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« Supremacy », ou l’histoire vraie d’un nazi cloîtré chez une famille afro-américaine

Culture

« Supremacy », ou l’histoire vraie d’un nazi cloîtré chez une famille afro-américaine

Par SK 13 septembre 2016

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La sixième édition du Festival international de film de la diaspora (FIFDA) présentait « Supremacy », de Deon Taylor. Un film basé sur une histoire vraie qui expose la révoltante situation des afro-américains aux Etats-Unis. Un thriller psychologique sur fond de haine raciale où le prisonnier n’est pas forcément celui qu’on croit. Avec Supremacy, Deon Taylor, nous offre une oeuvre subtile, scandaleuse, brillante. Un véritable coup de maître.

Une œuvre qui interroge, dérange, scandalise ?

Une longue nuit…

Tully, un néo-nazi à peine sorti de prison, tue un policier. En cavale, il se retrouve coincé dans la maison d’une famille afro-américaine. Et soudain, le refuge devient prison car aucun des protagonistes ne souhaite être en présence de l’autre et que le spectre de la mort s’est incrusté. Dans ce climat de tension, les otages doivent ruser pour rester en vie. M.Walker (Danny Glover) incarne le patriarche perspicace qui doit éviter la désolation totale à la maisonnée. Pendant près de 24 heures, dans l’enfer de l’attente, on entre au cœur des contradictions et des complexités de l’Homme. Un jeu d’esprit où patience et peur se confondent totalement. L’intrigue oppose d’un côté la frustration du Noir broyé par un système profondément négrophobe ; de l’autre l’égarement du Blanc rebut de la société, écrasé par le rejet et l’absence de repères. Deux points de vue qui vont se rencontrer brutalement au carrefour de l’humanité. Tully a l’avantage de fait, mais Walker à l’ascendant d’esprit et, au fil des heures et des manipulations, se dessine une issue surprenante.

Joe Anderson, aka Garrett Tully

Joe Anderson, aka Garrett Tully

L’aberration de l’idéologie suprématiste

En tant que néonazi, numéro 3 de l’organisation aryenne, Tully hait tout ce qui n’est pas blanc. Un sentiment de supériorité qu’il estime conférée par sa couleur, le fait avancer dans la vie avec la haine pour GPS. Pourtant, derrière l’hostilité, ce jeune homme perdu n’existe pas, n’est pas utile, ne se démarque pas. Tully est esclave d’une cause aux fondements fragiles et d’une direction à laquelle il obéit aveuglément. Se retrouver dans une maison pleine de Noirs, un cauchemar aryen d’autant plus difficile qu’ici le blanc a besoin de cette famille pour échapper à la police. Comme ceux qu’il méprise pour leur faiblesse, il attend lui aussi d’être sauvé. Et tout comme ses otages, il va devoir faire preuve d’esprit pour s’en sortir. Car celui qui tient le revolver ne détient pas nécessairement le pouvoir.

Une leçon d’humanité

Le film nous fait sombrer dans les affres des angoisses mortelles, pour renaître dans le triomphe de l’Etre sur ses passions. Pourtant, ce scénario ne procure pas entièrement la satisfaction d’une victoire de l’homme Noir sur son pauvre sort. La tension exacerbe les émotions du spectateur jusqu’au désir de vengeance sur l’oppresseur, de punition acceptable au vu de l’injustice subie par la communauté noire américaine. Danny Glover est fascinant de self-control et de charisme. Mais qu’espérait-on voir ? A travers la tension de ces heures sombres, le spectateur apprend une leçon d’humanité qui contraste avec la violence de la situation. Un film excellent dont on ressort emplis de questions, d’objections et d’admiration.