultures indigènes dans l’esprit des Européens.

Cannibale : L’impact sur les langues européennes

Colomb devant la reine par Emanuel Gottlieb Leutze, 1843 (probablement d’après une œuvre antérieure, Brooklyn Museum of Art). wikimedia.org

Suite à la diffusion en Europe de sa lettre décrivant cet épisode, le récit de Christophe Colomb a suscité un véritable engouement. Le terme « cannibale4 » s’est alors rapidement ancré dans le lexique européen, marquant le début d’une ère où cette idée erronée a façonné la vision du continent européen vis-à-vis des peuples autochtones.

Le mot « cannibale » s’est imposé comme le terme de référence pour désigner un ‘mangeur d’homme’ dans les diverses langues du Vieux Continent. Cette adoption rapide reflète la manière dont les récits et les perceptions peuvent transcender les frontières et influencer le langage et la culture à une échelle globale.

Les conséquences historiques

Les Galibis à Paris (dessin de Draner, 1882). wikimedia.org

Les termes « Carib« , « Caraïbe » et « Caribéens » partagent une racine commune, mêlée à des perceptions erronées et aux idées préconçues d’un explorateur peu informé. Ainsi, les mots « caribéen » et « cannibale » sont étroitement liés dans leur genèse, soulignant comment les malentendus peuvent façonner le langage et les concepts culturels.

De plus, cette image déformée des Carib, perçus comme dangereux et sauvages, a été exploitée par Christophe Colomb pour justifier auprès des monarques espagnols l’esclavage et la déportation massive des peuples amérindiens, marquant ainsi une période sombre de l’histoire humaine par des actions fondées sur des interprétations erronées et des préjugés.

Réflexions sur le passé : comprendre, respecter et valoriser notre histoire commune

En revisitant cette page de l’histoire, nous sommes invités à une réflexion profonde sur les nuances et les complexités de notre passé. Il est crucial de reconnaître les erreurs historiques et de comprendre leur impact sur les perceptions et les relations interculturelles.

Cette prise de conscience est un pas vers le respect et la valorisation de la diversité des cultures et des peuples. En apprenant de notre histoire, nous pouvons bâtir un avenir plus inclusif et harmonieux, où chaque culture est reconnue pour sa richesse unique et sa contribution à notre patrimoine mondial.

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Notes et références

Philip P. Boucher / Cannibal Encounters: Europeans and Island Caribs, 1492-1763

  1. Christophe Colomb (1451-1506) était un explorateur et navigateur génois dont les voyages transatlantiques, financés par la couronne espagnole, ont ouvert la voie à l’exploration et à la colonisation européennes des Amériques. Son premier voyage en 1492 a marqué la première rencontre entre les Européens et les peuples autochtones des Caraïbes et de l’Amérique centrale et du Sud. Bien que longtemps célébré comme le « découvreur de l’Amérique », sa réputation a été réévaluée en raison de son rôle dans l’exploitation brutale et l’asservissement des peuples autochtones qu’il a rencontrés et de sa gestion controversée des territoires colonisés. Son héritage reste complexe, mêlant les conséquences de la rencontre entre les mondes européen et américain et les débuts du processus de mondialisation. ↩︎
  2. Hispaniola est une île des Caraïbes, la deuxième plus grande après Cuba, située entre l’océan Atlantique au nord et la mer des Caraïbes au sud. Elle est partagée entre deux pays souverains : Haïti à l’ouest et la République dominicaine à l’est. Hispaniola est historiquement significative car elle a été le site du premier établissement européen permanent dans les Amériques, fondé par Christophe Colomb lors de son premier voyage en 1492. L’île a été le point de départ de l’expansion espagnole dans le Nouveau Monde et a joué un rôle central dans l’histoire de la colonisation européenne des Amériques. Ses paysages variés, son histoire riche et complexe, et sa culture vibrante en font une région d’une grande importance historique et culturelle. ↩︎
  3. Les Taïnos, ou Tainos, étaient une ethnie amérindienne originaire de la tribu des Arawaks. Ils occupaient les grandes Antilles lors de l’arrivée des Européens au XVe siècle. Bien qu’ils aient presque disparu au XVIe siècle, de nombreux habitants des Caraïbes, notamment des Cubains, Haïtiens, Portoricains et Dominicains, ont des origines taïnos. Leur culture était influencée par les Mayas du Yucatán, du Guatemala et d’autres régions adjacentes, avec des parallèles notables dans leur mythologie et symbolique. Des études génétiques suggèrent également une parenté avec les peuples Yanomamis d’Amérique du Sud​​. ↩︎
  4. Cannibale : De l’espagnol caníbal, du mot caniba ou cariba utilisé par les Taïnos que Christophe Colomb a rencontrés lors de son premier séjour sur Hispaniola. Il désignait alors, selon Colomb, les redoutables populations de l’est de l’île qui combattaient les autres peuples indigènes et mangeaient leurs victimes. ↩︎