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« Dear White People », un regard sans filtre sur l’intégration des noirs aux usa

Culture

« Dear White People », un regard sans filtre sur l’intégration des noirs aux usa

Par SK 11 mars 2015

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Réalisé par Justin Simiens, le film sera diffusé sur les écrans français le 25 mars. Lors du Brown Sugar Day, Nofi a pu regarder ce long-métrage drôle, loufoque et réaliste sur une situation encore difficile : l’intégration des noirs américains aux Etats-Unis.

Le film dresse un portrait à peine caricatural des relations entre noirs et blancs au sein d’une prestigieuse université de Virginie. Une faculté de blancs, avec des codes de blancs, dans laquelle se dresse une unique  résidence pour les étudiants noirs.

Le personnage principal est une femme, Samantha white (Tessa Thompson, For colored girls), métisse d’un père blanc et d’une mère noire. Militante pro-noir, elle tient une radio sur le campus, par laquelle elle s’adresse aux blancs, commençant chaque chronique par « Dear White People » (« Chers blancs.. »). Chaque jour, elle démolit les préjugés qui permettent à l’Amérique blanche de se déculpabiliser du poids de l’esclavage et de la négrophobie latente. Tout commence lorsqu’elle est élue chef de résidence….

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Son adversaire déchu n’est autre que Troye Fairbanks (Brandon P Bell), fils du doyen de la Faculté. Un exemple du noir intégré, en couple avec une blanche, Sofia, fille du président de la Fac. Ami des blancs, faire valoir de la communauté noire, docile et intégrationniste. Jamais Troye ne se définit clairement comme membre de la communauté noire, il est celui qui tente de faire le trait d’union…

 

 

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Le père de Troye, Dean Fairbank (Denis Haysbert), a effectué tout son cycle universitaire à Wichester. Depuis la fin de ses brillantes études, il est en conflit larvé avec le président de l’Université, ancien camarade de cours, et beaucoup moins brillant, Hitchinson. C’est cette inégalité sociale et professionnelle qui est  à l’origine de leur guerre.

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Personnage des plus intéressants, Coco, de son vrai nom Colandreas (Teyonah Parris). Paradoxalement, elle ressemble à beaucoup de noires déracinées. Coco porte de faux cheveux, de faux ongles, des lentilles…Elle ne veut pas être ce qu’elle est. Issue d’un quartier défavorisé de Chicago, elle veut transcender le destin, et ne pense pouvoir le faire qu’en prenant ses distances avec les siens. Elle se considère comme un jouet pour les noirs, mais rêve de ne côtoyer que des blancs. L’intégration, elle la désire plus que tout, au détriment de sa condition de femme noire. Pas de solidarité « black », pas d’indignation face aux dénigrements, elle est idéologiquement à opposer à Samantha White.

The Los Angeles Premiere of Warner Bros. Pictures' And Legendary Pictures' "42"

 

Les discours engagés de Samantha irritent noirs comme blancs et font monter la tension sur le campus. Plusieurs questions sont soulevées : la place des noirs aux Etats-Unis, la place des noirs au sein des institutions blanches, le rapport des américains à leur passé raciste…

Plus discrètement, le thème de l’homosexualité est abordé, à travers le personnage de Lionnel Higgins (Tyler James Williams, Tout le monde déteste Chris). Comment trouve-t-on sa place lorsqu’on est noir et homosexuel ? Car l’homosexualité est une problématique délicate dans la communauté. La question aussi de la position des métisses, constamment entre deux feux et qui s’efforcent de choisir un camp. Le thème d’un supposé racisme anti-blanc est également soulevé.

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Ce qui frappe surtout, c’est que les blancs semblent hermétiques aux revendications des noirs, légèrement mal à l’aise tout au plus. Pourtant, cela permet d’aborder la situation actuelle, aux Etats-Unis et ailleurs où le noir peine encore à se positionner. Toutefois, on rit beaucoup et on se regarde avec parfois la désagréable impression de se voir à l’écran…..

Un premier long-métrage réussi, à la fois sérieux et divertissant, à consommer sans modération.